27 octobre 2011

Vide

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18 octobre 2011

Chimique

Je pense que je suis presque parvenu à atteindre les divers « points limites » que je m’étais fixé : ne plus exister pour quiconque, ne plus « être au monde », évoluer vers l’invisibilité et finalement devenir une sorte d’entité vaguement chimique ; un corps pur avec une seule molécule et un seul type d’atome. Voilà en fait je me rapproche petit à petit de l’Azote. L’Azote est très bien, il est incolore, il n’a aucune conductivité électrique, il est un peu utile, mais on ne le voit pas, il est presque idéal.

10 octobre 2011

Bourgeonnant

« Si l'on voulait appliquer à l'homme la parabole du figuier stérile, on pourrait peut-être dire ceci : le bon, le doux, le grand jardinier ne le jette pas au feu pour autant ; à chaque printemps il regarde le feuillage stérile, et à chaque printemps il le laisse verdir, jusqu’à ce que les feuilles se fassent de plus en plus rares, jusqu’à ce qu’enfin ne se dressent plus que les branches desséchées. Alors, l’arbre est arraché du jardin, et à sa place on met autre chose. Les autres plantes, elles, continueront à fleurir et à croitre, mais nulle ne pourra dire qu’elle est issue de ses graines, ni que les fruits savoureux qu’elle porte viennent de lui. Toujours et toujours le soleil fera descendre sa lumière, toujours le ciel bleu sourira, de millénaire en millénaire, et la terre se revêtira de son ancienne verdure et les générations descendront leur longue chaine jusqu’au dernier enfant : lui seul est exclu de tout cela, parce que son existence n’a formé nulle image, parce que les bourgeons ne lui permettent pas de descendre le fil du temps. Même s’il a laissé après lui d’autres traces, celles-ci s’effaceront comme s’efface tout ce qui est terrestre, et quand enfin tout aura disparu dans l’océan des jours, les choses les plus grandes, les plus grandes allégresses, lui disparaitra d’abord parce que tout en lui sombre déjà tandis qu’il respire, tandis qu’en lui persiste la vie. »

(Adalbert Stifter, L'Homme sans postérité)

8 octobre 2011

Montebourgien

J’aime beaucoup Arnaud Montebourg, il a toujours cet air nigaud que prend le vrai faux coupable chez l’oncle Alfred.

1 octobre 2011

Touristique

Goethe en Sicile monte au-dessus de Montreal. Le panorama et la nature sont plaisants (moins aujourd’hui, il y a une autoroute et la mafia). Outre le paysage (la baie de Palerme), la faune et la flore, il y a les pierres et rochers. Goethe est un sacré géologue qui a tout pour ravir l’amateur de cailloux. Il décrit à merveille tous les quartz et granites environnants. Ses amourettes avec la caillasse finie on le retrouve ensuite à flanc de montagne, il déguste deux trois tranches de saucisson, laisse trainer les peaux par terre, un chien errant les mange (n’oublions pas que Goethe est vaguement touriste et surtout allemand).

28 septembre 2011

Kadhafiste

Les échos qui me parviennent du Kadhafi « privé » sont unanimes et concordants. Dans le « civil », celui que d’aucuns voient comme un autocrate sanglant serait un type plutôt charmant. Un type prévenant avec son épouse, aimant avec ses petits et grands enfants. Bref un type bien et attentionné, tellement bien et attentionné qu’un halo de bonté semblerait même parfois s’échapper au-dessus de sa belle chevelure bouclée. Tout cela bruisse, tout cela n’est pas rien, tout cela est presque tout et je ne dis pas cela parce que je trouve le Livre Vert de Mouammar très bien écrit.

19 septembre 2011

Inutile

« À chaque instant, chacun de nous, êtres éphémères, parmi ses amours ou ses combats, traverse un état singulier, unique, goûte un plaisir qu’il n’a plus goûté ou ne goûtera plus, ou souffre une souffrance inouïe, inconnue à tout autre et à lui-même. Cela est, n’a plus été, ne sera plus, et cela semble être la raison d’être de tout ce qui se répète, s’adapte et s’oppose ! Et, à travers cela, quelque chose d’inaccessible est poursuivi, une plénitude, une totalité, une perfection, platonique passion de toute âme et de toute vie. La poursuite de l’impossible à travers l’inutile : serait-ce donc là vraiment le dernier mot de l’existence ? »

(Gabriel Tarde, L’opposition universelle)

13 septembre 2011

Expiré

Finalement, ce n’est pas l’inspiration qui me manque, ce n’est pas l’envie non plus, non ce qui me manque c'est ce que le commun des quidams  appel la volonté (l’énergie qui va avec, l’ambition, ce genre de choses.) J’ai toujours été très peu velléitaire, je le serai certainement jusqu’au bout. En fait je suis constitué d’une multitude de renoncements, car, voyez-vous, j’ai toujours trouvé plus utile de renoncer devant l’adversité que quoique ce soit d’autre. Je n’ai donc aucune ambition, tellement peu que je ne satisfais même pas les envies qui me viennent. Ainsi, je me renonce aussi, je préfère ne rien faire pour moi, pas plus que je ne préfère faire quelque chose pour les autres. Je pourrais certainement ne pas oublier les autres en m’oubliant, je pourrais certainement mieux faire, mais à quoi bon ; sommes-nous ici pour mieux faire ?

