30 août 2011

Fané

Un flétrissement inflétrissable, un tourment épanoui, immortel, une timidité de rose et des plaintes.

27 août 2011

Misogyne (un peu)

« Il faut faire un assez petit cas des femmes, mais nous émouvoir à les regarder et nous admirer de ressentir pour d’aussi maigres choses un sentiment aussi agréable. »

(Maurice Barrès, cité par André Maurois)

20 août 2011

Télégraphique

Je suis télégraphique pour ne pas me priver de rester fainéant.


19 août 2011

Rien

« J’interrogeai mon être, je considérai rapidement tout ce qui m’entourait ; je demandai aux hommes s’ils sentaient comme moi ; je demandai aux choses si elles étaient selon mes penchants, et je vis qu’il n’y avait d’accord ni entre moi et la société, ni entre mes besoins et les choses qu’elle a faites. Je m’arrêtai avec effroi, sentant que j’allais livrer ma vie à des ennuis intolérables, à des dégoûts sans terme comme sans objet. J’offris successivement à mon cœur ce que les hommes cherchent dans les divers états qu’ils embrassent. Je voulus même embellir, par le prestige de l’imagination, ces objets multipliés qu’ils proposent à leurs passions, et la fin chimérique à laquelle ils consacrent leurs années. Je le voulais, je ne le pus pas. Pourquoi la terre est-elle ainsi désenchantée à mes yeux ? Je ne connais point la satiété, je trouve partout le vide. »

(Senancour, Oberman)

17 août 2011

Austral

Quant à la flore des Kerguelen il y le fameux chou. On ne sait pas d’où il vient, mais on sait que son gout est piquant et poivré. On sait aussi qu’il faut se garder de le cuire à l'eau, car il émet alors une odeur musquée qui rappelle étrangement le parfum des filles les moins vertueuses de la casbah d’Alger.

Quant à la faune des Kerguelen, il y a ce chat étonnant, ce félin importé au crâne réduit et triangulaire. Un matou, qui sans adversité, ne réfléchit plus et se retrouve avec un cerveau tout rabougri. Je concède aisément que l’on soit effrayé par la géométrie bizarre de cette tête inusitée, il faut bien le dire.

(Un grand merci à Jean Paul Kauffmann et à son Arche des Kerguelen qui m’ont permis de bricoler ces deux peccadilles).

12 août 2011

Économiste

Jadis quand nous nous épuisions au labeur notre fatigue n’avait pas ce côté navrant et « pour rien » que nous connaissons aujourd’hui. Le grand capital était l’ennemi, il était identifiable, palpable, tellement palpable qu’avec le peu d’énergie qu’il nous restait nous pouvions parfois le séquestrer et lui faire rendre gorge. Il tremblait alors en pensant à sa boite de havanes, là en dessous dans le tiroir de droite. Il tremblait puis il faisait semblant de compatir tout en concédant un peu. Aujourd’hui nous nous fatiguons dans des tâches abstraites que nous commandite une entité indiscernable : le marchéfinancié. Allez séquestrer une entité indiscernable et vous m’en reparlerez ! Le marchéfinancié est inséquestrable, c’est un monstre gazeux et sans odeur, un monstre insensible et sourd. Pire c’est un monstre qui ne nous en veut même pas ; il ignore tout de notre existence, il a bien autre chose à faire : rester abstrait, tourner en rond dans l’eau pour rien, trouver un pavillon de complaisance, faire son gazeux inodore.

7 août 2011

Sournois

La mise en harmonie de notre nature réelle avec les pesantes réalités du monde est certainement l’un des buts les plus sournois de toute existence.

4 août 2011

Atmosphérique

« L'homme à certaines zones corporelles - son corps est le plus proche. Ce qui l'entoure d’abord forme sa deuxième zone. Sa ville et sa province la troisième, et ainsi de suite jusqu’au soleil et à son système. La zone la plus intérieure est en quelque sorte le moi et celui-ci est opposé comme l’abstraction, la contraction suprême, à l’univers qui est la réflexion, l’expansion, suprême. Ainsi le point de l’espace atmosphérique. »

(Novalis, Fragments)

3 août 2011

Calme



Calme apparent aux alentours de Bihać (Bosnie-Herzégovine)

2 août 2011

Végétatif

Récupérant petit à petit d’un long week-end alcoolisé j’ai passé l’essentiel de ma journée en plongeant dans de longues flaques de narcolepsies qui m’ont laissé pour ainsi dire noyé et oscillant vers le végétatif. C’est donc un genre de potamot nageant qui vous parle. Le potamot nageant possède des feuilles allongées, il flotte entre deux eaux au gré du niveau d'eau, ce n’est pas un problème en soi ; enfin dans la mesure où il conserve la capacité de rêver les pieds dans l’eau.

1 août 2011

Abstrait

Me regardant un peu de biais dans mon miroir ce matin j’ai constaté que si mon âme est de plus en plus organique il faudrait que mon corps devienne, lui, un peu moins abstrait.