30 juillet 2008

Balai

Ne cherchez pas un trou de verdure où chante une rivière, vous ne trouverez qu’un trou d’un autre genre et rien qui chante, ne cherchez pas non plus le balai de Val car si on distingue très bien les 80 de Siné, le seul et unique de Val est bien caché.


Ps: ne cherchez pas dans la verdure

29 juillet 2008

Silhouette

L'Ombre d'un doute

L'Ombre d'un doute - Alesund (Norvege)

19 juillet 2008

Maçonnerie

Peut-on mourir devant un tableau ? A cette question Proust répond oui, Bergotte meurt devant la Vue de Delft de Vermeer ou plus précisément c’est un détail de ce tableau qui l’entraîne dans une ivresse fatale, ce détail c’est un petit pan de mur jaune à l’extrême droite du tableau, un détail qui isolé de l’œuvre devient une matière précieuse qui l’étourdi au point de lui faire comprendre la vanité de son œuvre littéraire. Proust avait vu le tableau de Vermeer en 1902 à La Haye et lors d’une exposition au jeu de paume en 1921 où il fut victime comme Bergotte d’un malaise « depuis que j’ai vu au musée de La Haye La Vue de Delft j’ai su que j’avais vu le plus beau tableau du monde . »
Cette toile, en elle-même, est assez singulière pour Vermeer c’est son seul grand tableau de paysage alors qu’habituellement il privilégie les intérieurs peuplés de personnages souvent féminins, la Vue de Delft est d’une grande exactitude topographique, extraordinairement minutieuse dans les détails et hantée par une lumière admirable.

« Il mourut dans les circonstances suivantes : Une crise d’urémie assez légère était cause qu’on lui avait prescrit le repos. Mais un critique ayant écrit que dans la vue de Delft de Vermeer (prêté par le musé de La Haye pour une exposition hollandaise), tableau qu’il adorait et croyait connaître très bien, un petit pan de mur jaune (qu’il ne se rappelait pas) était si bien peint qu’il était, si on le regardait seul, comme une précieuse œuvre d’art chinoise, d’une beauté qui se suffirait à elle-même, Bergotte mangea quelques pommes de terre, sortit et entra à l’exposition. Dès les premières marches qu’il eut à gravir, il fut pris d’étourdissements ; Il passa devant plusieurs tableaux et eut l’impression de la sécheresse et de l’inutilité d’un art si factice, et qui ne valait pas les courants d’air et de soleil d’un palazzo de Venise, ou d’une simple maison au bord de la mer. Enfin il fut devant le Vermeer qu’il se rappelait plus éclatant, plus différent de tout ce qu’il connaissait, mais ou, grâce à l’article du critique, il remarqua pour la première fois des petits personnages en bleu, que le sable était rose, et enfin la précieuse matière du tout petit pan de mur jaune. Ses étourdissements augmentaient ; il attachait son regard, comme un enfant à un papillon jaune qu’il veut saisir, au précieux petit pan de mur. « C’est ainsi que j’aurais du écrire, disait-il. Mes derniers livres sont trop secs, il aurait fallu passer plusieurs couches de couleur, rendre ma phrase en elle-même précieuse, comme ce petit pan de mur jaune. » Cependant la gravité de ses étourdissements ne lui échappait pas. Dans une céleste balance lui apparaissait, chargeant l’un des plateaux, sa propre vie, tandis que l’autre contenait le petit pan de mur si bien peint en jaune ; Il sentait qu’il avait imprudemment donné la première pour le second. « Je ne voudrais pourtant pas, se dit-il etre pour les journaux du soir le fait divers de cette exposition. » Il se répétait : « Petit pan de mur jaune avec un auvent, petit pan de mur jaune. » Cependant il s’abattit sur un canapé circulaire ; aussi brusquement il cessa de penser qe sa vie était en jeu et , revenant à l’optimisme, se dit : « c’est une simple indigestion que m’ont donnée ces pommes de terre pas assez cuites, ce n’est rien. » Un nouveau coup l’abattit, il roula sur le canapé par terre ou accoururent tous les visiteurs et gardiens. Il était mort. Mort à jamais ? Qui peut le dire ? »
Marcel Proust - La Prisonnière

18 juillet 2008

Unijambiste

Il est bien possible que les pires salauds trouvent toujours une porte pour se dissiper furtivement, l’appétence de l’unijambiste face au canoë kayak n’est pas pire.

16 juillet 2008

Rivages lichtenbergiens

Vous voyez bien là-bas, dans le fond, ces fameux rivages sans mer ni terre à qui il ne manque que du solide et du liquide pour faire bonne mesure.

Puzzle

Cher toi,

Je m’empresse de te signaler les « Fragments de Lichtenberg » de Pierre Senges qui me semble un ouvrage pour toi, et pour moi. Te sachant lichtenbergien plus qu’à ton tour, tu y trouveras de la matière à ton goût. Des aphorismes en confettis rassemblés dans un casse-tête mousseux. Le puzzle résolu et vu de loin formera devant tes yeux incrédules, un roman global à saveur encyclopédique ; dans le pas d’autres croquignolets et mirliflores scribouilleurs affiliés à la fédération internationale de puzzle : Robert Burton, Laurence Sterne, Jonathan Swift …

Bien à toi.

