17 juillet 2010

Inspiré

Chacun cherche l’inspiration où il peut. Voltaire la cherchait dans l’excitation du café, Eschyle et Aristophane dans le vin… Buffon ne pouvait écrire qu’habillé élégamment. Villiers de L’Isle-Adam ne pouvait écrire qu’à plat ventre. Son confrère décadent, Hugues Rebell louait une chambre d’hôtel et n’en sortait qu’une fois son livre achevé. Corneille ressassait ses tragédies dans une quasi-obscurité tandis que Schiller cachait des pommes pourries dans le tiroir gauche de sa table de travail ; il les sortait, les sentait puis il se mettait au travail.

Chez les musiciens Gluck faisait transporter son clavecin au milieu d’un pré, il buvait deux, trois bouteilles de champagne, puis inspiré il composait. Haydn, comme Buffon, ne pouvait travailler qu’en tenue raffinée, il lui fallait également porter au doigt une bague ornée d’un volumineux diamant. Toutes conditions réunies il écrivait alors sans jamais s’arrêter, pendant cinq, six heures, des jours entiers…

Mozart était comme saisi par l’inspiration, elle lui arrivait à l’improviste. Il lui fallait alors s’épancher ; c’ était un problème en société.

Voilà.

16 juillet 2010

Caniculaire (ter)

La chaleur toujours là, je reste ouvert matinalement à tout vent.

Afin d'éviter le fracas d'un appel d'air tout autant violent qu'inattendu, j'ai bloqué l'une de mes fenêtres avec un épais volume de Stendhal (collection l'intégrale, au Seuil). Le résultat ne manque pas d'efficacité puisque l'air passe sans risque et à foison dans mon intérieur. Seul problème, ce mot du réputé grenoblois inscrit au dos de ma cale fenêtre improvisée : « Tout bon raisonnement offense ». Voilà que les passants qui passent ne manquent pas de regarder tout cela, ma fenêtre calée, mon intérieur livresque… Pour un peu je pourrais même les entendre marmonner : « Encore un intellectuel ! Qui ferait mieux de travailler ! » S'ils savaient !

P.-S. Mes autres fenêtres sont respectivement calées par le Petit Robert et par un vieux bottin ; elles ne donnent pas sur la rue.

14 juillet 2010

Poli

« Les lois modestes de la civilité, les simples usages du savoir-vivre nous aident tous les jours à nous vaincre. Ils ne sont pas vains. Ils contribuent à l'ordre, ils l'assurent, ils lui donnent un charme. Ils protègent la faiblesse, bornent la force. Ils tiennent en bride la sottise et la méchanceté. »

(Eugène Marsan, Savoir vivre en France et savoir s'habiller)

11 juillet 2010

Caniculaire (bis)

En quelques jours je suis passé de la recherche du soleil à l'art de trouver la fraîcheur là où elle se trouve. Cet art qui est aussi une distraction réclame un minimum de connaissance, il faut notamment savoir jongler avec l'air, savoir maîtriser les courants aériens tout comme les différences de température… S'il n'y avait les murs nécessaires à toute bâtisse, on pourrait même classer l'art de trouver de la fraîcheur en intérieur entre le vol à voile et la navigation en solitaire.
Si vous le voulez bien voilà quelques conseils qui vous permettront de recouvrer un peu de fraîcheur intérieure. Le matin, le frais encore là vous ouvrirez vos fenêtres en grand, puis petit, à petit la tiédeur enflant vous commencerez par rabattre vos volets en « persienne » laissant la juste place nécessaire pour un mince filet presque sain. Le moment crucial sera le moment où la température extérieure plus haute de quelques degrés ne créera plus qu'un appel d'air chaud vers l'intérieur, il vous faudra alors savoir assez vite fermer fenêtres et volets et vous claquemurer comme dans une grotte. Si sur le palier vous oubliez animaux, femmes et enfants, on pourra dire que vous voilà stylite-ascète... mais frais. Ne bougez pas trop essayez de diriger votre tête vers un filet d'air qui doit trainer, ouvrez un livre, ne tournez pas les pages trop vite. Voilà...

8 juillet 2010

Anticommuniste (Primaire)

Pour Pif-Gadget et les quatre Miroirs*, on pardonnera beaucoup au communisme, même la Guépéou, le goulag consécutif, et le pacte germano-soviétique…

*Miroir du cyclisme, Miroir de l'athlétisme, Miroir du football, Miroir du rugby.

4 juillet 2010

Dépressif

« Mille oiseaux de nuit, mille chansons mortelles
M'environnent, volant par ordre sur mon front :
Que l'air en contrepoids, fâché de mes querelles,
Soit noirci de hiboux et de corbeaux en rond.

Les herbes sécheront sous mes pas, à la vue
Des misérables yeux dont les tristes regards
Feront tomber les fleurs et cacher dans la nue
La lune et le soleil et les astres épars.

Ma présence fera dessécher les fontaines
Et les oiseaux passans tomber mort à mes pieds,
Étouffés de l'odeur et du vent de mes peines :
Ma peine étouffe-moi, comme ils sont étouffés ! »


(Théodore Agrippa d'Aubigné, Le Printemps)

3 juillet 2010

Caniculaire

L'un des inconvénients des températures caniculaires c'est que le vulgum pecus se croit soudain obliger d'ouvrir ses fenêtres à tous les vents partageant ainsi son intimité avec un voisinage qui n'aspire qu'à vivre en toute quiétude. Ainsi ce matin il m'a fallu supporter six fois de suite le crépitement du chanteur Mika sur l'iPhone de ma voisine du dessus. Plus gênant encore il m'a fallu ensuite endurer le vrombissement discontinu d'une techno baléarique d'origine indéterminé ; mes murs ont bien failli chanceler. Si jamais j'ai la bonne opportunité de retrouver le responsable de ces infra basses irresponsables sachez qu'il lui en coûtera ; pour l'essentiel j'envisage de lui trancher la jugulaire avec mon compact disque de Metal Music Machine que j'aurai astucieuse affûté au préalable. Ensuite vidé de son sang je l'enterrerai assez vite dans mon jardin, là je le disposerai tête-bêche avec le squelette de ma seconde épouse.