30 décembre 2008

Comique

Devant la morne assemblée de boxeurs nationaux, païens à flambeaux, faux indigènes de la république et vrais crétins réunis, il est grand temps de ressortir son Vialatte.

Vialatte, son chapeau rond, le vrai-faux papa de Pierre Desproges pas trop compris dans l’histoire :

755 . Alice à Auschwitz

Le vent se déchaîne et la neige tombe. La tour de Pise a oscillé. Un tourbillon a emporté la gare olympique de Grenoble. Au sommet du puy de Dôme, il a fallu chercher, avec des sondes, dans cinq mètres de neige, le chasse-neige qu’on avait laissé là depuis le matin.
En Suisse et en Autriche, les avalanches s’abattent. Les villages sont isolés. Le ciel est noir. Il a neigé à Jérusalem. C’est un temps où reviennent les fantômes.
Anna Novak est un de ces revenants : elle faisait partie à onze ans de ces troupeaux de femmes nues et chauves que les SS comptaient sur la glace, à six heures du matin, en hiver, dans les camps ; des squelettes gardés par des chiens. Quelquefois, le chien les mangeait. Apres leur avoir fait la chasse. Un cavalier obèse déchaînait son bouledogue, la femme courrait vers la vallée. Après quoi on ne voyait plus rien. Ensuite le dogue revenait, tout seul. « Et il rotait. »
D’autres fois, c’était une gamine, une petite blonde en uniforme, qui abattait de son petit revolver une mère que sa fille ne voulait plus lâcher. D’autres fois, c’était le fouet qu’on donnait à une femme jusqu’à ce qu’elle crève au pied de son lit.
Voilà d’où revient Anna Novak. En quel état ? J’en ai vu revenir. On aurait dit de vieilles poupées chauves, en caoutchouc décoloré. Avec trois poils blonds sur la tête. Un duvet jaune. Ni femmes, ni choses. Des objets à jeter. « moi seule en suis sortie, écrit Anna Novak (car ses parents y sont restés), chauve, pesant, trente-quatre kilos, avec, outre la tuberculose, quatre ou cinq maladies mortelles. »
Elle fut sauvée par une idée fixe : elle voulait tenir son journal. Elle écrivait dans un gros carnet, tant qu’elle pouvait. D’autres fois, au revers des feuilles noires qu’on collait aux fenêtres pour le black-out ; quand elle pouvait en arracher. C’est ce journal qu publie Julliard. Il en manque beaucoup de fascicules. Ce qui reste suffit. Elle y garde de l’humour, et une espèce d’espièglerie. Elle sous-titre Alice à Auschwitz. C’est Alice au pays des ogres. Tels sont les « beaux jours de sa jeunesse ». Elle a le courage d’en plaisanter.
Le pays des ogres… Dans l’édition des Contes de Grimm qu’on nous faisait traduire au collège, il y avait la maison de l’ogre. C’était une ravissante chaumière envahie par le lierre et entourée de rhubarbe. Mais dedans, se cachait l’épouvante, une qualité de peur qui dépasse toutes les peurs et qui ne connaissent plus les adultes. Il faut remonter à des souvenirs d’enfant pour se faire une idée de l’horreur que cherche à distiller le camp d’extermination sous une apparence anodine. Il y en avait un qui restait, en 1945, près de Tuttlingen. Un petit qui ne faisait que le détail. Même pas un camp d’extermination. L’extermination se faisait toute seule. On y travaillait à la mine, on extrayait du matériau pour fabriquer de l’huile de schistes. Les prisonniers entraient là par un trou et travaillaient dans la mine à plat ventre, le corps couvert de plaies brûlées comme par du sel. Quand le prisonnier sortait du trou, il passait sous le gibet, qui était à plusieurs places, au bord de la route, séparé seulement par un fil de fer. De l’autre côté de la route, il y avait un charnier où l’on trouva cinq ou six cents cadavres. La baraque avait l’air innocent d’une scierie, ou de quelque fruiterie jurassienne, parmi les prés, devant la forêt, au sommet d’un col, dans un paysage idyllique. On eût dit quelque affiche réclame du lait Nestlé.
On en voulait à la nature d’une telle indifférence ou d’une telle dérision.
J’ai vu juger les bourreaux de Belsen. Il y avait là Kramer qui cultivait ses roses derrière le crématoire (« toujours les « maisonnettes fleuries ») et qui s’occupait de la fanfare (« Il fallait bien qu’on fasse quelque chose pour les jeunes filles… ») et Irma Gess, à qui eut affaire Anna Novak (« Je cravachais, disait-elle, mais je ne maltraitais pas… ») ; et celle qui livrait une femme aux chiens « afin de montrer qu’elle pouvait faire aussi bien que les hommes »… Comment se faisait-il que tant de gens mourussent aisi à Birkenau ? « Parce qu’il y avait l’hôpital central » répondait Kramer. Et comment se faisait-il que tous ces hommes, tous ces enfants et toutes ces femmes allassent à la mort sans protester ? « Parce que, expliquait Hoessler, quand le camion était plein on enlevait l’échelle. » A quoi servait la chambre à gaz de Birkenau ?
« Je ne sais pas », répondait Kramer.Les prisonnières, elles, le savaient. Et on le leur avait vite appris. C’étaient surtout des juives polonaises.
On les avait logées, pour le procès, dans un château gardé par des soldats anglais. Il était très difficile d’entrer. On y entendait des choses qu‘on a plus entendues depuis les adorateurs de Baal. Encore Baal consommait-il moins d’enfants que les chambres à gaz et les crématoires. Quand on sortait de là, on n’était plus le même. On ne pouvait plus regarder sans une envie de vomir la fumée des cheminées d’usine sur ce ciel noir de l’Allemagne du Nord où la nuit tombait à trois heures. Lunebourg est au milieu de la lande. Et au centre il y a un uhlan, en bronze, ou en pierre (je ne sais plus), avec son cheval tout entier.
Ces fumées noires sur ce ciel noir, qui furent des corps… Où sont les âmes ? Elles reviennent sur la pointe des pieds dans le livre d’Anna Novak. Elles se promènent dans ce journal de fantôme. Elles zigzaguent comme des feux follets de l’Occident repu à l’Est couvert de sang où « cinquante ans de grossesse » tragique n’ont enfanté « qu’un avorton. » Dieu dira-t-il « d’essayer encore en se bouchant les oreilles pour ne pas entendre sa voix ? »
Elle en est là de sa philosophie.
Et c’est ainsi qu’Allah est grand.
21 janvier 1968

28 décembre 2008

Hiver

Ce matin, deux chroniques de Vialatte, trois articles de Thibaudet (l’homme de Tournus), une notule de Lourcelles, cinq pages de Rousseau et deux chapitres de Roger Caillois (l’homme du sacré.) L’hiver n’approche plus, l’hiver est là...
Cet après-midi Remarquable, n’est-ce pas ? de Robert Benchley (l'homme du New Yorker), lecture qui masse la prostate en passant par les zygomatiques plus qu’elle n’astique le nerf optique en passant pas l’iris… Ajoutons que ce n’est pas une question d’index ou de majeur et encore moins un problème de presbytie.

27 décembre 2008

Panthéiste

Cefalù de l’ami Durell … Commence comme du Graham Greene sans espions pour finir panthéiste, très panthéiste, magnifiquement panthéiste… Dans le creux d’un Eden crétois avec la mer qui plus bas scintille dans le bleu. Le reste est une histoire d’éboulement, le reste est très bien aussi, vous n’avez qu’à lire le livre.

26 décembre 2008

Hasard

Hasard, c'est peut-être la logique de Dieu, allez savoir...

20 décembre 2008

Gazoullis

En 1981 j’avais enregistré 8 titres sur un ghetto blaster JVC de qualité raisonnable, je gazouillais et l’accompagnement « musical » était le fait d’un petit clavier yamaha et d’une radio brandt posée juste à côté … Comme la radio était réglée sur ondes courtes l’ensemble sonnait bizarre et accidentel, un peu comme le suicide des jeunes géants de marbres filmé par Robert le défenestré... de biens beaux travelling(s) avant, une bien belle chute de rien.... Heureusement pour vous je ne retrouve pas ces bandes là.

14 décembre 2008

Silence

L’apophatisme radical ne condamne-t-il pas au silence ?

11 décembre 2008

Ecologiste

La nature est abstraite, alors ramper sur le sol sec et crénelé.

8 décembre 2008

L'autre

C’est l’hiver et le soleil à cet éclat ramolli d’or clair qu’il a à midi. Je suis dans une chambre, une chambre très étroite, petite, étrange. Je suis étendu sur un lit, un lit très haut, un lit trop haut. J’ai la sensation que quelqu’un me surveille. Je lève les yeux, il y a un homme planté debout devant moi, il me demande mon nom. Je sais que lui se nomme Monsieur Hermès, pourquoi me demande t-il mon nom ?

7 décembre 2008

Maurice

Amanda Langlet était l’une des plus jolies barely legal de chez Maurice. Un peu avant, un peu plus tôt, dans le charbon, du côté des MILF , Françoise Fabian, était elle, indépassable... un diadème de stupre contenu … On notera qu’à l’époque Maurice savait également faire monter l’apôtre dans les saintes extases avec Marie-Christine Barrault ! Un tour de force, voir de la pure sorcellerie à l’ombre des piliers ! En fait Maurice était (est) surtout, et principalement, un drôle de croquignolet, on l’imagine sans peine s’imaginant, lui-même, le nez entre les fesses roses de Rosette. Je ne parlerais pas de Pascale Ogier c’est une autre histoire, c'est de l'amour…

6 décembre 2008

Etoile

Le sang foncé, les âmes souillées des larmes récentes, notre âme que nous avons laissé, notre âme qui est notre sépulcre, homme étoile malade, faisant face à la région de notre être mort. De sorte que:

25 novembre 2008

Primesautier

Un drôle de type vient me voir, il vient me voir tous les dimanches, les autres jours il n’est pas là, il travaille. Comme il ne vient pas souvent ma barbe pousse. Elle ne pousse que sous mon menton. Le type qui vient me voir le dimanche a les yeux cernés, il est bizarre. Il travaille dans un hôtel la nuit. La nuit il entend les gens faire des choses avec leurs corps, et il a des bonheurs coupables Il est tenaillé et glauque on l appelle Monsieur Hermès. Le jour il écrit des choses, mais très peu c’est une parure.. Un clandestin dans l’endroit où il écrit tous ces signes que les gens décodent et que moi je ne comprends pas. Ma barbe me gratte et j’ai perdu ma bicyclette, heureusement il n’est pas minuit et il ne pleut pas

Monsieur Hermes n'aime ni la pluie ni le verglas, par contre, il voit sans déplaisir les feuilles tomber, il aime patauger dans la boue liquide une fois l'averse passée, il aime respirer l'odeur de chien mouillé des passants, l'odeur acre, presque une odeur d'urine,des feuilles amassées en tas sur le bord des trottoirs. Le dimanche quand il vient me voir Monsieur Hermes sent tout ça, le chien mouillé une vague et tenace odeur d'urée …C'est pourquoi parfois je le reçois avec mon manteau enroulé autour de ma tête. Je l'écoute et des fenêtres s'ouvrent dans ma tête.

Il y a des jours où je tourne franchement en rond ou je me donne l'impression de vivre autant de choses qu'un poisson rouge.

Dimanche dernier Monsieur Hermès n'est pas passé, quand il ne passe pas je m'imagine que je suis lui, toutes ces voix, toutes ces pensées ne sont pas les miennes, je suis monsieur Hermès, je ne suis plus rien, je ne sais rien, cette voix n'est pas la mienne, je ne le dirai pas, car je ne le saurai pas, peut-être que finalement, je suis Monsieur Hermès ?

