13 novembre 2012

Marsupial

« Comme le cosmos est petit (une poche de kangourou le contiendrait), comme il est dérisoire et piteux comparé à la conscience humaine, à un seul souvenir d'un individu et à son expression par des mots ! » (Vladimir Nabokov, Autres Rivages).

11 novembre 2012

Reptilien

Les gestes belliqueux formés par la partie reptilienne de notre cerveau sont aussi des gestes artistiques ; des gestes artistiques terribles, mais des gestes artistiques tout de même.

9 novembre 2012

Shakespearien

How goes the world ? It wears, sir, how it grows.

1 novembre 2012

Pelmazoïdaire

Les feuilles de Tallipot sont si grandes qu’elles peuvent servir de tente au pèlerin, d’ombrelle ou de grand parapluie au prêtre, de baldaquin au roi et de manuscrit à l’écrivain prolixe. Ce n’est pas rien et il faut que vous le sachiez.

29 octobre 2012

Compendieux

Lorsque la fatigue est là, il nous faut être économes de nos mots comme nous devons être économes de nos mouvements. Lassitude et concision font alors bon ménage. Nous avançons compendieusement, notre lenteur n’est qu’une autre vitesse, la nudité ascétique de nos petites phrases n'offre qu'une autre façon de sautiller sur le monde. Tout est pour le mieux.

27 octobre 2012

Madréporique

Cette semaine fut essentiellement saumâtre et saupoudrée de désagréables éclats madréporiques.Sachez-le.

23 octobre 2012

Confraternel

Les héritiers : Roussel, Larbaud. Les employés de bureau : Kafka, Pessoa. Les médecins : Céline, Chauviré. Les diplomates : Claudel, Giraudoux. Les ouvriers : Navel, Poulaille. Le domestique : Walser. Le « manœuvre de chantier » : Thierry Metz.

20 octobre 2012

Fruitier

Avant toute chose, rechercher la simplicité. Faire en sorte que les mots tombent naturellement comme s’ils étaient de beaux fruits mûrs. Ensuite…

16 octobre 2012

Routinier

Levé 6 h 10. Marché 2,5 km. Un chat mort sur la route. Labeur. Sieste. Grand calme. Lu une nouvelle de Saki (adorable et indigne) puis quelques pensées de Joseph Joubert. « Penser ce que l’on ne sent pas, c’est mentir à soi-même. Tout ce qu’on pense il faut le penser avec son être entier, âme et corps ». Bu un thé indien périmé dans un nouveau mug bleu Klein. Rien de plus.

13 octobre 2012

Titubant

Tout titube, tinte et titille. Tout glisse et s’émiette.

11 octobre 2012

Gonalgique

La gonalgie qui m'agace le genou gauche me donne des airs de diable boiteux. Ce n'est pas rien.

8 octobre 2012

Plagiste

« La plage d’Arcachon est trop tiède, trop lointaine, trop élégante, trop casquette de yachting » (Paul Morand, Bains de Mer)

2 octobre 2012

Chinois

« Et quand il eut dépassé le pont, les fantômes vinrent à sa rencontre » (Murnau, Nosferatu)

« Une légende chinoise raconte qu'un ministre des empereurs Han, s'étant égaré un jour dans les montagnes au milieu d'un épais brouillard, se trouva tout à coup en présence d'une stèle ruinée sur laquelle il parvint avec peine à déchiffrer cette inscription : Limite-des-deux-mondes. » (Paul Claudel, Art Poétique)

1 octobre 2012

Dandy

Lord Byron n’était pas le dernier des croquignolets. À Venise il avait pris l'habitude de se jeter tout habillé dans le Grand Canal. On pouvait le voir nager la tête bien haute son cigare toujours à la bouche et tenant dans sa belle main gauche une lanterne allumée qui lui permettait d’éviter les gondoliers trop nombreux.

29 septembre 2012

Hygiéniste

Les corps de notre époque sont sans aspérités et sans pudeur. Ce sont des corps de nourrissons adultes.

27 septembre 2012

Italien

Dal mezzo dell’estate vediamo l’inverno.

23 septembre 2012

Rien

Rien, un rien enrichi, un rien absolu, un rien qui s’appuie sur tous les bords disponibles du vide.

21 septembre 2012

Insatisfait

Appliqué à reconstituer l’image éphémère de moi-même, je suis l’insatisfait, le défunt, l’océan.

17 septembre 2012

Reposé

L’intelligence nous fatigue. La bêtise nous repose.

16 septembre 2012

Las

J'ai regardé le plafond. Il ne bougeait pas, je ne bougeais pas non plus. Nous étions tous deux hypnotisés par notre lassitude commune.

