11 juillet 2010

Caniculaire (bis)

En quelques jours je suis passé de la recherche du soleil à l'art de trouver la fraîcheur là où elle se trouve. Cet art qui est aussi une distraction réclame un minimum de connaissance, il faut notamment savoir jongler avec l'air, savoir maîtriser les courants aériens tout comme les différences de température… S'il n'y avait les murs nécessaires à toute bâtisse, on pourrait même classer l'art de trouver de la fraîcheur en intérieur entre le vol à voile et la navigation en solitaire.
Si vous le voulez bien voilà quelques conseils qui vous permettront de recouvrer un peu de fraîcheur intérieure. Le matin, le frais encore là vous ouvrirez vos fenêtres en grand, puis petit, à petit la tiédeur enflant vous commencerez par rabattre vos volets en « persienne » laissant la juste place nécessaire pour un mince filet presque sain. Le moment crucial sera le moment où la température extérieure plus haute de quelques degrés ne créera plus qu'un appel d'air chaud vers l'intérieur, il vous faudra alors savoir assez vite fermer fenêtres et volets et vous claquemurer comme dans une grotte. Si sur le palier vous oubliez animaux, femmes et enfants, on pourra dire que vous voilà stylite-ascète... mais frais. Ne bougez pas trop essayez de diriger votre tête vers un filet d'air qui doit trainer, ouvrez un livre, ne tournez pas les pages trop vite. Voilà...

8 juillet 2010

Anticommuniste (Primaire)

Pour Pif-Gadget et les quatre Miroirs*, on pardonnera beaucoup au communisme, même la Guépéou, le goulag consécutif, et le pacte germano-soviétique…

*Miroir du cyclisme, Miroir de l'athlétisme, Miroir du football, Miroir du rugby.

4 juillet 2010

Dépressif

« Mille oiseaux de nuit, mille chansons mortelles
M'environnent, volant par ordre sur mon front :
Que l'air en contrepoids, fâché de mes querelles,
Soit noirci de hiboux et de corbeaux en rond.

Les herbes sécheront sous mes pas, à la vue
Des misérables yeux dont les tristes regards
Feront tomber les fleurs et cacher dans la nue
La lune et le soleil et les astres épars.

Ma présence fera dessécher les fontaines
Et les oiseaux passans tomber mort à mes pieds,
Étouffés de l'odeur et du vent de mes peines :
Ma peine étouffe-moi, comme ils sont étouffés ! »


(Théodore Agrippa d'Aubigné, Le Printemps)

3 juillet 2010

Caniculaire

L'un des inconvénients des températures caniculaires c'est que le vulgum pecus se croit soudain obliger d'ouvrir ses fenêtres à tous les vents partageant ainsi son intimité avec un voisinage qui n'aspire qu'à vivre en toute quiétude. Ainsi ce matin il m'a fallu supporter six fois de suite le crépitement du chanteur Mika sur l'iPhone de ma voisine du dessus. Plus gênant encore il m'a fallu ensuite endurer le vrombissement discontinu d'une techno baléarique d'origine indéterminé ; mes murs ont bien failli chanceler. Si jamais j'ai la bonne opportunité de retrouver le responsable de ces infra basses irresponsables sachez qu'il lui en coûtera ; pour l'essentiel j'envisage de lui trancher la jugulaire avec mon compact disque de Metal Music Machine que j'aurai astucieuse affûté au préalable. Ensuite vidé de son sang je l'enterrerai assez vite dans mon jardin, là je le disposerai tête-bêche avec le squelette de ma seconde épouse.

29 juin 2010

Géographique

Rien lu de plus qu’une carte du monde - oui du monde ! - qui traînait sur le rebord de l’une de mes fenêtres. J’ai constaté à ma grande surprise que le sommet de l’Ile McDonald culmine à 2745 mètres, ce qui n’est pas rien… Le vulgum pecus l’ignore, mais l’Ile McDonald est une possession australienne, elle est perdue au milieu des mers du Sud - juste en dessous des Îles Kerguelen - il ne s’y passe rien, le climat n’est pas très accueillant… Après la solitude glacée des mers du Sud, je me suis égayé en entourant sur ma carte tous les sommets dépassant 6000 mètres. Je suis remonté vers le Mt McKinley puis je suis descendu vers l’Aconcagua tout en passant par l’Ancohuma. Après avoir biffé une petite armée de cimes de gabarit raisonnable, j’ai ensuite adroitement traversé l’Atlantique Sud et l’Océan Indien pour mieux remonter vers les plateaux himalayens. Là un peu lassé d’avance par l’ampleur de la tâche à accomplir j’ai laissé choir mon idée initiale pour me rebattre sur « du plus simple » ; par exemple entourer toutes les îles méditerranéennes sur lesquelles j’ai eu des relations sexuelles. Je commence par la Corse…

28 juin 2010

Amoureux

Et sa nuque fragile qu’on découvrait par instants nue, avec le renflement, touchant à voir, de deux tendons qui saillissaient sous la peau duvetée, couleur d’ambre clair, selon les mouvements de sa tête. Et la sérénité d’âme qui s’éloignait d’elle, de tout ce qui l’environnait, la rêverie, la tristesse ; ces chansons qu’elle chantait, un filet de voix douce…

26 juin 2010

Passage N°2

Résurgence de l’affect, perspective sèche coupante comme le mica.

21 juin 2010

Surfeur

Lors de ma période vaguement musicienne je m'étais permis de triturer à ma manière quelques « symphonies adolescentes adressées à Dieu. » En voilà une, avec un goût de chapeau rond en catalogne.

Je vous laisse ouïr tout ça en espérant que vous n'aurait pas trop d'embarras :



P-.S Été hivernal oblige je m'en vais couper du bois, j'allumerai ensuite un feu et je sautillerai à son coin.

17 juin 2010

Démocratique

Pour ce qui est des arômes de papier je vote pour les vieux livres de chez Phaidon, pour les odeurs de colle je vote pour les livres neufs de la vieille blanche… Pour la difficulté je vote pour les anciens Corti non massicotés. Pour l’aisance bourgeoise je vote pour le faux confort carpaccio offert par la Pléiade. Pour le toucher je vote pour feu la collection pistache de chez Verdier…
(Visiblement la collection Der Doppelgänger de chez Verdier n’est plus pistache, mais jaune paille à présent.)

16 juin 2010

Urbaniste (Ubuesque)

« J'ai connu autrefois un pauvre homme qui, par scrupule, n'a jamais voulu coucher chez lui, disant que son nom était un nom à coucher dehors. Ce souvenir ne m'est pas désagréable. »

(Erik Satie, Ecrits)


Dans certaines villes africaines, les rues ne sont pas devant les maisons, mais à l'intérieur. Elles passent de la cuisine de l'un à la chambre à coucher de l'autre. Les gens ne sont chez eux qu'à leurs très rares fenêtres. Cette conception burlesque de l'urbanisme entraîne moult quiproquos amusants. Le « quidam africain » est par exemple tout à la fois, sorti et rentré, dehors et chez lui, et bien qu'il passe toutes ses nuits dans la rue, il ne découche jamais !