J'ai écouté, j'ai tendu l'oreille, la vie continue, chaque jour la désagrégation des fibres émet un clapotis en moi, clapotis que j'ai de plus en plus de mal à percevoir. Je reste dans mes gonds, je n'en sortirai plus

Monsieur Hermès est venu. Ça allait, je m'étais oublié. Ce n'est pas vrai, ça allait, j'étais ailleurs dans une immobilité de pierre. Alors il est venu, … Il m'a montré son tibia couvert d'écorchures … la vieille voisine écoutait derrière la porte, j'ai ouvert la porte. Je l'ai assommée avec un pot de fleurs. Monsieur Hermès ennuyé est parti en clopinant de son tibia couvert de bleus et de cicatrices, la petite vieille au sol ressemblait à un lardon. Au commissariat je me suis endormi sur la chaise, la chaise aux pieds métallique vert comme avant, à l'école. Homicide volontaire, le policier portait des chaussures jaunes. Je me suis gratté le nombril, de la poussière dedans...

Je suis en éveil et j’ai peur de Monsieur Hermès. Le type du commissariat avec les grosses chaussures jaunes m’a posé des questions sur Monsieur Hermès, sur l’hôtel où il travaille, je ne sais rien, je n’ai pas de comptes à rendre …

Je suis libre à présent, relâché, le pot de fleurs est oublié. Je me suis jeté sur mon lit. J’entends le bruit de mon cœur sous mes os, le battement des veines sur mes tempes. J’ai soif, il fait chaud, je sens la sueur couler sur ma joue. J’ai peur et je suis calme. Monsieur hermès rode en moi. Je veux me souvenir du visage de Monsieur Hermès de l’expression trouble de son visage, mais je n’ai plus de souvenir, je n’ai qu’un souvenir erroné du visage de Monsieur Hermès, ce souvenir vague m’accable.

Alors finalement je ne suis plus rien, l’autre renonce à être moi, et cette musique tahitienne qui s’élève. Au-dessus de mon lit sur l’un des quatre murs de ma chambre jaune, il y a accroché ce tableau de Van Gogh , et la lumière dans la fenêtre là dans le tableau n’est plus celle d’Arles, mais celle de Tahiti . Gauguin est un autre Monsieur Hermès, et moi, car finalement je suis moi, je passe par la fenêtre…

24 novembre 2008

Glapion

Aussi rebutante soit-elle, aussi narcoleptique soit-elle, j’ai pour principe acquis le fait de ne jamais laisser choir une lecture en route ; j’ai en effet toujours de vagues scrupules à vouloir ainsi abandonner un développeur de syntaxe et, de facto, sa syntaxe avec en route, la lumière peut toujours surgir par mégarde et puis il y a toujours l’éventualité que je puisse me retrouver, comme par magie, dans les dispositions adéquates, dans le mood iridescent me permettant de discerner un infime point de pression avec le texte qui se dérobe lâchement à ma lecture. Toujours est-il que je n’abandonne jamais une lecture en cours… presque jamais… et que je suis bien souvent récompensé par ma ténacité. Ho ! il y a bien d’infimes exceptions à la règle et aux principes acquis, le rose au front je dois par exemple avouer qu’au bout de vingt courtes pages d’efforts bien réels et inconstatables j’ai laissé choir sur le sol l’Effet Glapion du mage antibois Audiberti ; du mordoré qui vire au chanci, du boulevard au troisième degré, mais alors vieillot mais vieillot dans le pire sens (pour le meilleur sens lire Jouhandeau) quelque chose de croupi dans l’humour jaune, comme une mauvaise maladie pas drôle qui se voudrait drôle, la dernière fois que j’avais laissé choir sur le sol un livre avec un tel bruit mat c’était la morne valse d’Albert Cohen Belle du Seigneur ; une sacré maladie, la maladie du sommeil… Peut-être, qu’en fait, j’ai un problème avec la faconde méditerranéenne en littérature ? toujours est-il que ce baroquisme à la petite semaine m’ennuie, m’agace, pire m’endors ! Enfin j’exorcise tel un nyctalope tatillon car le reste d’Audiberti est souvant très bien, rempli de pierres biscornues et de mots gisant sous les oliviers, et puis c’était un type bien, la preuve il ne se nourrissait que de boites de sardines à l’huile (ou presque) … comme Brassens un autre méditerranéen, mais moins loquace lui.

PS : Je suis à nouveau chez Rousseau, qui lui ne déçoit jamais son homme.

La preuve :

« Elle ne garda le lit que les deux derniers jours, et ne cessa de s’entretenir paisiblement avec tout le monde. Enfin, ne parlant plus, et déjà dans les combats de l’agonie, elle fit un gros pet. ‘Bon! dit-elle en se retournant, femme qui pète n’est pas morte.’ Ce furent les derniers mots qu’elle prononça »

NB :

Ah ! oui aussi sur la bonne recommandation de Nicolas Bouvier j’entame le Printemps Noir d’Henry Miller, pour l’instant c’est bien le « satori » de lecture annoncé, une cosmogonie sensuelle que je ne saurais laisser choir pour rien au monde… ni au cosmos.

23 novembre 2008

Roulotte

« De tous ces voyages, je n’ai jamais rien tiré pour mes livres »

En 1925 Raymond Roussel se fit construire une roulotte automobile, une voiture-salon, une Rolls-roulotte bien à lui. Outre un cabinet de toilette, un salon avec lit escamotable, un secrétaire, un bar et une cuisinière, on y trouvait un dortoir amovible (et versatile) destiné au petit personnel (deux chauffeurs et un valet.)
Quelques quidams inquiets et néanmoins piétons du siècle dernier auraient vu ce curieux attelage (anxiogène, tel un corbillard surdimensionné) arpenter certaines routes européennes d’Alsace en Suisse, de Turquie en Italie, d’Italie en France et de France en Italie… Mussolini l’aurait visité en 1926 tout comme un nonce apostolique envoyé là par un pape curieux... et futé, puisque flairant intuitivement une proto papamobile possible.
Lassé par le tourisme grandissant, la banalité croissante des Palaces, Raymond Roussel finit par s’enfermer dans sa Rolls-roulotte (son palace à lui) où, reclus, il fit mine de vivre en compagnie de sa maîtresse officielle, Charlotte Dufrène… Jolie couple en très petit indoor avec la domesticité amovible sur les côtés… Le véhicule, chambre noire inhalant couple et lumière, n’était plus « quitté » que pour de lumineuses activités liées à une toxicomanie galopante, White Light comme dirait l’autre…

NB : Raymond Roussel est mort d’un accès de barbiturique dans la nuit du jeudi 13 au vendredi 14 juillet 1933, entre minuit et deux heures du matin c’était dans la chambre n°224 (aujourd’hui n°225) du Grande Albergo delle Palme à Palerme un palace non motorisé où le tintammaresque Wagner avait précédemment composé Parsifal, vous voyez le truc qui fait crincrin ?

Ps : La Rolls-roulotte fut présentée au salon de l’automobile 1925. Les derniers mots de Raymond Roussel (à Charlotte Dufrène ) : « Ne t'inquiète pas ».

21 novembre 2008

Mouvement

Le mouvement devient indivisible et sans fin. D’une ampleur concrète, d’une variété sensible, c'est lui que nous relions avec lui-même. Ce n'est pas avec la distance, que le vrai, le seul mouvement se place, s'accoutume, cherche et trouve son point de pression avec le monde.

18 novembre 2008

Flottement

Le flottement, la marge onduleuse de nos impressions les plus simples - cette marge qui a tant de sinuosités impénétrables et qui jusqu'ici a glissé autour de nous inconsidérément.

16 novembre 2008

Trou

Le Svevo péniblement achevé (au milieu un grand trou où les âmes en peine auraient peu de peine à tomber sans peine) nous irons voir si le mordoré ne se gâte pas chez le Major Thomson (ce Benchley lo-fi) , pour l’instant malgré une petite saveur aigrelette, pas trop.

PS : Néanmoins, passé le trou, la fin du Svevo est très belle.

10 novembre 2008

Freudien

Moyennant une discrète négociation avec nous même et afin d'empêcher l’éventuelle monotonie d’un hypothétique coma lectoral, nous basculerons, à l’alternat, de Rousseau à Svevo…

En pleine circonvolution, ton sur ton, et comme damasquinés sur un canapé écru, nous entamerons alors La Conscience de Zeno ce premier grand roman psychanalytique du siècle dernier… ce bidule tordu en forme de machin.. ce bidule avec des canapés, ce bidule plein de choses débordantes de trucs… mais pas de turcs, enfin pas encore… … Cette lecture devra être faite, en pleine conscience fluctuante, une pièce de un euro discrètement lovée au creux de la main moite ; pratique bien curieuse qui ne facilitera pas le décryptage mais qui s’imposera tant il faut savoir être payé pour être récompensé… oui il faut savoir s’imaginer premier cabot venu, circonspect et caboche en biais devant l’aspartame… néanmoins nous remuerons la queue, suis-je bien clair ?

NB : j’ai bien la fâcheuse impression que le tout est traduit avec les pieds ; c’est un problème. Ajoutons que la préface également fomentée par la traductrice est aussi enthousiasmante qu’un congrès de VRP monozygotes à chapeaux mous…. pour un peu c’est du Magritte, mais il n’y a pas de peu…

6 novembre 2008

Equilibriste

Quittant lâchement un Roger Vailland, ex jeune homme seul mi-fuite, mi-raison, traqué par Vichy et le gestapo, me voilà bientôt chez Jean Jacques R… un drôle de voyage, une drôle de destination, un drôle de paroissien… Ma machine à fuir dans le temps (des livres) semblant s’être déréglée j’ai, en fait, la sensation perturbante d’atterrir chez un Jean Jacques qui toiserai le fielleux Emile * sur son propre terrain : « … je naquis infirme et malade ; je coûtai la vie à ma mère, et ma naissance fut le premier de mes malheurs… » … il y a de pires débuts, la confession s’annonce bien…

* Le terrible fildefériste roumain.

4 novembre 2008

Hussard

Et voilà donc Roger Vailland. Hussard bien droit dans ses mots sans être de droite, communiste non stalinien et sans grumeaux, Don Juan loin des rivages misogynes (Casanova ?) En tous les cas, joli développeur de syntaxe en forme de contradiction…

2 novembre 2008

Autochtone

Non ce pays ne m’assiége pas, ne me tourmente pas. Je n’ai rien à lui dire, il ne bourdonne pas plus que la mouche dans le creux de la main. Et puis il manque de neige ce pays, il manque d’ombre. On en fait le tour tellement vite.

27 octobre 2008

Energie

Cette brève énergie phosphorescente qui saisit le corps comme après un fugace sprint diurne.

25 octobre 2008

Trottiner

Echenoz, Echenoz et Zatopec, Courrir donc :

C’est le même que Ravel mais avec un short à la place du piano.

Belle petite forme dans la précision de l’énumération et du factuel. Disparition des lourdes béquilles usuelles et ordinaires (la psychologie, les oripeaux divers et avariés du roman…). Abstraction vers le blanc avec toujours de l’ironie dans le fond, au-dessus et derrière. Non style qui forme style..
Nonobstant ces considérations flottantes et même s’il est toujours d’un commerce agréable Echenoz commence à atteindre les limites de ses vies non minuscules. Le bord est bientôt là, le précipice tout autant et il faudra bientôt trouver une couturière matinale bien à même de façonner un ourlet de bonne facture afin d’éviter une fâcheuse chute vers les sombres ténèbres de l’ennui vespéral.

24 octobre 2008

Anachorète

Il faut savoir que je suis plus misanthrope qu’un anachorète en goguette... il faut également savoir que je suis plus stylite qu’un cénobite ascète, c’est ainsi.

21 octobre 2008

Chut !

Dans cette concurrence, la plus terrible, entre les silences qui se répondent, comme j’envie votre probabilité.

19 octobre 2008

Tricot

Au risque de me répéter. Pendons Eric Neuhoff (avec sa cravate tricotée) et aimons Murnau !

18 octobre 2008

Helvétique

Enchaînons avec l’Ogre de Chessex : du Suisse un peu tordu ; le Suisse est souvent bon et souvent tordu (Walser, Ramuz, Cingria..) La lecture de cette belle et sinistre œuvre faite, l’apolècte un peu tendu évitera sagement les réverbères et jogger plus qu’occasionnel il trébuchera sur le blanc (presque helvétique) du nouveau volume de Jean Echenoz : Courir, Zatopec tout ça…

17 octobre 2008

Flèche

Comme si après la pure sensation d’absence qui m’a saisi avec ténacité, une sorte de retour aux choses, toi aussi tu visais haut, mais l’amour nous courbe et notre arc ne revient pas à son point de départ en vain.

