12 août 2011

Économiste

Jadis quand nous nous épuisions au labeur notre fatigue n’avait pas ce côté navrant et « pour rien » que nous connaissons aujourd’hui. Le grand capital était l’ennemi, il était identifiable, palpable, tellement palpable qu’avec le peu d’énergie qu’il nous restait nous pouvions parfois le séquestrer et lui faire rendre gorge. Il tremblait alors en pensant à sa boite de havanes, là en dessous dans le tiroir de droite. Il tremblait puis il faisait semblant de compatir tout en concédant un peu. Aujourd’hui nous nous fatiguons dans des tâches abstraites que nous commandite une entité indiscernable : le marchéfinancié. Allez séquestrer une entité indiscernable et vous m’en reparlerez ! Le marchéfinancié est inséquestrable, c’est un monstre gazeux et sans odeur, un monstre insensible et sourd. Pire c’est un monstre qui ne nous en veut même pas ; il ignore tout de notre existence, il a bien autre chose à faire : rester abstrait, tourner en rond dans l’eau pour rien, trouver un pavillon de complaisance, faire son gazeux inodore.

7 août 2011

Sournois

La mise en harmonie de notre nature réelle avec les pesantes réalités du monde est certainement l’un des buts les plus sournois de toute existence.

4 août 2011

Atmosphérique

« L'homme à certaines zones corporelles - son corps est le plus proche. Ce qui l'entoure d’abord forme sa deuxième zone. Sa ville et sa province la troisième, et ainsi de suite jusqu’au soleil et à son système. La zone la plus intérieure est en quelque sorte le moi et celui-ci est opposé comme l’abstraction, la contraction suprême, à l’univers qui est la réflexion, l’expansion, suprême. Ainsi le point de l’espace atmosphérique. »

(Novalis, Fragments)

3 août 2011

Calme



Calme apparent aux alentours de Bihać (Bosnie-Herzégovine)

2 août 2011

Végétatif

Récupérant petit à petit d’un long week-end alcoolisé j’ai passé l’essentiel de ma journée en plongeant dans de longues flaques de narcolepsies qui m’ont laissé pour ainsi dire noyé et oscillant vers le végétatif. C’est donc un genre de potamot nageant qui vous parle. Le potamot nageant possède des feuilles allongées, il flotte entre deux eaux au gré du niveau d'eau, ce n’est pas un problème en soi ; enfin dans la mesure où il conserve la capacité de rêver les pieds dans l’eau.

1 août 2011

Abstrait

Me regardant un peu de biais dans mon miroir ce matin j’ai constaté que si mon âme est de plus en plus organique il faudrait que mon corps devienne, lui, un peu moins abstrait.

21 juillet 2011

Motivé

Il faudrait donc se corriger pour être heureux, donner de nouvelles habitudes à notre désir de bonheur. Tout cela me parait bien compliqué.

18 juillet 2011

Déçu

Je suis tellement décevant que je ne me déçois même plus.

10 juillet 2011

Psychogéographe

« Vers le soir, je me suis encore perdu, sans guide, dans les quartiers les plus reculés de la ville. Ici les ponts sont tous pourvus d’escaliers, afin que les gondoles et aussi les bateaux plus grands passent commodément sous les arches. J’ai cherché à me démêler dans ce labyrinthe sans questionner personne, et toujours sans autre direction que les points cardinaux. On finit par s’en tirer, mais c’est un incroyable fouillis, et ma méthode, de m’en convaincre par mes yeux, est la meilleure.. J’ai aussi observé, jusque dans la dernière petite retraite habitée, la vie, les habitudes, les mœurs et les manières de ce peuple : elles diffèrent dans chaque quartier. Bon Dieu, que l’homme est une pauvre et bonne bête ! »

(Goethe, Voyage en Italie)

« Balades lentes dans la ville qu’ignorent bien évidemment (et heureusement) les entreprises touristiques, car il n’y a rien d’autre à voir dans ces parcours que la poésie à l’état brut, ce que des promeneurs payants ne sauraient apprécier, poésie des pierres, des pavés, des bornes, des portes cochères, des fenêtres mansardées, des toits de tuile, de l’herbe rare, des arbres, inattendus, des impasses, des passages, des culs-de-sac, des cours intérieurs, des hangars dépôts de charbon ou de matériaux de construction, des entreprises de démolition, poésie des chantiers, des terrains encore vagues, des boulodromes, des bistrots buvettes, poésie des couleurs, mais aussi poésie des odeurs qui varient à chaque pas-de-porte… Itinéraires qui serpentent à l’infini, interminables pour qui sait flâner et voir, a le culot d’entrer dans les cours, les cités, les voies privées, la tranquille attitude du gars partout chez lui, et qui sifflote en passant devant les habitants… »

(Jean-Paul Clébert, Paris insolite)

8 juillet 2011

Plié

Le Kafka de Deleuze (et Guattari) n’est pas celui de Vialatte. Chez Vialatte Kafka est un employé de bureau gris, mais farceur, qui quitte son chapeau mou pour lire ses histoires cauchemardesques devant un petit aréopage d’amis bien choisis. L’atmosphère est très début de siècle, l’aréopage se bidonne tout on se tapant sur les cuisses et c’est très bien ainsi. Chez Deleuze (et Guattari), on ne se bidonne plus, Kafka n’est même pas un « homme écrivain », c’est un homme politique, un homme-machine, un homme expérimental qui fournit des protocoles d’expériences. On l’imagine mal faisant le paon gris devant ses amis qui pouffent, il a bien autre chose à faire : lutter contre son père, jongler avec des idées, être moderne, ce genre de trucs.
Un esprit lourdaud et peu éclairé comme le mien trouvera que Gillou est toujours pris par ses concepts, que ses abstractions mentales ne font que s’auto alimenter tout en ayant la puérile manie de vouloir beaucoup prêter aux autres. Chacun sait la grande générosité des sciences molles, elles prêtent beaucoup pour exister, ce n’est pas une raison.

Cela dit il faut peut-être aimer Deleuze, pour son rythme, sa « musique » et, malgré son alter et gros psy, on peut parfois se laisser bercer par lui. (Tout en étant moins dupe que le premier nourrisson qui trépasse).

2 juillet 2011

Vertébré

« Bien que nous lisions avec notre esprit, le siège du plaisir artistique se situe entre les deux omoplates. Ce petit frisson dans le dos est, sans doute aucun, la plus haute forme d’émotion à laquelle a atteint l’humanité, lorsqu’elle a découvert l’art pur et la science pure. Soyons fiers d’être des vertébrés, car nous sommes des vertébrés couronnés d’une divine flamme. Le cerveau n’est que la continuation de la moelle épinière. La mèche traverse réellement toute la longueur de la bougie… »

(Vladimir Nabokov, Littératures)

26 juin 2011

Poli

Je ne sais pas si l’humour est vraiment la politesse du désespoir? Peut-être ? Disons que c’est une éventualité tangible. Tenez prenez Alexandre Vialatte, il était drôle tout en étant globalement désespéré à sa façon. Un désespéré délicat et attentionné, pas plus sur lui que sur les autres, avec ce confondant trop-plein de politesse qui lui faisait lever son chapeau mou lorsqu’il lui prenait l’idée d’écrire. Ainsi, il était poli et désespéré en bien, comme d’autres sont malpolis et désespérés en pire.