15 juin 2010

Apicole

D'aucuns semblent étonnés par le faible niveau proposé par la compétition de balle au pied se jouant actuellement en Afrique Australe.

Que les étonnés cessent d'êtres étonnés ! Les « étonnés » devraient savoir qu'un footballeur épuisé jouant à l'intérieur d'une ruche, de surcroît en tapant dans un « ballon de plage », ne peut rien donner de bon. Peut-être du miel, mais rien d'autre...

14 juin 2010

Occupé

« L'artiste doit régler sa vie.

Voici l'horaire précis de mes actes journaliers :

Mon lever : à 7 h. 18 ; inspiré : de 10 h. 23 à 11 h. 47. Je déjeune à 12 h. 11 et quitte la table à 12 h. 14. Salutaire promenade à cheval, dans le fond de mon parc : de 13 h. 19 à 14 h. 53. Autre inspiration : de 15 h. 12 à 16 h. 07. Occupations diverses (escrime, réflexions, immobilité, visites, contemplation, dextérité, natation, etc…) : de 16 h. 21 à 18 h. 47. Le dîner est servi à 19 h. 16 et terminé à 19 h. 20. Viennent des lectures symphoniques, à haute voix : de 20 h. 09 à 21 h. 59. Mon coucher a lieu régulièrement à 22 h. 37. Hebdomadairement, réveil en sursaut à 3 h. 19 (le mardi).

Je ne mange que des aliments blancs : des œufs, du sucre, des os râpés ; de la graisse d'animaux morts ; du veau, du sel, des noix de coco, du poulet cuit dans de l'eau blanche ; des moisissures de fruits, du riz, des navets ; du boudin camphré, des pâtes, du fromage (blanc), de la salade de coton et de certains poissons (sans la peau). Je fais bouillir mon vin, que je bois froid avec du jus de fuchsia. J'ai bon appétit ; mais je ne parle jamais en mangeant, de peur de m'étrangler. Je respire avec soin (peu à la fois). Je danse très rarement. En marchant, je me tiens par les côtes et regarde fixement derrière moi. D'aspect très sérieux, si je ris, c'est sans le faire exprès. Je m'en excuse toujours et avec affabilité. Je ne dors que d'un œil ; mon sommeil est très dur. Mon lit est rond, percé d'un trou pour le passage de la tête. Toutes les heures, un domestique prend ma température et m'en donne une autre. Depuis longtemps, je suis abonné à un journal de modes. Je porte un bonnet blanc, des bas blancs et un gilet blanc.

Mon médecin m'a toujours dit de fumer. Il ajoute à ses conseils :

— Fumez, mon ami : sans cela, un autre fumera à votre place. »

(
Erik Satie, Mémoires d'un amnésique)

11 juin 2010

Pornographique

Alban Ceray pratique la saillie en toute décontraction, les mains sur les hanches qu’il a potelées, il accompagne son mouvement des dites mains tout en effectuant de temps à autre une légère rotation du bassin ; ainsi si ce n’était techniquement impossible on pourrait dire qu’il fornique décontracté du vit.

8 juin 2010

Morne

J'ai perdu de ma ferveur sautillante, je suis bien morne à présent.

7 juin 2010

Frileux

Dans ses récents interviews, Godard est presque touchant, un petit vieux avec des préoccupations de petit vieux. Ma grand-mère (paternelle) était très godardienne (sans le savoir) elle était par exemple assez préoccupée par les courants d’air, elle me disait souvent « Philippe, enfin voyons mets ton chandail, il y a un courant d’air ! »

5 juin 2010

Décevant

On m’a toujours trouvé, dilettante, là sans être là, un peu à côté ou en dessus, c’est tout le « charme » de mon personnage dit-on… pourtant ce charme, mon or, je n’en fais rien, il se transforme en sable et le vulgum pecus ne me comprend pas. Si le vulgum pecus s’imaginait les efforts, le labeur que me coûte cette somme de légèreté, il me comprendrait peut-être ; en tous les cas il ne me reprocherait plus les ruines des châteaux que je n’ai jamais construits.

2 juin 2010

Curieux

Il faut être absolument curieux. Je ne cesse d’être affligé par le manque de curiosité ambiant, je sais bien que le mot connaissance commence comme le mot connerie, mais ce n’est pas une raison.

31 mai 2010

Catégorique

Il faut donner un goût de jamais vu à la désuétude !

30 mai 2010

Bruyant

« La tolérance envers le bruit inutile, par exemple envers la façon si impolie et si grossière de claquer les portes, est un signe direct de la vulgarité générale et du vide d'idée des cerveaux »

(Schopenhauer, Le bruit et le vacarme)

29 mai 2010

Ailleurs

Je me fige face au soleil, je ferme les yeux et je compte jusqu'à cent. Enfant je multipliai ce type de rituels secrets, c'était ce qui me permettait de vivre. On me trouvait gentiment ailleurs, j'étais sincèrement, profondément, ailleurs ; je le suis toujours.

28 mai 2010

Linguistique

Je sais bien que la sexualité semble être à l'origine de pas mal de choses, mais ces histoires de masculin et de féminin sont finalement souvent embarrassantes, ennuyeuses et pas si irréfutables que ça.

Prenons une langue au hasard : le dzongkha par exemple. Et bien, figurez-vous que cette langue, idiome officiel du Bhoutan, compte dans un stade premier entre douze et quatorze genres divers et variés ! Dans un second stade, elle distingue le vivant de l'inanimé. Dans un troisième stade la distinction se fait entre l'humain et le reste des choses. C’est seulement dans un quatrième stade que l'idée de sexualité distincte apparaît ! De là à considérer que pour le Bhoutanais la différence et l'imbrication consécutives des sexes ne sont pas primordiales , il n'y a qu'un pas ! (que je ne ferai pas au risque de choir dans un canyon d'incertitude.)