14 septembre 2012

Sans prétention

Si Chateaubriand ne fit pas paraitre ses mémoires de son vivant, ce n’est certainement pas par crainte de ses très faibles contemporains, non c’est surtout parce qu’il écrivait comme absent de lui-même, assis dans son cercueil avec pour uniques compagnons le flot des souvenirs et la prescience d'une immense postérité.

12 septembre 2012

Talmudique

Le Talmud nous apprend qu’un homme ayant eu une émission séminale est tenu de s’immerger dans un bain rituel avant d’être autorisé à lire les textes sacrés. Il lui faut alors réciter mentalement le Chema' les pieds dans l’eau et sans les bénédictions habituelles. Tout cela est assez compliqué, l’abstinence est bien plus simple.

10 septembre 2012

Royal

Louis XIV aimait beaucoup la guerre. Il assistait aux batailles depuis son carrosse avec une ou deux maitresses assises sur ses genoux. Rentré à Versailles il s’y ennuyait très vite. Il partait alors à la chasse et tuait bravement des perdrix par milliers.

9 septembre 2012

Félin

Certains philistins recensent la cervelle de chat comme substance létale. Elle est pourtant sans aucun danger, il suffit de la consommer avec modération et avec un bon tokay hongrois elle passe très bien.

4 septembre 2012

Lymphatique

« Si l’apathie est, comme on le dit, de l’égoïsme en repos, l’activité, qu’on vante tant, pourrait bien être de l’égoïsme en mouvement. Ce serait donc l’égoïsme en action qui se plaindrait de l’égoïsme en repos. »

(Joseph Joubert, Pensées, essais et maximes)


2 septembre 2012

Circulaire

Je préfère rester au croisement de plusieurs cercles qu’au centre d’un seul.

31 août 2012

Douloureux

J’emploie au quotidien l’étoffe qui m’a été donnée par la douleur.

30 août 2012

Reposé

La sieste n’est qu’une pause consciente que l’on voudrait voir durer, le vrai sommeil n’est qu’un prélude inconscient à la mort.

21 août 2012

Chaud

38°. En ces temps caniculaires il vous faudra savoir rechercher l’immobilité la plus aboulique qui soit, une fois cette immobilité trouvée vous attendrez que le temps passe. Pour vous occuperez l’esprit vous regarderez fixement le plafond tout en espérant qu’une vénielle masse d’air frais ose vous câliner la nuque. Vous n’aurez rien d’autre à faire que de rester stoïque telle une statue molle qui songe. La fraicheur tombera bien un jour, la fraicheur tombe toujours.

13 août 2012

Alifère

« je reprends ma joie et mes ailes, et je vole à d’autres clartés ».

(Joseph Joubert, Pensées)

11 août 2012

Ballotant

Permettez-moi de rester cette chose indicible qui ballote en creux.

1 août 2012

Olympique

Depuis que le tir à l'arc est apparu sur terre, trois espèces d’ennemis l’ont constamment attaqué : les gens pressés, les philistins et les vendeurs de casquettes frivoles qui détruisent tout en riant. Je pense que ces sinistres sirs ne pourront jamais rien contre une activité aussi calme, aussi reposante, une activité où l'on se permet de rester rondouillard tout en gardant en permanence un air doux et sympathique. Le tir à l'arc est immuable, l’archer sous son bob beige n’est qu’un Cupidon moins compliqué, l’amour le courbe et son arc ne revient pas à son point de départ en vain.

31 juillet 2012

Ombrageux

Le problème des hauteurs c’est que l’on n’y rencontre guère d’ombre.

30 juillet 2012

Balte

Le Balte croit volontiers aux forces surnaturelles. Ainsi, certains comportements sont à bannir en sa présence : siffloter dans une maison éloigne la prospérité, serrer la main d’un autre Balte dans l’embrasure d’une porte est un signe d’hostilité (il faut le faire à l’intérieur de la maison ou, faute de mieux, sur le palier), allumer une cigarette à la flamme d’une bougie attire les mauvais esprits et chanter dans un sauna n’apporte que du malheur.

13 juillet 2012

Assis

Selon la tradition en vigueur dans l’île de Chypre, il faut cinq chaises pour bien s’assoir : une chaise pour le postérieur et une chaise pour chaque membre. Dans cette position le Cypriote peut sans problème boire de l’ouzo tout en mangeant du poulpe séché ; il peut aussi dire du mal des Anglais et des Turcs en toute quiétude.

10 juillet 2012

Serbo-croate

On parle le chtokavien en Slavonie et en Dalmatie intérieure. On parle le tchakavien dans le Kavner en Istrie et en Dalmatie insulaire (36 % des Istriens parlent l'italien). On parle le kaïkavien autour de Zagreb. Les Croates d'Autriche parlent le croate du Burgenland, c'est une langue qui ressemble un peu au tchakavien. À Dubrovnik on parle en allemand...