L’aphorisme que tous les journalistes et autres bocards de mots utilisent, le fameux : « L’humour est la politesse du désespoir » n’est pas, comme on le croit trop souvent, l’œuvre de Chris Marker (ou de Boris Vian), non c’est une pensée d’Achille Chavée, un surréaliste belge, de seconde main, qui doit se trouver posthumément fort marri de se voir ainsi si mal cité… J’écris si mal cité, car figurez vous que le commun des quidams cite mal Achille ! Voilà sa vraie phrase : « L’humour NOIR c’est la politesse du désespoir. » On accordera que l’adjectif change beaucoup de choses ; en tous les cas, il a l’avantage d’ouvrir une rime désespérée, ce qui n’est pas rien.

20 juin 2011

Cervical

Après le poignet droit et la cheville droite me voilà avec «les cervicales bloquées » il m’est absolument impossible de tourner la tête dans quelque que sens que ce soit, c’est fort dommage, car la saison veut que je sois tenté de faire pivoter ma tête en tous sens. Ainsi aujourd’hui j’ai été dans la plus totale incapacité de tournebouler sobrement mon regard sur les fesses et seins (juvéniles ou pas) que j’ai eu l’honneur de croiser. Imaginez mon désarroi, mon trouble (non comblé) et ma grande tristesse ! Je souffre et de surcroît me voilà qui passe pour un homme marié, pour un quasi et sinistre mâle nourrice non misogyne, bref un type bien… beurk ! Et puis en dehors de tous mes problèmes de rotation, hormonaux et mécaniques, ma douleur irradie depuis mon côté gauche alors que mes autres douleurs (cheville, poignet) irradient, elles, à partir de mon côté droit. Je ne suis donc plus du tout symétrique ! Je ressemble à un drôle de bonhomme qui serait Charlie Chaplin et Éric Von Stroheim tout à la fois, c’est un problème ; je crois que je vais boire pour m'oublier.

18 juin 2011

Lépidoptériste

« La littérature, la vraie littérature, ne saurait être avalée d'un trait comme une potion bienfaisante pour le coeur ou pour le cerveau. La littérature doit être émiettée, disséquée, triturée ; vous devez sentir son parfum délicieusement âcre dans le creux de votre main, vous devez la mastiquer, la rouler sur votre langue avec délices ; alors, et alors seulement, vous apprécierez son incomparable saveur à sa juste valeur, et ces fragments, ces miettes redeviendront un tout dans votre esprit, révélant la beauté d'une unité à laquelle vous avez donné un peu de votre propre sang… »

(Vladimir Nabokov, Littératures)

14 juin 2011

Douloureux

Je me suis tordu la cheville droite au labeur, je dirai qu’avec ma tendinite au poignet droit tout va donc pour le mieux puisque tout est d’une impeccable verticalité et d’un équilibre droitiste qui a tout pour réjouir le quasi maniaque que je suis. Imaginez qu’en lieu et place de la cheville droite je me sois tordu la cheville gauche ? j’aurai eu l’air bien malin, avec mon poignet droit douloureux, hein mes amis ! Voilà, je suis ravi, ma douleur est parfaitement symétrique, bien alignée à droite, une jolie douleur très bien tirée, une petite merveille. Pour le reste, du côté du cœur, tout va pour le mieux il est toujours 2/3 à gauche et 1/3 à droite…

Tenté de lire quelques pages du Journal de Stendhal. Je dis tenté, car les phrases du père Beyle me sont toutes tombées des yeux. En fait, j’étais déconcentré, et comme préoccupé, par mes petits embarras corporels ; il fallait que je calme l’une de mes belles douleurs symétriques, que je pose quelques glaçons sur ma cheville douloureuse ! Le seul problème est que je n’avais plus de glaçons, car, très peu méfiant, figurez-vous que je les avais tous utilisés pour noyer mes Martinis Dry de la semaine dernière ! Imaginez mon embarras, ma souffrance… alors Stendhal, hein !!

Je vous laisse, je ne peux plus écrire, mon poignet droit est décidément trop douloureux.

11 juin 2011

Étanche

Le problème c’est que pour pouvoir écrire il faut être en dehors de la vie et que pour avoir de quoi écrire il faut être dans la vie. Ce grand écart demande beaucoup de souplesse, beaucoup d’accointances avec les bords débordants d’un monde qui ne demande qu’à nous imbiber. Je ne sais pas si je suis suffisamment souple pour ce genre de gymnastique ; en tous les cas il me semble que suis très étanche.
Voilà, peut-être pourquoi je déçois…

10 juin 2011

Nuageux

« Jeux des nuages - jeu de la nature, essentiellement poétique… »
(Novalis, Fragments)

Lorsqu’ils forment une masse compacte, homogène et agglomérée, les nuages n’ont rien d’intéressant pour eux. Ils ont simplement la capacité d’éveiller la neurasthénie qui sommeille en nous. Nous voilà alors loin de Goethe, Baudelaire ou Bachelard, loin de la recherche du satori et des beaux cumulus détachés sur un ciel bleu que nous chérissons tous.

8 juin 2011

Ancillaire

Toute cette affaire (DSK) m’a donné des envies de Casanova. Comme ça vlan ! oh oui Casanova ! j’ai donc rouvert ses mémoires au hasard et je dois dire que le hasard a bien fait les choses puisque je me suis retrouvé assez vite en prison ! En prison, puis en galante compagnie ! Allez savoir comment et pourquoi ! Bon pour le reste si le Casanova terminal était bohémien du nord et bibliothécaire à Dux, scribe de lui-même et rangé des diligences, j’imagine un destin moins calme pour notre ex futur président potentiel.

6 juin 2011

Aristocratique

« Mes amis ! je m'en vais de ce pas ». Ce furent les derniers mots du marquis de Bièvre, mourant près de Spa où il était allé prendre les eaux, allez savoir pourquoi.