27 mai 2010

Virtuose

Il faut savoir que Charles-Marie Widor « l'Aristocrate de l'orgue » fut pendant soixante-quatre ans organiste « temporaire » de l’église Saint-Sulpice où , pilier parmi les piliers, solide et marmoréen dans les courants d’air, il délivrait au milieu des toussotements et par la grâce innée de deux pattes expertes, moult mélopées grasses à l’adresse de Dieu. En dehors de l’église et de toutes ces sournoises pratiques manuelles poinçonnées du sceau du bigot, notre olibrius fut également professeur au Conservatoire de Paris où il eut pour élèves d’illustres futurs tâteurs d’orgues ; les non encore six, mais là bien deux, Arthur Honegger et Darius Milhaud, le sémillant Albert Schweitzer, l’habile Marcel Dupré…
Nonobstant tout ce grand sérieux-là, ses, tour à tour, pieuses et doctes activités indoor oubliées, Charles-Marie Widor se révélait être le grand air atteint un croquignolet de la plus acceptable espèce. En effet il se murmure que notre bigot débigoté menait de bien curieuses expériences musicales sur la faune environnante ! Un jour de croquignolerie aiguë il aurait, par exemple trimballé tout un orchestre au Jardin d’Acclimatation ! Là, selon quelques spectateurs indemnes, mais encore interloqués, le rhinocéros fonçait sur la grosse caisse, les phoques chérissaient tout, sauf le jazz ; le goût des éléphants allait plutôt vers la musique ancienne ; tendres proboscidiens, instantanément ils devenaient rêveurs (l’effet Babar)… Wagner faisait hurler les loups, les renards, les chacals... La girafe considérait Gounod à sa juste hauteur. Le crocodile était, lui, un mélomane parfait, tellement passionné par l’orgue que Charles-Marie avait ramené l’une de ces charmantes bestioles à domicile ; dans la baignoire, il lui jouait du Bach, c’est toujours mieux que les sacs à main, et d’un divin. ! Il faut noter qu'à l’exception des araignées, manifestant un singulier penchant pour le clairon, les insectes environnants se montraient en règle générale suspicieux face à l’hélicon voir au mieux indifférents devant les orphéons militaires.
Tout cela nous donnera ce mot très sombre de Léon Paul Fargue : « A votre orgue, les moustiques préfèrent leur propre musique » et nous de rire sous cape.

25 mai 2010

Culotté

Les jupes de Marthe Keller, les jambes de Marthe Keller, les petites culottes de Marthe Keller… Le Diable par la Queue de Philippe de Broca : charmant, plus encore… renoirien… presque.

24 mai 2010

Salé

À Fez c'est le barbier du Sultan qui était chargé du supplice du sel. Le suspect, forcement coupable, sitôt harponné était garrotté puis emmené sur la place du marché. Là il passait derechef de coupable à supplicié. Notre barbier l'attendait plein d'une impatience non ostentatoire, il avait bien d'autres choses à faire, des barbes à soigner… Sans coup férir il regardait à peine sa « victime » et avec un sérieux, un professionnalisme qui l'honorait, il lui taillait alors dans chaque main et dans le sens de la longueur quatre fentes jusqu'à l'os. Le barbier était très habile son rasoir était affectueusement affûté. Il étendait ensuite les paumes du supplicié, faisait bâiller le plus possible les lèvres de ces coupures sanguinolentes et les remplissait de sel. En bon barbier bourreau, il refermait ensuite la main déchiquetée et introduisait le bout de chaque doigt dans chacune des fentes proposées. Le supplicié criait, tout cela était quand même un peu douloureux. Pour parfaire le tout, sa tâche accomplie le barbier laissait finir le travail par un couturier indistinct qui passait par là. Ce dernier, un peu chafouin cousait un gant de bœuf mouillé qui très serré recouvrait judicieusement les blessures. Cela faisait deux poings, harmonieux, très jolis, le couturier était ravi, la foule jubilait. On ramenait ensuite le supplicié dans son cachot, on lui donnait à manger, à boire, de quoi survivre... Les jours passaient, ses ongles poussaient au travers des mains, la souffrance était atroce, bientôt les doigts lui traversaient les poings, c'était incongru.
Pour finir, les plus courageux et résistants mourraient du tétanos, les plus douillets ne supportant plus la douleur se fracassaient la tête contre les murs. C'était le bon temps.

22 mai 2010

Chiropratique

J'ai un squelette de chauve souris, ailes étendues. C'est très joli, très fin. Je ne m'étais pas aperçu que c'était aussi une crucifixion, une crucifixion formidable.

21 mai 2010

Amoureux

« Quand on aime, l’amour est trop grand pour pouvoir être contenu tout entier en nous ; il irradie vers la personne aimée, rencontre en elle un surface qui l’arrête, le force à revenir vers son point de départ, et c’est ce choc en retour de notre propre tendresse que nous appelons les sentiments de l’autre. »

(Marcel Proust, A l’ombre des jeunes filles en fleurs)

« L’histoire de votre cœur est mot à mot l’histoire du mien. »

(Denis Diderot, Jacques le Fataliste)

20 mai 2010

Bibliophile

Robert Walton, condamné à mort demanda qu'une fois son exécution achevée le récit de sa vie criminelle soit relié avec sa propre peau. Ce fut chose faite, le livre était doux au toucher, sur la couverture on pouvait lire la mention suivante : « Ce livre a été écrit par Robert Walton et relié dans sa propre peau ».

19 mai 2010

Mobilier

L'un des Comtes de Conversano, dans les Pouilles, avait pris la sage résolution de faire disparaître ses ennemis les plus encombrants. Pour ce faire, il les faisait trucider, puis écorcher, par une petite armée adroitement recrutée. On utilisait ensuite la peau des trucidés pour recouvrir les fauteuils de la grande salle du château . Il y en avait un dont le dossier était recouvert par la peau d'une religieuse. Aujourd'hui l'amateur de curiosité qui s'approche de ce fauteuil peut encore distinguer la trace de ses seins, usés et cirés par l'usage.

P.-S. À Vérone, les seins de Juliette sont usés par les palpations libidineuses des touristes japonais c'est moins gênant, il s'agit d'une statue.

17 mai 2010

Désuet

Il faut être absolument désuet !

15 mai 2010

Charmant

Sex and the Single Girl de Richard Quine. Drôle, délicieux, exquis, charmant, élégant, sophistiqué tout ce que vous voulez… Casting impec : Bacall et Henry Fonda, Mel Ferrer, Tony Curtis, une jolie fille qui danse très bien, surtout Natalie Wood... J'aime Natalie Wood, je l'aime vraiment, sincèrement, profondément ; elle a beau jouer à côté de la plaque, rouler des yeux, en faire des tonnes, je l'aime, j'ai envie de la prendre dans mes bras. Dans Sex and the Single Girl comme dans plusieurs de ses films il y a une scène de fausse noyade qui donne envie de pleurer...

P.-S. Le philoxerasophe Onfray devrait voir ce film qui dézingue Freud avec élégance, loin des groupies labellisées Université Populaire.

12 mai 2010

Bleugh

Je pense qu'une bonne âme devrait faire le tour de la toile mondiale et recenser tous les bleughs oubliés semblables à celui-ci, cette bonne âme pourrait ensuite établir plusieurs lexiques non exhaustifs de l'ensemble : un lexique topographique, un autre toponymique, un thématique… Il y aurait de la matière à triturer…

8 mai 2010

Musicologue (Presque)

Musicalement mes années 80 commencent en 1978 et finissent en 1981, pour le reste les années 80 (le brouet 82-87) que le sens commun admet plus naturellement et que je qualifierai d’années 80 bis sont, malgré de notables exceptions, assez dominées par la Linn Drum, le mauvais plastique et le musical valium… Ceux qui n’ont pas « aimé profondément » un quasi-sosie de Mona Soyoc (cheveux courts, fesses alertes) tout en écoutant Alison Statton ne peuvent pas me comprendre… quant à Billy Idol…

4 mai 2010

Engagé

Je suis tellement peu engagé, et si peu citoyen, que j'ai parfois l’impression d'être traqué par les fantômes de l’affiche rouge !

