27 septembre 2018

Autotuné

L'ondée passée, 
les fenêtres ouvertes à la fraîche, 
et derechef s'élève au loin,
le tohu-bohu autotuné des enceintes nomades,
que l'on aura connectées,
au débotté.

20 septembre 2018

Valétudinaire

Ayant « traversé la rue » je suis tombé sur ce graffiti un brin valétudinaire. Me voilà dubitatif.

16 septembre 2018

Voyageur

En avril 1890 Tchekhov entame un long périple qui le verra traverser Russie et Sibérie jusqu'à l'île de Sakhaline. Il commence par quelques verstes de navigation sur la Volga, visite Iaroslav et la trouve très sale – j'ai moi-même visité cette ville et je n'y ai vu que des jeunes gueux ivres de vodka et de bien nombreuses hordes de chiens errants – puis c'est Kostroma qui est plus jolie (je confirme). Après la Volga voilà la Kama, un fleuve d'un ennui extrême qui traverse des villes grises où les habitants semblent employés à la fabrication des nuages, de l'ennui et des palissades mouillées. Tchekhov poursuit sa route en train puis dans une voiture qui ressemble plutôt à une carriole brinquebalante, il passe par Perm, Iekaterinbourg, Tomsk (qui ne vaut pas un liard), Irkoutsk (la meilleure), traverse le Lac Baikal, voilà enfin l'Asie, le fleuve Amour, la Chine d'un côté, la Russie de l'autre, des canards, des rochers, des falaises, des paysages qu'il ne sera pas près d'oublier : « J'ai vu, à dire vrai, tant de splendeurs et éprouvé tant de délices que mourir maintenant ne me fait pas peur. »

6 septembre 2018

Techkovien

Le printemps 1889 que Tchekhov passe à Soumy en Ukraine loin des frimas moscovites pourrait être presque parfait. Le temps est splendide, les arbres couverts de fleurs blanches ressemblent à des « fiancées à la noce » ; rossignols, hérons, coucous et autres bestioles à plume s'égosillent à qui mieux mieux. On se lève tard, de l'eau fraîche jusqu'aux genoux on pêche des écrevisses à la main, on boit un peu, ou s'oublie. Bref rien d’assommant… Pourtant, cela ne durera pas, l'été arrive, il ne pleut pas, la canicule est effroyable. Le 17 juin Nikolaï, ce frère artiste soûlographe et poitrinaire qui l'accompagnait dans le midi, meurt. La tristesse est grande, mais la lumière toujours là : « Les funérailles ont été splendides. Selon la coutume méridionale, on l'a porté à bras dans l'église et de l'église au cimetière, sans croque-morts et sans sinistre corbillard, avec des oriflammes, le cercueil ouvert. Des jeunes filles portaient le couvercle, et nous, le cercueil. À l'église tandis que nous le portions, les cloches sonnaient. On l'a enterré dans le cimetière du village, très douillet et paisible, où en permanence chantent les oiseaux et flotte une odeur de chanvre d'eau ».