15 juillet 2008

Mortier

Hasard coïncidence ? Je poursuis mes pérégrinations par l’Insupportable Bassington de ce cher Saki qui comme Jean De la Ville de Mirmont trépassa chez 14/18. Nos deux oiseaux, l’un presque anglais, l’autre vraiment myope, engagés volontaires, demandèrent le front, les tranchées et la vigueur du mortier, une très mauvaise idée.

11 juillet 2008

Apéritif

« La pluie a commencé, pluie d’automne, sans sursis, définitive. Il pleut partout, sur Paris, sur la banlieue, sur la province. Il pleut dans les rues et dans les squares, sur les fiacres et sur les passants, sur la Seine qui n’en a pas besoin. Des trains quittent les gares et sifflent ; d’autres les remplacent. Des gens partent, des gens reviennent, des gens naissent et des gens meurent. Le nombre d’âmes restera le même. Et voici l’heure de l’apéritif. »

Les dimanches de Jean Dézert
seul court roman de Jean De la Ville de Mirmont. Ami de l’enroué Mauriac. Mort jeune, 28 ans, nuque brisée, 14/18, une boucherie...
Un peu bovien, un peu nouveau roman avant l’heure légale, un peu Perec, L’homme qui Dort sans barbiche ni mots croisés, une moustache lustrée à la place. Petit charme talé, petite lassitude lasse, grande solitude, amour laconique, rupture incongrue : « Votre visage est trop long pour que vous fassiez un bon époux » molle résignation, tentation de la noyade, de la pendaison, l'eau mouille, le plafond est trop bas, désespoir indifférent, retour au quotidien, à la vie… On comprend l’influence de tout ça sur le sournois Houellebecq, ce dernier ne taisant pas l’influence.

8 juillet 2008

Goitre

Qui n’a pas son goitre ? La recette est pourtant bien simple ! On se fait au cou un trou minuscule et pour ainsi dire invisible. On saisit, après, une paille que l’on ajuste soigneusement à l’orifice proposé. Il suffit ensuite d’attendre le premier badaud qui passe : « Soufflez-moi un bon coup là-dedans », dit-on au quidam interloqué mais néanmoins coopératif.

Et comme par magie le goitre de s’épanouir.


Thaumaturgie du goitre et balladurisme triomphant. Prochainement nous aborderons flegmatiquement la péritonite, c’est une autre histoire.

7 juillet 2008

Wimbledon

Mon Dieu quelle finale de Wimbledon !! Quand, après coup, on se remémore le saumâtre euro de balle au pied déjà oublié, il y de quoi rester dubitatif et raide de son polo Lacoste jaune. Il y a surtout de quoi préféré le Tennis, le Golf et le Yachting en solitaire : sports où l’on reste face à soi même plus qu’à son tour et où il est plus difficile de falsifier son manque de talent dans l'exhortation des foules avinées et basses de neurones.

6 juillet 2008

Alibi

Jacques Offenbach devant la salle Favart en flammes se fit porter un fauteuil sur lequel il posa goulûment 15 cm de fesses afin de mieux profiter du spectacle. C’était le 25 mai 1887 pendant le seconde combustion de la salle déjà mentionnée - la première combustion datait de 1838-. La principale victime de cette charbonneuse histoire fut la partition des Contes d'Hoffmann. Force du hasard, méphistophélique coïncidence, la version allemande de cette même partition avait été , à l’identique, réduite en cendres, lors de l'incendie du Wiener Ringtheater (Vienne) en décembre 1881 ; un beau divertimento, plus de 300 victimes, sûrement des mélomanes fort marris de se voir ainsi calcinés alors qu’ils étaient là pour le comique et l’opéra bouffe. Pour ce qui est du quidam incertain posé sur un fauteuil devant les flammes en furie - une drôle de valse viennoise - toutes les hypothèses sont possibles et plausibles, que faisait Jacques Offenbach dans la nuit du 8 décembre 1881 ?

Pour finir, il est évident, qu’aujourd’hui, nous ne parlerons pas de Pouchkine et de sa fameuse nonchalance à la veille de son duel fatal.

2 juillet 2008

Unité

Refus du monde, de ses zélateurs, les communicateurs. Repli sur soi, esprit détaché et sinueux dans une unité de fait : indivisible. Sincère entente avec le cosmos. Affranchissement par les saintes extases. Détachement et exubérance. Redécouverte des corps, sensualité pérenne, abandon, renoncement…

1 juillet 2008

Nada

Le diariste rappliquant sans crier gare, la période est à nouveau à Manchette. Convaincu par le brouhaha circonvoisin je me suis donc autorisé un réexamen.

- Au hasard, Balthazar tenez tenons Nada par ses maigres flancs !

Et bien même tenu par deux tordus en goguette , il n’y a toujours rien à jeter dans et de Nada ; c’est encore cette mince brochure truculente tout autant que sèche , pleine et vive, orgueilleusement assurée dans ses traits, croquignolette dans sa brutalité, bienheureusement misanthrope et finalement terriblement seventies dans le bon sens ; à savoir, sans moraline mais avec un minimum d’éthique et un extremum de baignoires crasseuses. Bien autre chose que le chatoyant alter lance pierres à catogan sponsorisé par les shampoings équitables.