3 mai 2010

Passage N°1

Cette surnaturelle élévation de l’esprit, cette admirable et si haute contemplation, cette anoblissement et déification, sont le signe et l’œuvre du don infini et de la très grande dilection de Dieu. C’est pourquoi il est ajouté aux paroles citées plus haut : Mon cœur est saisi d’effroi et il sort comme de lui-même.

Denys le Chartreux, 1402 - 1471.

21 avril 2010

Piscicole

Notre pêche trouble l'eau. Mais sous le gris des boues, comment distinguer les restes amorphes des torpides poissons ?

17 avril 2010

Lypémane

Godard était dandy de droite un peu cynique puis droitier défroqué de gauche un peu moralisateur ; à présent l’âge aidant il est un peu à gauche de la morale et un peu à droite de la mélancolie : il a bien raison d’être vieux.

12 avril 2010

Philatéliste

Je suis en possession d'un timbre de la reine victoria avec une dent cassée (le timbre). C'est vraiment intéressant, il fallait que vous le sachiez.

9 avril 2010

Emberlificoté

Le flux des choses se précipite par nous ; et nous, dans notre unité la plus soustraite, sommes conscients de cet écoulement incessant, de ce mouvement turbulent à la base de notre intuition vivante -- c’est en fait une réalité organisée et intégrale, une somme de « matériel psychique » qui produit notre chimie intime.

Enfin presque..

3 avril 2010

Désuet

Giraudoux est désuet, on ne le lit plus ; il y a bien d'autres choses à lire. Et puis il est suspect : pétainiste, vichyste, presque collabo... bref, il n'y a rien à attendre de lui ! Un écrivain chanci pour une époque moisie ; oublions tout ça, enterrons tout ça... Ce n'est pas si simple, selon Claude Roy et Aragon, Giraudoux, résistant, aurait été tué, empoisonné, par la Gestapo... vous voilà rassurés ? Un peu ? Pour le reste, déterrons un livre au hasard : les Aventures de Jérôme Bardini par exemple... Lisons-le vraiment, par vraiment j'entends qu'il ne faut pas le lâcher toutes les quatre pages, ni le lire en quinze jours, qu'il faut être avec et ne rien faire d'autre que de le lire... Si vous ne parvenez pas à entrer, si vous êtes rebuté par la préciosité, par les gongorismes de Giraudoux, laissez vous happer par son flux, par le rythme, par la musique de ses phrases... Voilà vous y êtes ! Enfin ! Voyez cette douceur, ce raffinement, ce charme... Voyez cette nature, ces êtres fluctuants, ces conversations avec le ciel, la pure légèreté qui s'échappe de ces pages... Voyez le plaisir d'écrire ! Et puis, entendez ces choses qui ne pourront que vous « pincer » : chez Giraudoux on se suicide parce que la vie est trop belle, on se sépare parce que l'on s'aime trop... Si l'on n'admet pas de pareilles solutions, où seraient les vérités musicales ?

2 avril 2010

Foutraque

Comment tuer votre femme ? : Quine mineur, mais Quine tout de même. Totalement foutraque et foutrement misogyne... Disons que c'est une ébauche du très gras Calmos (fils Blier seventies anti MLF) ; une ébauche où l'élégance remplacerait la vulgarité... Jack Lemmon impec as usual, Virna Lisi bien jolie en potiche (p)latine... la fin est ratée.

1 avril 2010

Effrayant

« Un alanguissement me vient, qui sera oublié dans une heure, mais qui ressemble beaucoup trop, hélas à ces choses que nous appelons amour, tendresse, affection, et que nous voudrions tâcher de croire grandes et nobles. De tels effets sont pour nous donner la très effrayante preuve de la matière, rien que matière, dont nous sommes pétris, et du néant d'après... »

(Pierre Loti, Japonerie d'Automne)

29 mars 2010

Sinistre

Les journées sont bien longues, mais ce n'est pas une raison pour confier leur exécution à un seul guillotineur. Par exemple, on peut utiliser la musique comme bourreau : elle « raccourcit » très bien. Il suffit de bien choisir sa musique, les ressources des musiques sombres, lugubres et déprimantes me semblent inépuisables, elles possèdent un sortilège que n'ont point les musiques allègres : celui de nous rendre plus tendre, plus aimant, plus aimé que nous ne sommes puisque plus facilement délectés par des pensées funèbres ; ces musiques sinistres n'exigeant aucun effort de nous elles souffrent à notre place. C'est un dissolvant qui ne laisse rien de nous et ne nous laisse rien.

28 mars 2010

Somnambulique

Luc Dietrich ne dormait jamais vraiment, il ne s'éveillait jamais vraiment non plus. Il lui arrivait seulement de sommeiller debout les yeux grand ouverts tout en vaquant à ses occupations quotidiennes. Ainsi, on pouvait le voir avancer dans le monde avec des gestes de nageur et des pas de somnambule.
Grâce à cet état flottant il n'avait pas à chercher un quelconque halo poétique, il lui venait naturellement.

N-B. On notera néanmoins que cet « état flottant », cet état poétique, attirait plus d'inconvénients que d'avantages à notre homme puisque ce dernier était, aussi et surtout, un homme de la rue ; cette rue qui est pleine de danger pour qui subit la douce vérité du rêve et de la narcolepsie réunis.

24 mars 2010

Léporidesque

« Il est toujours avantageux de porter un titre nobiliaire. Etre « de quelque chose », ça pose un homme, comme être « de Garenne », ça pose un lapin. »

(Alphonse Allais, Le Chat noir)

23 mars 2010

Engagé

Georges Orwell était tellement de gauche qu'il ne pouvait pas se moucher sans moraliser sur les conditions de travail dans l'industrie du mouchoir. Je tiens cette anecdote de Cyril Connolly : un homme parfois spirituel, un homme qui savait vivre, dodu, devant les livres qu'il venait de lire.

22 mars 2010

Debordien

Guy Debord avec ses airs de moine laïque éthylique affirmait que pour savoir écrire, il faut savoir lire et que pour savoir lire il faut savoir vivre. J'acquiesce absolument, mais je constate que l'inverse est également réalisable et dans les deux sens.

20 mars 2010

Modianesque

Modiano, nouveau livre (L’horizon). Matière et mémoire, comme toujours. Matière sensible, cette matière qui est aussi une pâte impressionniste ; Modiano sculpte des souvenirs avec.