1 juillet 2012

Papiste

Les papes n’auront pas toujours eu ce côté tranquille et rangé des papamobiles que l’on retrouve chez Benoît XVI. Ainsi, Paul II se plaisait à faire courir devant lui une petite armée composée de chevaux, d’ânes, de bœufs, d’enfants, de vieillards et même de juifs que l’on avait au préalable empiffrés afin de les rendre plus lourds. Tout cela était d’une drôlerie à s’en tenir les côtes. En dehors de la rigolade Paul II affectionnait aussi beaucoup les jeunes pages (amour fatal, puisque c'est en « compagnie » de l’un d’eux qu'il mourut d’une crise cardiaque).
Léon X, quand il ne chassait pas le cerf et le sanglier, entretenait un moine capable « d’avaler un pigeon d’une bouchée et d’engloutir quarante œufs de suite ». Il faisait également servir à sa table des mets pour le moins étonnants : « des singes, des corbeaux ou d’autres animaux, dont la chair coriace, insipide, ou de mauvais goût, trompait toute friandise et tout appétit ». Les convives étaient généralement surpris et les bouffons pouvaient sautiller tout en faisant tinter leurs grelots.

25 juin 2012

Hatemien

Hatem Ben Arfa et Nietzsche inévitablement ça coule de source. Mais aussi Kant oui singulièrement Kant : La beauté n’est pas dans la chose en elle-même, mais dans son interprétation. Un drible n’est pas beau en lui-même, il est beau quand il parvient à faire se lever une assistance transportée. Nietzsche, Kant et Freud : La beauté survient du moi passe par le monde et revient vers le surmoi. Hatem en est tellement sous conscient qu’il se gâche. Le voilà qui tourne dans un rond fatal où il lui faut être le soubassement de la beauté tout en étant oublieux du prétendu collectif et de son agrégat de surmoi(s) (l’équipe). Ainsi comme tous les petits artistes, Hatem n'est jamais avec les autres, il est aux lisières des autres, seul, en tête-à-tête avec la beauté (et le ballon) qui choit de lui. Les vrais grands artistes, eux, ces salauds parviennent à laisser choir la beauté tout en enveloppant l’univers dans leurs grandes pattes frémissantes. Là est le chemin pour Hatem.Trouver les autres, le monde et l'univers.Trouver un point de contact avec Nietzsche et Kant, oublier Freud et son antithétique Artaud, Hatem…

22 juin 2012

Bousculatoire

« On ne bercera jamais assez les enfants, du temps de leur prime jeunesse. Et même je serais d’avis qu’on usât, pour les calmer, les endormir, d’appareils profondément bousculatoires. Pour moi, qui fus élevé selon des méthodes rationnelles, je ne connus jamais, de par ordre de ma mère, que des lits fixes ; grâce à quoi je suis aujourd’hui particulièrement sujet au mal de mer. »

(André Gide, Voyage au Congo)

18 juin 2012

Dédoré

La Rome d'Hippolyte Taine n’est pas celle de Stendhal, elle est beaucoup plus sale ; une saleté de bric-à-brac, avec des toiles d’araignées, l’odeur du moisi et la vue de toutes ces choses autrefois précieuses maintenant laissées à l’abandon : « dédorées, mutilées, dépareillées ». Elle ressemble à l’atelier crasseux d’un vieux peintre mal peigné qui aurait fait faillite. Tout cela vous donnerait presque des idées funestes.

16 juin 2012

Bohémien

La bohémienne est bien jolie, elle est toute débraillée dans des volants verts, jaunes ou magenta, elle vous fixe de ses yeux brulants, sa démarche est ondulée, la souplesse fragile de ses poignets vous pince le cœur. La bohémienne à quelque chose d’indien, on pourrait la croire encore sur les berges de l’Indus.

10 juin 2012

Léger

Ensaché dans ma toute nouvelle légèreté, je m’élève vers la richesse des hauteurs.

Bachelard était plus souvent ensaché par sa propre légèreté que plombé par la gravité. Jules Renard était soulevé par ses petits ballons. Pour Novalis la pesanteur était une entrave qui empêchait la fuite vers le ciel. Nietzche flottait dans l’air comme un lourd-léger ; la profondeur était au-dessus de lui. Milosz tombait de bas en haut dans l’abîme divin. LF Céline trouvait les hommes bien lourds…

9 juin 2012

Athlétique

Malgré ses mines civilisées, la renaissance était une époque bien périlleuse, on s’y bâtait souvent et même les artistes les plus raffinés avaient pour eux les rudes manières de leur temps. Michel Ange se promenait toujours avec un petit poignard ; il savait donner coups de poing et coups d'épée, c’était un type fort et agile ; une brute athlétique remplie de formes et d’attitudes.

