26 décembre 2010

Désagréable

« Un dandy ne fait rien. Vous figurez-vous un Dandy parlant au peuple, excepté pour le bafouer ? »
« Le Dandy doit aspirer à être sublime sans interruption, il doit vivre et dormir devant un miroir. »

(Baudelaire, Mon cœur mis à nu)

« L’homme peut être démocrate, l’artiste se dédouble et doit rester aristocrate. »
« Ô poètes, vous avez toujours été orgueilleux ; soyez plus, devenez dédaigneux ! »

(Mallarmé, l’Art pour tous)

20 décembre 2010

Seppuku

Lu le Bruges-la-Morte de Georges Rodenbach. Sorte de proto Vertigo, symboliste, sinistre et vaguement touristique. Assez plat comme le pays du même nom. On murmure, ici ou là, que le très peu guilleret Mishima aurait relu ce livre juste avant son fameux, et fatal, auto coup de surin. Oserais-je dire que je ne suis même pas étonné ?

19 décembre 2010

Schizophrène

Plus qu’un frère j’ai toujours considéré Robert Walser comme un autre moi-même. N’y voyez aucune immodestie de ma part, car si cet autre moi-même a beaucoup de mes prétendues tares sociales, il a pour lui le talent que je n’ai pas.

18 décembre 2010

Punk

Si plus jeune on m’avait dit qu’un jour j’apprécierais presque un disque de John Mayall j’en aurais vomi ma Valstar !

12 décembre 2010

Météorologique

La saison est curieuse, douce puis froide, froide puis douce. Il neige beaucoup, puis il ne neige plus du tout. C’est un peu comme si la Sibérie tombait à l’eau. Il y a de quoi rester dubitatif devant cet été indien dérangé par d’aussi inattendus que laconiques pics glaciaires. On ne sait plus sur quel pied gigoter, on ne sait plus s’il faut se réchauffer ou pas, s’il faut porter chandail ou chemisette. Bref, la perplexité météorologique règne et l’humeur est maussade.

11 décembre 2010

Cochon

« Ne branlez pas sept ou huit petits paysans dans un verre pour boire le foutre avec du sucre. Cela vous donnerait une mauvaise réputation dans le pays. »

(Pierre Louÿs, Manuel de civilité pour les petites filles à l’usage des maisons d’éducation)

9 décembre 2010

Musicologue (vaguement)

Chacun devrait savoir que Debussy n’est pas un « peintre de paysage » ou tout du moins chacun devrait savoir que s’il peint un paysage , il ne peint jamais l’objet paysage, il l’efface au fur et à mesure qu’il s’y promène ou qu’il le contemple, il n’en laisse passer que « l’écho sensible », « l’image sonnante », il est trop musicien, trop ému, pour être peintre.

« On pourrait nier qu’il y eût la moindre description dans Debussy. Il transmute la nature en harmonies, en émotions sonores. Il ne re songe pas à peindre la forêt bruissante, mais ce que le cœur d’une jeune fille, marquée pour le mortel amour, y éprouve dans le profond abandon, à l’heure du crépuscule où elle rencontre son destin. Il ne cherche pas à rendre la lueur d’une lampe qui soudain s’allume dans une chambre obscure, ou le bêlement des moutons qu’on mène à l’abattoir, ou le murmure lent de la fontaine : il ne pense qu’à évoquer le doux soleil de la clarté dans un enfant qui tremble et la lumière qui entre comme un couteau dans l’esprit sanglant d’un bourreau; ou l’innocence perfide de l’eau qui trompe sur la fuite des instants et des baisers; ou l’immense, monotone et fatale douleur de la vie, lorsqu’on la surprend, au couchant qui rougeoie, dans un troupeau de pauvres bêtes sans malice et sans péché, que son destin, un bâton de berger à la main, pousse vers la mort, là, derrière la porte, loin du bercail, pour cette nuit déjà si proche. En musique, le paysage est un sentiment. »

(André Suarès, Debussy)

5 décembre 2010

Cancérigène

Le plastique a beau être cancérigène, j’ai mangé le porte-mine en plastique avec lequel j’écris ces lignes.

30 novembre 2010

Hivernal

Marché trois kilomètres dans la neige. Prenant un raccourcit je me suis retrouvé surplombant la large route qui même chez moi ; les voitures en bas, j’avais l’impression d’être un maquisard hivernal traquant le nazi.

26 novembre 2010

Graphomane

Robert Walser ne pouvait laisser une feuille, une enveloppe, une carte de visite, sans que ses mots envahissent tout ; s’il avait pu écrire sur la tranche d’un ticket de métro, il l’aurait fait.

Voilà

19 novembre 2010

Laborieux

Je travaille parce que si je ne travaillais pas je ne pourrais pas manger. Je mange parce que si je ne mangeais pas je ne pourrais pas vivre. Je vis parce si je ne vivais pas je serais indubitablement non vivant. L’essentiel est de trouver et d’éprouver du plaisir dans tout ça (du plaisir parmi les difficultés).

18 novembre 2010

Nationaliste

Ayant un peu voyagé, je pense que mon vrai pays est une ligne courbe, une ligne courbe - largement dense - que l’on pourrait tracer de Bordeaux à Prague ; une courbe qui passerait par Guéret, Lyon, Milan, Venise, Vienne, Budapest… Je suis de cette courbe là plus que d’un pays qui ne m’inspire rien, si ce n’est un ennui crispé.

15 novembre 2010

Manouche

« Leurs connaissances géographiques étaient singulières. Ils ignoraient absolument la situation d’une cité, le non du cours d’eau qui la traversait, à quelle industrie elle devait sa prospérité, quels grands hommes avaient vu le jour dans ses murs, quelle fameuse bataille s’y était déroulée, mais ils se souvenaient de certains détails : le goût de l’air, la couleur de l’eau et de la lumière, la forme curieuse d’une montagne qui la dominait, les deux vents constants balayant ses rues et ses places, la physionomie de ses habitants qui ressemblaient à des aigles, à des moutons, à des chats, et souvent ils apprenaient ainsi beaucoup plus sur une ville, en dix jours, que ses citadins n’en avaient appris en dix générations. »

(Albert Vidalie, La bonne ferte)

13 novembre 2010

Chantant

J’ai laissé choir tout ce qui m’inspirait : drogues, alcools, femmes, omoplates et je suis à présent sérieux et appliqué tel le premier moine cistercien venu. Ne comptez donc pas sur moi pour un éventuel come-back musical…

7 novembre 2010

Musical

La légende dit que sa voix détruisait les micros, la légende dit que pendant l’enregistrement de Trout Mask Replica il s’était enfermé dans une pièce et que les musiciens le suivaient en improvisant dans une autre, la légende dit qu’effrayé par sa propre voix il avait réclamé la présence d’un chirurgien pour soigner les arbres qui risquaient de souffrir et même s’écrouler, la légende dit beaucoup de choses sur Don Van Vliet… Enfant prodigue il avait conçu le projet assez bizarre de sculpter « tous les oiseaux du ciel, tous les poissons de la mer, tous les animaux de la terre »…

5 novembre 2010

Automnal

« Les années passèrent, c’est-à-dire qu’il fallut diviser par quatre le nombre des saisons. De tout ce temps, aucun mort ne fut à déplorer, quoique régulièrement, à la fin d’une journée un peu plus silencieuse, on crut pouvoir penser qu’une période s’achevait, et elle s’achevait en effet : ainsi sommes-nous chassés lentement. »

(Frédéric Berthet, Simple journée d’été)

31 octobre 2010

Touristique

La Roumanie est parfois jolie, par exemple la Bucovine est champêtre, le Banat très mitteleuropéen et les Carpates croquignolettes... J’ajouterai que l’autochtone du beau sexe y a souvent la toison pubienne teinte en rose ou en violet (parfois en vert fluo) ce qui ne gâche en rien le paysage.

