30 novembre 2012

Lumineux

Celan au bord du silence, vaincu, renonçant, s’effaçant dans les eaux de la Seine où il trouve une mort qu’il avait cherché : « Je fais de la lumière derrière moi ».

23 novembre 2012

Mallarméen

Chez Mallarmé la syntaxe est une structure spirituelle où les mots tombent naturellement les uns sur les autres. Le lecteur est dubitatif ; il trouve tout cela bien mystérieux ; c’est pourtant si simple :

« Attribuons à des songes, avant la lecture, dans un parterre, l’attention que sollicite quelque papillon blanc, celui-ci à la fois partout, nulle part, il s’évanouit ; pas sans qu’un rien d’aigu et d’ingénu, où je réduisis le sujet, tout à l’heure ait passé et repassé, avec insistance, devant l’étonnement. »

16 novembre 2012

Balnéaire

Les Grecs se baignaient, les Romains se baignaient aussi. Ils nageaient des îles Lipari à Syracuse, se trempaient à Ostie, dans le Golfe de Naples avec Capri dans le fond. Après l’antiquité — il y a beaucoup de choses après l’antiquité —, il faudra attendre un certain temps avant que la baignade revienne au goût du jour. La toute fin du XVIIIe siècle verra, outre quelques têtes malencontreusement coupées, une mince cohorte se risquer à remettre un orteil dans l’eau. La trempette « renaîtra » petit à petit et presque insidieusement tout au long du XIXe siècle. On barbotera, mais toujours en habits et à l’abri des regards. Les bains de mer de l’impératrice Eugénie se faisaient, par exemple, dans des baignoires que l’on avait au préalable remplies d’une eau forcement tiède. Il faudra attendre 1900 pour voir le baigneur déshabillé, en vêtements de dessous, et 1925 pour voir la première nageuse nue, une « nudité intrépide ».

13 novembre 2012

Marsupial

« Comme le cosmos est petit (une poche de kangourou le contiendrait), comme il est dérisoire et piteux comparé à la conscience humaine, à un seul souvenir d'un individu et à son expression par des mots ! » (Vladimir Nabokov, Autres Rivages).

11 novembre 2012

Reptilien

Les gestes belliqueux formés par la partie reptilienne de notre cerveau sont aussi des gestes artistiques ; des gestes artistiques terribles, mais des gestes artistiques tout de même.

9 novembre 2012

Shakespearien

How goes the world ? It wears, sir, how it grows.

1 novembre 2012

Pelmazoïdaire

Les feuilles de Tallipot sont si grandes qu’elles peuvent servir de tente au pèlerin, d’ombrelle ou de grand parapluie au prêtre, de baldaquin au roi et de manuscrit à l’écrivain prolixe. Ce n’est pas rien et il faut que vous le sachiez.