8 juin 2012

Abimé

Nous ne désirons pas comprendre ce qui nous attire vers l’abime, non ce que nous désirons c’est l’énigme, le non-organisé, le non-résolu de l’abime.

6 juin 2012

...

5 juin 2012

Diariste

On badine. On se fait branler. On est charmé au point de se sentir sur le bord de l’amour. On contracte les habitudes raisonnables qui assurent le bonheur. Voilà c'est le journal de Stendhal.

29 mai 2012

Immobile

« On me croit immobile dans le fleuve. C’est que je nage à contre-courant et que ma force est égale à celle du courant ». 

(Vincent La Soudière, Brisants)

25 mai 2012

Faux

« Cher Roger, Je montrais à Braque un faux Braque, faux, mais très bien imité, jusqu'à la signature. Comme il faisait la grimace :

— Enfin, ce sont bien là vos couleurs : ce brun ne me trompe pas, ni ce violet.
— Ce sont bien mes couleurs.
— C'est votre composition ; ce sont bien vos traits ; c'est votre atmosphère.
— Pas de doute.
— Vous auriez pu le peindre.
— Croyez-vous que je ne sois pas capable de faire des faux Braque ?
— Qu'est-ce que vous lui reprochez enfin ?
— C'est qu'il serait plutôt le contraire d'un Braque.
— Comment l'entendez-vous ?
— Je vais vous dire : il est beau. »

(Jean Paulhan-Roger Caillois, Correspondance)

24 mai 2012

Vipérin

La vipère n’est pas cette bestiole sournoise et chuintante que Pline décrit. Toute fraiche et encore bébé vipère elle ne se fraye pas un chemin à travers les entrailles de sa mère pour mieux les manger ensuite. Plus vieille et en âge de forniquer elle ne coupe pas de ses dents la tête du mâle qui a l’honneur de la besogner. Non la vipère ne tue pas systématiquement père et mère, s’il elle le faisait il n’y aurait jamais plus d'autres vipères et la vipère n’est pas si idiote que ça. Pline a donc tort sur ce coup-là.

22 mai 2012

Menteur

Concernant ces deux bestioles un peu démodées que sont la salamandre et L’amphisbène il ne faut pas trop croire les anciens, la première n’est pas plus ignifugée que ça et la seconde n’a pas plus de têtes que vous où moi. (J’ose espérer que vous n’avez qu’une tête.)

9 mai 2012

Grand

En étendant les bras, je touche le plafond. Il n'est pourtant pas si bas, je dois être grand.

8 mai 2012

Ennuyeux

Il faut savoir escalader son propre ennui, à son sommet tout devient pur, cristallin, ontologique…

5 mai 2012

Félin

Bébert le chat de Céline était parfois bien drôle, il suffisait de lui enrouler une écharpe autour du cou et quand il clignait des yeux, fronçait le nez et pointait ses petites moustaches on aurait juré voir Lucien Descaves.

25 avril 2012

Mythologique

Le catoblépas est un animal un peu effrayant que l’on n’aimerait pas rencontrer dans une rue sombre. Il est pourvu d’un long cou grêle, d’une tête trop lourde qui traine par terre et selon Pline l’Ancien — qui s’y connait — il ne faut surtout mêler son regard au sien au risque de trépasser dans l’instant. Bon le catoblépas est surtout un peu idiot, sa tête traine par terre et il suffit donc de lever les yeux en sifflotant lorsqu'on le croise pour que le tour soit joué. Tenez moi qui suis moins ancien que Pline, mais un peu ancien tout de même, j’ai croisé un catoblépas pas plus tard que dimanche matin, il sortait du bureau de vote ou je m’apprêtais à entrer pour accomplir à mon tour un irrépressible « devoir citoyen ». Vous pensez bien qu’averti par Pline et toute sa cohorte de vieux Grecs j’ai levé la tête tout en laissant passer la bestiole à bonne distance.

21 avril 2012

Original

La vraie force de la singularité ne devrait que produire un désir contraire : se sachant original il faudrait TOUJOURS paraitre quelconque.

19 avril 2012

Timide

J’ai soigné ma grande timidité en étant totalement indifférent aux autres. C’est une bonne solution, un bon remède, je n’ai plus de crise émotionnelle repliée à l’intérieur de moi-même, plus d’état mental interparoxystique discernable à l’extérieur, il me suffit de regarder les autres comme des petits bonshommes de papier et le tour est joué.