Quant au chevalier de Champcenetz, qui n'était jamais le dernier pour un bon mot, voilà son dernier qu’il lança gaiement tout en montant vers l'échafaud : « ne pourrait-on pas se faire remplacer ? »

5 juin 2011

Manuel

« Le mur est intact. Le maçon n’est lié qu’à ce qu’il fait. Et qui tient. Voilé par la mort. Que toute présence nous voile. »

(Thierry Metz, Journal d'un manœuvre)

26 mai 2011

Chinois

Cher M Hermès,

Tenez aujourd'hui J’ai eu la malencontreuse idée de porter ces chaussettes chinoises que j’avais achetées pas plus tard qu’il y peu chez un grossiste en textile à bas coût. Je dois dire que quant aux chaussettes j’aurais dû rester si ce n’est national tout du moins non exotique, car me voilà avec deux belles plaques d’urticaire sur chaque mollet. Ces deux plaques on beau être amusantes un moment (tiens des plaques!) et d’une symétrie à peu près parfaite elles forment tout de même une sorte de problème puisque j’ai passé ma journée à me frotter les mollets. Sinon j’ai failli rouvrir le Journal de Stendhal, mais je l’ai laissé choir au bout de trois pages, la motivation n’était pas vraiment là et toutes les façons il fallait que je me gratte les mollets, c’était une nécessité et chacun sait que nécessité fait loi.

Bien à vous.

20 mai 2011

Ferroviaire

En Amérique les trains Pullman ne valent pas nos Wagons Lit, la promiscuité y est gênante, si gênante que l’Américaine moyenne est, parfois, obligée d’arpenter les couloirs en tenue légère. Quand on connaît la légendaire pudeur moyenne de l’Américaine moyenne, on a tout lieu de trouver cela moyen.

13 mai 2011

Fatigué

Lorsque je ne suis pas las et que la fatigue n’est pas là non plus je peux parfois développer deux trois idées, oh ! pas si savantes que ça, mais deux trois idées quand même. Par contre lorsque la fatigue est là et que je suis bien las, je ne suis plus qu’un corps ahuri où rien ne passe plus par le cogito, mais où tout passe par la sensation. Cet état d’extrême fatigue entraîne certainement d’incontestables et rares éclairs d’intelligence chez certains, mais la plupart du temps chez moi c’est l’intellect d’une méduse plus lymphatique que stupéfaite qui surgit mollement. Voilà un problème (ce court paragraphe en est la preuve).

11 mai 2011

Anglomane

« … un gentleman, un vrai, c’est bien près d’être, voyez-vous, le type le plus sympathique qu’ait encore produit l’évolution du pitoyable groupe de mammifères qui fait en ce moment quelque bruit sur la terre. Dans l’effroyable méchanceté de l’espèce, les Anglais établissent une oasis de courtoisie et d’indifférence. Les hommes se détestent ; les Anglais s’ignorent. Je les aime beaucoup. »

(André Maurois, Les silences du Colonel Bramble)

10 mai 2011

Opportuniste

Le meilleur nomment de la journée ? Le matin entre 9 h et 11 h (plus précisément 10 h 30). L’air est encore frais et l’ambiance est pour l’essentiel monacal. Aucun bruit, les enfants à l’école (qu’ils y restent !) leurs parents sont au labeur (qu’ils y restent aussi !) et il n’y a que quelques oiseaux pour nous rappeler la banalité du vivant (et du faiblement bruyant). C’est l’heure idéale pour ne rien faire, pour lire aussi, parfois…
Ne me parlez pas de la « tranche » comprise entre 17 h et 18 h 30, elle est absolument horrible et à tout du délire machiniste.

7 mai 2011

Pollué

Pittsburgh fait passer Düsseldorf, Rive-de-Gier et Saint-Chamond pour des campagnes parfumées où l’autochtone fume de longues pipes paresseuses dans l’air bleu. À Pittsburgh le ciel est chargé de méthane et l’on y croise des trains entiers remplis de métal en fusion ! Alors ne me parlez pas de l’industrialisation de la Ruhr et de la Loire, merci ! pff ! 
 

3 mai 2011

Fâcheux

Dans son si inutile Journal Inutile le vieux Morand est constamment fâcheux et d’une bêtise plus accessible qu’insondable. Il lui faut sans cesse faire son bileux en secouant de vilaines diatribes contre les juifs, les pédés et les lesbiennes… Et puis quand il évoque ses éjaculations, c’est assez dégoûtant, il faut bien le dire.

29 avril 2011

Mithriaque

Lu trois chapitres de Jules Huret en Amérique (l’hospitalité des campagnes, le week-end et son invention… ), trois pages du journal de Charles du Bos (assez moroses) et une promenade philosophique de Remy de Gourmont (impeccable, as usual…)
J’ai fini l’après-midi sous les nuages et pour me consoler il m’a fallu ouvrir au hasard les promenades dans Rome de l’ami Stendhal. Le hasard fait bien les choses puisqu’il y était question du Panthéon, du Panthéon et de son fameux trou ! Le Panthéon cette trace impeccable selon certains… En tous les cas, il faut sûrement en vouloir beaucoup aux premiers chrétiens, car si ces derniers avaient su consacrer plus de bâtiments antiques à leur culte naissant nous aurions incontestablement plus de Panthéons un peu partout. Des Panthéons avec des trous, des grosses colonnes et plein de trucs qui remontent. En fait, je me demande si en son temps le trop malin Constantin n’aurait pas fait une erreur en choisissant Jésus plutôt que Mithra. J’ai bien l’impression que cette divinité perse, qui faisait aussi sa Romaine, aurait pu faire un autre Jésus tout autant valable, elle avait beaucoup de points communs avec le hippie nazaréen, tout du moins ses adeptes, les fameux mithriaques pratiquaient-ils aux aussi le baptême, la communion et les jeûnes divers et variés. Mithra était comme son collègue Jésus, un genre de médiateur entre Dieu et les hommes et puis si ses disciples ne sacrifiaient pas grand-chose ils sacrifiaient surtout du pain et du vin, ce qui fait un sacré point commun ! Les mithriaques croyaient eux aussi en la vie future, au paradis, ce genre de choses, j’ai juste le sentiment qu’eux auraient su conserver les trous et plein d’autres Panthéons.

26 avril 2011

Hermaphrodite

Tenez il y a cette histoire d’androgynie mal placée ! saviez-vous que certains parasites farceurs ne trouvent rien de mieux que de se placer sur le sexe de leurs victimes ? Ainsi, on raconte que certaines bestioles paraissent soudainement mâles alors qu’elles sont incontestablement femelles, voire femelles, alors qu’elles sont incontestablement mâles ! Cet hermaphrodisme inopportun est parait-il coutumier chez certains crustacés mâles : le crabe par exemple. Régulièrement il se retrouve femelle par mégarde ! Censément fécondable, mais pas fécondable ! On concédera que tout cela peut être la source de multiples désagréments (ou pas) et on comprend mieux l’air éprouvé de cette bestiole carapacée pour rien.
Le cas est parait-il également valable pour certains oiseaux malchanceux (ou pas).

