30 octobre 2009

Doux

« Je connaissais enfin une nouvelle espèce d’amitié, qui n’est point basée sur des goûts communs, et une espèce de passion de laquelle le désir n’est qu’un des éléments. Un sentiment non explicable en mots humains, et que je m’apprêtais en vain à traduire en un poème. Je commençais :
Tais-toi. N’explique rien : Tais-toi...
J’ai suivi le conseil... J’ai connu l’irrésistible puissance de la douceur... Et j’ai appris à manger les oranges d’une certaine façon... »

(Valery Larbaud, A.O. Barnabooth)

27 octobre 2009

Lucide

Il n’y a que la disparition qui vaille.

26 octobre 2009

Cinétique

Le mouvement devient indivisible et sans fin. D’une ampleur abstraite, d’une variété sensible, c'est lui que nous relions avec lui-même. Ce n'est pas avec la distance, que le vrai, le seul mouvement se place, s’accoutume, cherche et trouve son point de pression avec le monde.

24 octobre 2009

Bovien

« Une rue droite montait devant moi. J'aime à me trouver sur une hauteur, devant un espace large. J'ai besoin de voir aussi loin que mes yeux le permettent, de voir jusqu'où s'étend l'air que je respire. Mes peines deviennent moins grandes. Elles se confondent peu à peu avec celles de tous ceux qui m'entourent. Je ne suis plus seul à souffrir. De penser que, dans l'une de ces maisons qui s'étendent à perte de vue, vit un homme qui me ressemble peut-être, me réconforte. Le monde m'apparaît alors moins lointain, ses joies et ses douleurs, plus profondes et plus continues. Je pris la rue en pente. Des enfants y jouaient à la balle, les petits en haut, les grands en bas, pour que leurs chances fussent égales. »

(Emmanuel Bove, Armand)

21 octobre 2009

Chargé

Je suis plus alcoolique qu'ecstazeux. L’ecstasy me fait tout chaud avec la bouche pâteuse ; cela favorise certainement le cunnilingus abrasif, mais c’est parfois gênant pour qui affectionne une pratique plus lustrée.

18 octobre 2009

Transtextuel

Au risque d’effrayer le moindre quidam environnant, on ne parlera pas ici de la multifocalisation chez Stendhal. J’ai autre chose à faire, un apéro avec Gerard Genette, il adore les chips goût bacon.

16 octobre 2009

Soviétique

J’ai frôlé le coma éthique sur les bords de la Volga. À Ouglitch il y avait une horde de chiens sauvages et des petits jeunes qui se consumaient dans la vodka-bière. Les trottoirs étaient affaissés et les autobus rouillés. Sinon la Moscovite est bien jolie...

11 octobre 2009

Triste

Jacques Chessex est mort, d'énervement à propos de l’ « affaire Polanski », ce n’est pas une très bonne nouvelle...

9 octobre 2009

Cubiste

L'individu misérable, anéanti, et replié avec ses sens en lui-même n'y trouvera aucun réconfort, il se révélera par contre très à l'aise devant le moindre obstacle, bien malgré le côté cubiste de sa position initiale.

7 octobre 2009

Psychopathe

Il est 23 heures. J’ai un nouveau voisin. Un marteau en main il tape déjà sur les murs.

Méthodiquement je prépare une bâche et une scie égoïne pour demain soir. Moi je « travaillerais » en silence.

5 octobre 2009

Nabokovien (bis)

« Lolita est une petite fille ; Lola est en âge de se marier, Dolores a trente ans [...]. Un jour, inspiré par l'amour, je murmurerai : Lola. Et le soir de mes noces, j'aurai Lolita dans mes bras. [...] Pour tout le monde : dona Dolores ; pour moi seul : Lolita. Et cela même ne suffit plus. On adopte un mot tendre, un mot enfantin : Nena, Nenita. »

(Valery Larbaud, Des prénoms féminins)

1 octobre 2009

Insubmersible

Ma « rentrée littéraire » sera brumeuse et essentiellement locale puisque j’enchaine par un quasi voisin lyonnais : Robert Alexis et son U-Boot chez José Corti.

« L'immersion chasse pour un temps les simulacres et conduit vers cet ailleurs éclairé des formules tragiques de la création »

Le sous-marin est un beau véhicule qui outre la navigation subaquatique ouvre moult écoutilles digressives. On se retrouve ainsi plongé dans les confidences d'un marin à la sexualité plus déviante que ma main droite, dans les souvenirs d'un autre happé par la fatalité dégueulasse du groupe, le nazisme, les origines du nazisme, ce genre de chose... mais toujours dans une pâte légère et impressionniste, avec du mystère et un beau style (poétique et désuet ?). Le sous-marin est un lieu favorable à l'introspection et à ses épanchements, une fois échoué sur une île tropicale qui passait par là, il n'est plus qu'un objet hétéroclite autour duquel tourne deux trois sauvages. Conrad et Kurtz rodent et le panthéisme avec.
On dira que tout ça commence chez Jules Verne, passe par Gracq pour mieux finir chez Conrad.

N. B. Les deux dernières pages en forme de pirouette sont ratées et trop malignes pour être honnêtes , c'est dommage le reste est presque impeccable.