13 avril 2012

Primesautier

Ma barbe pousse. Je suis plus ennuyé que mélancolique. Les oiseaux que j’entends par la fenêtre ne rotent pas, ils chantent. Passant de Cioran à Renard je constate que le moins roumain des deux me sied davantage ; il est soulevé par ses petits ballons pendant que l’autre sautille dans ses propres flaques de morosité. Tout cela est presque drôle, il faudrait que je trouve quelques petits ballons à gonfler.

10 avril 2012

Cheminadiste

Jacques Cheminade m’est très sympathique. Son côté gaulliste de gauche égaré au millieu d'une réunion fatale de L’Ordre du Temple Solaire a tout pour me ravir, et puis j’aimerai bien coloniser Mars en sa compagnie, je serai son M.Spock.

6 avril 2012

Européen

À Madère la TVA monte, mais la douceur ne descend pas.

24 mars 2012

Humain

Il faudrait pouvoir préférer la civilité à la citoyenneté. Il faudrait pouvoir préférer le sens commun à la communauté. Il faudrait pouvoir préférer la pudeur à l’identité.

17 mars 2012

Tranquille

Il faut se méfier des mélancoliques doux, prenez Richard Quine : des films, drôles, délicieux, parfois tristes, l’invention de Kim Novak, puis l’oubli, un peu… Un jour il rassemble ses amis et il se tire une balle dans la tête, devant eux comme ça. Le désespoir tranquille vous fait faire de drôles de choses.

12 mars 2012

Contraceptif

Marseille. Il tranche avec un cutter le pénis de l'amant de sa femme puis le jette aux toilettes. Résultat : 13 ans de réclusion criminelle et quelques irrémédiables dégâts.

11 mars 2012

Suicidaire

« Dimanche 27 juillet, un nommé Van Gogh, âgé de 37 ans, sujet hollandais, artiste peintre, de passage à Auvers, s’est tiré un coup de revolver dans les champs et, n’étant que blessé, il est rentré à sa chambre où il est mort le surlendemain »

(Journal de l'Oise)

10 mars 2012

Vache

Couplée avec la vache à lait, la vache à café est idéale pour le petit déjeuner. Je ne vous parlerai pas de la vache à bière, c'est une odieuse invention germanique.

2 mars 2012

Végétatif

Pour vivre heureux, ne pensons plus. Laissons faire notre « moi » végétal. Certains idiots le font très bien. Ils vivent comme des buissons, ne doutent de rien…

24 février 2012

Périmé

J’ai bu un thé de Ceylan périmé et je suis toujours vivant. Mon thé indien périmé avait plus de gout, il ne m’a pas tué non plus.

J’ai un peu visité le nord de l’Inde, le Rajasthan. C’est un pays assez beau, un « autre monde » plein d’odeurs et de grands palais blancs.

17 février 2012

Électoraliste

Sa candidature sitôt annoncée, Nicolas Sarkozy visite une fromagerie. Pour le reste rien de bien transcendant. À Asnières on profane la tombe d’un caniche, il y a un collier de diamants caché dedans. À Metz une femme de 71 ans est tuée à coups de ciseaux. À Strasbourg on retrouve un retraité tout raide, il faut dire qu’il est mort depuis trois ans (5e étage fatal). À Bourges un lycéen un peu fougueux en poignarde un autre pour une raison globalement saugrenue : un bonnet en laine. Voilà

13 février 2012

Lumineux

« Il y a trois choses à considérer : la première, ce qui cherche c’est-à-dire le désir ; la seconde, la manière de chercher ; la troisième, la découverte de la naissance. Il y a aussi dans l’homme trois choses : l’une sensible, la seconde rationnelle, la troisième spirituelle. Toutes les trois sont différentes et elles ne sont pas impressionnées de la même façon, mais chacune à sa manière. La lumière du soleil en elle-même est simple, mais la même lumière est reçue différemment par des verres différents dont l’un est noir, l’autre jaune, le troisième blanc. Par verre noir, on peut entendre la sensibilité ; par verre jaune, la raison ; par verre blanc, l’esprit dans sa pureté et sa simplicité. Quand cette lumière est vraiment bien reçue, toutes les images, formes, figures, tombent et cette lumière ne montre plus que la naissance en vérité. Le ciel est maintenant dans son obscurité naturelle, mais si à cette heure il venait à être changé tout entier en un pur et clair soleil, personne, par suite de cet excès de clarté, ne pourrait voir d’autre image. Quand cette éblouissante lumière brille dans l’âme, les images et les formes disparaissent, et là où cette lumière doit apparaître, la lumière naturelle doit s’éclipser et s’éteindre. »

(Jean Tauler, Sermons)

11 février 2012

Assoupi

« Quand il veut dormir, le dauphin flotte à la surface de la mer. Une fois assoupi, il coule lentement jusqu’au moment où il touche le fond et se réveille. Il remonte alors à la surface puis se rendort pour couler de nouveau et se réveiller de la même manière. C’est ainsi qu’il se repose dans le mouvement.»