16 mars 2010

Bricoleur

Afin de mieux oublier les nombreux inconvénients de son inopportune existence le très sceptique Émile Cioran avait pris l’habitude de bricoler. Il était, par exemple et selon mes informateurs, un excellent « plombier amateur » qui se réjouissait plus qu’à son tour devant un robinet récalcitrant. Très absorbé par ses tâches réparatrices on pouvait le voir successivement badiner sous les gouttes, glousser face au tartre, s'esclaffer devant un siphon guttural ! Il oubliait alors toutes les nuits blanches sans fin qu'il passait dans des chambres de bonnes sans fenêtres. Il oubliait aussi sa Roumanie natale, la patibulaire « garde de fer » ses compromettants penchants de jeunesses ; cet amour pour le sinistre peintre raté Hitler, cette antipathie notoire envers les juifs... il oubliait qu'il faut vivre et que vivre ne rime à rien... Bref Émile oubliait tout en grand, et puis un jour Alzheimer a remplacé la plomberie. Il n'y a plus rien eu, même pas un plombier roumain amnésique, rien, nada, nothing, rideau...

15 mars 2010

Musical ?

La batteuse se croyait dans un groupe de reggae, le bassiste était notre Paul Simonon des « pentes » (en plus petit), le chanteur se voyait comme une réincarnation de Ian Curtis (mâtinée de Jean René Caussimon), j’étais trop raide pour pouvoir oser accorder ma guitare tout en pensant que le milieu de Sister Ray c'est quand même sensas...

P.-S. Nous avions aussi joué un temps avec une flûtiste (traversière)

12 mars 2010

Nuageux (bis)

« Eh ! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ? - J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages !»

(Charles Baudelaire, Le Spleen de Paris)

7 mars 2010

Suicidaire

« On se suicide par pudeur, par orgueil, par modestie, par discrétion, par peur de la mort (ce qui est un comble) ou des gendarmes ; par lassitude, par vengeance, par plaisir, parfois même par curiosité. Le chinois se suicide pour embêter son créancier, l'homme-torpille par patriotisme ; le Britannique par spleen ; un Écossais se pendit parce que les gilets ont trop de boutons. "Aujourd'hui, tout le monde vit !" me disait une jeune fille avec un air scandalisé. Il y a évidemment trop peu de gens qui se suicident ; ce ne sont jamais ceux qu'il faudrait. »

(Alexandre Vialatte, Chroniques de La Montagne)

6 mars 2010

Voyageur

Il faut oublier le Pierre Loti romancier désuet, le vrai Loti vaut mieux que la désuétude. Il est principalement (loti ?) dans ses souvenirs de voyage avec un goût antimoderne musqué et des parfums parfois étonnamment proustiens qui remontent...

P.-S.- Le lecteur « perspicace et citoyen » se heurtera parfois aux limites du petit bourgeois de son temps, officier de marine, raide et raciste qui voit le Chinois, jaune empressé, rapace et simiesque et le Juif comme le Chinois, mais en pire.

5 mars 2010

Nuageux

Stratus, Cumulus, Cirrus, Nimbus, il faut aimer la compagnie des nuages, cette lente procession de moutons abstraits.

3 mars 2010

Artisanal

« L'art populaire » est mort depuis qu'il n'y a plus aucun artisan dans l'industrie du divertissement. Restent des artistes à niches ou des employés à niches qui construisent dans des niches (cultureuses, industrielles...) pour des clients nichés...

Quant aux pirates sans récifs... ils sont loin de la flibuste ! Imaginez un instant Long John Silver cherchant un trésor dans une niche...

28 février 2010

Dantesque

Le quadruple rayon des étoiles sacrées mettait sur son visage une telle clarté, qu’il me semblait la voir mieux qu’avec le soleil.

23 février 2010

Kabbaliste

A Serious Man des « Frères Coen » :

Un bon point pour le retour de Richard Kind, un bon point pour le type maronnasse accoudé à la porte maronnasse, un bon point pour la reconstitution historique scrupuleuse, un bon point pour la léthargie, un bon point pour Kafka, un bon point pour Yossele Rosenblatt, un bon point pour les arcanes kabbalistiques, un bon point pour rabbi junior, un bon point pour l'absence de ricanement, un bon point pour le futur dans le téléphone, un bon point...

Ce qui nous fait beaucoup de bons points.

Plus sérieusement : Quand l’attribut de la justice se manifeste dans le monde au détriment de l’attribut de la miséricorde, tous les êtres sont frappés, les justes comme les méchants. Car chacun sait que l’être vivant, incapable de répondre aux exigences de la perfection absolue, doit son existence à la miséricorde divine.

21 février 2010

Punk

Ce qu’il y a de pire au monde en dehors des limandes UMP reste le fameux hippie à fanfreluches que nous avions cru avoir occis aux alentours de 1977.

Il est là, de retour ; il rode à nouveau...

19 février 2010

Routinier

Il fut un temps où l'absence de routes rendait l’homme de la campagne prisonnier dans son coin de terre. Le paysan vivait ainsi, sans sortir, en n’imaginant pas qu’il puisse transpercer la courbe de son horizon coutumier. D'aucuns diront que cela faisait des hommes meilleurs, des hommes plus robustes et résignés devant un sort monotone. C'est certainement une erreur, car s'il ne peut y avoir de vie sans routine il est toujours nécessaire de briser son propre horizon. Sortir de son territoire, c'est sortir de soi-même. L’homme qui sort de lui-même gagne toujours quelque chose, oh ! il perd bien en onanisme, en possibilité d'inceste rural et en consanguinité corrélative, mais bon !
On en conclura que les routes sont nécessaires et on constatera, amusés, que les « routes virtuelles », elles, nous ramènent curieusement à notre solitude onaniste.

P.-S. Le chemin est autre « solution »....

18 février 2010

Circulaire

Léthargie, torpeur, engourdissement, somnolence, atonie, asthénie, adynamie, anesthésie, coma, mort cérébral, mort, palingénésie, métempsycose, résurrection, renaissance, réveil, éveil, vigueur, érection, coït, procréation, parturition, éducation, labeur, léthargie, torpeur, engourdissement...

15 février 2010

Anthropophage

Il ne faut pas trop se fier à l’apparence débonnaire de certains autochtones accueillants. Aux îles de Routouma et d’Hivaoa, le Maori d’aspect charmant vous mange encore à l’occasion.

10 février 2010

Rêveur

« Le Rêve est une seconde vie. Je n'ai pu percer sans frémir ces portes d'ivoire ou de corne qui nous séparent du monde invisible. Les premiers instants du sommeil sont l'image de la mort ; un engourdissement nébuleux saisit notre pensée, et nous ne pouvons déterminer l'instant précis où le moi, sous une autre forme, continue l'oeuvre de l'existence. C'est un souterrain vague qui s'éclaire peu à peu, et où se dégagent de l'ombre et de la nuit les pâles figures gravement immobiles qui habitent le séjour des limbes. Puis le tableau se forme, une clarté nouvelle illumine et fait jouer ces apparitions bizarres : - le monde des Esprits s'ouvre pour nous. »

(Gérard de Nerval, Aurélia.)

