29 juin 2010

Géographique

Rien lu de plus qu’une carte du monde - oui du monde ! - qui traînait sur le rebord de l’une de mes fenêtres. J’ai constaté à ma grande surprise que le sommet de l’Ile McDonald culmine à 2745 mètres, ce qui n’est pas rien… Le vulgum pecus l’ignore, mais l’Ile McDonald est une possession australienne, elle est perdue au milieu des mers du Sud - juste en dessous des Îles Kerguelen - il ne s’y passe rien, le climat n’est pas très accueillant… Après la solitude glacée des mers du Sud, je me suis égayé en entourant sur ma carte tous les sommets dépassant 6000 mètres. Je suis remonté vers le Mt McKinley puis je suis descendu vers l’Aconcagua tout en passant par l’Ancohuma. Après avoir biffé une petite armée de cimes de gabarit raisonnable, j’ai ensuite adroitement traversé l’Atlantique Sud et l’Océan Indien pour mieux remonter vers les plateaux himalayens. Là un peu lassé d’avance par l’ampleur de la tâche à accomplir j’ai laissé choir mon idée initiale pour me rebattre sur « du plus simple » ; par exemple entourer toutes les îles méditerranéennes sur lesquelles j’ai eu des relations sexuelles. Je commence par la Corse…

28 juin 2010

Amoureux

Et sa nuque fragile qu’on découvrait par instants nue, avec le renflement, touchant à voir, de deux tendons qui saillissaient sous la peau duvetée, couleur d’ambre clair, selon les mouvements de sa tête. Et la sérénité d’âme qui s’éloignait d’elle, de tout ce qui l’environnait, la rêverie, la tristesse ; ces chansons qu’elle chantait, un filet de voix douce…

26 juin 2010

Passage N°2

Résurgence de l’affect, perspective sèche coupante comme le mica.

21 juin 2010

Surfeur

Lors de ma période vaguement musicienne je m'étais permis de triturer à ma manière quelques « symphonies adolescentes adressées à Dieu. » En voilà une, avec un goût de chapeau rond en catalogne.

Je vous laisse ouïr tout ça en espérant que vous n'aurait pas trop d'embarras :



P-.S Été hivernal oblige je m'en vais couper du bois, j'allumerai ensuite un feu et je sautillerai à son coin.

17 juin 2010

Démocratique

Pour ce qui est des arômes de papier je vote pour les vieux livres de chez Phaidon, pour les odeurs de colle je vote pour les livres neufs de la vieille blanche… Pour la difficulté je vote pour les anciens Corti non massicotés. Pour l’aisance bourgeoise je vote pour le faux confort carpaccio offert par la Pléiade. Pour le toucher je vote pour feu la collection pistache de chez Verdier…
(Visiblement la collection Der Doppelgänger de chez Verdier n’est plus pistache, mais jaune paille à présent.)

16 juin 2010

Urbaniste (Ubuesque)

« J'ai connu autrefois un pauvre homme qui, par scrupule, n'a jamais voulu coucher chez lui, disant que son nom était un nom à coucher dehors. Ce souvenir ne m'est pas désagréable. »

(Erik Satie, Ecrits)


Dans certaines villes africaines, les rues ne sont pas devant les maisons, mais à l'intérieur. Elles passent de la cuisine de l'un à la chambre à coucher de l'autre. Les gens ne sont chez eux qu'à leurs très rares fenêtres. Cette conception burlesque de l'urbanisme entraîne moult quiproquos amusants. Le « quidam africain » est par exemple tout à la fois, sorti et rentré, dehors et chez lui, et bien qu'il passe toutes ses nuits dans la rue, il ne découche jamais !

15 juin 2010

Apicole

D'aucuns semblent étonnés par le faible niveau proposé par la compétition de balle au pied se jouant actuellement en Afrique Australe.

Que les étonnés cessent d'êtres étonnés ! Les « étonnés » devraient savoir qu'un footballeur épuisé jouant à l'intérieur d'une ruche, de surcroît en tapant dans un « ballon de plage », ne peut rien donner de bon. Peut-être du miel, mais rien d'autre...