29 octobre 2010

Masochiste

Saint Louis se faisait fouetter avec des chaînettes de fer — les épaules surtout - c’était un drôle de zigue.

« On prétend que ce n’est qu’au xe siècle que les moines et les religieuses commencèrent à se fouetter à certains jours de l’année. La coutume de donner le fouet aux pêcheurs pour pénitence s’établit si bien, que le confesseur de saint Louis lui donnait très souvent le fouet. Henri II d’Angleterre fut fouetté par les chanoines de Cantorbéry, Raimond, comte de Toulouse, fut fouetté la corde au cou par un diacre, à la porte de l’Église de Saint-Gilles, devant le légat Milon, comme nous l’avons vu »

(Voltaire, Dictionnaire philosophique)

26 octobre 2010

Ordinaire

Cette nuit qui tombe tôt ne me dit rien de bon… Je me suis coupé le pouce gauche et l’annulaire droit. Le pansement que j’ai posé sur mon pouce gauche ne tient pas, celui que j’ai posé sur mon annulaire droit est trop petit. Tous ces problèmes sont indicibles.

23 octobre 2010

Sensuel

« Le malentendu commence, par l’incompréhension de l’intellectuel-né, à l’égard de la sensation. Le miracle de la sensation c’est l’alliage de l’absolu de la précision, de l’unicité, de tout ce qui rend si bien l’adjectif unmistakable, avec une ouverture soudaine sur l’illimité. Les adversaires de la sensation se trompent à son sujet parce qu’en elle ce n’est jamais l’ouverture, mais la clôture (l’acte de clore) qu’ils voient. (Et je dirais — rejoignant ici un courant de pensée qui m’est familier — qu’il y a des sensations qui ferment au lieu d’ouvrir, mais ce sont les sensations intéressées, celles, à la recherche desquelles nous sommes partis, non point celles qui fondent sur nous.) Quand à la fin d’un de ses poèmes Hofmannsthal nous dit : « Et trois sont un : un homme, une chose, un rêve », il définit merveilleusement l’état propre à l’être de sensation. »

(Charles Du Bos, Journal 1926 - 1929)

19 octobre 2010

Sincère

« Je me rappelle, et je suis parfaitement sincère quand je crois qu´ils ne seront que très, très peux nombreux à comprendre ce que je vais dire maintenant, je me rappelle, dis-je avec une modeste témérité, que chaque fois que je passais un vieux pont de bois, que je me trouvais devant un portail de parc, que mes yeux plongeaient sur quelque plaine, que je contemplais quelque panorama, ou que je tâchais d´évaluer, d´apprécier une ambiance matinale ou vespérale, il ne me venait que des réflexions sérieuses, sur moi et sur l´humanité, sur l´Être et le firmament, mais chose étrange, dès que je me décidais à écrire, des fôlatries se mettaient à voleter tout autour de moi, on eût dit que l´écriture me paraissait comique, en sorte que j´ai peut-être gardé beaucoup de choses par-devers moi. Je confesse d´ailleurs bien volontiers ce détail qui me caractérise, à savoir qu´en écrivant, j´ai tu, pour ainsi dire, pas mal de choses, et cela, sans la moindre préméditation, car comme écrivain, je formulais de préférence ce qui pouvait n´être pas trop ardu, pas trop délicat à dire, le plus facile, tandis que tout ce qui était difficile je le gardais en moi quand je sortais vaquer à ce qui m´a occupé ici, certes fugitivement seulement, selon ce qui semble être mon habitude. »

(Robert Walser, Le Territoire du crayon)

13 octobre 2010

Communiste

Il faut savoir qu’au temps du « communisme municipal » j’ai récité un poème de Jacques Prévert en sous-pull moulant et collant vert. J’étais encore jeune, enfant pour tout dire. La « maison du peuple » était bondée, le petit bruit de l’œuf dur cassé sur un comptoir était terrible. Mes parents étaient très fiers. Il y avait des odeurs de muguet, c’était le 1er mai…

12 octobre 2010

Automobilistique

Je concédai un certain charme à la Mercedes 300SL ou à la Méhari, mais depuis 1976 je ne pense pas avoir croisé une belle voiture. De toutes les façons, je n’ai pas le « permis ».

P.-S. - Pourtant, mon grand-père auvergnat vendait des voitures chez Ford et de l’autre côté mon oncle bourguignon nous faisait faire des tours de MG sur les routes de Saône et Loire entre Tournus et Louhans (le pays des silures).

5 octobre 2010

Immobile

Je n’ai pas bougé, je n’ai rien dit, je ne suis pas sorti, je ne peux pas sortir. Il faut que je reste ici. L’air n’aura jamais cette densité que je peux trouver ici, cette densité adamantine qui me retient ici. Voilà pourquoi je ne suis pas sorti. Il n’y a rien d’autre à faire que de rester ici. Alors, je suis ici.

29 septembre 2010

Abîmé

Il faut avoir des ailes, quand on aime l’abîme,
Il ne faut pas se cramponner,
Comme tu le fais, pendu.

28 septembre 2010

...

26 septembre 2010

Hypnagogique

Je ne sais pas si c’est un mauvais signe, mais je me suis endormi quatre fois sur les cinq premières pages du nouveau Houellebecq. Il y est question d’une sombre histoire de plomberie — assurément passionnante —, mais cela ne m’a pas empêché de me retrouver absorbé par mon canapé et dans un tel état hypnagogique que j’ai bien cru trépasser trois fois.

24 septembre 2010

Naturaliste

Le grand naturaliste Konrad Lorenz faisait coin-coin sans même voir les païens à flambeaux qui, eux, passaient dans le fond en faisant le pas de l’oie. C’était un problème.

21 septembre 2010

Primesautier

« Le lieu de mon repos est une chambre peinte
De mil os blanchissans et de têtes de morts
Où ma joie est plus tôt de son objet éteinte :
Un oubli gracieux ne la pousse dehors.
Dans le corps de la mort j’ai enfermé ma vie
Et ma beauté parait horrible entre les os.
Voilà comment ma joie est de regret suivie,
Voilà comment de mon travail ma mort seule a repos. »


Agrippa d’Aubigné

12 septembre 2010

Viennois

L’archiduc Otto aimait apparaître à l’Hôtel Sacher entièrement nu, ne portant qu’un ceinturon et un sabre. Moins charmant, il lui arrivait également de faire irruption à cheval dans les cortèges funèbres juifs. Là dès que le moindre courroux montait d’une foule justement offusquée il ordonnait la bastonnade aux gens de sa suite. Bref, l’archiduc Otto était un bon dépravé libéré. Tout cela ne l’empêchait pas de rentrer dans le rang une fois la cour réintégrée où mouton dans le troupeau on pouvait l’entendre bêler.

10 septembre 2010

Kafkaïen

C’est dans le petit village de Kierling (Autriche) dans l'une des chambres du 187 de la Hauptstrasse que Franz Kafka est mort le 3 juin 1924. La maison est petite, il n’y a que deux étages, dans le hall d’entrée divers avis sont placardés, ils font savoir que le ramoneur passe le premier lundi de chaque mois, qu’il est interdit de casser du bois dans les appartements et qu’il est également interdit de transporter de grosses malles dans les escaliers sans une autorisation écrite.


(Je tiens ces informations de Claudio Magris qui est passé par là)

8 septembre 2010

Acrophobe

Il faut savoir que je suis assez maniaque et plus ratiocineur qu’un parapentiste acrophobe*.

Rien d’autre.