15 octobre 2008

Garrot

Pendons Eric Neuhoff et aimons Murnau…

13 octobre 2008

Dylan

Je ne sais plus très bien comment j’ai découvert Dylan, certainement avec Hugues Aufray autour d’un feu de camp. Après il y avait les étoiles, les étoiles et ma main dans la petite culotte d’une fille sous les étoiles. Le lendemain Graeme Allwright et encore les étoiles mais plus la fille. Savez–vous que Graeme Allwright reprenais assez bien Jackson C Frank ? Je perds ou bien je gagne (Blues Run the Game) ! Avec les filles c’est souvent perdu d’avance, avec les étoiles c’est mieux, il y en a toujours des étoiles.

11 octobre 2008

GPS

Aux tristes possesseurs de GPS (Global Positioning System) je ne dirais qu’une seule chose : piétinez ce morne boîtier en polymère aggloméré et chantez sous la pluie.

10 octobre 2008

Fluide

Le flux des choses se précipite aussi par nous; et nous, dans notre unité la plus soustraite, sommes conscients de cet écoulement incessant, de ce mouvement turbulent à la base de notre intuition vivante.

9 octobre 2008

Linceul

La matière pure est enveloppante comme un linceul de certitudes, il n’y pas d’issue pas de choses miraculeuses, la matière représente la vérité ramassée au creux de nos plus intimes croyances.

7 octobre 2008

Promesse

Cette promesse de journée est bien intrépide de vouloir ainsi gigoter devant ma modeste personne.

2 octobre 2008

Rien

Je viens de terminer les Belles endormies de Kawabata, et il faut bien avouer que le volume fermé je me retrouve tel le quidam moyen posé songeur devant la Joconde. Oui c’est magnifique, très beau voir plus et tout ce que je pourrais en dire ne serait qu’une infinitésimale goutte de rien dans un océan de tout ; alors je ne dirais rien, motus gorge cousue.

1 octobre 2008

Yaourt

Raoul Ponge dans le yaourt n’est-il pas pire en mieux qu’une leçon de kobaien méthode assimil ? Je pose la question.

30 septembre 2008

Innocence

Me croyant innocent et dans le blanc-sein(g) d’une nouvelle virginité en plein lac salé, j’avais oublié cette chose pleine de grumeaux, la revoilà toujours aussi glaireuse et addictive, une replète salissure d’ambre posée sur du blanc immaculé

28 septembre 2008

Filaments

Comme je suis sûrement plus petit que mes sentiments, comme je n’arrive pas à les contenir alors ils sortent irrémédiablement et dérivent hors de moi-même comme des filaments revêches et incontrôlés.

27 septembre 2008

Motus

Je n’irais pas jusqu’à dire que ne rien dire c’est tout dire mais il y’a de ça.

25 septembre 2008

Tilleuls

L’été finit sous les tilleuls de Kléber Headens : Bouvard, Pecuchet, l’admirable cruche Emma en équilibre aléatoire sur le buffet des hussards. Jolie petit livre, petit charme. Je me demande si c’est un compliment.

20 septembre 2008

Horlogerie

Que le temps implique la succession, je n'en disconviens pas. Mais que la succession se présente d'abord à notre conscience comme la distinction d'un « avant » et d'un « après » juxtaposés, c'est ce que je ne saurais accorder.

19 septembre 2008

Mordoré

Intermezzo du terrible Jean Giraudoux : Vieillot, désuet et mordoré, sent l’aveline et l’humus, mais (car il y a un mais ! )... délicieux et craquant, sous les yeux, dans les oreilles et sur l’estomac…

Ajoutons, pour le factuel, que cette pièce, genre d’espèce de proto-Beckett limousin avons l’heure légale, avait été crée en 1933 à la Comédie des Champs-élysées ; ajoutons également, et pour faire bonne mesure, qu’elle était portée par une distribution éclatante : La délicieuse Valentine Tessier, l’encore mouflette Odette Joyeux, l’immense vocaliste en chef Louis Jouvet, le fantomatique Pierre Renoir et le toujours fiévreux et noyé dans le sublime Robert Le Vigan, en somme que du bon !

La musique est de Francis Poulenc, ce qui ne gâche en rien la lecture.

17 septembre 2008

Frémissement

Mon amie Nane de Paul-Jean Toulet : Charmant bien que d’Action française ; pour tout dire doux comme une joue lilas de collégienne tendre et frémissante (voir pire).

16 septembre 2008

Inspiration

Le froid nous guette et le souffle n’est pas là. Même s’il y a du positif à vouloir vivre dans le vide d’une inspiration en berne il est parfois fatal de taire ce que l’on n’a pas à dire. Alors oublions ce positif là et ânonnons des paroles sans idées ; trop heureux qu’elles ne signifient rien.

14 septembre 2008

Edvige

Posons deux minutes notre filet à papillons et songeurs imaginons la fiche de Gabriel Nabokov.
Ajoutons qu'avant la victoire sur le plat d’un Orwell chargé au sulfate de nitrate Edwige était Belmore.

13 septembre 2008

Lapin

J’irai au ” Lapin agile ” me ressouvenir de ma jeunesse perdue. Et boire des petits verres. Puis je rentrerai seul.

12 septembre 2008

Endive

Tel le mouflet moyen devant les endives au ris de veau je n’ai pas pu le finir le disque que j’écoutais mollement.

Je ne parlerais pas ici des incessantes admonestations de la cantinière cégétiste, c’est un bien trop cruel souvenir

9 septembre 2008

Oscar

Daniel Day machin, déjà deux oscars… ses deux bras sectionnés (le rôle coco, le rôle ), il en aura un troisième, qu’il ne pourra plus soulever. Yves Afonso est mieux.

8 septembre 2008

Rigolade

Chacun devrait connaître l’ordonnance de janvier 1847, la fameuse ordonnance Dunoyer et Segonzac par laquelle il est rappelé aux condamnés à mort qu’une exécution est un événement sérieux et qu’il est strictement interdit de rire ou de plaisanter sur l’estrade afin de provoquer gaieté et rigolade dans le public.

7 septembre 2008

Strabisme

Le problème avec Sartre, c’est qu’il regarde souvent Anchorage quand c’est Vladivostok qui brûle.

6 septembre 2008

Narcissique

En revoyant le Black Narcissus des fameux duettistes Powell et Pressburger j’hésite entre sublime et sublime, voir entre forcement sublime et forcement sublime. Tout en voyant les trous (du récit) le précipice mais surtout la « matière sensible ».

4 septembre 2008

Canotage

Je pense avoir passé plus de temps à recoller les pages de mon volume de Trois hommes dans un bateau - une vieille « bibliothèque verte » défraîchie – qu’à le lire. Tout cela n’a que très peu d’importance et le double avantage de faire le bonheur des sociétés 3 M et Exacto. Ajoutons qu’entre deux bricolages, quidam bricoleur et accessoirement lecteur, j’ai éprouvé la félicité du petit télégraphiste et de la raccommodeuse réunis autour de 200 pages noisette, avec dans le fond sur l’horizon, un soupçon de charme bruni en bord de Tamise ; une armée mexicaine réquisitionnée pour planter un clou, du non-sens et des digressions mousseuses autour des sports à rames. Bref que du bon, voir pire de l’Anglais !

3 septembre 2008

Chuintement

J’ai entendu beugler Sardou et je me suis souvenu de Lola, du type en costume blanc et d’Anouk ; de la fragilité butée d’Anouk et du passage Pommeray ; d’André Breton et donc, forcement, de l’umour de Vaché, de la femme découpée en morceaux, d’Ophüls père et de Danielle Darrieux…

26 août 2008

Dubitatif

Dans la nébuleuse formée par cette interprétation des lexies qui ne passerait pas un filtre adéquat il ne reste rien de ce qui passe réellement par nous ci ce n’est un rapport aux mots basculant dans une sorte de symptomatologie qui ne se rattache en rien à la vie si ce n’est à un reste fluctuant de spectaculaire intégré.
Je reste dubitatif

20 août 2008

Genou

Le genou de Claire est d’une turgescence peu commune. Même chez le quidam glabre

17 août 2008

Seppuku

J’apprécie beaucoup Treizième Section avec ses yeux écrasés qui glissent lentement sur le mur . J’affectionne également et tout particulièrement Quelqu’un comme toi qui me rappelle le sexe au goût d’huître d’une niçoise rencontrée derrière le Whisky a Go Go, sur la plage de Juan Les Pins. C’est mon classique flûte de pan.

Détachement

Un Steve Austin noir et souple de cheville ; très beau à voir, détaché qu’il était, dans les dix derniers de ses cent mètres. Question doping je subodore un curieux alliage de ganja et de substances raffermissantes.

11 août 2008

Olympique

Pour oublier ce « con de Coubertin » et les Jo qui avancent à grands pas cupides, il faut lire la Chine en folie de ce bon Albert Londres. On y trouve beaucoup de cacophonie et dans un désordre plus que mal peigné, moult mercenaires, quelques bandits, d’incontestables provinces autonomes, une guerre civile, un empereur, deux présidents de la République, trois super-dictateurs et dix-huit moyens tyrans…

On imagine sans peine que ce grand bordel généralisé est loin de l’efficacité du parti communiste chinois et de son plus de« temps de ciboulot disponible » supporté à bout d’exhalaison par la firme de boissons gazeuses localisée à Atlanta. Un terrifiant caducée à deux têtes que cette paire là, pire que la machine de l’oncle Jarry, bien pire.

Ah ! oui au fait, au-delà du super dénonciateur en chef Albert Londres était quand même aussi (et surtout ?) un drôle de zigoto, drôle… très très drôle.

7 août 2008

Shampoing

Du shampoing et des chansons, dédaignons toutes les formes de graisses, le lard, le suif et le cambouis sous les ongles. Méprisons, et défénestrons pour ainsi dire, tous les quidams en bracelets cloutés environnants.

6 août 2008

Gâteau creusois

Très peu vigoureux soldat en temps de paix, appelé du contingent, je me souviens avoir traversé la France en camion de Belfort à Biscarosse. Ce voyage cotonneux là nous avait emmené moi et mes camarades, hommes du rang sous bâche, jusqu’à Chaminadour que nous avions traversé dans un brouhaha nocturne enrobé d’effluves Saviem. Malgré le bruit et l’odeur, la paix des intérieurs bourgeois n’avait aucunement été dérangée par notre piètre passage. La nuit était tellement là et Les Limousins dormaient si bien ! Hors un Limousin qui dort est un Limousin qui dort et il en faut beaucoup pour qu’il il daigne laisser choir loin d’une poitrine qu’il a frémissante les bras énamourés et enrobant de Morphée! Sages, asexuées, concédant à l’utilitaire, à l’efficacité la plus retorse, ignorant les plaisirs du repos profond : seules quelques nyctalopes Renault 4 semblaient avoir quelque chose à nous dire ; elles étaient alignées dans un parfait rang d’oignon, longeant une suite de vitrines qui paraissaient, elles, imaginées par un designer creusois disciple de Zénon de Kition. Je me souviens d’un magasin à « tendance sportive » plâtré à la mode de 1972 (nous étions en 1989), d’une boulangerie obsolète, d’un Café des Sports labellisé Cinzanno, d’une boutique de cannelle. …
Cette traversée de Chaminadour se fît dans une étonnante harmonie, les arômes de gas-oil me donnaient l’impression de flotter plus que de rouler et, l’engourdissement venant, je me retrouvais assez vite plein de félicité, telle une molécule clandestine flottant sur le flot tendre et intime d’une cité à la chimie obsolescente et stoïque.
Tout cela tenait d’un songe brodé d’or et oscillant du rêve éveillé au demi-sommeil, je fermais bientôt les paupières afin de mieux voir encore…
Je me réveillais, Chaminadour loin derrière moi. Une vache, archange de neuf cent kilos au milieu du noir, me dévisageait de ses orbes affectueux.

