26 décembre 2010

Désagréable

« Un dandy ne fait rien. Vous figurez-vous un Dandy parlant au peuple, excepté pour le bafouer ? »
« Le Dandy doit aspirer à être sublime sans interruption, il doit vivre et dormir devant un miroir. »

(Baudelaire, Mon cœur mis à nu)

« L’homme peut être démocrate, l’artiste se dédouble et doit rester aristocrate. »
« Ô poètes, vous avez toujours été orgueilleux ; soyez plus, devenez dédaigneux ! »

(Mallarmé, l’Art pour tous)

20 décembre 2010

Seppuku

Lu le Bruges-la-Morte de Georges Rodenbach. Sorte de proto Vertigo, symboliste, sinistre et vaguement touristique. Assez plat comme le pays du même nom. On murmure, ici ou là, que le très peu guilleret Mishima aurait relu ce livre juste avant son fameux, et fatal, auto coup de surin. Oserais-je dire que je ne suis même pas étonné ?

19 décembre 2010

Schizophrène

Plus qu’un frère j’ai toujours considéré Robert Walser comme un autre moi-même. N’y voyez aucune immodestie de ma part, car si cet autre moi-même a beaucoup de mes prétendues tares sociales, il a pour lui le talent que je n’ai pas.

18 décembre 2010

Punk

Si plus jeune on m’avait dit qu’un jour j’apprécierais presque un disque de John Mayall j’en aurais vomi ma Valstar !

12 décembre 2010

Météorologique

La saison est curieuse, douce puis froide, froide puis douce. Il neige beaucoup, puis il ne neige plus du tout. C’est un peu comme si la Sibérie tombait à l’eau. Il y a de quoi rester dubitatif devant cet été indien dérangé par d’aussi inattendus que laconiques pics glaciaires. On ne sait plus sur quel pied gigoter, on ne sait plus s’il faut se réchauffer ou pas, s’il faut porter chandail ou chemisette. Bref, la perplexité météorologique règne et l’humeur est maussade.

11 décembre 2010

Cochon

« Ne branlez pas sept ou huit petits paysans dans un verre pour boire le foutre avec du sucre. Cela vous donnerait une mauvaise réputation dans le pays. »

(Pierre Louÿs, Manuel de civilité pour les petites filles à l’usage des maisons d’éducation)

9 décembre 2010

Musicologue (vaguement)

Chacun devrait savoir que Debussy n’est pas un « peintre de paysage » ou tout du moins chacun devrait savoir que s’il peint un paysage , il ne peint jamais l’objet paysage, il l’efface au fur et à mesure qu’il s’y promène ou qu’il le contemple, il n’en laisse passer que « l’écho sensible », « l’image sonnante », il est trop musicien, trop ému, pour être peintre.

« On pourrait nier qu’il y eût la moindre description dans Debussy. Il transmute la nature en harmonies, en émotions sonores. Il ne re songe pas à peindre la forêt bruissante, mais ce que le cœur d’une jeune fille, marquée pour le mortel amour, y éprouve dans le profond abandon, à l’heure du crépuscule où elle rencontre son destin. Il ne cherche pas à rendre la lueur d’une lampe qui soudain s’allume dans une chambre obscure, ou le bêlement des moutons qu’on mène à l’abattoir, ou le murmure lent de la fontaine : il ne pense qu’à évoquer le doux soleil de la clarté dans un enfant qui tremble et la lumière qui entre comme un couteau dans l’esprit sanglant d’un bourreau; ou l’innocence perfide de l’eau qui trompe sur la fuite des instants et des baisers; ou l’immense, monotone et fatale douleur de la vie, lorsqu’on la surprend, au couchant qui rougeoie, dans un troupeau de pauvres bêtes sans malice et sans péché, que son destin, un bâton de berger à la main, pousse vers la mort, là, derrière la porte, loin du bercail, pour cette nuit déjà si proche. En musique, le paysage est un sentiment. »

(André Suarès, Debussy)

5 décembre 2010

Cancérigène

Le plastique a beau être cancérigène, j’ai mangé le porte-mine en plastique avec lequel j’écris ces lignes.