12 septembre 2011

Indien

8 septembre 2011

Sournois

Ma pensée plus élevée que mon être, il m’arrive parfois de considérer ma propre vie comme ridicule. Je me regarde alors me perdre dans des ténèbres inextricables et je ricane sournoisement, c’est un problème.

7 septembre 2011

Intranquille

« Considérant que chaque événement de ma vie était un contact permanent avec l’horreur du Nouveau, que chaque personne nouvelle que j’approchais était un nouveau et vivant fragment de l’inconnu, que je plaçais sur ma table pour une méditation quotidienne, remplie d’épouvante – j’ai décidé de m’abstenir de tout, de ne viser à rien, de réduire l’action au minimum, de me dérober enfin le plus possible, pour n’être retrouvé ni par les hommes, ni par les évènements, de raffiner sur l’abstinence et de pousser cette abdication à la dernière extrémité. Tant le seul fait de vivre me terrifie et me torture. »

(Fernando Pessoa, Le livre de l'intranquilité)

3 septembre 2011

Contraint

Plus que de l’invention ou quoique ce soit d’autre : le vécu, les émotions, il nous faudrait plutôt tenter : avec de l’aléatoire, des contraintes. Prospecter du côté des chiffres. Ne pas commencer par le zéro.

30 août 2011

Fané

Un flétrissement inflétrissable, un tourment épanoui, immortel, une timidité de rose et des plaintes.

27 août 2011

Misogyne (un peu)

« Il faut faire un assez petit cas des femmes, mais nous émouvoir à les regarder et nous admirer de ressentir pour d’aussi maigres choses un sentiment aussi agréable. »

(Maurice Barrès, cité par André Maurois)

20 août 2011

Télégraphique

Je suis télégraphique pour ne pas me priver de rester fainéant.


19 août 2011

Rien

« J’interrogeai mon être, je considérai rapidement tout ce qui m’entourait ; je demandai aux hommes s’ils sentaient comme moi ; je demandai aux choses si elles étaient selon mes penchants, et je vis qu’il n’y avait d’accord ni entre moi et la société, ni entre mes besoins et les choses qu’elle a faites. Je m’arrêtai avec effroi, sentant que j’allais livrer ma vie à des ennuis intolérables, à des dégoûts sans terme comme sans objet. J’offris successivement à mon cœur ce que les hommes cherchent dans les divers états qu’ils embrassent. Je voulus même embellir, par le prestige de l’imagination, ces objets multipliés qu’ils proposent à leurs passions, et la fin chimérique à laquelle ils consacrent leurs années. Je le voulais, je ne le pus pas. Pourquoi la terre est-elle ainsi désenchantée à mes yeux ? Je ne connais point la satiété, je trouve partout le vide. »

(Senancour, Oberman)

17 août 2011

Austral

Quant à la flore des Kerguelen il y le fameux chou. On ne sait pas d’où il vient, mais on sait que son gout est piquant et poivré. On sait aussi qu’il faut se garder de le cuire à l'eau, car il émet alors une odeur musquée qui rappelle étrangement le parfum des filles les moins vertueuses de la casbah d’Alger.

Quant à la faune des Kerguelen, il y a ce chat étonnant, ce félin importé au crâne réduit et triangulaire. Un matou, qui sans adversité, ne réfléchit plus et se retrouve avec un cerveau tout rabougri. Je concède aisément que l’on soit effrayé par la géométrie bizarre de cette tête inusitée, il faut bien le dire.

(Un grand merci à Jean Paul Kauffmann et à son Arche des Kerguelen qui m’ont permis de bricoler ces deux peccadilles).

12 août 2011

Économiste

Jadis quand nous nous épuisions au labeur notre fatigue n’avait pas ce côté navrant et « pour rien » que nous connaissons aujourd’hui. Le grand capital était l’ennemi, il était identifiable, palpable, tellement palpable qu’avec le peu d’énergie qu’il nous restait nous pouvions parfois le séquestrer et lui faire rendre gorge. Il tremblait alors en pensant à sa boite de havanes, là en dessous dans le tiroir de droite. Il tremblait puis il faisait semblant de compatir tout en concédant un peu. Aujourd’hui nous nous fatiguons dans des tâches abstraites que nous commandite une entité indiscernable : le marchéfinancié. Allez séquestrer une entité indiscernable et vous m’en reparlerez ! Le marchéfinancié est inséquestrable, c’est un monstre gazeux et sans odeur, un monstre insensible et sourd. Pire c’est un monstre qui ne nous en veut même pas ; il ignore tout de notre existence, il a bien autre chose à faire : rester abstrait, tourner en rond dans l’eau pour rien, trouver un pavillon de complaisance, faire son gazeux inodore.

7 août 2011

Sournois

La mise en harmonie de notre nature réelle avec les pesantes réalités du monde est certainement l’un des buts les plus sournois de toute existence.

4 août 2011

Atmosphérique

« L'homme à certaines zones corporelles - son corps est le plus proche. Ce qui l'entoure d’abord forme sa deuxième zone. Sa ville et sa province la troisième, et ainsi de suite jusqu’au soleil et à son système. La zone la plus intérieure est en quelque sorte le moi et celui-ci est opposé comme l’abstraction, la contraction suprême, à l’univers qui est la réflexion, l’expansion, suprême. Ainsi le point de l’espace atmosphérique. »

(Novalis, Fragments)