23 avril 2011

Rien

Ma barbe de six jours m’a abandonné, je l’ai rasé ce matin. J’arbore des lunettes à verres progressifs, car je ne vois plus très bien de près. Je porte un tee-shirt noir hors d’age, je n’ai pas besoin de plus, je suis en intérieur. J'écoute une musique assez morose en me grattant l’omoplate gauche et je pense que je vais ouvrir La Marche de Radetzky de l’ivrogne Roth. Il doit y avoir une méprise quelque part.

12 avril 2011

Motivé

Ce n’est pas l’inspiration qui me manque, c’est l’envie. Disons que pour que l’envie revienne, il faudrait qu’un besoin incontrôlable et impérieux d’écrire me saisisse à nouveau. J’en suis loin, je déçois et je me déçois, je redeviens peu velléitaire, voire légumineux, je me contente de mon propre vide.

3 avril 2011

Chineur

En cherchant quelque chose de Jean Paul (Richter) qui ne soit pas trahi par Germaine (de Staël) j’ai trouvé une traduction de Titan par le bien improbable Philarète Chasles. Je ne sais pas si je vais me risquer à feuilleter tout ça. Philarète me paraît un peu suspect, il a été éduqué dans un Prytanée national militaire ce qui pourrait bien le faire basculer de facto du côté de la raideur et du napoléonisme primaire… D’un autre côté, je vois que Philarète une fois sorti de son Prytanée a bel et bien scribouillé dans la Revue des deux Mondes… alors bon, quoi j’hésite… Peut-être que concernant Jean Paul (Richter) je vais me contenter du Choix de Rêves disponible chez José Corti. Le spicilège est traduit par Albert Béguin (un gage de qualité) et il me semble « intuitivement » moins risqué de lecture.

1 avril 2011

Acrobatique

À Tamworth, pays des mulots, les chouettes sont si replètes qu’elles ne peuvent se percher de face sans risquer de basculer tête-bêche. C’est un problème.

Merci, Jean...

25 mars 2011

Coloré

Le fameux peintre André Derain est mort sur un lit blanc dans une chambre blanche, entouré de médecins en blanc. Ses derniers mots furent : « Du rouge, montrez-moi du rouge. Avant de mourir je veux voir du rouge... et du vert ! »

22 mars 2011

Télévisuel

En guise de lecture je regarde Jouhandeau chez Pivot. Il est si mignon avec sa toque en fourrure.

13 mars 2011

Victorieux

Ma lutte contre la morne appétence de cet hiver persistant n’aura pas été vaine. Il a bien failli m’avoir, mais finalement c’est moi qui l’ai eu. Ainsi, il agonise et moi je suis là, vivant toujours, encore…

Tiens pour célébrer cette victoire, ma victoire, je me suis « mis » devant le soleil et j’ai lu quelques pages de Ramón Gómez de la Serna. Pour l’anecdote, je dirai que ces pages étaient d’un esprit tendre et éclairé et qu’elles étaient presque toutes délicieuses. Ensuite j’ai dégusté une madeleine que j’ai accompagnée par une quantité mesurée de Coca Zero (l’aspartame est cancérigène). Puis un peu repu et assez fatigué par une rude journée de labeur je me suis endormi face au soleil (le soleil est également cancérigène).

Me réveillant à l’instant je constate que le soleil est déjà passé sous les toits, que la fraîcheur tombe et que mon optimisme météorologique était peut-être un peu trop précoce. On annonce un tremblement de terre au Japon, un Tsumani et des morts à foison.

« Le crépuscule met un tel silence dans la demi-obscurité, un tel détachement, un tel renoncement, quelque chose de tellement immatériel qu’il y a un moment où la chambre semble être solitaire, inhabitée, sans nous-mêmes. On s’est tellement imprégné de mutisme, tellement abandonné à la mort de la lumière, à son secret, à sa décomposition fluide et invisible, qu’à l’instant où l’on veut se ressaisir, on n’est plus. On s’est évanoui, en tant que pure et simple conscience de la chambre elle-même ; quelque chose de semblable au mystère de la métempsycose ou de la désincarnation s’est opéré ; nous avons été comme peu à peu absorbés par les murs ; nous nous sommes retirés. »

(Ramón Gómez de la Serna, Échantillons)

10 mars 2011

Chinois

On aurait tort de voir Victor Segalen comme un bizarre féru de « chinoiseries universelles ». S’il est, à coup sûr, bizarre et un peu chinois il est aussi bien plus haut que sa simple excentricité, sur d’autres faîtes, dans un magnifique hors-là, dans l’exote et le désir de ce qui n’est pas soi ; c’est-à-dire beaucoup. Il faut aimer l’étrangeté, le mystère, de cette poésie coupante comme le mica, il faut aimer ce grand foufou de Segalen, c’est un ordre !

Et puis il y a cette fin, cette mort : la mort de Segalen. On retrouve son corps dans la forêt de Huelgoat. Il est posé sur une roche, au pied d’un arbre, un exemplaire (ouvert) d’Hamlet traîne à ses côtés… tout cela est très mystérieux.

« Je consacre ma joie et ma vie et ma piété à dénoncer des règnes sans années, des dynasties sans avènement, des noms sans personnes, des personnes sans noms. »

1 mars 2011

Mobile

En 1928 Alexandre Vialatte publie son premier roman Battling le Ténébreux, il s’installe à Firminy (ce qui arrive à des gens très bien). Pourtant dès l’année suivante (1929 !) le voilà qui déménage encore et déjà ! vers Clermont-Ferrand cette fois-ci ! Bon dans cette localité humide (forcement humide) il avait trouvé une toute fraîche épouse, mais je ne sais pas si c’est une raison vraiment suffisante pour déménager aussi souvent !

25 février 2011

Trépassé

« Je suis sans désir de retour, sans regrets, sans hâte et sans haleine. Je n'étouffe pas. Je ne gémis point. Je règne avec douceur et mon palais noir est plaisant. »

(Victor Segalen, Stèles)

22 février 2011

Égotique

Parvenant à ne plus exister aux « autres » il est bien possible que je me révèle enfin à moi-même. Il faudrait que je m’observe de plus près.

19 février 2011

Drogué

Après avoir fumé quelque chose de vaguement cannabique, je me souviens avoir photographié l’assistance en utilisant ma chaussure gauche comme appareil photographique. Le flash était représenté par ma semelle au charbon de bois actif et je criais des clics clics tout en sautillant…

8 février 2011

Préjugeant

Tête de poisson, estomac de bœuf et de porc, pied de canard, patte d’ourson, serpent, tripes, tendons, nerfs, chien, chiot, chat, chaton, veau, vache, cochon… pour « le » chinois, tout est délectable.

7 février 2011

Mallarméen

Comprendre vraiment Mallarmé me semble une gageure. Renoncer me semble sage. Stéphane n’est que d'autre part, un bouquet brandillant, sa propre frondaison, avec d’autres racines, haut, très haut.