*Phobie des hauteurs

4 septembre 2010

Publicitaire

Vous pouvez acheter mon livre en cliquant sur la chose inesthétique posée là juste en dessous de ce paragraphe. Ce livre est un spicilège de mes chroniques consacrées à la littérature. Je suis à peu près parvenu à le faire presque éditer chez un quasi spécialiste des diaristes cancéreux et des jardiniers habiles.

Acheter Psychogéographie Indoor

NB- Le prix est à demi modeste ; il faut dire que ma marge est conséquente.

31 août 2010

Cynophile

Les nazis aimaient beaucoup les animaux cela ne les empêchait pas d’exterminer tous les chiens de berger allemand blancs qui se présentaient devant leur pas botté. Le chien de berger allemand blanc était trop blanc pour être allemand ! Trop blanc pour le nazisme ! Trop blanc pour pouvoir espérer aboyer au pied des miradors !? Alors après le « tumulte », et par vengeance, le berger allemand blanc survivant s’est fait suisse ! Il est réapparu suisse ! Blanc, lactescent, magnifique... Et suisse ! Bien que rare on peut parfois le croiser, c’est un chien pondéré et circonspect, distingué même lorsqu’il fait son petit besoin sur les bégonias de la voisine. Bref un beau chien loin de son cousin allemand abâtardi par l'aryanisme.

29 août 2010

Envenimé

Pour ce qui est des piqûres de scorpions il suffit de s’asseoir sur un âne, le visage face à la queue, croyez-moi la douleur quitte l’homme et passe directement dans la bête. Il suffit d’avoir un âne coopératif à portée de main. Par les temps qui courent cela ne devrait pas être plus difficile à trouver qu’un scorpion.

27 août 2010

Nyctalope

Le collyre d’Albert le Grand vous transforme en nyctalope, vous voyez la nuit et la nuit vous voit la voir (il suffit de boire ce collyre, le brouet est immonde). On obtient les mêmes effets en faisant bouillir l’œil droit d’un hérisson dans un grand bain d’huile. Une fois la mixture refroidie on ingurgite courageusement le tout et soudain il fait jour la nuit !

22 août 2010

Misandre

J’ai commencé par ne plus du tout aimer le cinéma, puis je n’ai plus vraiment aimé l’ homme – ne me demandez pas d’aimer l’homme ! - Il y a longtemps que je ne m’aime plus et là je commence à ne plus trop aimer la musique. J’aime encore le soleil, mais pas trop, les embruns et quelques filles qui passent.

19 août 2010

Sponsorisé

Aujourd’hui :

Déballé deux réfrigérateurs, cinq machines à laver, deux sèche-linge et un lave-vaisselle. Remballé trois imprimantes. J’ai tour à tour travaillé pour les firmes Whirlpool, Bosch, Electrolux, Brandt, Siemens et Hewlett Packard. En rentrant chez moi j’ai bu un litre d’eau d’Evian. J’ai ensuite pris une douche « au naturel » puis je me suis rasé les aisselles avec mon rasoir jetable Wilkinson. Prudent je les avais au préalable préparés en les enduisant d’une généreuse couche de mousse à raser Williams (je ne me rase jamais le torse et encore moins le pubis, car dans pubis il y a pudeur…) Après toutes ces opérations de toilettage, je me suis assis sur ma chaise de jardin Grosfillex. Un bourdon (non sponsorisé) est passé par la fenêtre. D’une main j’ai mangé une crème glacée Magnun (des établissements Miko) et de l’autre j’ai saisi un livre édité par ce bon José Corti. J’ai éprouvé les pires difficultés à tourner les pages, mais le plaisir était tout de même là.

13 août 2010

Botanique

Figurez vous que le gland est un remède très efficace pour les diverses maladies du pénis. De plus mêlé aux autres mets, c’est un aliment des plus nourrissants, des plus roboratifs.

Saviez-vous qu’il y a une variété de satyrion qu’il suffit de tenir à la main en buvant du vin rouge pour ressentir de vifs appétits sexuels ?

En Thessalie d’il y a peu les femmes absorbaient des orchidées broyées dans du lait de chèvre, elles éprouvaient alors bien vite un début d’excitation.

Voilà.

9 août 2010

Propre

À Naples Valery Larbaud est ravi par les uniformes des jeunes fascistes. Il aime également beaucoup leurs chapeaux à pompon. S’il n’y avait la répression et les lois d’exception, il trouverait même le fascisme sympathique. Que voulez-vous la propreté, les sévères punitions pour les gens qui salissent les pissotières et les cabinets d’aisance tout cela est très bien. Il faudrait même appliquer une peine de six mois de prison pour les « salauds » qui crachent dans le tramway !

3 août 2010

Epistolier

« Mais neuf fois sur dix on remarque que là où "les timbres ne collent pas bien", immanquablement les routes sont mal entretenues, les trains en retard, les services publics mal faits, les enfants mal élevés - et le gouvernement débile ou corrompu. »

(Valery Larbaud, Journal)

2 août 2010

Sautillant

Je suis de retour ! oui la chose qui sautille dans le fond c'est MOI !

17 juillet 2010

Inspiré

Chacun cherche l’inspiration où il peut. Voltaire la cherchait dans l’excitation du café, Eschyle et Aristophane dans le vin… Buffon ne pouvait écrire qu’habillé élégamment. Villiers de L’Isle-Adam ne pouvait écrire qu’à plat ventre. Son confrère décadent, Hugues Rebell louait une chambre d’hôtel et n’en sortait qu’une fois son livre achevé. Corneille ressassait ses tragédies dans une quasi-obscurité tandis que Schiller cachait des pommes pourries dans le tiroir gauche de sa table de travail ; il les sortait, les sentait puis il se mettait au travail.

Chez les musiciens Gluck faisait transporter son clavecin au milieu d’un pré, il buvait deux, trois bouteilles de champagne, puis inspiré il composait. Haydn, comme Buffon, ne pouvait travailler qu’en tenue raffinée, il lui fallait également porter au doigt une bague ornée d’un volumineux diamant. Toutes conditions réunies il écrivait alors sans jamais s’arrêter, pendant cinq, six heures, des jours entiers…

Mozart était comme saisi par l’inspiration, elle lui arrivait à l’improviste. Il lui fallait alors s’épancher ; c’ était un problème en société.

Voilà.

16 juillet 2010

Caniculaire (ter)

La chaleur toujours là, je reste ouvert matinalement à tout vent.

Afin d'éviter le fracas d'un appel d'air tout autant violent qu'inattendu, j'ai bloqué l'une de mes fenêtres avec un épais volume de Stendhal (collection l'intégrale, au Seuil). Le résultat ne manque pas d'efficacité puisque l'air passe sans risque et à foison dans mon intérieur. Seul problème, ce mot du réputé grenoblois inscrit au dos de ma cale fenêtre improvisée : « Tout bon raisonnement offense ». Voilà que les passants qui passent ne manquent pas de regarder tout cela, ma fenêtre calée, mon intérieur livresque… Pour un peu je pourrais même les entendre marmonner : « Encore un intellectuel ! Qui ferait mieux de travailler ! » S'ils savaient !

P.-S. Mes autres fenêtres sont respectivement calées par le Petit Robert et par un vieux bottin ; elles ne donnent pas sur la rue.