6 février 2010

Apragmatique

Cossery avait toute mon estime (le Dandy égyptien édenté reclus dans son hôtel), ses personnages moins… dans Mendiants et Orgueilleux on a beaucoup de peine à vraiment les aimer, ils ne sont pas si antipathiques que ça, ils ont même un petit charme, mais ils sont surtout très inconsistants et d'un apragmatisme qui n'incite pas à l'intérêt le plus vif qui soit.

P.-S. Finalement dans Mendiants et Orgueilleux le seul personnage vraiment intéressant est un homme-tronc échappé de chez freaks... Apragmatique par contrainte lui et non par la grâce faussement rebelle d'un quelconque substrat d'âme flottante...

5 février 2010

Pornographique

Il n'y a rien d'étonnant à ce qu'entre un nikab et un sexe féminin offert à tous les regards, il y est plusieurs points de soudure possible puisque toute coalescence faite entre l'exhibitionnisme supposé de l'un et le m'as-tu-vu théologique de l'autre il ne reste que de la pornographie corrélative.

Bref le nikab n'est que l'origine du monde (ce qui n'est pas rien...)

2 février 2010

Sec

Ne plus ululer avec les lèvres gercées sans avoir disposé, au préalable, une jolie hémophile indienne sur la table...

29 janvier 2010

Passeur

Je vous recommande Le Jardin des Délices de Jean Noël Boschtach, très statique, très beau, très « parole libérée... »

22 janvier 2010

Dombaslien

La Femme de l'aviateur : Hitchcock (lo-fi) chez Musset ou l’inverse. Trépidante poursuite et carte du tendre. Film de demi-saison toujours rose drôle et émouvant. Anne-Laure Meury géniale en prototype dombaslien (je l’aime, on ne peut que l’aimer... toujours), Philippe Marlaud fantôme touchant, forcement, touchant (je l’aime aussi, j’aime les fantômes...)

P.-S. Les montées d’escaliers sont de chez Murnau.

19 janvier 2010

Anticlérical

Je ne vomis jamais dans les églises, c’est un principe de base, néanmoins en mon temps j’eus un camarade qui, le bougre, urinait plus qu’à son tour dans les bénitiers à portée de miction.

Bien à vous.

16 janvier 2010

Masochiste

Le Journal de Valery Larbaud tient difficilement en main : ses 1600 pages, ses deux kilogrammes , son format géant et inusité propice à la crampe lectorale. Larbaud commence ses phrases en anglais, continue en italien pour mieux finir en français, c’est très bien : les trilingues sont ravis.

Au-dessus de tout ça, le délice est là, il faut savoir souffrir.

15 janvier 2010

Fatigué

« Le gouffre est fatigue
la nuit est fatigue. »


(Antonin Artaud, Histoire vécue d'Artaud-Mômo)

12 janvier 2010

Attristé

Le cinéma d’Eric Rohmer avait quelque chose du cri feutré d’un ogre devant sa chair fraiche.

Il y a des morts qui pèsent plus que d’autres.

8 janvier 2010

Sentimental

Ainsi un sentiment à la tonalité du vent et dans sa faiblesse on pourrait être sûr de se mettre en dehors du monde...

6 janvier 2010

Intériorisé

Ce qui chez le quidam est à même de se trouver exprimé en mots doit provenir de l’intérieur, de cette forme invisible et mouvante ; de cet intime de l’âme tout juste imbibée.

Le danger est pourtant grand à vouloir ainsi construire l'intérieur en oubliant l'extérieur, le quidam s’écroule parfois sur sa propre intériorité et son voisin ne le voit même pas s’écrouler.

2 janvier 2010

Bipolaire

J'entame le Journal de Valery Larbaud, qui devrait m’occuper un certain temps (plus de 1600 pages, deux kilogrammes de lecture). J'entame également Les Émigrants de W.G. Sebald qui devrait confirmer et affiner mon sebaldisme latent (le volume est plus bref, il comblera aisément mon bipolarisme rampant...)

28 décembre 2009

Précis

j'échange mon poster de Geraldine Danon (nue) contre une carte postale d'Elisabeth Bourgine (avec les cheveux courts).

27 décembre 2009

Historien

Le sinistre M Hitler en plus de la saloperie et de cette mèche problématique, se levait tard, procrastinait sans cesse et était incapable de fournir le moindre travail. Un paresseux, un incapable, un nazi bohème ! Si on ajoute au feignant l’abruti qui ne comprenait rien à Nietzsche et à l'abruti le tordu qui se lavait les mains plus de trente fois par jour le portrait de ce M Hitler n'est guère réjouissant !

P.-S. Himmler élevait des volailles bavaroises, Goebbels avait le teint bistre et un pied bot. Goering ressemblait à un cochon antipathique (que les cochons antipathiques m'excusent). Ah oui sinon, lire Ian Kershaw...

22 décembre 2009

Sage

Le quidam basique ayant si peu effleuré sa propre intériorité il n’aura jamais l'idée de retourner en lui-même.
Fatale erreur !
Le quidam basique (et rétif à l'introspection) devrait savoir qu’entre un extérieur et un intérieur si distants l’un de l’autre il s'ouvre inévitablement un trou béant dans lequel il aura peu de peine à forcément trébucher (même à jeun ).

21 décembre 2009

Vide

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18 décembre 2009

Chafouin

Avec les GPS, la musique progressive et le nazisme, la téléphonie mobile est l'une des choses que j'exècre le plus au monde. Imaginez Jean Moulin tenant un téléphone portable dans une main et son fameux chapeau dans l’autre ! Imaginez Barberousse ou Gilles De Rais tapotant sur un GPS ! Argh! Cette manie de tout vouloir localiser !

15 décembre 2009

Courtois

« Il avait dû saluer les demoiselles Skinner et il avait eu chaque fois l'impression que la terre s’ouvrait sous ses pas au moment où il soulevait son chapeau. »

(Samuel Butler, Ainsi va tout chair)

14 décembre 2009

Durable



De plusieurs façons « la photographie » contient du temps.

11 décembre 2009

Equitable

Dino Buzzati, Un amour... Je ne sais pas si c’est la « suspicion kafkaïenne » qui est rattrapée par la collection harlequin ou l’inverse, mais toujours est-il qu’il y a de cela. Pour le reste, j’ai commencé la lecture de ce livre la semaine dernière en y trouvant quelque chose (suspicion kafkaïenne disais-je) puis par manque de temps (abolition du travail aliéné !) je l’ai oublié sans l’oublier sous mon canapé écru. Cet après-midi - après une matinée passée dans un marché de Noël équitable où, à l’entrée on m’a offert une datte palestinienne - (j’ai traîné le noyau de cette datte dans ma poche droite pendant toute mon alter visite, il y avait de la sangria équitable sans alcool à la sortie) j’ai ressaisi le livre de Buzzati et, bizarrement, il n’y a plus rien dedans, plus de « suspicion kafkaïenne », mais beaucoup de collection harlequin... Un petit machin sur les « démons de midi » d'un quinquagénaire appâté par une poulette manipulatrice aux petits seins. Bref pas grand chose et une constatation : il ne faut jamais oublier un livre en chemin, c’est lui qui, par vengeance, vous pousse dans le fossé de l’ennui.

