12 août 2011

Économiste

Jadis quand nous nous épuisions au labeur notre fatigue n’avait pas ce côté navrant et « pour rien » que nous connaissons aujourd’hui. Le grand capital était l’ennemi, il était identifiable, palpable, tellement palpable qu’avec le peu d’énergie qu’il nous restait nous pouvions parfois le séquestrer et lui faire rendre gorge. Il tremblait alors en pensant à sa boite de havanes, là en dessous dans le tiroir de droite. Il tremblait puis il faisait semblant de compatir tout en concédant un peu. Aujourd’hui nous nous fatiguons dans des tâches abstraites que nous commandite une entité indiscernable : le marchéfinancié. Allez séquestrer une entité indiscernable et vous m’en reparlerez ! Le marchéfinancié est inséquestrable, c’est un monstre gazeux et sans odeur, un monstre insensible et sourd. Pire c’est un monstre qui ne nous en veut même pas ; il ignore tout de notre existence, il a bien autre chose à faire : rester abstrait, tourner en rond dans l’eau pour rien, trouver un pavillon de complaisance, faire son gazeux inodore.

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