(Benedykt Chmielowski. La Nouvelle Athènes ou l’académie de toutes les sciences)

2 février 2012

Viennois

Le Ring est bien vaste, mais il est en carton. On peut y croiser des touristes chinoises en shorts et des retraités en petits troupeaux qui se déplacent lentement. Seul le balcon sur lequel Adolf Hitler prononça son fameux anschluss semble avoir pour lui toute la lourdeur de la pierre. Il y a des calèches qui tournent devant, il n’y a plus de cocher juif pour les conduire.

13 janvier 2012

Laborieux

Pourquoi le labeur ? Dans le règne animal le labeur existe rarement comme « nécessité impérieuse », il y a bien quelques bestioles industrieuses, mais elles le sont, car contraintes par leur milieu (le castor est forcément industrieux) ou par leur essence (chez l’abeille, le labeur n’est qu’un organe de plus). On comprend moins le labeur chez l’homme. Peut-être veut-il se convaincre qu’il n’est pas une bestiole comme les autres ? Mais dans quel but ? Un homme qui ne vit pas au bord d’un torrent agité ou au cœur d’une ruche ne devrait JAMAIS besogner. Il devrait simplement se contenter de trouver un peu de nourriture à ingurgiter (ce qui me semble assez simple sans trop d’excédents de rouages sociétaux et en tous les cas sans cette fameuse « organisation » dont on nous repli les ormeaux à langueur de catéchèse économiste). Pourquoi besogner ? Prenons exemple sur le chat, ce petit félin lorsqu’il est laissé libre et à sa nature se contente de chasser, pour le reste il se loge là où il veut et passe l’essentiel de ses journées à roupiller les pattes allongées en direction du soleil. Le chat est très bien.
Vous remarquerez que je parle de Labeur et non de travail. Kant, lui, parle de travail, mais j’ai l’impression que son travail n’est pas loin de mon labeur. Il imagine que sans travail l’homme s’ennuierait. « L’homme est le seul animal qui doit travailler », blablabla… « si Adam et Ève étaient demeurés au paradis, ils n’auraient rien fait d’autre que d’être assis ensemble, chanter des chants pastoraux, et contempler la beauté de la nature. L’ennui les eût torturés tout aussi bien que d’autres hommes dans une situation semblable. » blablabla… Pour Marx le travail est une pensée, l’animal ne pense pas et c’est pourquoi il ne travaille pas. Chez les nazis le travail « libère » mais c’est certainement de l’ironie.

8 janvier 2012

Priapique

Chez les anciens, les pets diphtongue de Priape avaient le pouvoir de faire fuir les sorcières. Il faut bien avouer que cela ne manquait pas de sel.

3 janvier 2012

Insulaire

Pour oublier le monde : tenter d'être un autre monde. À défaut : tenter d’être une ile.

2 janvier 2012

Hypocondriaque

Il n’y a que la vraie maladie pour nous guérir de l’hypocondrie.

30 décembre 2011

Resalé

Il faut savoir que d’une manière générale les excréments d’oiseaux possèdent plus de sel que ceux des autres animaux. C’est d’ailleurs pourquoi lors de la fameuse famine en Samarie les hommes se servirent de fiente de pigeon en guise de sel. Que les plus délicats d’entre vous se rassurent, il n’y a rien de rebutant dans ce substitut-là, il suffit de le gouter pour l'apprécier.

17 décembre 2011

Pachydermique

Chez les anciens l’éléphant n’a pas de jointures. Il est incapable de se coucher alors il dort le corps appuyé contre un arbre. Les chasseurs l’apercevant dans cette position n’ont alors plus qu’à scier l’arbre sur lequel il se repose presque complètement, l’éléphant tombe et ne se relève plus. L’astuce est simple, il suffit de savoir ne pas réveiller la grosse bestiole qui dort.

16 décembre 2011

Taiseux

Trop à dire, mais trop de paresse pour le dire. C’est pourquoi je ne vous dis rien tout en vous disant que je ne vous dis rien.

15 décembre 2011

Malchanceux

« Mordu par son cheval, à Joinville, le cocher Colignon s’évanouit ; alors, sa voiture lui broya les jambes. »

(Félix Fénéon, Nouvelles en trois lignes)

6 décembre 2011

Veuf

Depuis que j’ai enterré ma femme dans le jardin, je dine de plus en plus souvent en ville.

3 décembre 2011

Appâli

« Les souvenirs glissent au bleuâtre lointain, si frêles, appâlis, mélancoliques.»