8 décembre 2009

Virginale

8 decembre, « fête locale ». J’ai déjà fermé mes volets, il y avait trois loupiotes dans ma rue. Je vais sacrifier une andouillette pour l’occasion. Ensuite, alcoolisé, j’irai nu dans les rues. Sans drapeau, ni oriflammes, à la chasse aux païens à flambeaux.

7 décembre 2009

Blême


« Il savait que les pleurs viennent d’un mouvement particulier des petites glandes qui sont sous les paupières, et qui sont agitées par une procession d’atomes sortie du cœur, lorsque le cœur lui-même a été frappé par la succession d’images colorées qui se détachent de la surface du corps d’une femme aimée. Il savait que l’amour n’est causé que par le gonflement des atomes qui désirent se joindre à d’autres atomes. Il savait que la tristesse causée par la mort n’est que la pire des illusions terrestres, puisque la morte avait cessé d’être malheureuse et de souffrir, tandis que celui qui la pleurait s’affligeait de ses propres maux et songeait ténébreusement à sa propre mort. Il savait qu’il ne reste de nous aucun double simulacre pour verser des larmes sur son propre cadavre étendu à ses pieds. Mais, connaissant exactement la tristesse et l’amour et la mort, et que ce sont de vaines images lorsqu’on les contemple de l’espace calme où il faut s’enfermer, il continua de pleurer, et de désirer l’amour, et de craindre la mort. »

(Marcel Schwob, Lucrèce, Poète)

Je crois me souvenir que Deleuze dans ses conversations avec Claire Parnet (abécédaire) affirmait détester l’érudition paonnante, l’érudition n’étant qu’un outil au service d’une pensée et rien de plus, Deleuze dézinguait Umberto Eco par exemple … Voilà tout ça pour dire que Schwob lui était un grand érudit , qu’il faisait très bien la roue même par temps sec et que merde quoi toutes ces choses savantes étalées n’étaient qu’au service de la magie du texte , qu’un facteur déclenchant, mais primordial !
Schwob érudit surdoué adolescent pratique le sanscrit, l’argot du moyen âge et couramment un troupeau de langues mortes ou vivantes, le tout avec cette tête blême presque bizarre qui le voit échouer de hautes études (normal bidule) pour finir journaliste ! Il sera chroniqueur et critique littéraire avec tout ce qu’il sait le bougre, c’est bien vain ! Schwob sera par exemple dans ses petites activités rémunératrices le grand défenseur de Stevenson … son écrivain, son frère d’armes anglo machin avec qui il aura tellement de point commun (à l’époque et dans leurs postérités respectives) … Donc Schwob fait le zigoto dans les journaux et trainouille dans le monde littéraire ; on le voit chez les Goncourts , Gide lui tourne autour (et lui volera beaucoup) , il fait la nouba blême avec Jean Lorrain et un Anglais bizarre aussi … Oscar Wilde … Pourtant un peu à côté de l’accessoire Schwob poursuit un chemin plus adhérent avec lui-même … Il publie un recueil d’articles « Spicilège » où il parle de François Villon , de la coquille et en règle générale des criminels blêmes, eux aussi … Il parle également et toujours beaucoup de Stevenson … La discrète machine littéraire est en route… Suivront deux trois choses avant les « Vies Imaginaires » qui devrait m’occuper (je m’égare c’est une manie) notamment un voyage dans les mers du Sud dans les traces de Stevenson (c’est une manie) et un mariage avec l’actrice Marguerite Moreno de chez Guitry ; vous voyez « Le Roman d’un Tricheur » la comtesse évaporée ? C’est elle.
Bon, Dieu me tamponne, recadrons les débats ! « Les Vies imaginaires » ! Que fait Schwob de son érudition ? Et bien on dira qu’il brode … et merveilleusement ! Il est évident que même si c’est un socle cette érudition n’est qu’un prétexte, un piège où il s’immobilise avec grâce pour mieux broder ... Chacun sait qu’en sortant un peu du canevas on invente, Schwob invente donc sans bouger au milieu d’un piège !
Voilà donc qu’à partir de savoirs acquis (les grecs, Defoe et de sombres Anglo-saxons…) notre ami monte une sauce où l’imaginaire est l’ingrédient décisif, contournant le vrai pour trouver la vérité de ses sujets. Empédocle, Pocahontas, Paolo Uccello et une cohorte d’imaginés merveilleux… écumeurs de routes, bandits, assassins, jeunes filles enlaidies et gentilshommes de fortune... Toutes ces vies rassemblées et évoquées dans de minces notices biographiques au style sec et coupant d’un classicisme avéré et sybarite au milieu des follets abscons symbolistes de l’époque ! Sobriété presque clinique au service de toutes ces vies évoquées. Vies pleines de stupeur et de cruauté morbide, d’horreur confirmée et d’où se dégage un charme obscur. On notera une fascination pour les corps, pour les corps vivants ou … morts … pendus et déjà noirs au bout d’une corde ! Une fascination pour les étoffes qui entourent les corps chauds ou froids… Garni de choses finalement assez bizarres le père Schwob. On notera également une prédilection bienveillante pour les exclus et les errants, pour cette sourde famille en dehors de la société où les individus ne valent que part aux mêmes en dehors de toute organisation sociale et de toute préoccupation matérielle ; anarchisme ontologique de Marcel Schwob ! Il finira mort assez jeune en « aventurier passif » et sa descendance littéraire ne finira plus d’enfler de Borges à Pierre Michon (en passant par l’azimuté Artaud et son Uccello à lui.) Constatation : le flow deleuzien parfois fourche et Schwob n’est pas Umberto Eco, assurément et bienheureusement.

6 décembre 2009

Lucide

« Et tout à coup ce filet d’eau sur un volcan, la chute mince et ralentie de l’esprit. »

(Antonin Artaud, le Pèse-nerfs)

30 novembre 2009

Autoérotique

Une nuit un sein lui a poussé. Comme ça au réveil il avait sur le torse un petit sein en poire très très aguichant, magnifique pour tout dire, avec un téton dardant ; une chose imprévue et fragile, un don inespéré... Ce don inespéré il le caressa timidement mais avec une application toute méthodique. Rougissant devant son audace, le plaisir montant, il décida alors bien vite de conserver ce cadeau du ciel, mais de le conserver uniquement pour son usage personnel, un présent qu’il partagerait uniquement avec ses sens en éveille ; une sorte de secret, inscrit dans son corps en permanence.

Alors, bon que faire pour préserver ce secret ? Trouver un magasin de lingerie fine et se mettre à la recherche d’un mono soutien-gorge, éviter le regard suspicieux d’une vendeuse commissionnée et retorse, inventer un stratagème, tout un art de l’esquive et de la dissimulation ; une vraie raison de vivre.

29 novembre 2009

Puéril

Et les jours de l'enfance et de l’adolescence. Jours visqueux avec des rêves.
Comme des sacs de rochers pulvérisés.