J’aime les vaches, j’ai toujours aimé les vaches et depuis cette tendre apparition je crois en elles comme d’autres plus marmoréens, croient en un dieu hypothétique caché derrière les piliers.

4 août 2008

Sacrifice

Je sacrifie huit orgasmes avec Shirley MacLaine pour être avec vous, c’est un problème.

30 juillet 2008

Balai

Ne cherchez pas un trou de verdure où chante une rivière, vous ne trouverez qu’un trou d’un autre genre et rien qui chante, ne cherchez pas non plus le balai de Val car si on distingue très bien les 80 de Siné, le seul et unique de Val est bien caché.


Ps: ne cherchez pas dans la verdure

29 juillet 2008

Silhouette

L'Ombre d'un doute

L'Ombre d'un doute - Alesund (Norvege)

19 juillet 2008

Maçonnerie

Peut-on mourir devant un tableau ? A cette question Proust répond oui, Bergotte meurt devant la Vue de Delft de Vermeer ou plus précisément c’est un détail de ce tableau qui l’entraîne dans une ivresse fatale, ce détail c’est un petit pan de mur jaune à l’extrême droite du tableau, un détail qui isolé de l’œuvre devient une matière précieuse qui l’étourdi au point de lui faire comprendre la vanité de son œuvre littéraire. Proust avait vu le tableau de Vermeer en 1902 à La Haye et lors d’une exposition au jeu de paume en 1921 où il fut victime comme Bergotte d’un malaise « depuis que j’ai vu au musée de La Haye La Vue de Delft j’ai su que j’avais vu le plus beau tableau du monde . »
Cette toile, en elle-même, est assez singulière pour Vermeer c’est son seul grand tableau de paysage alors qu’habituellement il privilégie les intérieurs peuplés de personnages souvent féminins, la Vue de Delft est d’une grande exactitude topographique, extraordinairement minutieuse dans les détails et hantée par une lumière admirable.

« Il mourut dans les circonstances suivantes : Une crise d’urémie assez légère était cause qu’on lui avait prescrit le repos. Mais un critique ayant écrit que dans la vue de Delft de Vermeer (prêté par le musé de La Haye pour une exposition hollandaise), tableau qu’il adorait et croyait connaître très bien, un petit pan de mur jaune (qu’il ne se rappelait pas) était si bien peint qu’il était, si on le regardait seul, comme une précieuse œuvre d’art chinoise, d’une beauté qui se suffirait à elle-même, Bergotte mangea quelques pommes de terre, sortit et entra à l’exposition. Dès les premières marches qu’il eut à gravir, il fut pris d’étourdissements ; Il passa devant plusieurs tableaux et eut l’impression de la sécheresse et de l’inutilité d’un art si factice, et qui ne valait pas les courants d’air et de soleil d’un palazzo de Venise, ou d’une simple maison au bord de la mer. Enfin il fut devant le Vermeer qu’il se rappelait plus éclatant, plus différent de tout ce qu’il connaissait, mais ou, grâce à l’article du critique, il remarqua pour la première fois des petits personnages en bleu, que le sable était rose, et enfin la précieuse matière du tout petit pan de mur jaune. Ses étourdissements augmentaient ; il attachait son regard, comme un enfant à un papillon jaune qu’il veut saisir, au précieux petit pan de mur. « C’est ainsi que j’aurais du écrire, disait-il. Mes derniers livres sont trop secs, il aurait fallu passer plusieurs couches de couleur, rendre ma phrase en elle-même précieuse, comme ce petit pan de mur jaune. » Cependant la gravité de ses étourdissements ne lui échappait pas. Dans une céleste balance lui apparaissait, chargeant l’un des plateaux, sa propre vie, tandis que l’autre contenait le petit pan de mur si bien peint en jaune ; Il sentait qu’il avait imprudemment donné la première pour le second. « Je ne voudrais pourtant pas, se dit-il etre pour les journaux du soir le fait divers de cette exposition. » Il se répétait : « Petit pan de mur jaune avec un auvent, petit pan de mur jaune. » Cependant il s’abattit sur un canapé circulaire ; aussi brusquement il cessa de penser qe sa vie était en jeu et , revenant à l’optimisme, se dit : « c’est une simple indigestion que m’ont donnée ces pommes de terre pas assez cuites, ce n’est rien. » Un nouveau coup l’abattit, il roula sur le canapé par terre ou accoururent tous les visiteurs et gardiens. Il était mort. Mort à jamais ? Qui peut le dire ? »
Marcel Proust - La Prisonnière

18 juillet 2008

Unijambiste

Il est bien possible que les pires salauds trouvent toujours une porte pour se dissiper furtivement, l’appétence de l’unijambiste face au canoë kayak n’est pas pire.

16 juillet 2008

Rivages lichtenbergiens

Vous voyez bien là-bas, dans le fond, ces fameux rivages sans mer ni terre à qui il ne manque que du solide et du liquide pour faire bonne mesure.

Puzzle

Cher toi,

Je m’empresse de te signaler les « Fragments de Lichtenberg » de Pierre Senges qui me semble un ouvrage pour toi, et pour moi. Te sachant lichtenbergien plus qu’à ton tour, tu y trouveras de la matière à ton goût. Des aphorismes en confettis rassemblés dans un casse-tête mousseux. Le puzzle résolu et vu de loin formera devant tes yeux incrédules, un roman global à saveur encyclopédique ; dans le pas d’autres croquignolets et mirliflores scribouilleurs affiliés à la fédération internationale de puzzle : Robert Burton, Laurence Sterne, Jonathan Swift …

Bien à toi.

15 juillet 2008

Mortier

Hasard coïncidence ? Je poursuis mes pérégrinations par l’Insupportable Bassington de ce cher Saki qui comme Jean De la Ville de Mirmont trépassa chez 14/18. Nos deux oiseaux, l’un presque anglais, l’autre vraiment myope, engagés volontaires, demandèrent le front, les tranchées et la vigueur du mortier, une très mauvaise idée.

11 juillet 2008

Apéritif

« La pluie a commencé, pluie d’automne, sans sursis, définitive. Il pleut partout, sur Paris, sur la banlieue, sur la province. Il pleut dans les rues et dans les squares, sur les fiacres et sur les passants, sur la Seine qui n’en a pas besoin. Des trains quittent les gares et sifflent ; d’autres les remplacent. Des gens partent, des gens reviennent, des gens naissent et des gens meurent. Le nombre d’âmes restera le même. Et voici l’heure de l’apéritif. »

Les dimanches de Jean Dézert
seul court roman de Jean De la Ville de Mirmont. Ami de l’enroué Mauriac. Mort jeune, 28 ans, nuque brisée, 14/18, une boucherie...
Un peu bovien, un peu nouveau roman avant l’heure légale, un peu Perec, L’homme qui Dort sans barbiche ni mots croisés, une moustache lustrée à la place. Petit charme talé, petite lassitude lasse, grande solitude, amour laconique, rupture incongrue : « Votre visage est trop long pour que vous fassiez un bon époux » molle résignation, tentation de la noyade, de la pendaison, l'eau mouille, le plafond est trop bas, désespoir indifférent, retour au quotidien, à la vie… On comprend l’influence de tout ça sur le sournois Houellebecq, ce dernier ne taisant pas l’influence.

8 juillet 2008

Goitre

Qui n’a pas son goitre ? La recette est pourtant bien simple ! On se fait au cou un trou minuscule et pour ainsi dire invisible. On saisit, après, une paille que l’on ajuste soigneusement à l’orifice proposé. Il suffit ensuite d’attendre le premier badaud qui passe : « Soufflez-moi un bon coup là-dedans », dit-on au quidam interloqué mais néanmoins coopératif.

Et comme par magie le goitre de s’épanouir.


Thaumaturgie du goitre et balladurisme triomphant. Prochainement nous aborderons flegmatiquement la péritonite, c’est une autre histoire.

7 juillet 2008

Wimbledon

Mon Dieu quelle finale de Wimbledon !! Quand, après coup, on se remémore le saumâtre euro de balle au pied déjà oublié, il y de quoi rester dubitatif et raide de son polo Lacoste jaune. Il y a surtout de quoi préféré le Tennis, le Golf et le Yachting en solitaire : sports où l’on reste face à soi même plus qu’à son tour et où il est plus difficile de falsifier son manque de talent dans l'exhortation des foules avinées et basses de neurones.

6 juillet 2008

Alibi

Jacques Offenbach devant la salle Favart en flammes se fit porter un fauteuil sur lequel il posa goulûment 15 cm de fesses afin de mieux profiter du spectacle. C’était le 25 mai 1887 pendant le seconde combustion de la salle déjà mentionnée - la première combustion datait de 1838-. La principale victime de cette charbonneuse histoire fut la partition des Contes d'Hoffmann. Force du hasard, méphistophélique coïncidence, la version allemande de cette même partition avait été , à l’identique, réduite en cendres, lors de l'incendie du Wiener Ringtheater (Vienne) en décembre 1881 ; un beau divertimento, plus de 300 victimes, sûrement des mélomanes fort marris de se voir ainsi calcinés alors qu’ils étaient là pour le comique et l’opéra bouffe. Pour ce qui est du quidam incertain posé sur un fauteuil devant les flammes en furie - une drôle de valse viennoise - toutes les hypothèses sont possibles et plausibles, que faisait Jacques Offenbach dans la nuit du 8 décembre 1881 ?

Pour finir, il est évident, qu’aujourd’hui, nous ne parlerons pas de Pouchkine et de sa fameuse nonchalance à la veille de son duel fatal.

2 juillet 2008

Unité

Refus du monde, de ses zélateurs, les communicateurs. Repli sur soi, esprit détaché et sinueux dans une unité de fait : indivisible. Sincère entente avec le cosmos. Affranchissement par les saintes extases. Détachement et exubérance. Redécouverte des corps, sensualité pérenne, abandon, renoncement…

1 juillet 2008

Nada

Le diariste rappliquant sans crier gare, la période est à nouveau à Manchette. Convaincu par le brouhaha circonvoisin je me suis donc autorisé un réexamen.

- Au hasard, Balthazar tenez tenons Nada par ses maigres flancs !

Et bien même tenu par deux tordus en goguette , il n’y a toujours rien à jeter dans et de Nada ; c’est encore cette mince brochure truculente tout autant que sèche , pleine et vive, orgueilleusement assurée dans ses traits, croquignolette dans sa brutalité, bienheureusement misanthrope et finalement terriblement seventies dans le bon sens ; à savoir, sans moraline mais avec un minimum d’éthique et un extremum de baignoires crasseuses. Bien autre chose que le chatoyant alter lance pierres à catogan sponsorisé par les shampoings équitables.

29 juin 2008

Nitescence

Que le jour est long à trépasser par ces soirs disproportionnés d’été ! La maison en face n’est qu’un pâle fantôme qui persiste à aquareller plus que de raison le ciel de sa blancheur adhérente. L’obscurité finit bien par venir mais on a beaucoup de peine à recueillir la nitescence langoureuse d’un rayon de lune au milieu de toutes les citadines lumières artificielles qui s’éternisent bien après l’heure légale.

26 juin 2008

Fluide

Le flux des choses se précipite aussi par nous; et nous, dans notre unité la plus soustraite, sommes conscients de cet écoulement incessant, de ce mouvement turbulent à la base de notre intuition vivante.

24 juin 2008

Egyptien

Cette conversation en langue anglaise se déroulait dans un silence solennel.

22 juin 2008

Constructivisme

Y-a t-il quelque chose du constructivisme russe chez le fluet Zhirkov ? C’est la question que je susurrais à l’oreille de la matutinale vendeuse de cafetière.
Marron, je n’eus droit qu’à un regard perplexe pour toute forme de réponse. Le football à des arcanes que l’entendement ignore.

Songes

Les souvenirs et l'esprit s’unissent par les songes, créant spontanément un fluide cristallin à la naissance de notre sensibilité, de sorte que cette expansion magnétique des souvenirs vers l’esprit est bien plus que le mouvement des éléments de la vie en elle-même.

