31 juillet 2014

Bulgare

La Bulgarie est un drôle de pays. On peut y serrer la main du Président, comme ça au débotté entre deux ruines romaines tandis que le chiendent pousse plus que de raison sur les trottoirs défoncés par le rude climat environnant. Les antiquaires vendent des « souvenirs » nazis pendant que de vrais Roms charbonneux passent assis dans d’antédiluviennes carrioles traînées par de replets chevaux à la crinière proéminente. Les églises sont bien jolies quoiqu’un peu chargées au niveau de la décoration, les fidèles y ont la curieuse habitude d’embrasser plus que de raison une kyrielle d’icônes un brin tape-à-l’œil ce qui n’est pas très hygiénique. Il y a de rares mosquées égarées d’où quelques muezzins, certainement turco-bulgares, muezzinent mélodieusement à l’unisson. Le Bulgare de base est globalement massif avec un côté indéniablement râblé qui pourrait faire dire de lui qu’il est fort comme un Turc. La Bulgare de base est globalement affriolante avec la cuisse gracile et ce petit air maussade qui fait toute la différence. Au niveau culinaire tout ce joli monde se nourrit de machins guère enthousiasmants généralement concoctés à base de choux et de pomme de terre. Le vin est presque bon, c’est déjà ça.
Sofia est une capitale un peu décatie, le centre-ville ressemble à celui de Belfort, en plus grand. Plovdiv est une ville médiévale qui s’ignore avec de bien réelles ruines et de bien jolis parcs. Au monastère du Rila, le plus haut lieu touristique du pays, les popes vous regardent de biais. Nessebar est une petite ville classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, cela ne va pas durer, car elle est presque totalement envahie par une troupe de marchands du temple s’approvisionnant en République populaire de Chine. Nessebar est également dans ses abords une station balnéaire assez dépravée ou les jeunesses russes, hongroises, polonaises viennent faire la nouba slave. Varna bien qu’également en bord de mer Noire semble plus sage et en tous les cas plus encombrée par des restes de communisme latents. L’Hôtel Odessos est par exemple une sinistre merveille des temps collectivistes. Les ascenseurs ont des velléités homicides tandis que les couloirs sont plus kafkaïens qu’un procès de Moscou intenté à la bonne franquette. L’Interhotel à Veliko Tarnovo est encore pire en mieux. Le hall ressemble à un gymnase et les couloirs sont tellement longs que l’on pourrait y organiser sans problème un défilé du 1er mai. L’éventuel voyageur qui aurait la bonne opportunité de pouvoir se loger dans ce charmant endroit doit savoir qu’il lui faudra déposer son pistolet à la réception et qu’il n’y a pas d’eau chaude dans les douches.

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