5 février 2011

Colonialiste

« Le rhum est poétique comme les anciennes colonies françaises, l'impératrice Joséphine, la marine à voiles et les frères de la Côte.»

(Eugène Marsan, Savoir-vivre et savoir s'habiller)

4 février 2011

Privilégié

Stendhal, les Privilèges. Court bréviaire où l’ami Beyle recense vingt-trois « privilèges » tous plus croquignolets les uns que les autres : disparition de la douleur, invulnérabilité, omniscience… des napoléons d’or vous poussent dans les poches, les femmes tombent instantanément sous votre charme, le gibier sous votre fusil, et sous votre fourchette la viande est toujours bonne… Cette courte lecture est très agréable, l’on ne s’y ennuie jamais et l’ami Beyle est quand même assez drôle. (L’un des axiomes stendhaliens veut qu’il n’y ait jamais d’ennui, sinon…)

27 janvier 2011

Hindou

Saviez-vous qu’en Inde la fiente des vaches sacrées tombe avec les étoiles ? Saviez-vous que la bouse verte des éléphants blancs forme une longue prairie où l’hindou aime à gambader ? Le saviez-vous ?

22 janvier 2011

Poli

Le Savoir vivre et savoir s’habiller d’Eugène Marsan est très bien, exquis dans ses façons de décrire la politesse début de siècle (dernier). On y apprend comment soulever son chapeau, comment tendre une main et serrer une autre main, comment recevoir et être reçu, comment, et où, s’asseoir dans une diligence; toutes choses très utiles…

« L'aubaine des vieilles diligences, où les gens étaient serrés de telle sorte qu'ils étaient obligés de multiplier les égards, l'aubaine, dis-je, était qu'une belle, fermant ses doux yeux, laissât tomber sa tête sur ton épaule. Tu n'étais pas forcé de la réveiller, si tout le monde dormait aussi. Tu regardais, tu contemplais sa chevelure dérangée, sa bouche entr'ouverte (elle avait son bibi sur les genoux). Les paupières hypocritement baissées, tu contemplais dans un raccourci à l'italienne son beau visage... »

18 janvier 2011

Abandonné

La main de l’un dans le rêve de l’autre.

Le sommeil peut tirer des larmes à qui sait le regarder. Cet abandon, ce corps si docile, en sécession, cette respiration, ce souffle qui parle plus haut que la vie, ce rythme touchant et pacifique, sans haine, dans une confiance admirable où tout est livré, c’est l’inverse de la mort où tout se retire dans un vide monstrueux où tout n’est plus qu’un dans une unicité abjecte ; l’unicité abjecte d’une enveloppe vide qui ne songe plus.

17 janvier 2011

Mécanique

J’espère que vous me pardonnerez ces valétudinaires fantaisies musicales, elles n'ont pas grand-chose pour elles en dehors d’un vague petit charme mécanique…



« L'insuccès nous vaut au moins d'être seuls ; et au pauvre de n'être plus - comme le roc et les genêts de la lande - labouré que par l'orage, ni baisé que par l'aurore. »

16 janvier 2011

Publicitaire

« Avec ma machine, je vous fais sauter la tête en un clin d’œil, et vous ne souffrez point. »

(Docteur Joseph Ignace Guillotin)

15 janvier 2011

Chapeauté

Tu as un chapeau. Qu’est-ce que tu en fais ? Il te couvre, il t’abrite, il te préserve du pinson qui passe. Mais il te sert aussi à saluer. Tu portes ta civilité sur la tête.

14 janvier 2011

Elliptique

L’ellipse est le trope des solitaires.

10 janvier 2011

Séparé

J’ai accepté d’être essentiellement seul, mais mon point d’humanité fait que semi inconsciemment ma solitude espère être partagée par le domaine du sentiment. C’est évidemment une illusion, un mirage où mon semi-inconscient frémit et j’ai beaucoup de mal à lui faire croire en la sourde réalité de mon isolement.

7 janvier 2011

Stylite

Je crois en l’homme lorsque je ne le vois pas. Loin de lui je crois en lui. Il m’arrive même de penser à lui (oui je pense parfois à ce gibbon gigotant dans sa cage). Loin de lui j’oublie ses grimaces, je rêve à ce qu’il pourrait être, je ne me souviens plus de ce qu’il est.

5 janvier 2011

Rien

26 décembre 2010

Désagréable

« Un dandy ne fait rien. Vous figurez-vous un Dandy parlant au peuple, excepté pour le bafouer ? »
« Le Dandy doit aspirer à être sublime sans interruption, il doit vivre et dormir devant un miroir. »

(Baudelaire, Mon cœur mis à nu)

« L’homme peut être démocrate, l’artiste se dédouble et doit rester aristocrate. »
« Ô poètes, vous avez toujours été orgueilleux ; soyez plus, devenez dédaigneux ! »

(Mallarmé, l’Art pour tous)

20 décembre 2010

Seppuku

Lu le Bruges-la-Morte de Georges Rodenbach. Sorte de proto Vertigo, symboliste, sinistre et vaguement touristique. Assez plat comme le pays du même nom. On murmure, ici ou là, que le très peu guilleret Mishima aurait relu ce livre juste avant son fameux, et fatal, auto coup de surin. Oserais-je dire que je ne suis même pas étonné ?

19 décembre 2010

Schizophrène

Plus qu’un frère j’ai toujours considéré Robert Walser comme un autre moi-même. N’y voyez aucune immodestie de ma part, car si cet autre moi-même a beaucoup de mes prétendues tares sociales, il a pour lui le talent que je n’ai pas.

18 décembre 2010

Punk

Si plus jeune on m’avait dit qu’un jour j’apprécierais presque un disque de John Mayall j’en aurais vomi ma Valstar !

12 décembre 2010

Météorologique

La saison est curieuse, douce puis froide, froide puis douce. Il neige beaucoup, puis il ne neige plus du tout. C’est un peu comme si la Sibérie tombait à l’eau. Il y a de quoi rester dubitatif devant cet été indien dérangé par d’aussi inattendus que laconiques pics glaciaires. On ne sait plus sur quel pied gigoter, on ne sait plus s’il faut se réchauffer ou pas, s’il faut porter chandail ou chemisette. Bref, la perplexité météorologique règne et l’humeur est maussade.

11 décembre 2010

Cochon

« Ne branlez pas sept ou huit petits paysans dans un verre pour boire le foutre avec du sucre. Cela vous donnerait une mauvaise réputation dans le pays. »

(Pierre Louÿs, Manuel de civilité pour les petites filles à l’usage des maisons d’éducation)

9 décembre 2010

Musicologue (vaguement)

Chacun devrait savoir que Debussy n’est pas un « peintre de paysage » ou tout du moins chacun devrait savoir que s’il peint un paysage , il ne peint jamais l’objet paysage, il l’efface au fur et à mesure qu’il s’y promène ou qu’il le contemple, il n’en laisse passer que « l’écho sensible », « l’image sonnante », il est trop musicien, trop ému, pour être peintre.