19 juin 2008

Cogito

Certes d'une façon habituelle, la condition psychologique nous semble, dans la plupart des cas, dépasser considérablement la condition cérébrale. Je veux dire que la condition cérébrale n'en crayonne qu'une courte part, celle qui est capable de s’expliquer par des mouvements de locomotion. Prenez un raisonnement complexe qui se développe en une suite d’argumentations abstraites. Cette pensée s'accompagne de la reproduction d'images, au moins naissantes. Et ces images elles-mêmes ne sont pas peintes depuis la conscience sans que se dessinent, à l'état d'esquisse ou de tendance, les mouvements par lesquels ces images se joueraient elles-mêmes dans l'espace, - je veux dire, imprimeraient au corps telles ou telles attitudes, débarrasseraient tout ce qu'elles contiennent implicitement de mobilité spatiale. Enfin, rien n’est moins sûr...

15 juin 2008

Clitoris

Retrouvons Jacques Casanova De Seingalt là où nous l’avions laissé choir imprudemment . Voilà bien vite, toujours vite, l’histoire du vrai-faux castrat au clitoris colossal ; une histoire gracieuse et frémissante, une histoire au teint de rose, pudique et énigmatique. L’énigme tardant à se dénouer, Jacques fataliste, patientera en devisant (voir plus) nuitamment avec les deux très jeunes sœurs du susnommé présumé castrat évoqué plus haut. Notre castrat sera-t-il tel ou telle ? Un Eon en pire ? Le Jeu de l'amour et du hasard, les infortunes de la vertu, le mystère s'épaissit, feignons d'en être l’instigateur !

Forézien

Et je disais après tout, le souffle cérébral – ce que Landrin présentera comme inspiration - est bien une espèce de pensée comme éclair. C’est même une pensée à célérité absolue. C’est à dire qui va vers le plus profond et qui embrase, qui a une oscillation maximum et qui procède comme en un éclair. Il y a un étonnant livre de Baruch Spinoza qui s’appelle « L’éclair de Landrin ».

14 juin 2008

Baladodiffusion

L’énigmatique absence de Karim B dans le match de balle au pied France-Pays Bas serait le fait d’un hypra casque hi-fidelity ; cet ustensile ronflant mais néanmoins volumineux donnant à notre délié buteur, Karim B donc, le suspect aspect d’une semi petite frappe de quartier populaire. Certaines rumeurs, ici où là, authentifient, Raymond D l’entraîneur de l'escouade française, comme un genre d’espèce de sorte de beauf (un semi Jacky en somme) allergique à la baladodiffusion autistique. Voilà pourquoi le délié Karim B ne serait plus dans les plans de notre susceptible éducateur national poivre et sel. Dommage pour les esthètes, mais c’est ainsi.

3 juin 2008

Bunker

Mon caddie abattu est en navrant état,
L’ultime trou est le plus ardu.
Dans le sable d’un bunker je trépasserai,
Et tout le reste n’est qu’entertainment.

1 juin 2008

Léxomil

34:43 minutes minutes d’un Raoul°Ponge comateux et sous Léxomil. Le premier titre est là pour tromper l’ennemi. Pour les non déprimés et non suicidaires qui auront le courage de suivre le susnommé Raoul°Ponge jusqu’au bout, les autres trépasseront bien avant, sachez que l’olibrius fournit le chanvre, la corde et le réverbère.

31 mai 2008

Paysageologie indoor

Mon plus secret conseil, Valery Larbaud. Pastille vichy concassée, à sniffer après une eau pétillante locale. Le meilleur Larbaud a beau être ailleurs le moins bon de Larbaud est le meilleur de beaucoup.
Vichy oublié je débarquais bientôt dans la jungle, non loin du bagne d’Albert Londres et je tombais sur des choses que l’on a le droit de trouver drôles et humaines… terriblement humaines :

« Hespel Isidore, dit Chacal, matricule 13.174, ancien camisard, vingt ans de bagne pour avoir lancé un bouton de pantalon à la tête d’un colonel, en Afrique. Ancien bourreau des îles du Salut pour le compte de l’Administration, présentement maintenu en cellule à cause d’un meurtre que j’ai commis sur la personne du transporté Lanoé, du 2ème peloton, qui voulut m’empoisonner et qui avait assassiné sa mère qui lui donna le jour ! »

Un peu plus tard, mi-déçu, je quittais le Bucarest de l'ambassadeur Morand, une face historique poussive, une face désinvolte aérienne, pour les rives de la Vltava, Prague et Utz le dernier ouvrage de Bruce Chatwin. Un roman, oui un roman, un vrai… Enfin, presque, c’est assez compliqué en fait.

30 mai 2008

Diplomatie

Méditerranée, Mer des surprises de l’ambassadeur Morand. Au creux de deux cent pages pour l’essentielles, claires et fringantes, on notera quelques minimes lexies saumâtres et manifestement racistes. Le minimum étant en l’occurrence la lie du maximum et comme devant le mauvais rappel de tétanos perpétré avec une aiguille rouillée, on hurlera donc, encore une fois, Morand SALOPE !

Lune

Un Raoul°Ponge bourré serait-il préférable à un Sting jogger et fluoré, je pose la question !?

28 mai 2008

Sainte-Hélène

Le vil usurpateur, débarque à Golfe-Juan en même temps que son mini zodiac et pose son tuba. Quel chemin choisir ? Cambronne n'étant pas parvenu à rallier la garnison d'Antibes, la route vers Marseille via Toulon s'avère impossible. Ce sera Cannes, le vil usurpateur pose donc ses palmes et son tuba, dégonfle son embarcation semi-malléable et passe la nuit sur la future Croisette. Plus haut Grasse et ses fragrances attendent

26 mai 2008

Baptême

William Huskisson fut la toute première victime du rail, comprimé et tout à fait tué par la Rocket de Robert Stephenson lors de l'inauguration du Liverpool-Manchester railway le 15 septembre 1830. On concédera aisément qu’il est difficile de se voir plus précurseur en la matière. Ajoutons que William Huskisson, tout député de Liverpool qu’il fut, était également l’un des plus fervents zélateurs du chemin de fer naissant. Ajoutons également qu’il trépassa un sourire au coin du nez et pleinement heureux de ses idées modernistes. On le transporta, en effet, agonisant et à demi aplati vers un aléatoire thérapeute, ce à la vitesse stupéfiante de 58 km.h ! La mortelle locomotive faisant office, tout à la fois, de monstre homicide et d’ambulance dérisoire mais néanmoins véloce.

24 mai 2008

Cannois

Cannes, le fameux festival, les sous-hussards pouffent dans le dos de Philippe Garrel. Que les sous-hussards trépassent dans d'antipathiques afflictions, c’est tout que je peux leur souhaiter, à malin, malin et demi.
Pesant vers le bas, mon Dieu, pesant vers le bas ! Et beau en plus ! Bien parler mal des films c’était autre chose, enfin bon bref…

Etant le seul à hululer, ayant pleinement conscience de ce hululement unique et n'étant indisposé que par moi-meme je me suis donc permis de chercher la lumière (l’intelligence ?), la voilà

23 mai 2008

Pizza

La pizza surgelée est le pire de l’homme non-civilisé, le reste n’est qu’épiphénomène

20 mai 2008

Gabba Gabba Hey

Joey Ramone (né Jeffrey Hyman) des Ramones aurait du fêter ses 56 ans aujourd’hui. Par malheur pour lui et pour nous ( ?) Joey a été entre temps assassiné par un lymphome pas du tout Gabba Gabba Hey. C’était le 15 avril 2001, un accroc fâcheux, pour le moins, que ce lymphome là.

18 mai 2008

Football (Cahiers du)

J’ai été banni du forum des Cahiers du Football pour des raisons politiques (attaque anti-sarkoziste voilée et simili umoristique) ce qui a tout du tour de force tant mon non-engagement est pathologique et bien palpable.

Veau

il y a cette histoire qui raconte comment deux rabbins affamés ont ciselé la silhouette d’un veau, lui ont donné vie, pour mieux lui trancher la gorge et le déguster au souper. Jésus-Christ, lui, fabriquait des oiseaux miniatures avec de l’argile. Une fois la formule sacrée prononcée, les oiseaux chantaient, battaient des ailes et s’envolaient.

15 mai 2008

Noblesse

Le prince S, jaloux, ne sortait jamais sans avoir préalablement immobilisé sa femme en enfermant à clef sa natte, une natte fort longue, dans le tiroir de son bureau. Un bureau en acajou, le teck n’existait presque pas à l’époque. Le prince G, lui, ne quittait pas son pistolet qu’il utilisait à des fins ordinairement domestiques : il le déchargeait dans la cheminée pour convoquer ses valets, par la fenêtre pour saluer ses amis, sur les murs pour occire efficacement les punaises et autres bestioles chatouilleuses. Le prince Stourdza, baptisé Stourdza le veau par ses administrés concupiscents, était lui un colosse planté sur de courtes jambes ; il s’était développé les muscles du torse en portant tous les matins un petit veau jusqu’à ce que ce dernier devienne un bœuf de gabarit raisonnable; les tours de draisienne qu’il faisait par la suite dans le salon de son palais n’avaient par contre pas suffi à lui allonger les tibias, qui eux, restaient désespérément courts.. Le prince Stourdza ne quittait jamais sa femme ; même du regard, sauf les soirs de bal, où du haut de l’escalier, dressé sur ses gambettes, il disait à ses convives : « le buffet à droite, la princesse à gauche »

Rauschenberg

Huile, papier imprimé, reproductions imprimées, métal, bois,talon en caoutchouc et balle de tennis sur toile, avec huile sur chèvre angora et pneu sur socle en bois monté sur quatre roulettes.

14 mai 2008

Dasein

La prunelle de mes yeux vient de supporter douze minutes de Joe Dasein et me voilà suicidaire et visqueux. Oubliez le début simili polonais (russe ?) et quasi croquignolet, oubliez la chanteuse assassinée par elle-même, oubliez l'ignominieux pont disco et les staccatos de violons. Oubliez tout ça et écoutez vraiment. Ecoutez au-delà de la patine de cynisme qui vous engoncent bien trop souvent ! Voilà une moelle d’existentialisme en pleine combustion et accessoirement une grande chanson poisseuse.

13 mai 2008

Barbara

Barbara me fait peur. Déjà, enfant, elle me faisait peur. Quand ma voisine neurasthénique l’écoutait, je me cachais sous les draps, une lampe de poche dans la main pour me rassurer, je bataillais avec les démons. Alors Barbara, non-merci, Nico est plus drôle, et meilleure vélocipediste.

9 mai 2008

Diplomatie

L’ambassadeur Morand était souvent détaché et cynique, méfiant envers les idéologies. Il était surtout amoureux de sa femme, une princesse roumaine (Princesse Soutzo) antisémite et germanophile présentée par Proust. On murmure que Proust était, étrangement, amoureux de la dite princesse et que Morand, lui, se fit par la suite « homme de droite » par souci de quiétude matrimoniale. C’est tout Morand, lâche et veule, mais bon écrivain désinvolte.

3 mai 2008

Galliforme

La poule est le plus souvent le plénipotentiaire majeur femelle de plusieurs espèces de galliformes, notamment la poule domestique C'est la femelle du coq. On ne sait toujours pas si l’œuf est parvenu avant la poule ou l’inverse. Des études plus que sérieuses et avisées sont en cours de finalisation. Elles seront prochainement publiées dans la revue Nature.

22 avril 2008

Dandy

Je pense que Bryan Ferry manque tristement de style. Je l’ai vu à la télé, il est arrivé en smoking et ensuite il l’a enlevé. Je me suis dit, c’est le genre de type qui retrousse ses manches au restaurant.