(Gustave Kahn, Les Palais nomades)

2 décembre 2011

Plagiaire

Quand je me regarde dans une glace, je suis toujours tenté de l’essuyer.

27 novembre 2011

Impératif

Il faut remettre Faulkner à sa place, celle d’un écrivain un peu bancal qui joue aux intéressants en se compliquant volontairement la prose. Il aurait tort de ne pas le faire. Cela fonctionne à merveille. La glose monte. Le niveau des flasques de whisky descend . C'est presque un cercle. Il peut bientôt tituber au millieu.

Voilà ce n’est pas très intéressant, mais je tenais à vous dire tout ça. À bientôt.

13 novembre 2011

Frontalier

« L’agent voyer avait toujours eu le respect des frontières, des bornes que l’on posa entre les heures du jour comme entre les départements de la France, et il aimait à ne se coucher qu’à minuit juste, de même qu’il s’amusait encore, à la limite du Bourbonnais et du Berry, à poser le pied droit dans le Cher, le pied gauche dans l’Allier, ou bien, le corps dans une province, à ne laisser dans l’autre que son ombre. »

(Jean Giraudoux, Provinciales)

10 novembre 2011

Salaud

Le problème des sentiments c’est qu’ils ne nous laissent jamais à l’abri du sentimentalisme. Voilà peut-être pourquoi je préfère rester ce salaud au coeur sec que vous connaissez tous. L'antipathie notoire me sied parfaitement.

7 novembre 2011

Funèbre

François Fillon annonçant son terrifiant « plan de rigueur » ressemble un peu trop à un croque-mort charbonneux qui se frotterait les mains devant la tâche à accomplir. C’est un problème.

6 novembre 2011

Délicat

« Voilà que pour pleurer, je dois penser à ce qui m’est indifférent, à ce qui ne souffrira pas : à des linges effilochés, au vernis des pieds de table, qui brûlent d’un feu sans lueur ; à un petit couteau que j’ai perdu dans un champ où il y avait une mare, des barrières, des ombres, des poiriers, et que je devine si rouillé, si désorienté entre le gravier et les herbes, que c’est mon Dieu, à désespérer. »

( Jean Giraudoux, Provinciales)

2 novembre 2011

Cacophonique

Les plus aventureux (et masochistes ?) d’entre vous pourront écouter la suite de mes malingres pérégrinations musicales à cette adresse : Wobbly music for nothing.

Veuilliez m'excuser par avance.

1 novembre 2011

Syntaxique

Les mots me viennent dans un désordre assez peu recommandable et ils fanent instantanément, comme ça, sur pied, dans ma tête. Voilà peut-être pourquoi mes phrases finissent par s’écrouler sur elles-mêmes.

27 octobre 2011

Vide

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18 octobre 2011

Chimique

Je pense que je suis presque parvenu à atteindre les divers « points limites » que je m’étais fixé : ne plus exister pour quiconque, ne plus « être au monde », évoluer vers l’invisibilité et finalement devenir une sorte d’entité vaguement chimique ; un corps pur avec une seule molécule et un seul type d’atome. Voilà en fait je me rapproche petit à petit de l’Azote. L’Azote est très bien, il est incolore, il n’a aucune conductivité électrique, il est un peu utile, mais on ne le voit pas, il est presque idéal.

10 octobre 2011

Bourgeonnant

« Si l'on voulait appliquer à l'homme la parabole du figuier stérile, on pourrait peut-être dire ceci : le bon, le doux, le grand jardinier ne le jette pas au feu pour autant ; à chaque printemps il regarde le feuillage stérile, et à chaque printemps il le laisse verdir, jusqu’à ce que les feuilles se fassent de plus en plus rares, jusqu’à ce qu’enfin ne se dressent plus que les branches desséchées. Alors, l’arbre est arraché du jardin, et à sa place on met autre chose. Les autres plantes, elles, continueront à fleurir et à croitre, mais nulle ne pourra dire qu’elle est issue de ses graines, ni que les fruits savoureux qu’elle porte viennent de lui. Toujours et toujours le soleil fera descendre sa lumière, toujours le ciel bleu sourira, de millénaire en millénaire, et la terre se revêtira de son ancienne verdure et les générations descendront leur longue chaine jusqu’au dernier enfant : lui seul est exclu de tout cela, parce que son existence n’a formé nulle image, parce que les bourgeons ne lui permettent pas de descendre le fil du temps. Même s’il a laissé après lui d’autres traces, celles-ci s’effaceront comme s’efface tout ce qui est terrestre, et quand enfin tout aura disparu dans l’océan des jours, les choses les plus grandes, les plus grandes allégresses, lui disparaitra d’abord parce que tout en lui sombre déjà tandis qu’il respire, tandis qu’en lui persiste la vie. »

(Adalbert Stifter, L'Homme sans postérité)

8 octobre 2011

Montebourgien

J’aime beaucoup Arnaud Montebourg, il a toujours cet air nigaud que prend le vrai faux coupable chez l’oncle Alfred.

