17 juillet 2019

Ragoutant

En Kirghizie pendant les festins on vous présente sur une assiette, la tête bouillie d'un mouton. Il faut manger la cervelle puis extraire l'un des deux yeux de la bestiole et l'avaler séance tenante. Le maître des lieux gobe l'autre œil. Avouons-le, tout cela n'est pas très végan.

15 juillet 2019

Sépulcral

Emil Cioran trouvait le Père-Lachaise si laid qu'un jour de juillet 1965 il émit le souhait que ce trop fameux cimetière soit rasé séance tenante et transformé en jardin public. Disons le tout net, sur ce coup-là notre fildefériste roumain préféré n'avait certainement pas tort d'avoir encore raison, le Père-Lachaise n'offre qu'un entassement de sépultures qui frise la foire, tout manque d'espace, pour les vivants et encore plus pour les morts. L'ami Emil, lui, sera enterré au cimetière du Montparnasse, un cimetière plus aéré où les morts respirent presque autant que les vivants… Sa tombe est bien tenue et quasi chantante, il y a un petit drapeau roumain et quelques fleurs posées dessus. Plus loin, la tombe de Beckett est plus austère, elle est décorée par trois cailloux, et rien d'autre…

8 juillet 2019

Saharien

Feuilletant les cahiers de l'ami Cioran je constate que ce dernier n'était pas un très grand sectateur des naines jaunes en furie : « Il n'y a pas sous le soleil d'individu plus lamentable que moi ». Comme j'aime le soleil, mais pas tout le temps, j'ai envie de souffler à mon fildefériste roumain préféré que tout dépend de l'hyperthermie plus ou moins prononcée, de la présence d'une brise légère, d'un cumulus passager offrant un alinéa de climatisation toute naturelle, le soleil de Madère n'est pas celui du désert libyen, le soleil d'avril pas celui de juillet, les tiédeurs ne sont pas toutes les mêmes, et il m'est même arrivé de me trouver bien lamentable dans des froideurs trop patibulaires pour être honnêtes.

5 juillet 2019

Suicidaire

« On se suicide par pudeur, par orgueil, par modestie, par discrétion, par peur de la mort (ce qui est un comble) ou des gendarmes ; par lassitude, par vengeance, par plaisir, parfois même par curiosité. Le chinois se suicide pour embêter son créancier, l'homme-torpille par patriotisme ; le Britannique par spleen ; un Écossais se pendit parce que les gilets ont trop de boutons. "Aujourd'hui, tout le monde vit !" me disait une jeune fille avec un air scandalisé. Il y a évidemment trop peu de gens qui se suicident ; ce ne sont jamais ceux qu'il faudrait.» (Alexandre Vialatte, Chroniques de la Montagne)