Unanimisme

Si l’onanisme est une belle pratique, l’unanimisme est une belle idée, mieux chez Jules Romains que chez les autres qui sans la patine IIIeme rep serait devenu un autre Alfred Jarry convenable. D'ailleurs Jean Pierre Brisset l’un des plus fameux « fous littéraires » fut intronisé « prince des penseurs » par Jules Romains, le 6 janvier 1913, ce qui n'est pas rien…

20 avril 2008

Yak

On notera la grossière absence de sperme de yak caillé dans la composition de ce mets délicat. Ce qui est au-mieux un oubli coupable, au pire un manque de discernement incompréhensible entraînant une carence de goût inacceptable.

House Music

Intuitivement, j’ai toujours su que la House Music n’était pas née à Chicago circa 1980 mais bien à Lyon, et oui Lyon, et ce à la même date ! N’y voyez pas une quelconque et malfaisante interprétation de l’histoire ; mais combien d’industrieux Warehouse contre un Palais d’Hiver, unique, lugubre, sinistre et inquiétant ?

17 avril 2008

Oiseau

Il y a toujours une somme d’inconvénients à aimer les choses non essentielles. Par exemple, le passant, interloqué par le halo d’inconséquence vous surmontant tel un chapeau rond en forme d’auréole, se retourne surpris à votre passage. Plus tard et plus loin, la nature touchée, l’oiseau, l’Erithacus rubecula excepté, cesse, lui, de fredonner et vous considère d’un air affligé..
Il y a un désespoir étrange à se voir ainsi réduit peu à peu à l’état d’arôme d'anthropopithèque fluctuant dans un monde d’âmes concernées. En tous les cas l’autre nous est hostile, et même l’oiseau.

14 avril 2008

Pliure

Jusqu’au bout des seins je suis un fils de la pliure seventies-eighties. J’ai toujours trouvé suspects les « grands », leur couple barbe-pataugas et leur lourdeur non pataphysique.

11 avril 2008

Prolepse

Selon Henry Suso (Heinrich Seuse) ; quand l’intériorité est maintenue jusque dans l’extériorité, cette intériorité devient plus intérieure que si l’intériorité était maintenue dans la seule intériorité. L’inverse est possible, mais plus discutable.

Le saviez vous ? En rhétorique la prolepse est un procédé sournois par laquelle on prévient une réponse en la réfutant d'avance. Par exemple, « Cela serait trop long à expliquer. »

10 avril 2008

Cricket

D'après certains, le prince de Galles Frederik serait mort d’une balle de cricket reçue sur la tête. Pour d’autres, chose moins charmante, le coup aurait été porté sur l’abdomen, provoquant mal à propos un abcès au poumon. Il faut quand même savoir, que ce prince de Galles Frédérik là, en dehors de cette passion fatale pour le cricket fut le géniteur de George III, le « roi fou », ce qui n’est pas peu.

Moustache

Pour en revenir à nos amis d’outre manche, il faut savoir, que la moustache y était jadis prohibée. Un règlement de la Banque d’Angleterre en interdisait, par exemple, le port « pendant les heures de service ».
En octobre, l’Anglais tue le faisan. En novembre, il se tue lui-même

4 avril 2008

Body art

Le marquis d’Anglesey ayant été inopportunément amputé d’une jambe à Waterloo, fit faire des funérailles à son membre manquant et, tout en pleurant, le porta lui-même en terre.

Chez l’aborigène austral, après la circoncision, l’usage est de pratiquer la subincision qui, comme chacun sait, consiste à peler l’urètre comme une simple banane puis, ensuite, à l’écorcher avec un couteau de pierre. La coutume est rude, il y a très peu de convertis tardifs. L’échange des cordons ombilicaux desséchés se fait, lui, un peu plus tard, le soir, une fois le soleil couché.

Plus prés de chez nous en Afrique, le jeune chasseur, aussitôt sa première antilope tuée, doit s’accoupler avec elle. Plus tard devenu chef pygmée il devra savoir accommoder le missionnaire, puisque dans un pays sans sel, il faut savoir prendre le sel où il se trouve.. dans le sang.

13 mars 2008

Zéphyr

Valery Larbaud et Samuel Butler, l’un et l’autre, ensemble, et séparément.

Une suave nostalgie déjà au coin du cœur je venais d’abandonner les Enfantines de Valery Larbaud pour les brumes autrement plus rêches de Samuel Butler et de son Ainsi va toute chair. L’un étant traduit par l’autre… blabla...

Et bien sachez que, le Butler terminé, la nostalgie suave ou non, se voit dans le présent bien vérifiable qui nous importe, multipliée par deux. Si le Larbaud n’était que pur délice et zéphyr sur la nuque un soir d’été, le Butler lui est un vrai chef-d’œuvre global et , ce qui n’est pas peu, un vrai grand livre émouvant. Je n’aurais en aucun cas la force et le courage de vous en dire plus, lisez-le…

11 mars 2008

Lymphatisme

Il y a comme une chose inerte et pas encore complètement amorphe et alanguie qui semble, là, sur le sol, provoquer un sentiment mou et indécis chez l'observateur lassé. Cette chose qui ne peut être nommée est le résultat de disparates fusions fortuites et inutiles, amas incongru aggloméré de quelques résidus de bouts de poussière.

10 mars 2008

Sacrilège

Je sais bien que lire en écoutant forme sacrilège, mais ce matin, c’était Larbaud sur Ravel et Ravel sur Larbaud, ton sur ton…

8 mars 2008

Name dropping n°1

La méthode est simple : penchez la tête tel l’olibrius moyen et laissez votre regard flotter dans les livres. Dans cette position ridicule et dans l’atermoiement d’une vision apprêtée notez le titre du volume dés que du coruscant corusque. Dégagez une première liste, ensuite filtrez. Enlevez les choses ayant à voir avec la pose (Louis-René des Forêts, Jean Tauler et les mystiques rhénans style…) au risque de se départir de livres cruciaux mais que l’on veut garder pour soi (Retz, Saint Simon, la sainte Torah, Jean Grenier, Benchley…) ôtez, enlevez et voilà cent… (en fait 101 pour faire comme les dalmatiens).

Alexandre Vialatte - Chroniques de la Montagne
André Suares - Voyage du condottière
Antonin Artaud - Oeuvres complète, tome XXVI
Arthur Schnitzler - Une jeunesse viennoise
Bernard Noel - Le chateau de Cène
Blaise Cendrars - La main coupée
Bruce Chatwin - En Patagonie
Bruno Schulz - Les boutiques de cannelle
Carson Mc Cullers - Le coeur est un chasseur solitaire
CF Ramuz - La Grande Peur dans la Montagne
Claude Lévi-Strauss - Tristes tropiques
DAF Marquis de Sade - Justine
Daniel Defoe - Robinson Crusoé
Dino Buzzati - Le desert des tartares
Elie Faure - Histoire de l'art
Emmanuel Bove - Armand
Ernest Hemingway - Au delà du fleuve et sous les arbres
Ernst Junger - Orages d'acier
Evelyn Waugh - Retour à Brideshead
F Scott Fitzgerald - Tendre est la nuit
Fernando Pessoa - Le livre de l'intranquilité
Francis Ponge - Le parti pris des choses
François-René de Chateaubriand - Mémoires d'outre tombe
Franz Kafka - Le château
Friedrich Hölderlin - Odes, Elégies, Hymnes
Friedrich Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra
Gaston Bachelard - L'air et les songes
Georges Bataille - Le bleu du ciel
Georges Hyvernaud - La peau et les os
Georges Perec -W ou le souvenir d'enfance
Georges Perros - Papiers collés
Gérard de Nerval - Aurelia
Graham Green - Rocher de Brighton
Groucho Marx - Mémoires capitales
Guy Debord - In girum imus nocte et consumimur igni
Henri Calet - Peau d'ours
Henri Thomas- Le précepteur
Henry Michaux - L'espace du dedans
Henry Miller- Tropique du cancer
Herman Hesse - Demian
Hugo von Hofmannsthal - l'homme difficile
Ivan Tourgueniev - Premier amour
J.K. Huysmans - A rebours
Jack Kerouac - Sur la route
Jacques Lacarrière - L'été grec
Jacques Perret - Le caporal épinglé
James Joyce - Ulysse
JD Salinger - L'Attrape-coeurs
Jean Cocteau - Journal d'un inconnu
Jean Genet - Journal du voleur
Jean René Huguenin - Journal
John Cowper Powys - Les enchantements de Glastonbury
John Kennedy O Toole - La conjuration des imbéciles
Jorge Luis Borges - Le livre de sable
Joseph Conrad - Typhon
JP Sartre - Les mots
Jules Renard - Journal
Julien Green - Jeunes années
Lautréamont - Les chants de Maldoror
Lawrence Durrell - Le quatuor d'Alexandrie
Léon-Paul Fargue - Le Piéton de Paris
Lewis Carroll - Alice
LF Céline - Voyage au bout de la nuit
Louis Calaferte - Septentrion
Louis Hémon - Monsieur Ripois et la Némésis
Malcolm Lowry - Au dessus du volcan
Marcel Aymé - Le passe muraille
Marcel Proust - A la recherche du temps perdu
Marcel Schwob - Vies Imaginaires
Marivaux - Le Jeu de l'amour et du hasard
Michel Butor - Degrés
Michel Leiris - L'âge d'homme
Mikhail Boulgakov - Le maitre et la marguerite
Milan Kundera - La plaisanterie
Nicolas Bouvier - Oeuvres
Paul Gadenne - Siloé
Peter Loughran - Londres-Express
Philip Roth - Portnoy et son complexe
Philippe Sollers - Paradis
Pierre Drieu La Rochelle - Le feu follet
Primo Levi - Si c'est un homme
Rainer Maria Rilke - Les Cahiers de Malte Laurids Brigge
Raymond Carver - Tais-toi je t'en prie
Raymond Guérin - Quand vient la fin. Après la fin
Raymond Queneau - Le chiendent
Raymond Roussel - Impression d'Afrique
Richard Brautigan - Retombées de sombrero
Robert Musil - L'homme sans qualités
Robert Walser - Les enfants Tanner
Roland Barthes - Mythologies
Samuel Beckett - Molloy
Stefan Zweig - Oeuvres et nouvelles
Stendhal - Le rouge et le noir
Stig Dagerman - L'enfant brulé
Thomas Bernhard - Perturbations
Thomas Mann - La montagne magique
Valery Larbaud - A.O. Barnabooth
Vivant Denon - Point de lendemain
Vladimir Nabokov - Lolita
William Faulkner - Sanctuaire
Witold Gombrowicz - Ferdydurke

Sudoripare

J’ai toujours trouvé captivante la quiétude des intérieurs bourgeois. Le lumpenproletariat sudoripare est lui plus souvent qu’à son tour peu passionnant

7 mars 2008

Fact 44

Bidule affirmait : « Durruti Column c’est comme la vie et Brian Eno : très bien au début et chiant vers la fin » Pourtant « The return of... » reste, avec Super Jaimie, l’une de mes plus grandes apparitions accidentelles et adolescentes .. Celui libellé LC Fact 44, est moins bien, on sauvera Never Known.

La vie est atmosphérique, j’écraserais bien une balle de tennis.

3 mars 2008

8 x 6

Tourneur en couleur, très en couleurs. La pirate se découvre un fiancé. Et les problèmes de commencer bientôt. Les histoires d’amour finissent mal. Tourneur toujours bien dans la nuit. Tourneur toujours amoureux des épaules opalines. Et moi davantage maintenant Barbe Noire. Moins Louis Jourdan avec le temps.

1 mars 2008

Nyctalope

Quarante, vers Â... la courbe vite, et le lent cheminent, alors bon oui, un sonar. Il arrache ses yeux et les ingurgites ensuite, plus de soleil, juste le souvenir, comme l'écorce qui garde.