14 juin 2010

Occupé

« L'artiste doit régler sa vie.

Voici l'horaire précis de mes actes journaliers :

Mon lever : à 7 h. 18 ; inspiré : de 10 h. 23 à 11 h. 47. Je déjeune à 12 h. 11 et quitte la table à 12 h. 14. Salutaire promenade à cheval, dans le fond de mon parc : de 13 h. 19 à 14 h. 53. Autre inspiration : de 15 h. 12 à 16 h. 07. Occupations diverses (escrime, réflexions, immobilité, visites, contemplation, dextérité, natation, etc…) : de 16 h. 21 à 18 h. 47. Le dîner est servi à 19 h. 16 et terminé à 19 h. 20. Viennent des lectures symphoniques, à haute voix : de 20 h. 09 à 21 h. 59. Mon coucher a lieu régulièrement à 22 h. 37. Hebdomadairement, réveil en sursaut à 3 h. 19 (le mardi).

Je ne mange que des aliments blancs : des œufs, du sucre, des os râpés ; de la graisse d'animaux morts ; du veau, du sel, des noix de coco, du poulet cuit dans de l'eau blanche ; des moisissures de fruits, du riz, des navets ; du boudin camphré, des pâtes, du fromage (blanc), de la salade de coton et de certains poissons (sans la peau). Je fais bouillir mon vin, que je bois froid avec du jus de fuchsia. J'ai bon appétit ; mais je ne parle jamais en mangeant, de peur de m'étrangler. Je respire avec soin (peu à la fois). Je danse très rarement. En marchant, je me tiens par les côtes et regarde fixement derrière moi. D'aspect très sérieux, si je ris, c'est sans le faire exprès. Je m'en excuse toujours et avec affabilité. Je ne dors que d'un œil ; mon sommeil est très dur. Mon lit est rond, percé d'un trou pour le passage de la tête. Toutes les heures, un domestique prend ma température et m'en donne une autre. Depuis longtemps, je suis abonné à un journal de modes. Je porte un bonnet blanc, des bas blancs et un gilet blanc.

Mon médecin m'a toujours dit de fumer. Il ajoute à ses conseils :

— Fumez, mon ami : sans cela, un autre fumera à votre place. »

(
Erik Satie, Mémoires d'un amnésique)

11 juin 2010

Pornographique

Alban Ceray pratique la saillie en toute décontraction, les mains sur les hanches qu’il a potelées, il accompagne son mouvement des dites mains tout en effectuant de temps à autre une légère rotation du bassin ; ainsi si ce n’était techniquement impossible on pourrait dire qu’il fornique décontracté du vit.

8 juin 2010

Morne

J'ai perdu de ma ferveur sautillante, je suis bien morne à présent.

7 juin 2010

Frileux

Dans ses récents interviews, Godard est presque touchant, un petit vieux avec des préoccupations de petit vieux. Ma grand-mère (paternelle) était très godardienne (sans le savoir) elle était par exemple assez préoccupée par les courants d’air, elle me disait souvent « Philippe, enfin voyons mets ton chandail, il y a un courant d’air ! »

5 juin 2010

Décevant

On m’a toujours trouvé, dilettante, là sans être là, un peu à côté ou en dessus, c’est tout le « charme » de mon personnage dit-on… pourtant ce charme, mon or, je n’en fais rien, il se transforme en sable et le vulgum pecus ne me comprend pas. Si le vulgum pecus s’imaginait les efforts, le labeur que me coûte cette somme de légèreté, il me comprendrait peut-être ; en tous les cas il ne me reprocherait plus les ruines des châteaux que je n’ai jamais construits.

2 juin 2010

Curieux

Il faut être absolument curieux. Je ne cesse d’être affligé par le manque de curiosité ambiant, je sais bien que le mot connaissance commence comme le mot connerie, mais ce n’est pas une raison.