14 juillet 2010

Poli

« Les lois modestes de la civilité, les simples usages du savoir-vivre nous aident tous les jours à nous vaincre. Ils ne sont pas vains. Ils contribuent à l'ordre, ils l'assurent, ils lui donnent un charme. Ils protègent la faiblesse, bornent la force. Ils tiennent en bride la sottise et la méchanceté. »

(Eugène Marsan, Savoir vivre en France et savoir s'habiller)

11 juillet 2010

Caniculaire (bis)

En quelques jours je suis passé de la recherche du soleil à l'art de trouver la fraîcheur là où elle se trouve. Cet art qui est aussi une distraction réclame un minimum de connaissance, il faut notamment savoir jongler avec l'air, savoir maîtriser les courants aériens tout comme les différences de température… S'il n'y avait les murs nécessaires à toute bâtisse, on pourrait même classer l'art de trouver de la fraîcheur en intérieur entre le vol à voile et la navigation en solitaire.
Si vous le voulez bien voilà quelques conseils qui vous permettront de recouvrer un peu de fraîcheur intérieure. Le matin, le frais encore là vous ouvrirez vos fenêtres en grand, puis petit, à petit la tiédeur enflant vous commencerez par rabattre vos volets en « persienne » laissant la juste place nécessaire pour un mince filet presque sain. Le moment crucial sera le moment où la température extérieure plus haute de quelques degrés ne créera plus qu'un appel d'air chaud vers l'intérieur, il vous faudra alors savoir assez vite fermer fenêtres et volets et vous claquemurer comme dans une grotte. Si sur le palier vous oubliez animaux, femmes et enfants, on pourra dire que vous voilà stylite-ascète... mais frais. Ne bougez pas trop essayez de diriger votre tête vers un filet d'air qui doit trainer, ouvrez un livre, ne tournez pas les pages trop vite. Voilà...

8 juillet 2010

Anticommuniste (Primaire)

Pour Pif-Gadget et les quatre Miroirs*, on pardonnera beaucoup au communisme, même la Guépéou, le goulag consécutif, et le pacte germano-soviétique…

*Miroir du cyclisme, Miroir de l'athlétisme, Miroir du football, Miroir du rugby.

4 juillet 2010

Dépressif

« Mille oiseaux de nuit, mille chansons mortelles
M'environnent, volant par ordre sur mon front :
Que l'air en contrepoids, fâché de mes querelles,
Soit noirci de hiboux et de corbeaux en rond.

Les herbes sécheront sous mes pas, à la vue
Des misérables yeux dont les tristes regards
Feront tomber les fleurs et cacher dans la nue
La lune et le soleil et les astres épars.

Ma présence fera dessécher les fontaines
Et les oiseaux passans tomber mort à mes pieds,
Étouffés de l'odeur et du vent de mes peines :
Ma peine étouffe-moi, comme ils sont étouffés ! »


(Théodore Agrippa d'Aubigné, Le Printemps)

3 juillet 2010

Caniculaire

L'un des inconvénients des températures caniculaires c'est que le vulgum pecus se croit soudain obliger d'ouvrir ses fenêtres à tous les vents partageant ainsi son intimité avec un voisinage qui n'aspire qu'à vivre en toute quiétude. Ainsi ce matin il m'a fallu supporter six fois de suite le crépitement du chanteur Mika sur l'iPhone de ma voisine du dessus. Plus gênant encore il m'a fallu ensuite endurer le vrombissement discontinu d'une techno baléarique d'origine indéterminé ; mes murs ont bien failli chanceler. Si jamais j'ai la bonne opportunité de retrouver le responsable de ces infra basses irresponsables sachez qu'il lui en coûtera ; pour l'essentiel j'envisage de lui trancher la jugulaire avec mon compact disque de Metal Music Machine que j'aurai astucieuse affûté au préalable. Ensuite vidé de son sang je l'enterrerai assez vite dans mon jardin, là je le disposerai tête-bêche avec le squelette de ma seconde épouse.

29 juin 2010

Géographique

Rien lu de plus qu’une carte du monde - oui du monde ! - qui traînait sur le rebord de l’une de mes fenêtres. J’ai constaté à ma grande surprise que le sommet de l’Ile McDonald culmine à 2745 mètres, ce qui n’est pas rien… Le vulgum pecus l’ignore, mais l’Ile McDonald est une possession australienne, elle est perdue au milieu des mers du Sud - juste en dessous des Îles Kerguelen - il ne s’y passe rien, le climat n’est pas très accueillant… Après la solitude glacée des mers du Sud, je me suis égayé en entourant sur ma carte tous les sommets dépassant 6000 mètres. Je suis remonté vers le Mt McKinley puis je suis descendu vers l’Aconcagua tout en passant par l’Ancohuma. Après avoir biffé une petite armée de cimes de gabarit raisonnable, j’ai ensuite adroitement traversé l’Atlantique Sud et l’Océan Indien pour mieux remonter vers les plateaux himalayens. Là un peu lassé d’avance par l’ampleur de la tâche à accomplir j’ai laissé choir mon idée initiale pour me rebattre sur « du plus simple » ; par exemple entourer toutes les îles méditerranéennes sur lesquelles j’ai eu des relations sexuelles. Je commence par la Corse…

28 juin 2010

Amoureux

Et sa nuque fragile qu’on découvrait par instants nue, avec le renflement, touchant à voir, de deux tendons qui saillissaient sous la peau duvetée, couleur d’ambre clair, selon les mouvements de sa tête. Et la sérénité d’âme qui s’éloignait d’elle, de tout ce qui l’environnait, la rêverie, la tristesse ; ces chansons qu’elle chantait, un filet de voix douce…

26 juin 2010

Passage N°2

Résurgence de l’affect, perspective sèche coupante comme le mica.

21 juin 2010

Surfeur

Lors de ma période vaguement musicienne je m'étais permis de triturer à ma manière quelques « symphonies adolescentes adressées à Dieu. » En voilà une, avec un goût de chapeau rond en catalogne.

Je vous laisse ouïr tout ça en espérant que vous n'aurait pas trop d'embarras :



P-.S Été hivernal oblige je m'en vais couper du bois, j'allumerai ensuite un feu et je sautillerai à son coin.

17 juin 2010

Démocratique

Pour ce qui est des arômes de papier je vote pour les vieux livres de chez Phaidon, pour les odeurs de colle je vote pour les livres neufs de la vieille blanche… Pour la difficulté je vote pour les anciens Corti non massicotés. Pour l’aisance bourgeoise je vote pour le faux confort carpaccio offert par la Pléiade. Pour le toucher je vote pour feu la collection pistache de chez Verdier…
(Visiblement la collection Der Doppelgänger de chez Verdier n’est plus pistache, mais jaune paille à présent.)

16 juin 2010

Urbaniste (Ubuesque)

« J'ai connu autrefois un pauvre homme qui, par scrupule, n'a jamais voulu coucher chez lui, disant que son nom était un nom à coucher dehors. Ce souvenir ne m'est pas désagréable. »

(Erik Satie, Ecrits)


Dans certaines villes africaines, les rues ne sont pas devant les maisons, mais à l'intérieur. Elles passent de la cuisine de l'un à la chambre à coucher de l'autre. Les gens ne sont chez eux qu'à leurs très rares fenêtres. Cette conception burlesque de l'urbanisme entraîne moult quiproquos amusants. Le « quidam africain » est par exemple tout à la fois, sorti et rentré, dehors et chez lui, et bien qu'il passe toutes ses nuits dans la rue, il ne découche jamais !

15 juin 2010

Apicole

D'aucuns semblent étonnés par le faible niveau proposé par la compétition de balle au pied se jouant actuellement en Afrique Australe.

Que les étonnés cessent d'êtres étonnés ! Les « étonnés » devraient savoir qu'un footballeur épuisé jouant à l'intérieur d'une ruche, de surcroît en tapant dans un « ballon de plage », ne peut rien donner de bon. Peut-être du miel, mais rien d'autre...

14 juin 2010

Occupé

« L'artiste doit régler sa vie.