29 février 2008

Dérailleur

Bons baisers... à lundi, Audiard père, navet cotonneux du genou, marron et seventies, des bons mots, des acteurs en pignon libre, Carmet, Mario David, Pacome, Bouquet, Guiomar… Principalement Bernard Blier en moumoute et costume coruscant, les autres sont bons, lui est génial, beau comme un dérailleur Simplex à parallélogramme articulé. Loin du sinistre shimano , très loin... avec les mots qui bondissent de lui comme la chaîne bien graissée ferait bondir la roue à sa juste mesure… si elle bondissait au lieu de tourner, évidemment.


c'est automatique

28 février 2008

Grande tristesse de l’ensemble

« Depuis quand à Paris, les arbres s'abattent-ils sur des poètes en promenade et leur fracassent le crâne ? »
Klaus Mann

Les racines ? Non-merci je préfère les branches ! Oui Rilke, les anges, la cime des arbres. Ce faîte là, les branches, les frondaisons, ces racines buvant le ciel. Il n’y a pas d’autres racines possibles. Pas les tristes tubercules de Maurice Barrès.. Pas de glaise, d’humus gras et de limon national… Il y a Rilke, Rilke et Bachelard, Bachelard et Baudelaire, l’air et les songes, les nuages, les merveilleux nuages. Il faut aimer les nuages et il faut aimer les étrangers qui les regardent passer. Il faut savoir contempler le ciel à travers les branches et ne pas trébucher dans d’hypothétiques racines…

Les racines ? Les branches ! Un jour de juin 1938 une tornade incongrue s’abat sur Paris ; elle fait deux morts : un quidam incertain, trépassé au bois de Vincennes, et devant le théâtre Marigny ; un passant assassiné par la branche maîtresse d’un arbre de belle taille. Triste concordance avec notre sujet, le passant était Ödön von Horváth romancier et dramaturge mittleuropa réfugié à Paris à l'abri des sinistres païens à flambeaux teutoniques. Ödön von Horváth qui devait quitter Paris le lendemain pour l’Amérique. Voilà qu’en sortant du Fouquet’s, une tornade, une branche et derechef un nouveau membre de la vaste communauté des trépassés. Curieux destin, moins tragique que celui de Stefan Zweig ou Walter Benjamin défunts plus sombres, car conscients de leur trépas, eux... Néanmoins circonstances curieuses et somme toute grande tristesse de l’ensemble.

« Je n’ai pas de pays natal et, bien entendu, je n’en souffre aucunement. Je me réjouis au contraire de ce manque d’enracinement car il me libère d’une sentimentalité inutile... » Pour paraphraser et synthétiser le bienheureux Bernard Frank : « avec un ton pareil, c’était l’Amérique, la branche d’arbre ou les camps. »

27 février 2008

Cacochyme

Le cacochyme est de saison, il se portera pour toute raison et sans ourlet.

26 février 2008

Salade de merde rouge

Drôle d’écho (2)

Ce matin chez Pessoa :

« Je m’attriste davantage de ceux qui rêvent le probable, le proche et le légitime, que de ceux qui se perdent en rêverie sur le lointain et l’étrange »

alors que chez Nietzsche :

« Est-ce que je vous conseille l'amour du prochain? Plutôt encore je vous conseillerais la fuite du prochain et l'amour du lointain ! »

Bizarre réverbération entre deux heureux timbrés notoires? Pas tant que ça…

24 février 2008

Paresseux

Le paresseux est un mammifère d'Amérique tropicale. Un drôle de xénarthre qui fruit étrange et velu vie à l'envers suspendu dans les arbres. Il faut savoir, chose importante, que notre ami xénarthre se déplace avec une extrême lenteur. Il faut également savoir qu’il possède des griffes ahurissantes mais affecte en permanence un air doux et serein. Néanmoins le paresseux est souvent agacé par la présence sournoise de moult prédateurs plus prompts que lui ; le jaguar, l'ocelot, l'aigle harpie, bestioles sportives, cruelles et rapides. Alors que notre ami poilu somnole à bout de branche cette sinistre cohorte de ravageurs de xénarthres elles ne semble être motivée que par une efficacité toute libérale, mieux chasser pour être mieux rassasié, c’est la loi des tropiques encore un peu boisées, chasser plus pour être mieux rassasié, saloperie d’efficacité. Vous le savez déjà Le paresseux n’est pas qu’un mammifère édenté (à deux griffes et six vertèbres), c’est aussi un mot, avec de bienheureux synonymes, mou, souple, cotonneux, doux et tendre… Rien pour l’efficacité libérale tout pour le lymphatisme triomphant. D’ailleurs face au rendement généralisé il faut grimper dans les arbres, c’est la seule attitude valable. Là à l’envers, tête bêche, le sang reflue et le quidam, à l’instar du xénarthre, oublie tout, l’ocelot qui guette, le labeur rémunéré à qui mieux mieux , la morne productivité, le monde… et même voyez vous la gravité...

22 février 2008

Seconde main

Voilà que tout s’éclaire feu Blaise Cendrars était donc ambidextre de l’amputation.

20 février 2008

Gastronomique

La viande de l’ours, est comestible, une saveur proche du sanglier. La chasse étant périlleuse, le commun des mortels se contentera d’un petit ourson.
Si un ami, mortel, commun mais néanmoins amusant, intrépide et plein d’umour, vous offre un bébé ours, sachez que les meilleurs morceaux de ce ronronnant et mignon petit plantigrade sont les pattes, le reste est déjà trop dur, même chez le bambin grizzli aux yeux noisette.
La recette est simple : l’ourson aussitôt occis les pattes doivent êtres marinées, braisées au lard, puis grillées et servies avec une sauce piquante. C’est une recette yang, la « Paume d’ours » et c’est l’un des huit trésors de la cuisine traditionnelle chinoise.

19 février 2008

L’autre renonce à être moi

Mon cœur se contracte, mes nerfs frissonnent. J’ai de la foudre dans la gorge. Je marche vers la porte, les coudes écartés. Il est là. Il n’est pas là. Je suis là. Monsieur Hermès n’est plus là. Il ne vient plus. Il me guette dans l’ombre. Il faut que je me démêle. Pas de nostalgie. Le soleil en faisceaux, de l’or sur les dalles, du plâtre. Je me dissimule. La tête, le buste. Je monte dans les étages. Je souffle à chaque palier. Cinq étages. La main sur la rampe. La désolation, en bas, la cour, vitres cassées, une ombre qui tapisse les murs. Monsieur Hermès, une trace dans la poussière de plâtre. Monsieur hermès, un petit carnet dans son veston, sa poche, le carnet. Le carnet tombe dans le stuc dégradé. Le soleil, Monsieur Hermès n’est plus là. En haut je suis là, moi. Le sang me traverse. Le sang me pénètre. Je gonfle comme une bosse chaude. Mon œil disparaît dans l’ombre des tuiles. Voilà je suis en bas. Dans le stuc, le carnet, un crachat en pleine face, le carnet de Monsieur Hermès, la dernière page :

...

Je n’irai plus voir l’autre puisqu’il faut que l’autre renonce à être moi. Je ne veux, et ne peux plus, en aucun cas, être son reflet dans un miroir fortuit. L’autre a beau inventer des mots, son esprit n’est plus que cendres retombées en corolles insalubres. Tout cela pourrait être un drame, un malheur pour le commun des mortels, jamais pour moi et encore moins pour lui, mon triste ami. D’ailleurs cet ami-là, si sombre soit-il, n’éprouve rien, il ne fait que subir le passage du temps et il n’a pas plus d’existence tangible que l’agrégat de poussière amassé sous le canapé topaze posé au centre de sa tanière claquemurée.
L’autre affirmait il y a peu et dans un éclair de fausse lucidité, je cite de mémoire : « ressentir plus que subir les choses. » La poussière ressent-elle les choses ? N’est-elle pas plutôt faite de l’imperceptible et continuelle désagrégation de ces fameuses choses, ne ressent-elle pas le souvenir, l’absence des choses ? Je pense que l’autre se trompe, je pense qu’il est obscurci par un esprit dévié et malade, Lui imperturbable, pense l’inverse. Un chargement bizarre, il me croit lui, il se croit moi et il me croit souffrant ; alors que je ne suis incontestablement, non souffrant, et formellement encore moins lui.
Je n’ai rien de la poussière et tout du concret aggloméré, je serai poussière plus tard… le plus tard possible. Tout cela tangue, inlassablement, vers le compliqué, le fatiguant… De toutes les façons, l’autre n’existe que pour lui-même, il m’oubliera vite tout comme je l’oublierai bientôt. L’autre restera pour moi un résidu, de la pluie noire dans la tête, et je ne serai plus rien pour lui, qu’un vague souvenir alanguit.

Sombre constat, je suis en l’occurrence, assez peu compassionnel avec un être qui ne réclame aucune compassion, mais c’est ainsi.


Un crachat en pleine face. Je déchire la page. La dernière page. Voilà la première :
...

18 février 2008

Nouveau roman

Rien c’est n’importe quoi mais ce n’est pas rien pour autant

17 février 2008

LSD 25

les ravages de l'acid et le rivage des Syrtes. Chaque geste s'enfuit immédiatement vers l'intérieur. J’ai dénudé les rainures de son oeil et les chats invisibles ont hurlé comme des femmes ou des instruments endommagés.

16 février 2008

Je n'aime pas Eric Clapton

14 février 2008

Solex

A la campagne nous avions un solex c’était celui de la grand-tante institutrice à l’école catholique du coin. Quand en sortant de la messe la grand-tante était morte foudroyée sur le parvis de l’église, nous avions, illico, et sans attendre plus que ça, désossé son ex modeste monture pour en faire un vélocipède de cross. Une bête hybride noire et mate. Je ne sais pas s’il reste quelque chose du Solex, des os de l’aïeule mystique plus grand chose, elle qui était si pieuse, si célibataire, puisque si amoureuse de Jésus…

12 février 2008

Bavière

il faut savoir que le corps de louis II de Bavière fut retrouvé flottant entre deux eaux du Lac de Starnberg, à quelques brasse du rivage, sous un ciel d’orage sombre, derrière un paravent de roseaux cachant mal, plus loin un horizon ténébreux taché par un château tordu. Ce bon louis , lassé de claustration, avait étranglé son gardien et psychiatre, l’éminent Bernhard von Gudden... Sacré Louis ! finir, allez savoir comment, immergé en cette raide compagnie. On n’est jamais si libre que mort.


baroque, isn't it ?!

11 février 2008

Guy Môquet

Pour en revenir au Guy Môquet (ce n'est pas que j'y tienne et je crois que vous n'y tenez pas non plus) . Si l'on doit vous apporter votre Guy Môquet sur un plateau (ou doit on dire "blateau"?) je suggère les moyens suivants pour surmonter cette insupportable situation :

1: le comité réglementaire du football interdira de tremper tout Guy Môquet dans un café qui ne remplisse pas au moins une demi -c'est à dire trois quart- de tasse . Ceci préviendra toute vélléité de tatonnement.
2: Toute personne en relation avec le théâtre, soit accessoirement (...) soit comme acteur (...)
3: Mes deux petits garçons ne lanceront pas d'avions en papier dans l'oeil de leur Papa, ni plus haut que la tempe.
4: J'oublie cette clause.
5: Je me souviens de cette clause, mais je préfére l'avoir oubliée
6: Toute personne nommée Cheeky ne sera pas admise dans la compétition

(...)

Dans tous les cas il faut absolument faire quelque chose au sujet du Guy Môquet (...)

Saône-et-Loire

Pleines flegmatiques de Cuisery ou même Louhans... des champs glauques à perte de vue, champs glauques qui incitent à la pendaison après une bataille avec les silures.

10 février 2008

Cacographe

C’est bien connu, Flaubert ne savait pas écrire. Prenez par exemple Madame Bovary, et bien dedans Emma à des yeux bruns ; une autre fois des yeux d’un noir profond ; et une autre fois encore des yeux bleus ! Croquignolet n'est-ce pas ? Se claquemurer dans un cloaque borgne, s’engueuler tout seul, raturer, toujours et encore, se relire à très haute voix, sans cesse, pour en arriver là ! Ce n’est pas très malin Monsieur Flaubert ! Et tous ces clignotements syntaxiques, toutes ces phrases tordues et non conformes envers la doxa admise et tamponnée, toutes ces erreurs, tous ces oublis vis-à-vis de la plus élémentaire vraisemblance ; cette « tête phrénologique peinte en bleu jusqu'au thorax ». Vous faites un drôle de cacographe, Monsieur Flaubert !
Enfin, rien n’est moins sur, l’écriture, le plus souvent, ne fleurit pas seulement d’un quelconque frottement rêche avec le réel, du respect envers les règles en vigueur non plus ; elle fleurit de multiples attouchements entre divers éléments et souvent parmi ceux-ci du contact essentiel avec la parole, sans ce contact-là les mots se dessèchent comme la fleur sans eau. Voilà pourquoi même si Flaubert est souvent invraisemblable, et oscillant vers l’erreur, il n’est jamais asséché… tari et penaud dans ses mots, car il se relit en s’oubliant, le bougre !