« On pourrait nier qu’il y eût la moindre description dans Debussy. Il transmute la nature en harmonies, en émotions sonores. Il ne re songe pas à peindre la forêt bruissante, mais ce que le cœur d’une jeune fille, marquée pour le mortel amour, y éprouve dans le profond abandon, à l’heure du crépuscule où elle rencontre son destin. Il ne cherche pas à rendre la lueur d’une lampe qui soudain s’allume dans une chambre obscure, ou le bêlement des moutons qu’on mène à l’abattoir, ou le murmure lent de la fontaine : il ne pense qu’à évoquer le doux soleil de la clarté dans un enfant qui tremble et la lumière qui entre comme un couteau dans l’esprit sanglant d’un bourreau; ou l’innocence perfide de l’eau qui trompe sur la fuite des instants et des baisers; ou l’immense, monotone et fatale douleur de la vie, lorsqu’on la surprend, au couchant qui rougeoie, dans un troupeau de pauvres bêtes sans malice et sans péché, que son destin, un bâton de berger à la main, pousse vers la mort, là, derrière la porte, loin du bercail, pour cette nuit déjà si proche. En musique, le paysage est un sentiment. »

(André Suarès, Debussy)

5 décembre 2010

Cancérigène

Le plastique a beau être cancérigène, j’ai mangé le porte-mine en plastique avec lequel j’écris ces lignes.

30 novembre 2010

Hivernal

Marché trois kilomètres dans la neige. Prenant un raccourcit je me suis retrouvé surplombant la large route qui même chez moi ; les voitures en bas, j’avais l’impression d’être un maquisard hivernal traquant le nazi.

26 novembre 2010

Graphomane

Robert Walser ne pouvait laisser une feuille, une enveloppe, une carte de visite, sans que ses mots envahissent tout ; s’il avait pu écrire sur la tranche d’un ticket de métro, il l’aurait fait.

Voilà

19 novembre 2010

Laborieux

Je travaille parce que si je ne travaillais pas je ne pourrais pas manger. Je mange parce que si je ne mangeais pas je ne pourrais pas vivre. Je vis parce si je ne vivais pas je serais indubitablement non vivant. L’essentiel est de trouver et d’éprouver du plaisir dans tout ça (du plaisir parmi les difficultés).

18 novembre 2010

Nationaliste

Ayant un peu voyagé, je pense que mon vrai pays est une ligne courbe, une ligne courbe - largement dense - que l’on pourrait tracer de Bordeaux à Prague ; une courbe qui passerait par Guéret, Lyon, Milan, Venise, Vienne, Budapest… Je suis de cette courbe là plus que d’un pays qui ne m’inspire rien, si ce n’est un ennui crispé.

15 novembre 2010

Manouche

« Leurs connaissances géographiques étaient singulières. Ils ignoraient absolument la situation d’une cité, le non du cours d’eau qui la traversait, à quelle industrie elle devait sa prospérité, quels grands hommes avaient vu le jour dans ses murs, quelle fameuse bataille s’y était déroulée, mais ils se souvenaient de certains détails : le goût de l’air, la couleur de l’eau et de la lumière, la forme curieuse d’une montagne qui la dominait, les deux vents constants balayant ses rues et ses places, la physionomie de ses habitants qui ressemblaient à des aigles, à des moutons, à des chats, et souvent ils apprenaient ainsi beaucoup plus sur une ville, en dix jours, que ses citadins n’en avaient appris en dix générations. »

(Albert Vidalie, La bonne ferte)

13 novembre 2010

Chantant

J’ai laissé choir tout ce qui m’inspirait : drogues, alcools, femmes, omoplates et je suis à présent sérieux et appliqué tel le premier moine cistercien venu. Ne comptez donc pas sur moi pour un éventuel come-back musical…

7 novembre 2010

Musical

La légende dit que sa voix détruisait les micros, la légende dit que pendant l’enregistrement de Trout Mask Replica il s’était enfermé dans une pièce et que les musiciens le suivaient en improvisant dans une autre, la légende dit qu’effrayé par sa propre voix il avait réclamé la présence d’un chirurgien pour soigner les arbres qui risquaient de souffrir et même s’écrouler, la légende dit beaucoup de choses sur Don Van Vliet… Enfant prodigue il avait conçu le projet assez bizarre de sculpter « tous les oiseaux du ciel, tous les poissons de la mer, tous les animaux de la terre »…

5 novembre 2010

Automnal

« Les années passèrent, c’est-à-dire qu’il fallut diviser par quatre le nombre des saisons. De tout ce temps, aucun mort ne fut à déplorer, quoique régulièrement, à la fin d’une journée un peu plus silencieuse, on crut pouvoir penser qu’une période s’achevait, et elle s’achevait en effet : ainsi sommes-nous chassés lentement. »

(Frédéric Berthet, Simple journée d’été)

31 octobre 2010

Touristique

La Roumanie est parfois jolie, par exemple la Bucovine est champêtre, le Banat très mitteleuropéen et les Carpates croquignolettes... J’ajouterai que l’autochtone du beau sexe y a souvent la toison pubienne teinte en rose ou en violet (parfois en vert fluo) ce qui ne gâche en rien le paysage.

29 octobre 2010

Masochiste

Saint Louis se faisait fouetter avec des chaînettes de fer — les épaules surtout - c’était un drôle de zigue.

« On prétend que ce n’est qu’au xe siècle que les moines et les religieuses commencèrent à se fouetter à certains jours de l’année. La coutume de donner le fouet aux pêcheurs pour pénitence s’établit si bien, que le confesseur de saint Louis lui donnait très souvent le fouet. Henri II d’Angleterre fut fouetté par les chanoines de Cantorbéry, Raimond, comte de Toulouse, fut fouetté la corde au cou par un diacre, à la porte de l’Église de Saint-Gilles, devant le légat Milon, comme nous l’avons vu »

(Voltaire, Dictionnaire philosophique)

26 octobre 2010

Ordinaire

Cette nuit qui tombe tôt ne me dit rien de bon… Je me suis coupé le pouce gauche et l’annulaire droit. Le pansement que j’ai posé sur mon pouce gauche ne tient pas, celui que j’ai posé sur mon annulaire droit est trop petit. Tous ces problèmes sont indicibles.