Voici l'horaire précis de mes actes journaliers :

Mon lever : à 7 h. 18 ; inspiré : de 10 h. 23 à 11 h. 47. Je déjeune à 12 h. 11 et quitte la table à 12 h. 14. Salutaire promenade à cheval, dans le fond de mon parc : de 13 h. 19 à 14 h. 53. Autre inspiration : de 15 h. 12 à 16 h. 07. Occupations diverses (escrime, réflexions, immobilité, visites, contemplation, dextérité, natation, etc…) : de 16 h. 21 à 18 h. 47. Le dîner est servi à 19 h. 16 et terminé à 19 h. 20. Viennent des lectures symphoniques, à haute voix : de 20 h. 09 à 21 h. 59. Mon coucher a lieu régulièrement à 22 h. 37. Hebdomadairement, réveil en sursaut à 3 h. 19 (le mardi).

Je ne mange que des aliments blancs : des œufs, du sucre, des os râpés ; de la graisse d'animaux morts ; du veau, du sel, des noix de coco, du poulet cuit dans de l'eau blanche ; des moisissures de fruits, du riz, des navets ; du boudin camphré, des pâtes, du fromage (blanc), de la salade de coton et de certains poissons (sans la peau). Je fais bouillir mon vin, que je bois froid avec du jus de fuchsia. J'ai bon appétit ; mais je ne parle jamais en mangeant, de peur de m'étrangler. Je respire avec soin (peu à la fois). Je danse très rarement. En marchant, je me tiens par les côtes et regarde fixement derrière moi. D'aspect très sérieux, si je ris, c'est sans le faire exprès. Je m'en excuse toujours et avec affabilité. Je ne dors que d'un œil ; mon sommeil est très dur. Mon lit est rond, percé d'un trou pour le passage de la tête. Toutes les heures, un domestique prend ma température et m'en donne une autre. Depuis longtemps, je suis abonné à un journal de modes. Je porte un bonnet blanc, des bas blancs et un gilet blanc.

Mon médecin m'a toujours dit de fumer. Il ajoute à ses conseils :

— Fumez, mon ami : sans cela, un autre fumera à votre place. »

(
Erik Satie, Mémoires d'un amnésique)

11 juin 2010

Pornographique

Alban Ceray pratique la saillie en toute décontraction, les mains sur les hanches qu’il a potelées, il accompagne son mouvement des dites mains tout en effectuant de temps à autre une légère rotation du bassin ; ainsi si ce n’était techniquement impossible on pourrait dire qu’il fornique décontracté du vit.

8 juin 2010

Morne

J'ai perdu de ma ferveur sautillante, je suis bien morne à présent.

7 juin 2010

Frileux

Dans ses récents interviews, Godard est presque touchant, un petit vieux avec des préoccupations de petit vieux. Ma grand-mère (paternelle) était très godardienne (sans le savoir) elle était par exemple assez préoccupée par les courants d’air, elle me disait souvent « Philippe, enfin voyons mets ton chandail, il y a un courant d’air ! »

5 juin 2010

Décevant

On m’a toujours trouvé, dilettante, là sans être là, un peu à côté ou en dessus, c’est tout le « charme » de mon personnage dit-on… pourtant ce charme, mon or, je n’en fais rien, il se transforme en sable et le vulgum pecus ne me comprend pas. Si le vulgum pecus s’imaginait les efforts, le labeur que me coûte cette somme de légèreté, il me comprendrait peut-être ; en tous les cas il ne me reprocherait plus les ruines des châteaux que je n’ai jamais construits.

2 juin 2010

Curieux

Il faut être absolument curieux. Je ne cesse d’être affligé par le manque de curiosité ambiant, je sais bien que le mot connaissance commence comme le mot connerie, mais ce n’est pas une raison.

31 mai 2010

Catégorique

Il faut donner un goût de jamais vu à la désuétude !

30 mai 2010

Bruyant

« La tolérance envers le bruit inutile, par exemple envers la façon si impolie et si grossière de claquer les portes, est un signe direct de la vulgarité générale et du vide d'idée des cerveaux »

(Schopenhauer, Le bruit et le vacarme)

29 mai 2010

Ailleurs

Je me fige face au soleil, je ferme les yeux et je compte jusqu'à cent. Enfant je multipliai ce type de rituels secrets, c'était ce qui me permettait de vivre. On me trouvait gentiment ailleurs, j'étais sincèrement, profondément, ailleurs ; je le suis toujours.

28 mai 2010

Linguistique

Je sais bien que la sexualité semble être à l'origine de pas mal de choses, mais ces histoires de masculin et de féminin sont finalement souvent embarrassantes, ennuyeuses et pas si irréfutables que ça.

Prenons une langue au hasard : le dzongkha par exemple. Et bien, figurez-vous que cette langue, idiome officiel du Bhoutan, compte dans un stade premier entre douze et quatorze genres divers et variés ! Dans un second stade, elle distingue le vivant de l'inanimé. Dans un troisième stade la distinction se fait entre l'humain et le reste des choses. C’est seulement dans un quatrième stade que l'idée de sexualité distincte apparaît ! De là à considérer que pour le Bhoutanais la différence et l'imbrication consécutives des sexes ne sont pas primordiales , il n'y a qu'un pas ! (que je ne ferai pas au risque de choir dans un canyon d'incertitude.)

27 mai 2010

Virtuose

Il faut savoir que Charles-Marie Widor « l'Aristocrate de l'orgue » fut pendant soixante-quatre ans organiste « temporaire » de l’église Saint-Sulpice où , pilier parmi les piliers, solide et marmoréen dans les courants d’air, il délivrait au milieu des toussotements et par la grâce innée de deux pattes expertes, moult mélopées grasses à l’adresse de Dieu. En dehors de l’église et de toutes ces sournoises pratiques manuelles poinçonnées du sceau du bigot, notre olibrius fut également professeur au Conservatoire de Paris où il eut pour élèves d’illustres futurs tâteurs d’orgues ; les non encore six, mais là bien deux, Arthur Honegger et Darius Milhaud, le sémillant Albert Schweitzer, l’habile Marcel Dupré…
Nonobstant tout ce grand sérieux-là, ses, tour à tour, pieuses et doctes activités indoor oubliées, Charles-Marie Widor se révélait être le grand air atteint un croquignolet de la plus acceptable espèce. En effet il se murmure que notre bigot débigoté menait de bien curieuses expériences musicales sur la faune environnante ! Un jour de croquignolerie aiguë il aurait, par exemple trimballé tout un orchestre au Jardin d’Acclimatation ! Là, selon quelques spectateurs indemnes, mais encore interloqués, le rhinocéros fonçait sur la grosse caisse, les phoques chérissaient tout, sauf le jazz ; le goût des éléphants allait plutôt vers la musique ancienne ; tendres proboscidiens, instantanément ils devenaient rêveurs (l’effet Babar)… Wagner faisait hurler les loups, les renards, les chacals... La girafe considérait Gounod à sa juste hauteur. Le crocodile était, lui, un mélomane parfait, tellement passionné par l’orgue que Charles-Marie avait ramené l’une de ces charmantes bestioles à domicile ; dans la baignoire, il lui jouait du Bach, c’est toujours mieux que les sacs à main, et d’un divin. ! Il faut noter qu'à l’exception des araignées, manifestant un singulier penchant pour le clairon, les insectes environnants se montraient en règle générale suspicieux face à l’hélicon voir au mieux indifférents devant les orphéons militaires.
Tout cela nous donnera ce mot très sombre de Léon Paul Fargue : « A votre orgue, les moustiques préfèrent leur propre musique » et nous de rire sous cape.

25 mai 2010

Culotté

Les jupes de Marthe Keller, les jambes de Marthe Keller, les petites culottes de Marthe Keller… Le Diable par la Queue de Philippe de Broca : charmant, plus encore… renoirien… presque.

