25 mars 2011

Coloré

Le fameux peintre André Derain est mort sur un lit blanc dans une chambre blanche, entouré de médecins en blanc. Ses derniers mots furent : « Du rouge, montrez-moi du rouge. Avant de mourir je veux voir du rouge... et du vert ! »

22 mars 2011

Télévisuel

En guise de lecture je regarde Jouhandeau chez Pivot. Il est si mignon avec sa toque en fourrure.

13 mars 2011

Victorieux

Ma lutte contre la morne appétence de cet hiver persistant n’aura pas été vaine. Il a bien failli m’avoir, mais finalement c’est moi qui l’ai eu. Ainsi, il agonise et moi je suis là, vivant toujours, encore…

Tiens pour célébrer cette victoire, ma victoire, je me suis « mis » devant le soleil et j’ai lu quelques pages de Ramón Gómez de la Serna. Pour l’anecdote, je dirai que ces pages étaient d’un esprit tendre et éclairé et qu’elles étaient presque toutes délicieuses. Ensuite j’ai dégusté une madeleine que j’ai accompagnée par une quantité mesurée de Coca Zero (l’aspartame est cancérigène). Puis un peu repu et assez fatigué par une rude journée de labeur je me suis endormi face au soleil (le soleil est également cancérigène).

Me réveillant à l’instant je constate que le soleil est déjà passé sous les toits, que la fraîcheur tombe et que mon optimisme météorologique était peut-être un peu trop précoce. On annonce un tremblement de terre au Japon, un Tsumani et des morts à foison.

« Le crépuscule met un tel silence dans la demi-obscurité, un tel détachement, un tel renoncement, quelque chose de tellement immatériel qu’il y a un moment où la chambre semble être solitaire, inhabitée, sans nous-mêmes. On s’est tellement imprégné de mutisme, tellement abandonné à la mort de la lumière, à son secret, à sa décomposition fluide et invisible, qu’à l’instant où l’on veut se ressaisir, on n’est plus. On s’est évanoui, en tant que pure et simple conscience de la chambre elle-même ; quelque chose de semblable au mystère de la métempsycose ou de la désincarnation s’est opéré ; nous avons été comme peu à peu absorbés par les murs ; nous nous sommes retirés. »

(Ramón Gómez de la Serna, Échantillons)

10 mars 2011

Chinois

On aurait tort de voir Victor Segalen comme un bizarre féru de « chinoiseries universelles ». S’il est, à coup sûr, bizarre et un peu chinois il est aussi bien plus haut que sa simple excentricité, sur d’autres faîtes, dans un magnifique hors-là, dans l’exote et le désir de ce qui n’est pas soi ; c’est-à-dire beaucoup. Il faut aimer l’étrangeté, le mystère, de cette poésie coupante comme le mica, il faut aimer ce grand foufou de Segalen, c’est un ordre !

Et puis il y a cette fin, cette mort : la mort de Segalen. On retrouve son corps dans la forêt de Huelgoat. Il est posé sur une roche, au pied d’un arbre, un exemplaire (ouvert) d’Hamlet traîne à ses côtés… tout cela est très mystérieux.

« Je consacre ma joie et ma vie et ma piété à dénoncer des règnes sans années, des dynasties sans avènement, des noms sans personnes, des personnes sans noms. »

1 mars 2011

Mobile

En 1928 Alexandre Vialatte publie son premier roman Battling le Ténébreux, il s’installe à Firminy (ce qui arrive à des gens très bien). Pourtant dès l’année suivante (1929 !) le voilà qui déménage encore et déjà ! vers Clermont-Ferrand cette fois-ci ! Bon dans cette localité humide (forcement humide) il avait trouvé une toute fraîche épouse, mais je ne sais pas si c’est une raison vraiment suffisante pour déménager aussi souvent !