En conséquence, comme le self séquestré normand relisons-nous sans cesse, cela fera toujours un lecteur, et n’oublions pas d’oublier la couleur des yeux d’Emma, cela va sans dire.

9 février 2008

Court traité du zzzzzzz

Le zzzzzzz ne doit pas excéder 15 caractères au risque de verser dans la surcharge et la mauvaise foi chafouine. Le zzzzzzz ne se revendique pas comme représentation graphique du sommeil, on parlera plutôt du chemin gracile vers le sommeil. Le zzzzzzz n’est donc qu’un état latent qui ne referme pas l’être, mais l’ouvre vers le sommeil et les rêves. Il est bien évident que le zzzzzzz est détaché de la moindre contingence envers le monde et qu’il se nourrit à la grâce des rayons du soleil et de quelques gouttes d’eau éparses. Le zzzzzzz est bienheureusement flegmatique et d’une placidité somnambulique. Le zzzzzzz n’est donc pas l’ennui ou le désœuvrement ou alors son reflet dans d’incertains miroirs brandis par de laconiques mains revendicatives.
On notera une utilisation bienvenue de la majuscule chez les plus espiègles, narquois et juvéniles disciples du zzzzzzz, le sommeil tombe plus vite à cet age.
Il est évident que devant l’adversité le zzzzzzz peut se faire plus petit voire disparaître, il sait également comme le Lézard s’adapter aux circonstances. D’ailleurs dorénavant il n’apparaîtra plus que sous la forme sublimée ressuscitée de biiiiiiiiiip notre grand homme des sciences sociales...

8 février 2008

Païens à flambeaux

Un jour, un entriste lambertise de la plus solide texture, attisa ma lanterne d’une lumière plus que sombre. Le négatif de mon entriste, un site internet à goût identitaire, me proposait dans ses liens comme un « bon blog culturel » ! Pour ces païens à flambeaux j'étais un « bon blog culturel » ! Moi qui n’étais et ne suis que neurasthénie en mouvement, moi qui n'étais et ne suis, lié à rien, si ce n’est au vide que je crée encore et toujours autour de mon désengagement viscéral. Moi qui détesterais toujours, les longs manteaux bruns, le lettrage gothique, les fougères…. tout comme la compassion envers les pauvres hères en déroute et les pancartes agitées par de petites mains revendicatives. Voilà que j’étais rattrapé par mon manque d’engagement, j'étais un « bon blog culturel » c’était bien fait pour moi. Il faut bien dire qu'un cyclothymique cynique se prend toujours la porte qu’il n’a pas toqué en pleine figure, c’est ainsi, et il n’y a rien à faire de plus que de constater…sournoisement.

Tout cela, en fait, était pour le moins intrigant ! Légèrement perturbant (Mon Dieu étais-je un identitaire s’ignorant ?) D’un autre coté chez les païens à flambeaux (le païen à flambeaux est souvent ridicule, sous la pluie, au petit matin après un sacrifice.) qui m’adoubaient, il y avait un lien sur une chose de Baudrillard, alors que Baudrillard, paix à son âme, n’a jamais été autre chose qu’un idolâtre à candélabres inversés… Je serais plutôt pour ma part sur le même chandelier, un identitaire qui n’a de similitude qu’avec lui-même, l’identité me paraissant une chose terriblement sotte en dehors des quincailleries auvergnates brumeuses (je suis une sorte de quincaillerie auvergnate brumeuse.) Si je devais reconnaître quelque chose de moi-même ce serait chez Franz Kafka, Robert Walser ou Fernando Pessoa étranges disparus aux identités pas très définies… et en tous les cas des types flottants autour de quoi ? on cherche encore….

Donc rassurez vous je n’ai rien à voir ni à entendre de ces fétichistes se flagellants avec leurs supposées racines. Je préfère les frondaisons (Vues des Anges, les cimes des arbres peut-être sont des racines, buvant les cieux...) Peut-être aussi que ces quidams à lumignons là n’avaient, et n'ont, me concernant, que mauvais goût… et en tout…

PS : Le lien est toujours là, je suis si peu velléitaire, ils m’aiment, qu’ils m’aiment, je ne les aime pas.

Plombée-plombante

Marguerite Duras toute jeune, avant la mystérieuse disparition de son cou, était très jolie

7 février 2008

Facebook

C’est vraiment malin, j’ai étranglé tous mes camarades de classe, les autres se sont tantôt pendus tantôt noyés ou pour les plus imperméables aux rigueurs de l’atome ils sont devenus ingénieurs chez EDF.

Nobel

Retrouvez les cendres de Robert Walser et Bruno Schultz, mélangez le tout, dans l’agrégat résultant posez une mèche, allumez et attendez… moi je vais me coucher

5 février 2008

Monsieur l'Ambassadeur

Sachant que Monsieur l'Ambassadeur est grave tordu il est toujours plus aisé de l’aborder par d’infimes fractions homéopathiques. Le périlleux casse-cou qui le commencerait en se frottant à son consubstantiel soulier satiné - tout en prévoyant l’autre - risquerait de sombrer dans une obscure léthargie à l’ombre des piliers.


«...Il y a quelqu’un qui m’a enfoncé les doigts aussi loin qu’il peut dans la bouche et je vomis. De temps en temps il vient des morceaux d’homme de lettres : que voulez-vous que j’y fasse ? Et cette poussée, cette acclamation torrentielle de temps en temps, cette vocifération, ça va tout seul, en ordre, en désordre, comme une armée qui remplit le ciel et la terre... Explosion. Une série d’explosions quelquefois ! »

Mordoré



Assortiment de nuages oisifs sur leur lit de terre hâlée - Arizona (USA)

4 février 2008

Théière

Jean Potocki qui avait été jusqu’en Mongolie, se suicida en 1815 en se tirant dans la tête une balle d’argent qu’il avait fabriquée avec sa théière.

Cocktail

George Sanders, flegmatique dandy décalé à l’esprit cynique, s’est assassiné lui-même le 25 avril 1972 en buvant astucieusement un cocktail de Nembutal et de vodka. Il a laissé ce mot pour expliquer son geste :

« Cher Monde, je te quitte parce que je m’ennuie. Je te laisse avec tes soucis. Bonne chance »

3 février 2008

Menton

Beigbeider n’est pas Jardin, il est parfois drôle. Néanmoins je n’irais pas jusqu’à le lire...

Un homme avec un si grand menton, avec un frère si bien peigné - on n’est jamais responsable de son physique - pour le bedon, certes oui, mais pour le menton assurément non ; à moins de le raboter, chose qui coûte douleur et agacement chez l’aplani de la galoche tout frais du jour. On n’est pas responsable de sa famille non plus... enfin pas si sur, c’est assez compliqué en fait… voyez Jardin par exemple, (que ce bon Chevillard dégoupillait), et bien ce Jardin là c’est son fond de commerce à lui les histoires de familles, enfin c’est ce qu’on m’a dit, jamais lu une ligne de cet enroué perpétuel lancé par une baleine. Pour en revenir au menton, pour adhérer au menton avec la conviction du soudeur, loin des plages de galets où de sombres cacochymes en fin de vie stagnent dans un microclimat propice à l’épanouissement de leur futur trépas, pour en revenir vraiment au menton, et avant de prendre au soleil une retraite bien méritée : réécoutez « Teenage Kicks » .

Ah ! Oui c’est vrai j'adjure comme un diacre célibataire et tatillon, je l’ai déjà lu Beigbeider !

2 février 2008

Culinaire

Ce soir j’ai dégusté deux quenelles, peut-être, suis-je, allez savoir, un identitaire qui s’ignore ?

Fuseaux horaires



L’heure du mormon - Utah (USA)

1 février 2008

Tocsin

Et les jours de l'enfance et de l’adolescence. Jours épais avec des rêves ; comme des sacs de rochers pulvérisés !

Le livre, terminé est placide posé là sur le cœur, avec ses phrases qui déjà sonnent le tocsin de la nostalgie.

Pourquoi le Grand Meaulnes alors qu’il y a Fermina Marquez autrement fluide, senti et subtil ?

Et pourquoi pas non plus les Fruits du Congo autrement brumeux, mystérieux, tendres et auvergnats ? Je pose la question.

Monsieur Hermès et moi

Monsieur Hermès préfère vivre, moi je reste avec et dans les livres. Vivre par procuration c'est vivre aussi. Monsieur Hermès n'est jamais avec et dans les livres. Je pense qu'il voudrait être moi parfois Monsieur Hermès, moi et tous ces types dans les livres. Moi je ne voudrais jamais être lui avec tous ces gens là, réels probables et palpables, tout est compliqué..

Je voudrais me secouer de ce grand sommeil que ne connaît pas Monsieur Hermès, oh ! non pas pour atteindre une existence heureuse et lucide, non, mais plutôt pour faire un effort croissant et jamais confirmé par aucun résultat évident. Ce sera mon but, ce manque de résultat évident...

Monsieur Hermès n'est pas un homme d'intérieur, d'une certaine façon moi non plus. Je tends toujours à sortir de moi-même. J'aime me souvenir et la mémoire me conduit vers la réalité. Je me penche sur moi-même et je tire l'eau d'un puits vide qui se remplit si je me détourne de lui.

Je perçois ce bruit qui ne s'arrêtera plus, tout en accusant une curieuse variété, au profond d'une monotonie sans nom. Ce bruit d'une éternité, un trépignement confus, le bruit du monde, il y a des bruits autrement plus agréables.

31 janvier 2008

Campbell soup



Les condiments, le beach boy noyé et le quart d’heure warholien - Près de Lyon (France)

29 janvier 2008

Méliès

Je ne trouve plus dans le cinéma ce que je trouve entre les lignes, le cinéma était quelque part dans la communion, voir un lieu à minimum d’accord … une pratique peut-être pas assez solitaire et comme j’ai déjà du mal à faire avec moi-même, comme il faut que je tente de faire avec moi-même avant de faire avec les autres, le cinéma est devenu quelque chose de loin et d’assurément distant, j’essaye de me retrouver entre les lignes.

28 janvier 2008

Drôle d’écho

Ce matin chez Larbaud drôle d’écho :
« Nous buvions l’air comme une boisson froide et sucrée, et quand nous rentrions à l’étude, nous parfumions tous les couloirs de l’odeur des feuilles et de la rosée, dont nous étions imprégnés. »

alors que chez Ramuz :
« L'air est à la fois immobile et animé d'un mouvement secret; il ne se respire pas, il se boit. »

27 janvier 2008

Rohypnol

Formons un rond et suicidons-nous au lance-flammes

Ce qui nous donne donc : Guy Debord citant Dante citant Virgile, Michel Tabachnik, les lunettes Vuarnet, le rohypnol, le massif du Vercors, un palindrome absent, la fondation de la nouvelle Troie par Énée, et le hoola-hop...

26 janvier 2008

Voilà

Il est toujours utile de rappeler les évidences sautillantes aux ignorants qui les ignorent.

Je suis contre les choses occasionnellement molles qui précédent et suivent les entractes.

25 janvier 2008

Une rainette gluante

Comment peut-on encore aimer cette chose molle, informe, visqueuse et dégueulasse ? Ce vieux truc art global. Une rainette gluante qui se suppose plus grosse que le bœuf et n’est pourtant rien en dehors des baraques de foires. Le cinéma est vraiment une sale chose. Tenez-vous le pour dit. Enfin là où il y a du mystère et du sommeil éventuel à prendre, il y a encore un peu. Chez Tourneur fils oui, chez les autres (ouvrez la liste) souvent rien. Peut-être chez Borzage.