1 novembre 2014

Militant

Si je suis militant, c’est dans l'apragmatisme radical.

27 octobre 2014

Sautillant

Une âme sautillante doit savoir récolter le bien-être qui lui passe à portée de main, c’est pourquoi je tente de cueillir les vives effusions de joie qui m’entourent… en vain.

26 octobre 2014

Colonisateur

« Celui qui tire des coups de fusil doit, pour justifier l'emploi de ses munitions, couper les mains droites des cadavres et les ramener au camp » (Eric Vuillard, Congo)

25 octobre 2014

Placide

Sans attirance particulière quant aux innombrables « choses merveilleuses » de la vie, je disparaîtrais dépourvu de la moindre ostentation et avec un flegme qui ne bouleversera personne.

20 octobre 2014

Attendri

Ramollir c’est rendre mou ce qui est trop ou très dur. Comme il me semble ne jamais avoir été très ou trop dur, je ne peux donc pas dire que je ramollis plus que cela. Je dirais plutôt que je m’attendris, dans le sens où je deviens moins consistant, un peu à l’image d’une viande récemment morte qui devient moins consistante lorsqu’un cuisinier vétilleux à la bonne idée de l’attendrir avec une pointe de vinaigre.

18 octobre 2014

Vaporeux

La sensation de ne plus être avec soi-même n’est pas si désagréable que ça. Elle offre tous les avantages de l’aérien et aucun des inconvénients du terrien. Reste à trouver le moyen de ne plus se sentir vraiment avec soi-même tout en étant encore avec les autres. Tour de force que très peu parviennent à accomplir et tour de force vers lequel nous devrions tendre avec toute la légèreté qui nous est offerte.

13 octobre 2014

Politique

Constatant le devenir madeliniste du « socialisme à la française » je ne peux que crier un tonitruant « rendez-nous Guy Mollet ! »

10 octobre 2014

Estourbis

La vie étant globalement assommante, il faut savoir ne pas la remplir au risque de se retrouver estourbis.

8 octobre 2014

Harmonieux

« Pour que la beauté ait le mérite de la dissonance, il faut qu’elle soit employée par un homme qui connaît l’harmonie, et qui y pense en la fuyant… » (Joseph Joubert, Pensées)

26 septembre 2014

Collectiviste

Titanesques clapiers alignés, caverneux palais de la culture, monuments héroïques et magasins vides. La Roumanie de Nicolae Ceaușescu était faite pour moi.

13 septembre 2014

Monothéiste

Sur la future esplanade des mosquées, quelques circoncis et incirconcis tournicotent mollement tout en se regardant en chiens de faïence. Ce n'est qu'un début… les divers monothéismes sont en marche.

12 septembre 2014

Intranquille

Parmi les quelques inconvénients de la lecture en outdoor il y a bien évidemment les nuisances sonores qui éparpillent votre concentration et vous laissent posé dubitatif devant un texte que vous ne comprenez plus. Il y a aussi la météo capricieuse, le sens du vent, les nuages et même de temps à autre quelques bestioles qui vous tournicotent autour (insectes, petits félins domestiques, volatils divers et variés). Tenez, pas plus tard que cet après-midi un oiseau sournois tout autant qu’incommodé s’est permis de fienter sur la page 317 du Livre de l'intranquillité que je venais de rouvrir. Vous allez me dire qu’une page barbouillée c’est toujours moins pire qu’un crâne souillé (je suis globalement assez chauve), mais ce n’est pas une raison. Cette fiente était certes assez peu conséquente, une petite goutte marron foncé que j’imagine sans peine avoir un goût de noisette, mais elle ma sournoisement fait dériver au plus près des rivages ensablés du désappointement.

10 septembre 2014

Maussade

Je suis maussade comme un attentat mal réussi.

9 septembre 2014

Routinier

Pour Stendhal 1811 est une assez bonne année, pas de maladie à signaler alors qu’en 1810 une vérole et pire, en 1809, une vérole et DEUX chaudes-pisses. Il à 28 ans, vadrouille là et ailleurs, envoie des fleurs artificielles à Mme Daru, se regarde vivre avec délectation…

12 août 2014

Sacrificatoire

« Ainsi à l’époque de Montezuma, les Mexicains exigeaient encore chaque année des tribus indiennes soumises dix mille jeunes gens pubères, qui étaient sacrifiés, au sommet d’une pyramide, au dieu de la guerre. Des prêtres ouvraient le thorax de ces victimes pitoyables, au-dessus du creux de l’estomac, avec des couteaux en pierre ou or. Puis ils plongeaient la main dans le corps pour en arracher le cœur palpitant. On découpait les cadavres en morceaux et les jetait au bas de la pyramide, afin que le peuple de la nation victorieuse qui campait alentour puisse se jeter dessus pour les dévorer. Un festin bienvenu pour accompagner le maïs quotidien. » (Hans Henny Jahn, Cahiers de Gustav Anias Horn)

