30 novembre 2009

Autoérotique

Une nuit un sein lui a poussé. Comme ça au réveil il avait sur le torse un petit sein en poire très très aguichant, magnifique pour tout dire, avec un téton dardant ; une chose imprévue et fragile, un don inespéré... Ce don inespéré il le caressa timidement mais avec une application toute méthodique. Rougissant devant son audace, le plaisir montant, il décida alors bien vite de conserver ce cadeau du ciel, mais de le conserver uniquement pour son usage personnel, un présent qu’il partagerait uniquement avec ses sens en éveille ; une sorte de secret, inscrit dans son corps en permanence.

Alors, bon que faire pour préserver ce secret ? Trouver un magasin de lingerie fine et se mettre à la recherche d’un mono soutien-gorge, éviter le regard suspicieux d’une vendeuse commissionnée et retorse, inventer un stratagème, tout un art de l’esquive et de la dissimulation ; une vraie raison de vivre.

29 novembre 2009

Puéril

Et les jours de l'enfance et de l’adolescence. Jours visqueux avec des rêves.
Comme des sacs de rochers pulvérisés.

26 novembre 2009

Fatigué

« La fatigue (par exemple) s’accompagne d’une diminution de sensibilité à l’égard de la chose qui fut d’abord un délice ou un désir : il faut changer d’objet. »

(Paul Valéry, L’infini esthétique)

23 novembre 2009

Manuel

Dans le « domaine du football » la main était jusqu'au « crime » de Thierry Henry, la maîtresse oubliée du pied. Cette soumission du pied sur la main qui s'exprimait à la surface des pelouses était pour tout dire un truc assez saumâtre. Grâce à notre meilleur attaquant cacochyme plus de truc saumâtre : à l'avenir, la main ne s'abaissera plus jamais au rang de petit machin mou, inutile et brinquebalant. Sacher-Masoch pourra ranger ses fouets, le petit Séverin pourra enfin respirer et gloire sera rendue à notre meilleur attaquant cacochyme, gloire sera rendue à la main !

22 novembre 2009

Désinvolte

Sous mes airs détachés (ce ne sont que des airs) « les gens » me pensent systématiquement au second degré. Ce qui n’est qu’un problème dans ma « vie professionnelle » peut parfois s'avérer beaucoup plus tragique lorsque le drame rode autour de mon intimité.

19 novembre 2009

Italique

Les néologismes sont en italique.

16 novembre 2009

Bougonnant

La mer d’un calme plat me voilà donc, bien vite et sans encombre, chez Pluche et son Amour de l'art, œuvre grandement oubliée du réactionnaire bougonnant en chef Dutourd Jean. Œuvre assez réjouissante, contre toute attente, comme quoi, hein...

P.-S. L’enchainement n’est pas si saugrenu que ça puisque Bachelard fut le témoin de mariage de Dutourd Jean (ce qui ne s’invente pas). J'attends les cailloux.

13 novembre 2009

Inquiétant (Je suis)

Laissant derrière moi Zurich et ses rivages cancéreux (brr) je me dirige, méfiant, en direction de l'archipel Dutourd et plus particulièrement vers cette miette oubliée : l’île Pluche. Je suis bien conscient de cette dérive réactionnaire et droitière qui inquiète mes rares vrais amis, mais qui ne tente rien n'a rien.
En attendant d'arriver à bon port, je picore chez Bachelard et dans sa Poétique de la rêverie, un livre de chevet qui supporte très bien grain et roulis.

12 novembre 2009

Embarrassé

Mars de Fritz Zorn. Je tournai autour depuis longtemps en le redoutant. Avec raison puisque lecture faite ce livre est effectivement redoutable, voir plus.