24 mai 2010

Salé

À Fez c'est le barbier du Sultan qui était chargé du supplice du sel. Le suspect, forcement coupable, sitôt harponné était garrotté puis emmené sur la place du marché. Là il passait derechef de coupable à supplicié. Notre barbier l'attendait plein d'une impatience non ostentatoire, il avait bien d'autres choses à faire, des barbes à soigner… Sans coup férir il regardait à peine sa « victime » et avec un sérieux, un professionnalisme qui l'honorait, il lui taillait alors dans chaque main et dans le sens de la longueur quatre fentes jusqu'à l'os. Le barbier était très habile son rasoir était affectueusement affûté. Il étendait ensuite les paumes du supplicié, faisait bâiller le plus possible les lèvres de ces coupures sanguinolentes et les remplissait de sel. En bon barbier bourreau, il refermait ensuite la main déchiquetée et introduisait le bout de chaque doigt dans chacune des fentes proposées. Le supplicié criait, tout cela était quand même un peu douloureux. Pour parfaire le tout, sa tâche accomplie le barbier laissait finir le travail par un couturier indistinct qui passait par là. Ce dernier, un peu chafouin cousait un gant de bœuf mouillé qui très serré recouvrait judicieusement les blessures. Cela faisait deux poings, harmonieux, très jolis, le couturier était ravi, la foule jubilait. On ramenait ensuite le supplicié dans son cachot, on lui donnait à manger, à boire, de quoi survivre... Les jours passaient, ses ongles poussaient au travers des mains, la souffrance était atroce, bientôt les doigts lui traversaient les poings, c'était incongru.
Pour finir, les plus courageux et résistants mourraient du tétanos, les plus douillets ne supportant plus la douleur se fracassaient la tête contre les murs. C'était le bon temps.

22 mai 2010

Chiropratique

J'ai un squelette de chauve souris, ailes étendues. C'est très joli, très fin. Je ne m'étais pas aperçu que c'était aussi une crucifixion, une crucifixion formidable.

21 mai 2010

Amoureux

« Quand on aime, l’amour est trop grand pour pouvoir être contenu tout entier en nous ; il irradie vers la personne aimée, rencontre en elle un surface qui l’arrête, le force à revenir vers son point de départ, et c’est ce choc en retour de notre propre tendresse que nous appelons les sentiments de l’autre. »

(Marcel Proust, A l’ombre des jeunes filles en fleurs)

« L’histoire de votre cœur est mot à mot l’histoire du mien. »

(Denis Diderot, Jacques le Fataliste)

20 mai 2010

Bibliophile

Robert Walton, condamné à mort demanda qu'une fois son exécution achevée le récit de sa vie criminelle soit relié avec sa propre peau. Ce fut chose faite, le livre était doux au toucher, sur la couverture on pouvait lire la mention suivante : « Ce livre a été écrit par Robert Walton et relié dans sa propre peau ».

19 mai 2010

Mobilier

L'un des Comtes de Conversano, dans les Pouilles, avait pris la sage résolution de faire disparaître ses ennemis les plus encombrants. Pour ce faire, il les faisait trucider, puis écorcher, par une petite armée adroitement recrutée. On utilisait ensuite la peau des trucidés pour recouvrir les fauteuils de la grande salle du château . Il y en avait un dont le dossier était recouvert par la peau d'une religieuse. Aujourd'hui l'amateur de curiosité qui s'approche de ce fauteuil peut encore distinguer la trace de ses seins, usés et cirés par l'usage.

P.-S. À Vérone, les seins de Juliette sont usés par les palpations libidineuses des touristes japonais c'est moins gênant, il s'agit d'une statue.

17 mai 2010

Désuet

Il faut être absolument désuet !

15 mai 2010

Charmant

Sex and the Single Girl de Richard Quine. Drôle, délicieux, exquis, charmant, élégant, sophistiqué tout ce que vous voulez… Casting impec : Bacall et Henry Fonda, Mel Ferrer, Tony Curtis, une jolie fille qui danse très bien, surtout Natalie Wood... J'aime Natalie Wood, je l'aime vraiment, sincèrement, profondément ; elle a beau jouer à côté de la plaque, rouler des yeux, en faire des tonnes, je l'aime, j'ai envie de la prendre dans mes bras. Dans Sex and the Single Girl comme dans plusieurs de ses films il y a une scène de fausse noyade qui donne envie de pleurer...

P.-S. Le philoxerasophe Onfray devrait voir ce film qui dézingue Freud avec élégance, loin des groupies labellisées Université Populaire.

12 mai 2010

Bleugh

Je pense qu'une bonne âme devrait faire le tour de la toile mondiale et recenser tous les bleughs oubliés semblables à celui-ci, cette bonne âme pourrait ensuite établir plusieurs lexiques non exhaustifs de l'ensemble : un lexique topographique, un autre toponymique, un thématique… Il y aurait de la matière à triturer…

8 mai 2010

Musicologue (Presque)

Musicalement mes années 80 commencent en 1978 et finissent en 1981, pour le reste les années 80 (le brouet 82-87) que le sens commun admet plus naturellement et que je qualifierai d’années 80 bis sont, malgré de notables exceptions, assez dominées par la Linn Drum, le mauvais plastique et le musical valium… Ceux qui n’ont pas « aimé profondément » un quasi-sosie de Mona Soyoc (cheveux courts, fesses alertes) tout en écoutant Alison Statton ne peuvent pas me comprendre… quant à Billy Idol…

4 mai 2010

Engagé

Je suis tellement peu engagé, et si peu citoyen, que j'ai parfois l’impression d'être traqué par les fantômes de l’affiche rouge !

3 mai 2010

Passage N°1

Cette surnaturelle élévation de l’esprit, cette admirable et si haute contemplation, cette anoblissement et déification, sont le signe et l’œuvre du don infini et de la très grande dilection de Dieu. C’est pourquoi il est ajouté aux paroles citées plus haut : Mon cœur est saisi d’effroi et il sort comme de lui-même.

Denys le Chartreux, 1402 - 1471.

21 avril 2010

Piscicole

Notre pêche trouble l'eau. Mais sous le gris des boues, comment distinguer les restes amorphes des torpides poissons ?

17 avril 2010

Lypémane

Godard était dandy de droite un peu cynique puis droitier défroqué de gauche un peu moralisateur ; à présent l’âge aidant il est un peu à gauche de la morale et un peu à droite de la mélancolie : il a bien raison d’être vieux.

12 avril 2010

Philatéliste

Je suis en possession d'un timbre de la reine victoria avec une dent cassée (le timbre). C'est vraiment intéressant, il fallait que vous le sachiez.

9 avril 2010

Emberlificoté

Le flux des choses se précipite par nous ; et nous, dans notre unité la plus soustraite, sommes conscients de cet écoulement incessant, de ce mouvement turbulent à la base de notre intuition vivante -- c’est en fait une réalité organisée et intégrale, une somme de « matériel psychique » qui produit notre chimie intime.

Enfin presque..