31 juillet 2014

Bulgare

La Bulgarie est un drôle de pays. On peut y serrer la main du Président, comme ça au débotté entre deux ruines romaines tandis que le chiendent pousse plus que de raison sur les trottoirs défoncés par le rude climat environnant. Les antiquaires vendent des « souvenirs » nazis pendant que de vrais Roms charbonneux passent assis dans d’antédiluviennes carrioles traînées par de replets chevaux à la crinière proéminente. Les églises sont bien jolies quoiqu’un peu chargées au niveau de la décoration, les fidèles y ont la curieuse habitude d’embrasser plus que de raison une kyrielle d’icônes un brin tape-à-l’œil ce qui n’est pas très hygiénique. Il y a de rares mosquées égarées d’où quelques muezzins, certainement turco-bulgares, muezzinent mélodieusement à l’unisson. Le Bulgare de base est globalement massif avec un côté indéniablement râblé qui pourrait faire dire de lui qu’il est fort comme un Turc. La Bulgare de base est globalement affriolante avec la cuisse gracile et ce petit air maussade qui fait toute la différence. Au niveau culinaire tout ce joli monde se nourrit de machins guère enthousiasmants généralement concoctés à base de choux et de pomme de terre. Le vin est presque bon, c’est déjà ça.
Sofia est une capitale un peu décatie, le centre-ville ressemble à celui de Belfort, en plus grand. Plovdiv est une ville médiévale qui s’ignore avec de bien réelles ruines et de bien jolis parcs. Au monastère du Rila, le plus haut lieu touristique du pays, les popes vous regardent de biais. Nessebar est une petite ville classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, cela ne va pas durer, car elle est presque totalement envahie par une troupe de marchands du temple s’approvisionnant en République populaire de Chine. Nessebar est également dans ses abords une station balnéaire assez dépravée ou les jeunesses russes, hongroises, polonaises viennent faire la nouba slave. Varna bien qu’également en bord de mer Noire semble plus sage et en tous les cas plus encombrée par des restes de communisme latents. L’Hôtel Odessos est par exemple une sinistre merveille des temps collectivistes. Les ascenseurs ont des velléités homicides tandis que les couloirs sont plus kafkaïens qu’un procès de Moscou intenté à la bonne franquette. L’Interhotel à Veliko Tarnovo est encore pire en mieux. Le hall ressemble à un gymnase et les couloirs sont tellement longs que l’on pourrait y organiser sans problème un défilé du 1er mai. L’éventuel voyageur qui aurait la bonne opportunité de pouvoir se loger dans ce charmant endroit doit savoir qu’il lui faudra déposer son pistolet à la réception et qu’il n’y a pas d’eau chaude dans les douches.

17 juillet 2014

Cosmétique

Les Nouërs du Soudan lorsqu’ils ne pataugent pas dans les marécages du Nil, se teignent les cheveux en rouge vif. Pour ce faire, ils utilisent de la terre glaise, quelques bouses de vache et de l’urine de bœuf. N'y voyez rien de répugnant, l'urine de bœuf n'est pas moins estimable que le lait d’ânesse dans la Rome antique, tout est une question de point de vue.

12 juillet 2014

Changeant

« En tous les cas, il est malsain de tenir le passé pour quelque chose de réel, ou surtout pour quelque chose de vrai. L’être humain se transforme radicalement tous les sept ans. Ce ne sont plus les mêmes muscles. Ce n’est plus le même œil qui regarde la terre. Le sang a été plusieurs fois renouvelé. Une autre langue goûte aux mets. D’autres manies germent. Le vécu s’est envolé avec le souffle des poumons, et vidé avec l’eau des reins ; des nourritures évacuées, voilà ce qu’est le passé » (Hans Henny Jahn, Cahiers de Gustav Anias Horn)

8 juillet 2014

Métaphorique

C’est la métaphore qui distingue l’homme des autres animaux. L’homme, tout du moins l’homme un tant soit peu finaud, métaphorise. Les autres animaux jamais, ils chassent, jouent, copulent, se prélassent au soleil, mais ne métaphorisent jamais.

3 juillet 2014

Uranoscopique

L'homme étant la seule bestiole capable de batifoler debout il peut donc assez facilement observer le ciel. Il lui suffit de pencher la tête en arrière et le tour est joué. Cela lui fait un point commun avec l'uranoscope un poisson osseux proche de la vive, qui ne sait pas se tenir debout, mais qui a les yeux adroitement situés sur la face supérieure de la boîte crânienne.