1 octobre 2011

Touristique

Goethe en Sicile monte au-dessus de Montreal. Le panorama et la nature sont plaisants (moins aujourd’hui, il y a une autoroute et la mafia). Outre le paysage (la baie de Palerme), la faune et la flore, il y a les pierres et rochers. Goethe est un sacré géologue qui a tout pour ravir l’amateur de cailloux. Il décrit à merveille tous les quartz et granites environnants. Ses amourettes avec la caillasse finie on le retrouve ensuite à flanc de montagne, il déguste deux trois tranches de saucisson, laisse trainer les peaux par terre, un chien errant les mange (n’oublions pas que Goethe est vaguement touriste et surtout allemand).

28 septembre 2011

Kadhafiste

Les échos qui me parviennent du Kadhafi « privé » sont unanimes et concordants. Dans le « civil », celui que d’aucuns voient comme un autocrate sanglant serait un type plutôt charmant. Un type prévenant avec son épouse, aimant avec ses petits et grands enfants. Bref un type bien et attentionné, tellement bien et attentionné qu’un halo de bonté semblerait même parfois s’échapper au-dessus de sa belle chevelure bouclée. Tout cela bruisse, tout cela n’est pas rien, tout cela est presque tout et je ne dis pas cela parce que je trouve le Livre Vert de Mouammar très bien écrit.

19 septembre 2011

Inutile

« À chaque instant, chacun de nous, êtres éphémères, parmi ses amours ou ses combats, traverse un état singulier, unique, goûte un plaisir qu’il n’a plus goûté ou ne goûtera plus, ou souffre une souffrance inouïe, inconnue à tout autre et à lui-même. Cela est, n’a plus été, ne sera plus, et cela semble être la raison d’être de tout ce qui se répète, s’adapte et s’oppose ! Et, à travers cela, quelque chose d’inaccessible est poursuivi, une plénitude, une totalité, une perfection, platonique passion de toute âme et de toute vie. La poursuite de l’impossible à travers l’inutile : serait-ce donc là vraiment le dernier mot de l’existence ? »

(Gabriel Tarde, L’opposition universelle)

13 septembre 2011

Expiré

Finalement, ce n’est pas l’inspiration qui me manque, ce n’est pas l’envie non plus, non ce qui me manque c'est ce que le commun des quidams  appel la volonté (l’énergie qui va avec, l’ambition, ce genre de choses.) J’ai toujours été très peu velléitaire, je le serai certainement jusqu’au bout. En fait je suis constitué d’une multitude de renoncements, car, voyez-vous, j’ai toujours trouvé plus utile de renoncer devant l’adversité que quoique ce soit d’autre. Je n’ai donc aucune ambition, tellement peu que je ne satisfais même pas les envies qui me viennent. Ainsi, je me renonce aussi, je préfère ne rien faire pour moi, pas plus que je ne préfère faire quelque chose pour les autres. Je pourrais certainement ne pas oublier les autres en m’oubliant, je pourrais certainement mieux faire, mais à quoi bon ; sommes-nous ici pour mieux faire ?

12 septembre 2011

Indien

8 septembre 2011

Sournois

Ma pensée plus élevée que mon être, il m’arrive parfois de considérer ma propre vie comme ridicule. Je me regarde alors me perdre dans des ténèbres inextricables et je ricane sournoisement, c’est un problème.

7 septembre 2011

Intranquille

« Considérant que chaque événement de ma vie était un contact permanent avec l’horreur du Nouveau, que chaque personne nouvelle que j’approchais était un nouveau et vivant fragment de l’inconnu, que je plaçais sur ma table pour une méditation quotidienne, remplie d’épouvante – j’ai décidé de m’abstenir de tout, de ne viser à rien, de réduire l’action au minimum, de me dérober enfin le plus possible, pour n’être retrouvé ni par les hommes, ni par les évènements, de raffiner sur l’abstinence et de pousser cette abdication à la dernière extrémité. Tant le seul fait de vivre me terrifie et me torture. »

(Fernando Pessoa, Le livre de l'intranquilité)

3 septembre 2011

Contraint

Plus que de l’invention ou quoique ce soit d’autre : le vécu, les émotions, il nous faudrait plutôt tenter : avec de l’aléatoire, des contraintes. Prospecter du côté des chiffres. Ne pas commencer par le zéro.