11 novembre 2009

Rêveur

« Vous devez toujours dormir sur votre dos avec vos bras au-dessus de votre tête, les mains jointes sous elle et les pieds croisés, le droit sur le gauche, à moins que vous ne soyez gaucher ; vous ne devez pas cesser un seul instant de penser où vous voulez aller dans votre rêve jusqu’à ce que vous soyez endormi ; vous ne devez jamais oublier dans votre rêve où vous êtes et ce que vous êtes lorsque vous êtes réveillé. Vous devez joindre le rêve à la réalité. N’oubliez pas ! »

(George du Maurier, Peter Ibbetson)

9 novembre 2009

Glandulaire

Serge Voronoff (1866-1951) juif russe fuyant les pogroms se retrouva, après moult péripéties, directeur du laboratoire de chirurgie expérimentale du Collège de France où il eut l'amusante spécialité de greffer un nombre raisonnable de testicules de chimpanzés sur quelques hommes avides de retrouver une vigueur perdue, ou presque.

Pour ce qui est des péripéties, entre les pogroms et le Collège de France, Voronoff avait commencé par tester sur lui-même ses revigorantes expériences. En 1889 il s’était injecté des tissus de testicules de cochon d'inde dans le scrotum avec un résultat problématique puisque nul quant à la vigueur. Pas découragé il s'oublia (et les cochons d'inde avec) un peu par la suite et poursuivis ses bidouillages sur d'autres bestioles moins rabat-joies... moutons, chèvres, taureaux... Les testicules de ces bestioles jeunes et pimpantes étaient transplantés sur d'autres, plus décrépites et ramollies avec cette fois-ci un résultat totalement concluant : les vieux boucs revivaient à la lubricité et Voronoff décida de passer derechef à l'étape suivante : l'homme et son corps spongieux !

Notre toubib madré commença par pratiquer la transplantation de testicules de criminels fraîchement exécutés sur des millionnaires rabougris. Le succès fut tel qu'il fut bientôt à court d'assassins assassinés ! Avec bonheur il utilisa alors en « remplacement » des testicules de chimpanzés et de babouins (on y vient) !
Au début des années 1930, des milliers d'hommes avaient ainsi été traités par les techniques revigorantes de Voronoff. Pour faire face à la demande, il fit bâtir sa propre ferme à singes à Menton et il employa un ancien gardien de cirque pour gérer et diriger le tout.
Ensuite ce fut le Collège de France et bizarrement le discrédit, un procès en charlatanerie et en psychosomatisme que rien ne pouvait laisser prévoir. Nous resterons silencieux quant à cette disgrâce que ne méritait visiblement pas le bon Docteur Voronoff.

P.-S. Outre une vigueur toute nouvelle, le traitement Voronoff était censé soigner la myopie, les troubles de la mémoire et la « dementia praecox » un bon remède en somme.

E. E. Cummings parle d'un « célèbre docteur qui insère des glandes de singe dans des millionnaires » (« famous doctor who inserts monkeyglands in millionaires »).

Dans les soirées chics des années vingt, les mots « glandes de singe » étaient sur toutes les lèvres.

7 novembre 2009

Patagon

« Il n'y a plus que la Patagonie, la Patagonie qui convienne à mon immense tristesse. »
(Blaise Cendrars, Prose du Transsibérien)


J’étais amoureux de la Patagonie bien avant ce triste individu, amoureux d’une terre inaccessible, d'une contrée inventée, d'une sorte de trouée poétique dans les brumes des mers du Sud, et Florent Pagny a souillé tout ça. Oui Florent Pagny est un tueur de rêves et il a une énorme dette envers les miens.

6 novembre 2009

Chic

Dans les années 20 le comble du chic consistait à manger des huîtres et des écrevisses, à boire du champagne jusqu’à n’en pouvoir plus et à verser les restes dans le piano à queue.

4 novembre 2009

Fétichiste

L'amour est l'uniforme de mon infirmière dénudée.

2 novembre 2009

Identitaire

Nous devrions délibérément tisser un cocon le plus clandestin possible au creux de nos « identités ».

1 novembre 2009

Nocturne

Novembre, la nuit est là trop tôt ; un mélange de bleus métalliques, de nuages ocre sur l’horizon. La pluie tombe comme un mercure léger, il n’y a plus grand-chose à faire. On restera au milieu des arbres, à l’écart d’un monde qui n’existe que pour les autres ; on attendra la vraie nuit, la seule, la nuit noire.