23 octobre 2010

Sensuel

« Le malentendu commence, par l’incompréhension de l’intellectuel-né, à l’égard de la sensation. Le miracle de la sensation c’est l’alliage de l’absolu de la précision, de l’unicité, de tout ce qui rend si bien l’adjectif unmistakable, avec une ouverture soudaine sur l’illimité. Les adversaires de la sensation se trompent à son sujet parce qu’en elle ce n’est jamais l’ouverture, mais la clôture (l’acte de clore) qu’ils voient. (Et je dirais — rejoignant ici un courant de pensée qui m’est familier — qu’il y a des sensations qui ferment au lieu d’ouvrir, mais ce sont les sensations intéressées, celles, à la recherche desquelles nous sommes partis, non point celles qui fondent sur nous.) Quand à la fin d’un de ses poèmes Hofmannsthal nous dit : « Et trois sont un : un homme, une chose, un rêve », il définit merveilleusement l’état propre à l’être de sensation. »

(Charles Du Bos, Journal 1926 - 1929)

19 octobre 2010

Sincère

« Je me rappelle, et je suis parfaitement sincère quand je crois qu´ils ne seront que très, très peux nombreux à comprendre ce que je vais dire maintenant, je me rappelle, dis-je avec une modeste témérité, que chaque fois que je passais un vieux pont de bois, que je me trouvais devant un portail de parc, que mes yeux plongeaient sur quelque plaine, que je contemplais quelque panorama, ou que je tâchais d´évaluer, d´apprécier une ambiance matinale ou vespérale, il ne me venait que des réflexions sérieuses, sur moi et sur l´humanité, sur l´Être et le firmament, mais chose étrange, dès que je me décidais à écrire, des fôlatries se mettaient à voleter tout autour de moi, on eût dit que l´écriture me paraissait comique, en sorte que j´ai peut-être gardé beaucoup de choses par-devers moi. Je confesse d´ailleurs bien volontiers ce détail qui me caractérise, à savoir qu´en écrivant, j´ai tu, pour ainsi dire, pas mal de choses, et cela, sans la moindre préméditation, car comme écrivain, je formulais de préférence ce qui pouvait n´être pas trop ardu, pas trop délicat à dire, le plus facile, tandis que tout ce qui était difficile je le gardais en moi quand je sortais vaquer à ce qui m´a occupé ici, certes fugitivement seulement, selon ce qui semble être mon habitude. »

(Robert Walser, Le Territoire du crayon)

13 octobre 2010

Communiste

Il faut savoir qu’au temps du « communisme municipal » j’ai récité un poème de Jacques Prévert en sous-pull moulant et collant vert. J’étais encore jeune, enfant pour tout dire. La « maison du peuple » était bondée, le petit bruit de l’œuf dur cassé sur un comptoir était terrible. Mes parents étaient très fiers. Il y avait des odeurs de muguet, c’était le 1er mai…

12 octobre 2010

Automobilistique

Je concédai un certain charme à la Mercedes 300SL ou à la Méhari, mais depuis 1976 je ne pense pas avoir croisé une belle voiture. De toutes les façons, je n’ai pas le « permis ».

P.-S. - Pourtant, mon grand-père auvergnat vendait des voitures chez Ford et de l’autre côté mon oncle bourguignon nous faisait faire des tours de MG sur les routes de Saône et Loire entre Tournus et Louhans (le pays des silures).

5 octobre 2010

Immobile

Je n’ai pas bougé, je n’ai rien dit, je ne suis pas sorti, je ne peux pas sortir. Il faut que je reste ici. L’air n’aura jamais cette densité que je peux trouver ici, cette densité adamantine qui me retient ici. Voilà pourquoi je ne suis pas sorti. Il n’y a rien d’autre à faire que de rester ici. Alors, je suis ici.

29 septembre 2010

Abîmé

Il faut avoir des ailes, quand on aime l’abîme,
Il ne faut pas se cramponner,
Comme tu le fais, pendu.

28 septembre 2010

...

26 septembre 2010

Hypnagogique

Je ne sais pas si c’est un mauvais signe, mais je me suis endormi quatre fois sur les cinq premières pages du nouveau Houellebecq. Il y est question d’une sombre histoire de plomberie — assurément passionnante —, mais cela ne m’a pas empêché de me retrouver absorbé par mon canapé et dans un tel état hypnagogique que j’ai bien cru trépasser trois fois.

24 septembre 2010

Naturaliste

Le grand naturaliste Konrad Lorenz faisait coin-coin sans même voir les païens à flambeaux qui, eux, passaient dans le fond en faisant le pas de l’oie. C’était un problème.

21 septembre 2010

Primesautier

« Le lieu de mon repos est une chambre peinte
De mil os blanchissans et de têtes de morts
Où ma joie est plus tôt de son objet éteinte :
Un oubli gracieux ne la pousse dehors.
Dans le corps de la mort j’ai enfermé ma vie
Et ma beauté parait horrible entre les os.
Voilà comment ma joie est de regret suivie,
Voilà comment de mon travail ma mort seule a repos. »


Agrippa d’Aubigné

12 septembre 2010

Viennois

L’archiduc Otto aimait apparaître à l’Hôtel Sacher entièrement nu, ne portant qu’un ceinturon et un sabre. Moins charmant, il lui arrivait également de faire irruption à cheval dans les cortèges funèbres juifs. Là dès que le moindre courroux montait d’une foule justement offusquée il ordonnait la bastonnade aux gens de sa suite. Bref, l’archiduc Otto était un bon dépravé libéré. Tout cela ne l’empêchait pas de rentrer dans le rang une fois la cour réintégrée où mouton dans le troupeau on pouvait l’entendre bêler.

10 septembre 2010

Kafkaïen

C’est dans le petit village de Kierling (Autriche) dans l'une des chambres du 187 de la Hauptstrasse que Franz Kafka est mort le 3 juin 1924. La maison est petite, il n’y a que deux étages, dans le hall d’entrée divers avis sont placardés, ils font savoir que le ramoneur passe le premier lundi de chaque mois, qu’il est interdit de casser du bois dans les appartements et qu’il est également interdit de transporter de grosses malles dans les escaliers sans une autorisation écrite.


(Je tiens ces informations de Claudio Magris qui est passé par là)

8 septembre 2010

Acrophobe

Il faut savoir que je suis assez maniaque et plus ratiocineur qu’un parapentiste acrophobe*.

Rien d’autre.

*Phobie des hauteurs

4 septembre 2010

Publicitaire

Vous pouvez acheter mon livre en cliquant sur la chose inesthétique posée là juste en dessous de ce paragraphe. Ce livre est un spicilège de mes chroniques consacrées à la littérature. Je suis à peu près parvenu à le faire presque éditer chez un quasi spécialiste des diaristes cancéreux et des jardiniers habiles.

Acheter Psychogéographie Indoor

NB- Le prix est à demi modeste ; il faut dire que ma marge est conséquente.

