Tant qu'à se gausser du monde, autant commencer par soi-même.
Il faut prendre les Essais de Montaigne dans leur sens premier, c'est-à-dire qu'il n'y est question que de « modestes » tentatives. Montaigne s'essaie lui-même, ne conclut rien. Fait acte d'auto-ironie en permanence.
L'auto-ironie de Baudelaire est tragique, pleine d' « ailes de géant » qui l’ empêche de marcher.
L'auto-ironie de Kafka, c'est le sourire noir de celui qui tente de comprendre les règles de sa propre exécution.
L'auto-ironie de Walser est une stratégie de survie par légèreté assumée.
L'auto-ironie de Schulz n'est pas un ricanement sur lui-même, c'est le sourire étouffé d'un « fœtus attardé » qui voyait sa propre décrépitude, sa future décomposition comme une épopée.
L’auto-ironie de Proust est dans la longueur de ses phrases d’asthmatique.
L'auto-ironie de Cioran est le privilège de son âme blessée, le témoignage d’une brisure secrète, un aveu, ou le masque qu’emprunte la pitié qu'il peut éprouver pour lui-même.
Il n'y a pas d'auto-ironie chez Heidegger.
L'auto-ironique est un sceptique qui rentre chez lui.


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