3 avril 2010

Désuet

Giraudoux est désuet, on ne le lit plus ; il y a bien d'autres choses à lire. Et puis il est suspect : pétainiste, vichyste, presque collabo... bref, il n'y a rien à attendre de lui ! Un écrivain chanci pour une époque moisie ; oublions tout ça, enterrons tout ça... Ce n'est pas si simple, selon Claude Roy et Aragon, Giraudoux, résistant, aurait été tué, empoisonné, par la Gestapo... vous voilà rassurés ? Un peu ? Pour le reste, déterrons un livre au hasard : les Aventures de Jérôme Bardini par exemple... Lisons-le vraiment, par vraiment j'entends qu'il ne faut pas le lâcher toutes les quatre pages, ni le lire en quinze jours, qu'il faut être avec et ne rien faire d'autre que de le lire... Si vous ne parvenez pas à entrer, si vous êtes rebuté par la préciosité, par les gongorismes de Giraudoux, laissez vous happer par son flux, par le rythme, par la musique de ses phrases... Voilà vous y êtes ! Enfin ! Voyez cette douceur, ce raffinement, ce charme... Voyez cette nature, ces êtres fluctuants, ces conversations avec le ciel, la pure légèreté qui s'échappe de ces pages... Voyez le plaisir d'écrire ! Et puis, entendez ces choses qui ne pourront que vous « pincer » : chez Giraudoux on se suicide parce que la vie est trop belle, on se sépare parce que l'on s'aime trop... Si l'on n'admet pas de pareilles solutions, où seraient les vérités musicales ?

2 avril 2010

Foutraque

Comment tuer votre femme ? : Quine mineur, mais Quine tout de même. Totalement foutraque et foutrement misogyne... Disons que c'est une ébauche du très gras Calmos (fils Blier seventies anti MLF) ; une ébauche où l'élégance remplacerait la vulgarité... Jack Lemmon impec as usual, Virna Lisi bien jolie en potiche (p)latine... la fin est ratée.

1 avril 2010

Effrayant

« Un alanguissement me vient, qui sera oublié dans une heure, mais qui ressemble beaucoup trop, hélas à ces choses que nous appelons amour, tendresse, affection, et que nous voudrions tâcher de croire grandes et nobles. De tels effets sont pour nous donner la très effrayante preuve de la matière, rien que matière, dont nous sommes pétris, et du néant d'après... »

(Pierre Loti, Japonerie d'Automne)

29 mars 2010

Sinistre

Les journées sont bien longues, mais ce n'est pas une raison pour confier leur exécution à un seul guillotineur. Par exemple, on peut utiliser la musique comme bourreau : elle « raccourcit » très bien. Il suffit de bien choisir sa musique, les ressources des musiques sombres, lugubres et déprimantes me semblent inépuisables, elles possèdent un sortilège que n'ont point les musiques allègres : celui de nous rendre plus tendre, plus aimant, plus aimé que nous ne sommes puisque plus facilement délectés par des pensées funèbres ; ces musiques sinistres n'exigeant aucun effort de nous elles souffrent à notre place. C'est un dissolvant qui ne laisse rien de nous et ne nous laisse rien.

28 mars 2010

Somnambulique

Luc Dietrich ne dormait jamais vraiment, il ne s'éveillait jamais vraiment non plus. Il lui arrivait seulement de sommeiller debout les yeux grand ouverts tout en vaquant à ses occupations quotidiennes. Ainsi, on pouvait le voir avancer dans le monde avec des gestes de nageur et des pas de somnambule.
Grâce à cet état flottant il n'avait pas à chercher un quelconque halo poétique, il lui venait naturellement.

N-B. On notera néanmoins que cet « état flottant », cet état poétique, attirait plus d'inconvénients que d'avantages à notre homme puisque ce dernier était, aussi et surtout, un homme de la rue ; cette rue qui est pleine de danger pour qui subit la douce vérité du rêve et de la narcolepsie réunis.

24 mars 2010

Léporidesque

« Il est toujours avantageux de porter un titre nobiliaire. Etre « de quelque chose », ça pose un homme, comme être « de Garenne », ça pose un lapin. »

(Alphonse Allais, Le Chat noir)

23 mars 2010

Engagé

Georges Orwell était tellement de gauche qu'il ne pouvait pas se moucher sans moraliser sur les conditions de travail dans l'industrie du mouchoir. Je tiens cette anecdote de Cyril Connolly : un homme parfois spirituel, un homme qui savait vivre, dodu, devant les livres qu'il venait de lire.

22 mars 2010

Debordien

Guy Debord avec ses airs de moine laïque éthylique affirmait que pour savoir écrire, il faut savoir lire et que pour savoir lire il faut savoir vivre. J'acquiesce absolument, mais je constate que l'inverse est également réalisable et dans les deux sens.

20 mars 2010

Modianesque

Modiano, nouveau livre (L’horizon). Matière et mémoire, comme toujours. Matière sensible, cette matière qui est aussi une pâte impressionniste ; Modiano sculpte des souvenirs avec.

16 mars 2010

Bricoleur

Afin de mieux oublier les nombreux inconvénients de son inopportune existence le très sceptique Émile Cioran avait pris l’habitude de bricoler. Il était, par exemple et selon mes informateurs, un excellent « plombier amateur » qui se réjouissait plus qu’à son tour devant un robinet récalcitrant. Très absorbé par ses tâches réparatrices on pouvait le voir successivement badiner sous les gouttes, glousser face au tartre, s'esclaffer devant un siphon guttural ! Il oubliait alors toutes les nuits blanches sans fin qu'il passait dans des chambres de bonnes sans fenêtres. Il oubliait aussi sa Roumanie natale, la patibulaire « garde de fer » ses compromettants penchants de jeunesses ; cet amour pour le sinistre peintre raté Hitler, cette antipathie notoire envers les juifs... il oubliait qu'il faut vivre et que vivre ne rime à rien... Bref Émile oubliait tout en grand, et puis un jour Alzheimer a remplacé la plomberie. Il n'y a plus rien eu, même pas un plombier roumain amnésique, rien, nada, nothing, rideau...

15 mars 2010

Musical ?

La batteuse se croyait dans un groupe de reggae, le bassiste était notre Paul Simonon des « pentes » (en plus petit), le chanteur se voyait comme une réincarnation de Ian Curtis (mâtinée de Jean René Caussimon), j’étais trop raide pour pouvoir oser accorder ma guitare tout en pensant que le milieu de Sister Ray c'est quand même sensas...

P.-S. Nous avions aussi joué un temps avec une flûtiste (traversière)

12 mars 2010

Nuageux (bis)

« Eh ! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ? - J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages !»

(Charles Baudelaire, Le Spleen de Paris)

7 mars 2010

Suicidaire

« On se suicide par pudeur, par orgueil, par modestie, par discrétion, par peur de la mort (ce qui est un comble) ou des gendarmes ; par lassitude, par vengeance, par plaisir, parfois même par curiosité. Le chinois se suicide pour embêter son créancier, l'homme-torpille par patriotisme ; le Britannique par spleen ; un Écossais se pendit parce que les gilets ont trop de boutons. "Aujourd'hui, tout le monde vit !" me disait une jeune fille avec un air scandalisé. Il y a évidemment trop peu de gens qui se suicident ; ce ne sont jamais ceux qu'il faudrait. »

(Alexandre Vialatte, Chroniques de La Montagne)

6 mars 2010

Voyageur

Il faut oublier le Pierre Loti romancier désuet, le vrai Loti vaut mieux que la désuétude. Il est principalement (loti ?) dans ses souvenirs de voyage avec un goût antimoderne musqué et des parfums parfois étonnamment proustiens qui remontent...

P.-S.- Le lecteur « perspicace et citoyen » se heurtera parfois aux limites du petit bourgeois de son temps, officier de marine, raide et raciste qui voit le Chinois, jaune empressé, rapace et simiesque et le Juif comme le Chinois, mais en pire.

5 mars 2010

Nuageux

Stratus, Cumulus, Cirrus, Nimbus, il faut aimer la compagnie des nuages, cette lente procession de moutons abstraits.

3 mars 2010

Artisanal

« L'art populaire » est mort depuis qu'il n'y a plus aucun artisan dans l'industrie du divertissement. Restent des artistes à niches ou des employés à niches qui construisent dans des niches (cultureuses, industrielles...) pour des clients nichés...

