24 novembre 2008

Glapion

Aussi rebutante soit-elle, aussi narcoleptique soit-elle, j’ai pour principe acquis le fait de ne jamais laisser choir une lecture en route ; j’ai en effet toujours de vagues scrupules à vouloir ainsi abandonner un développeur de syntaxe et, de facto, sa syntaxe avec en route, la lumière peut toujours surgir par mégarde et puis il y a toujours l’éventualité que je puisse me retrouver, comme par magie, dans les dispositions adéquates, dans le mood iridescent me permettant de discerner un infime point de pression avec le texte qui se dérobe lâchement à ma lecture. Toujours est-il que je n’abandonne jamais une lecture en cours… presque jamais… et que je suis bien souvent récompensé par ma ténacité. Ho ! il y a bien d’infimes exceptions à la règle et aux principes acquis, le rose au front je dois par exemple avouer qu’au bout de vingt courtes pages d’efforts bien réels et inconstatables j’ai laissé choir sur le sol l’Effet Glapion du mage antibois Audiberti ; du mordoré qui vire au chanci, du boulevard au troisième degré, mais alors vieillot mais vieillot dans le pire sens (pour le meilleur sens lire Jouhandeau) quelque chose de croupi dans l’humour jaune, comme une mauvaise maladie pas drôle qui se voudrait drôle, la dernière fois que j’avais laissé choir sur le sol un livre avec un tel bruit mat c’était la morne valse d’Albert Cohen Belle du Seigneur ; une sacré maladie, la maladie du sommeil… Peut-être, qu’en fait, j’ai un problème avec la faconde méditerranéenne en littérature ? toujours est-il que ce baroquisme à la petite semaine m’ennuie, m’agace, pire m’endors ! Enfin j’exorcise tel un nyctalope tatillon car le reste d’Audiberti est souvant très bien, rempli de pierres biscornues et de mots gisant sous les oliviers, et puis c’était un type bien, la preuve il ne se nourrissait que de boites de sardines à l’huile (ou presque) … comme Brassens un autre méditerranéen, mais moins loquace lui.

PS : Je suis à nouveau chez Rousseau, qui lui ne déçoit jamais son homme.

La preuve :

« Elle ne garda le lit que les deux derniers jours, et ne cessa de s’entretenir paisiblement avec tout le monde. Enfin, ne parlant plus, et déjà dans les combats de l’agonie, elle fit un gros pet. ‘Bon! dit-elle en se retournant, femme qui pète n’est pas morte.’ Ce furent les derniers mots qu’elle prononça »

NB :

Ah ! oui aussi sur la bonne recommandation de Nicolas Bouvier j’entame le Printemps Noir d’Henry Miller, pour l’instant c’est bien le « satori » de lecture annoncé, une cosmogonie sensuelle que je ne saurais laisser choir pour rien au monde… ni au cosmos.

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