31 août 2010

Cynophile

Les nazis aimaient beaucoup les animaux cela ne les empêchait pas d’exterminer tous les chiens de berger allemand blancs qui se présentaient devant leur pas botté. Le chien de berger allemand blanc était trop blanc pour être allemand ! Trop blanc pour le nazisme ! Trop blanc pour pouvoir espérer aboyer au pied des miradors !? Alors après le « tumulte », et par vengeance, le berger allemand blanc survivant s’est fait suisse ! Il est réapparu suisse ! Blanc, lactescent, magnifique... Et suisse ! Bien que rare on peut parfois le croiser, c’est un chien pondéré et circonspect, distingué même lorsqu’il fait son petit besoin sur les bégonias de la voisine. Bref un beau chien loin de son cousin allemand abâtardi par l'aryanisme.

29 août 2010

Envenimé

Pour ce qui est des piqûres de scorpions il suffit de s’asseoir sur un âne, le visage face à la queue, croyez-moi la douleur quitte l’homme et passe directement dans la bête. Il suffit d’avoir un âne coopératif à portée de main. Par les temps qui courent cela ne devrait pas être plus difficile à trouver qu’un scorpion.

27 août 2010

Nyctalope

Le collyre d’Albert le Grand vous transforme en nyctalope, vous voyez la nuit et la nuit vous voit la voir (il suffit de boire ce collyre, le brouet est immonde). On obtient les mêmes effets en faisant bouillir l’œil droit d’un hérisson dans un grand bain d’huile. Une fois la mixture refroidie on ingurgite courageusement le tout et soudain il fait jour la nuit !

22 août 2010

Misandre

J’ai commencé par ne plus du tout aimer le cinéma, puis je n’ai plus vraiment aimé l’ homme – ne me demandez pas d’aimer l’homme ! - Il y a longtemps que je ne m’aime plus et là je commence à ne plus trop aimer la musique. J’aime encore le soleil, mais pas trop, les embruns et quelques filles qui passent.

19 août 2010

Sponsorisé

Aujourd’hui :

Déballé deux réfrigérateurs, cinq machines à laver, deux sèche-linge et un lave-vaisselle. Remballé trois imprimantes. J’ai tour à tour travaillé pour les firmes Whirlpool, Bosch, Electrolux, Brandt, Siemens et Hewlett Packard. En rentrant chez moi j’ai bu un litre d’eau d’Evian. J’ai ensuite pris une douche « au naturel » puis je me suis rasé les aisselles avec mon rasoir jetable Wilkinson. Prudent je les avais au préalable préparés en les enduisant d’une généreuse couche de mousse à raser Williams (je ne me rase jamais le torse et encore moins le pubis, car dans pubis il y a pudeur…) Après toutes ces opérations de toilettage, je me suis assis sur ma chaise de jardin Grosfillex. Un bourdon (non sponsorisé) est passé par la fenêtre. D’une main j’ai mangé une crème glacée Magnun (des établissements Miko) et de l’autre j’ai saisi un livre édité par ce bon José Corti. J’ai éprouvé les pires difficultés à tourner les pages, mais le plaisir était tout de même là.

13 août 2010

Botanique

Figurez vous que le gland est un remède très efficace pour les diverses maladies du pénis. De plus mêlé aux autres mets, c’est un aliment des plus nourrissants, des plus roboratifs.

Saviez-vous qu’il y a une variété de satyrion qu’il suffit de tenir à la main en buvant du vin rouge pour ressentir de vifs appétits sexuels ?

En Thessalie d’il y a peu les femmes absorbaient des orchidées broyées dans du lait de chèvre, elles éprouvaient alors bien vite un début d’excitation.

Voilà.

9 août 2010

Propre

À Naples Valery Larbaud est ravi par les uniformes des jeunes fascistes. Il aime également beaucoup leurs chapeaux à pompon. S’il n’y avait la répression et les lois d’exception, il trouverait même le fascisme sympathique. Que voulez-vous la propreté, les sévères punitions pour les gens qui salissent les pissotières et les cabinets d’aisance tout cela est très bien. Il faudrait même appliquer une peine de six mois de prison pour les « salauds » qui crachent dans le tramway !

3 août 2010

Epistolier

« Mais neuf fois sur dix on remarque que là où "les timbres ne collent pas bien", immanquablement les routes sont mal entretenues, les trains en retard, les services publics mal faits, les enfants mal élevés - et le gouvernement débile ou corrompu. »

(Valery Larbaud, Journal)

2 août 2010

Sautillant

Je suis de retour ! oui la chose qui sautille dans le fond c'est MOI !

17 juillet 2010

Inspiré

Chacun cherche l’inspiration où il peut. Voltaire la cherchait dans l’excitation du café, Eschyle et Aristophane dans le vin… Buffon ne pouvait écrire qu’habillé élégamment. Villiers de L’Isle-Adam ne pouvait écrire qu’à plat ventre. Son confrère décadent, Hugues Rebell louait une chambre d’hôtel et n’en sortait qu’une fois son livre achevé. Corneille ressassait ses tragédies dans une quasi-obscurité tandis que Schiller cachait des pommes pourries dans le tiroir gauche de sa table de travail ; il les sortait, les sentait puis il se mettait au travail.

Chez les musiciens Gluck faisait transporter son clavecin au milieu d’un pré, il buvait deux, trois bouteilles de champagne, puis inspiré il composait. Haydn, comme Buffon, ne pouvait travailler qu’en tenue raffinée, il lui fallait également porter au doigt une bague ornée d’un volumineux diamant. Toutes conditions réunies il écrivait alors sans jamais s’arrêter, pendant cinq, six heures, des jours entiers…

Mozart était comme saisi par l’inspiration, elle lui arrivait à l’improviste. Il lui fallait alors s’épancher ; c’ était un problème en société.

Voilà.

16 juillet 2010

Caniculaire (ter)

La chaleur toujours là, je reste ouvert matinalement à tout vent.

Afin d'éviter le fracas d'un appel d'air tout autant violent qu'inattendu, j'ai bloqué l'une de mes fenêtres avec un épais volume de Stendhal (collection l'intégrale, au Seuil). Le résultat ne manque pas d'efficacité puisque l'air passe sans risque et à foison dans mon intérieur. Seul problème, ce mot du réputé grenoblois inscrit au dos de ma cale fenêtre improvisée : « Tout bon raisonnement offense ». Voilà que les passants qui passent ne manquent pas de regarder tout cela, ma fenêtre calée, mon intérieur livresque… Pour un peu je pourrais même les entendre marmonner : « Encore un intellectuel ! Qui ferait mieux de travailler ! » S'ils savaient !

P.-S. Mes autres fenêtres sont respectivement calées par le Petit Robert et par un vieux bottin ; elles ne donnent pas sur la rue.

14 juillet 2010

Poli

« Les lois modestes de la civilité, les simples usages du savoir-vivre nous aident tous les jours à nous vaincre. Ils ne sont pas vains. Ils contribuent à l'ordre, ils l'assurent, ils lui donnent un charme. Ils protègent la faiblesse, bornent la force. Ils tiennent en bride la sottise et la méchanceté. »

(Eugène Marsan, Savoir vivre en France et savoir s'habiller)