Quant aux pirates sans récifs... ils sont loin de la flibuste ! Imaginez un instant Long John Silver cherchant un trésor dans une niche...

28 février 2010

Dantesque

Le quadruple rayon des étoiles sacrées mettait sur son visage une telle clarté, qu’il me semblait la voir mieux qu’avec le soleil.

23 février 2010

Kabbaliste

A Serious Man des « Frères Coen » :

Un bon point pour le retour de Richard Kind, un bon point pour le type maronnasse accoudé à la porte maronnasse, un bon point pour la reconstitution historique scrupuleuse, un bon point pour la léthargie, un bon point pour Kafka, un bon point pour Yossele Rosenblatt, un bon point pour les arcanes kabbalistiques, un bon point pour rabbi junior, un bon point pour l'absence de ricanement, un bon point pour le futur dans le téléphone, un bon point...

Ce qui nous fait beaucoup de bons points.

Plus sérieusement : Quand l’attribut de la justice se manifeste dans le monde au détriment de l’attribut de la miséricorde, tous les êtres sont frappés, les justes comme les méchants. Car chacun sait que l’être vivant, incapable de répondre aux exigences de la perfection absolue, doit son existence à la miséricorde divine.

21 février 2010

Punk

Ce qu’il y a de pire au monde en dehors des limandes UMP reste le fameux hippie à fanfreluches que nous avions cru avoir occis aux alentours de 1977.

Il est là, de retour ; il rode à nouveau...

19 février 2010

Routinier

Il fut un temps où l'absence de routes rendait l’homme de la campagne prisonnier dans son coin de terre. Le paysan vivait ainsi, sans sortir, en n’imaginant pas qu’il puisse transpercer la courbe de son horizon coutumier. D'aucuns diront que cela faisait des hommes meilleurs, des hommes plus robustes et résignés devant un sort monotone. C'est certainement une erreur, car s'il ne peut y avoir de vie sans routine il est toujours nécessaire de briser son propre horizon. Sortir de son territoire, c'est sortir de soi-même. L’homme qui sort de lui-même gagne toujours quelque chose, oh ! il perd bien en onanisme, en possibilité d'inceste rural et en consanguinité corrélative, mais bon !
On en conclura que les routes sont nécessaires et on constatera, amusés, que les « routes virtuelles », elles, nous ramènent curieusement à notre solitude onaniste.

P.-S. Le chemin est autre « solution »....

18 février 2010

Circulaire

Léthargie, torpeur, engourdissement, somnolence, atonie, asthénie, adynamie, anesthésie, coma, mort cérébral, mort, palingénésie, métempsycose, résurrection, renaissance, réveil, éveil, vigueur, érection, coït, procréation, parturition, éducation, labeur, léthargie, torpeur, engourdissement...

15 février 2010

Anthropophage

Il ne faut pas trop se fier à l’apparence débonnaire de certains autochtones accueillants. Aux îles de Routouma et d’Hivaoa, le Maori d’aspect charmant vous mange encore à l’occasion.

10 février 2010

Rêveur

« Le Rêve est une seconde vie. Je n'ai pu percer sans frémir ces portes d'ivoire ou de corne qui nous séparent du monde invisible. Les premiers instants du sommeil sont l'image de la mort ; un engourdissement nébuleux saisit notre pensée, et nous ne pouvons déterminer l'instant précis où le moi, sous une autre forme, continue l'oeuvre de l'existence. C'est un souterrain vague qui s'éclaire peu à peu, et où se dégagent de l'ombre et de la nuit les pâles figures gravement immobiles qui habitent le séjour des limbes. Puis le tableau se forme, une clarté nouvelle illumine et fait jouer ces apparitions bizarres : - le monde des Esprits s'ouvre pour nous. »

(Gérard de Nerval, Aurélia.)

6 février 2010

Apragmatique

Cossery avait toute mon estime (le Dandy égyptien édenté reclus dans son hôtel), ses personnages moins… dans Mendiants et Orgueilleux on a beaucoup de peine à vraiment les aimer, ils ne sont pas si antipathiques que ça, ils ont même un petit charme, mais ils sont surtout très inconsistants et d'un apragmatisme qui n'incite pas à l'intérêt le plus vif qui soit.

P.-S. Finalement dans Mendiants et Orgueilleux le seul personnage vraiment intéressant est un homme-tronc échappé de chez freaks... Apragmatique par contrainte lui et non par la grâce faussement rebelle d'un quelconque substrat d'âme flottante...

5 février 2010

Pornographique

Il n'y a rien d'étonnant à ce qu'entre un nikab et un sexe féminin offert à tous les regards, il y est plusieurs points de soudure possible puisque toute coalescence faite entre l'exhibitionnisme supposé de l'un et le m'as-tu-vu théologique de l'autre il ne reste que de la pornographie corrélative.

Bref le nikab n'est que l'origine du monde (ce qui n'est pas rien...)

2 février 2010

Sec

Ne plus ululer avec les lèvres gercées sans avoir disposé, au préalable, une jolie hémophile indienne sur la table...

29 janvier 2010

Passeur

Je vous recommande Le Jardin des Délices de Jean Noël Boschtach, très statique, très beau, très « parole libérée... »

22 janvier 2010

Dombaslien

La Femme de l'aviateur : Hitchcock (lo-fi) chez Musset ou l’inverse. Trépidante poursuite et carte du tendre. Film de demi-saison toujours rose drôle et émouvant. Anne-Laure Meury géniale en prototype dombaslien (je l’aime, on ne peut que l’aimer... toujours), Philippe Marlaud fantôme touchant, forcement, touchant (je l’aime aussi, j’aime les fantômes...)

P.-S. Les montées d’escaliers sont de chez Murnau.

19 janvier 2010

Anticlérical

Je ne vomis jamais dans les églises, c’est un principe de base, néanmoins en mon temps j’eus un camarade qui, le bougre, urinait plus qu’à son tour dans les bénitiers à portée de miction.

Bien à vous.

16 janvier 2010

Masochiste

Le Journal de Valery Larbaud tient difficilement en main : ses 1600 pages, ses deux kilogrammes , son format géant et inusité propice à la crampe lectorale. Larbaud commence ses phrases en anglais, continue en italien pour mieux finir en français, c’est très bien : les trilingues sont ravis.

Au-dessus de tout ça, le délice est là, il faut savoir souffrir.

15 janvier 2010

Fatigué

« Le gouffre est fatigue
la nuit est fatigue. »


(Antonin Artaud, Histoire vécue d'Artaud-Mômo)

12 janvier 2010

Attristé

Le cinéma d’Eric Rohmer avait quelque chose du cri feutré d’un ogre devant sa chair fraiche.

Il y a des morts qui pèsent plus que d’autres.

8 janvier 2010

Sentimental

Ainsi un sentiment à la tonalité du vent et dans sa faiblesse on pourrait être sûr de se mettre en dehors du monde...

6 janvier 2010

Intériorisé

Ce qui chez le quidam est à même de se trouver exprimé en mots doit provenir de l’intérieur, de cette forme invisible et mouvante ; de cet intime de l’âme tout juste imbibée.

Le danger est pourtant grand à vouloir ainsi construire l'intérieur en oubliant l'extérieur, le quidam s’écroule parfois sur sa propre intériorité et son voisin ne le voit même pas s’écrouler.

2 janvier 2010

Bipolaire

J'entame le Journal de Valery Larbaud, qui devrait m’occuper un certain temps (plus de 1600 pages, deux kilogrammes de lecture). J'entame également Les Émigrants de W.G. Sebald qui devrait confirmer et affiner mon sebaldisme latent (le volume est plus bref, il comblera aisément mon bipolarisme rampant...)