26 novembre 2009

Fatigué

« La fatigue (par exemple) s’accompagne d’une diminution de sensibilité à l’égard de la chose qui fut d’abord un délice ou un désir : il faut changer d’objet. »

(Paul Valéry, L’infini esthétique)

23 novembre 2009

Manuel

Dans le « domaine du football » la main était jusqu'au « crime » de Thierry Henry, la maîtresse oubliée du pied. Cette soumission du pied sur la main qui s'exprimait à la surface des pelouses était pour tout dire un truc assez saumâtre. Grâce à notre meilleur attaquant cacochyme plus de truc saumâtre : à l'avenir, la main ne s'abaissera plus jamais au rang de petit machin mou, inutile et brinquebalant. Sacher-Masoch pourra ranger ses fouets, le petit Séverin pourra enfin respirer et gloire sera rendue à notre meilleur attaquant cacochyme, gloire sera rendue à la main !

22 novembre 2009

Désinvolte

Sous mes airs détachés (ce ne sont que des airs) « les gens » me pensent systématiquement au second degré. Ce qui n’est qu’un problème dans ma « vie professionnelle » peut parfois s'avérer beaucoup plus tragique lorsque le drame rode autour de mon intimité.

19 novembre 2009

Italique

Les néologismes sont en italique.

16 novembre 2009

Bougonnant

La mer d’un calme plat me voilà donc, bien vite et sans encombre, chez Pluche et son Amour de l'art, œuvre grandement oubliée du réactionnaire bougonnant en chef Dutourd Jean. Œuvre assez réjouissante, contre toute attente, comme quoi, hein...

P.-S. L’enchainement n’est pas si saugrenu que ça puisque Bachelard fut le témoin de mariage de Dutourd Jean (ce qui ne s’invente pas). J'attends les cailloux.

13 novembre 2009

Inquiétant (Je suis)

Laissant derrière moi Zurich et ses rivages cancéreux (brr) je me dirige, méfiant, en direction de l'archipel Dutourd et plus particulièrement vers cette miette oubliée : l’île Pluche. Je suis bien conscient de cette dérive réactionnaire et droitière qui inquiète mes rares vrais amis, mais qui ne tente rien n'a rien.
En attendant d'arriver à bon port, je picore chez Bachelard et dans sa Poétique de la rêverie, un livre de chevet qui supporte très bien grain et roulis.

12 novembre 2009

Embarrassé

Mars de Fritz Zorn. Je tournai autour depuis longtemps en le redoutant. Avec raison puisque lecture faite ce livre est effectivement redoutable, voir plus.

11 novembre 2009

Rêveur

« Vous devez toujours dormir sur votre dos avec vos bras au-dessus de votre tête, les mains jointes sous elle et les pieds croisés, le droit sur le gauche, à moins que vous ne soyez gaucher ; vous ne devez pas cesser un seul instant de penser où vous voulez aller dans votre rêve jusqu’à ce que vous soyez endormi ; vous ne devez jamais oublier dans votre rêve où vous êtes et ce que vous êtes lorsque vous êtes réveillé. Vous devez joindre le rêve à la réalité. N’oubliez pas ! »

(George du Maurier, Peter Ibbetson)

9 novembre 2009

Glandulaire

Serge Voronoff (1866-1951) juif russe fuyant les pogroms se retrouva, après moult péripéties, directeur du laboratoire de chirurgie expérimentale du Collège de France où il eut l'amusante spécialité de greffer un nombre raisonnable de testicules de chimpanzés sur quelques hommes avides de retrouver une vigueur perdue, ou presque.

Pour ce qui est des péripéties, entre les pogroms et le Collège de France, Voronoff avait commencé par tester sur lui-même ses revigorantes expériences. En 1889 il s’était injecté des tissus de testicules de cochon d'inde dans le scrotum avec un résultat problématique puisque nul quant à la vigueur. Pas découragé il s'oublia (et les cochons d'inde avec) un peu par la suite et poursuivis ses bidouillages sur d'autres bestioles moins rabat-joies... moutons, chèvres, taureaux... Les testicules de ces bestioles jeunes et pimpantes étaient transplantés sur d'autres, plus décrépites et ramollies avec cette fois-ci un résultat totalement concluant : les vieux boucs revivaient à la lubricité et Voronoff décida de passer derechef à l'étape suivante : l'homme et son corps spongieux !

Notre toubib madré commença par pratiquer la transplantation de testicules de criminels fraîchement exécutés sur des millionnaires rabougris. Le succès fut tel qu'il fut bientôt à court d'assassins assassinés ! Avec bonheur il utilisa alors en « remplacement » des testicules de chimpanzés et de babouins (on y vient) !
Au début des années 1930, des milliers d'hommes avaient ainsi été traités par les techniques revigorantes de Voronoff. Pour faire face à la demande, il fit bâtir sa propre ferme à singes à Menton et il employa un ancien gardien de cirque pour gérer et diriger le tout.
Ensuite ce fut le Collège de France et bizarrement le discrédit, un procès en charlatanerie et en psychosomatisme que rien ne pouvait laisser prévoir. Nous resterons silencieux quant à cette disgrâce que ne méritait visiblement pas le bon Docteur Voronoff.

P.-S. Outre une vigueur toute nouvelle, le traitement Voronoff était censé soigner la myopie, les troubles de la mémoire et la « dementia praecox » un bon remède en somme.

E. E. Cummings parle d'un « célèbre docteur qui insère des glandes de singe dans des millionnaires » (« famous doctor who inserts monkeyglands in millionaires »).

Dans les soirées chics des années vingt, les mots « glandes de singe » étaient sur toutes les lèvres.

7 novembre 2009

Patagon

« Il n'y a plus que la Patagonie, la Patagonie qui convienne à mon immense tristesse. »
(Blaise Cendrars, Prose du Transsibérien)


J’étais amoureux de la Patagonie bien avant ce triste individu, amoureux d’une terre inaccessible, d'une contrée inventée, d'une sorte de trouée poétique dans les brumes des mers du Sud, et Florent Pagny a souillé tout ça. Oui Florent Pagny est un tueur de rêves et il a une énorme dette envers les miens.

6 novembre 2009

Chic

Dans les années 20 le comble du chic consistait à manger des huîtres et des écrevisses, à boire du champagne jusqu’à n’en pouvoir plus et à verser les restes dans le piano à queue.

4 novembre 2009

Fétichiste

L'amour est l'uniforme de mon infirmière dénudée.

2 novembre 2009

Identitaire

Nous devrions délibérément tisser un cocon le plus clandestin possible au creux de nos « identités ».

1 novembre 2009

Nocturne

Novembre, la nuit est là trop tôt ; un mélange de bleus métalliques, de nuages ocre sur l’horizon. La pluie tombe comme un mercure léger, il n’y a plus grand-chose à faire. On restera au milieu des arbres, à l’écart d’un monde qui n’existe que pour les autres ; on attendra la vraie nuit, la seule, la nuit noire.