29 décembre 2014

Délicieux

Dans des temps ancestraux, les Juifs outre le pourceau ne mangeaient ni lapin, ni chat-huant, les Syriens évitaient le poisson et les colombes tandis que les Égyptiens se gardaient bien de consommer chiens, anguilles et crocodiles. Les Romains étaient quant à eux moins regardants, l’utérus de truie faisait les délices de leurs grands palais sybarites.

28 décembre 2014

Contrit

La vie n’étant qu’une longue suite de galimatias inintelligibles dont l’issue est le plus souvent tragique puisque TOUJOURS fatale on comprend mieux l’air contrit du petit bonhomme attendant l’autobus nº 23 sous un chêne centenaire.

27 décembre 2014

Tâtonnant

Empruntant d’un humble faux pas un sentier plus bucolique que scientifique moi et mes multiples hésitations sommes tombés sur une vérité quasi palpable. Tâtonner c’est parfois trouver.

23 décembre 2014

Automnal

Plus ne suis ce que j'ai été,
Et ne le saurais jamais être.
Mon beau printemps et mon été 
Ont fait le saut par la fenêtre. 
Clément Marot (1496-1544)

22 décembre 2014

Testiculaire

Pour certains anciens les hommes provenaient du testicule droit tandis que les femmes provenaient du testicule gauche. Les plus malins d'entre eux se ligaturaient donc le testicule gauche afin de s'assurer une descendance mâle. Sans la moindre anesthésie, l'exercice était certes un tantinet douloureux, mais il était surtout hautement profitable.

16 décembre 2014

Régulé

La plupart des artistes, musiciens, écrivains, philosophes qui ont donné un petit goût charpenté à l’humanité seraient certainement aujourd’hui diagnostiqués comme « bipolaires ». On les « traiterait » chimiquement afin de leur apporter un semblant de « vie normale », tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Dans cette belle armée de toqués potentiels, il y aurait certainement un Pessoa semi-ravi, avec un drôle de chapeau et une petite vie régulée par le Lithium.

14 décembre 2014

Girond

Face à la subreptice lassitude qui pourrait nous nouer au débotté je ne vois qu’un seul remède valable : un relâchement, butinant et girond, souverainement assumé.

11 décembre 2014

Desquamé

Il faudrait que nous sachions nous débarbouiller de toute crasse ontologique tout en oubliant les écailles picotantes du « pourquoi sommes nous là ». Propres et comme desquamés nous aurions alors tout loisir de vivre avec la légèreté bonhomme de ceux qui ignorent presque tout sur tout.

8 décembre 2014

Gandin

L’élégance lustrée des petits maîtres, dandys et autres gandins. Leur imperméabilité aux lourdeurs du temps ; leur légèreté sautillante.

7 décembre 2014

Vieillissant

Notre âge avançant, nous vacillons et déposons toute ambition à même le sol. Puis, avec une pointe de nostalgie taciturne, nous commémorons les temps anciens, notre jeunesse, nos aspirations.

5 décembre 2014

Primesautier

« Je trouve de moins en moins de goût à tout, et même de ne trouver de goût à rien » (Fernando Pessoa, Le livre de l'intranquilité)

27 novembre 2014

Ombreux

La lumière de novembre est si tenue, incertaine et faible que l’on se demande si elle n’existerait pas uniquement dans le but sournois de faire trépigner  une nuit qui attend son heure légale impatiemment. 

26 novembre 2014

Guilleret

D’une humeur inopinément sautillante je ricoche sans faux fuyant, dans de très petits bonds comiques, vers un ailleurs que le commun des mortels pourrait aisément imaginer radieux. 
Cette allégresse ne durera certainement pas, je vais m’en contenter.

25 novembre 2014

Demi-mot

L’usage judicieux de l’euphémisme me semble être l’un des combles de l’élégance ; un petit bouclier gracieux, un signe de civilité, de douceur et d’ironie face à l’indicible qui plus qu’à son tour tente de nous saisir avec ses grandes pattes véritables.

17 novembre 2014

Umouristique

Être à côté, sans exagération ni hyperbole, dans une ironie plaisante et sentimentale, une ironie inachevée tournicotant aimablement autour d’un autrui compère ; c’est ce que j’appelle UMOUR.

16 novembre 2014

Estourbi

Si j’aime tant me bastonner moi-même, c’est parce que cela me permet de pourvoir à mon inlassable besoin d’être estourbis. Je marche alors de guingois, la tête dans les étoiles, je suis presque heureux.

14 novembre 2014

Bougon

L’époque étant ce qu’elle est une troupe d’esprits finauds s’est permis d’inventer au débotté une « journée de la gentillesse ». Ainsi aujourd’hui sur l’habituel et désolant agrégat de vulgarité formé par tout semblant de société flottait un drapeau douceâtre, mielleux et sucré, le drapeau des patelineurs et autres patte-pelus. Quant à moi, je me suis repu de bougonnerie.

9 novembre 2014

Abyssal

Je serais bientôt en bord de ravin, cette excavation longitudinale, ce vide sombre pâle et rond dans lequel j’aurai peu de peine à vouloir choir. En attendant, je suis encore chez Cioran, dans ses Cahiers, presque un autre précipice.

7 novembre 2014

Désoeuvré

Il est des jours où le désœuvrement vous fait faire de drôles de choses. Tenez, pas plus tard qu' aujourd’hui je me suis permis de diviser le nombre de mon année de naissance par le chiffre de mon mois de naissance ! Ce n'est pas rien, le résultat est étonnant, figurez-vous que 1966 divisés par 4 font 491,5 ! D'aucuns avec un tel résultat n'auraient pas fait grand-chose de bien captivant, je me suis quant à moi dirigé vers mon auguste bibliothèque et j'ai lentement recherché le 491e volume en partant du haut. Croyez-moi ou non, mais ce 491e volume s’est avéré être un petit bidule moderniste de George Perec ! De surcroît pas n'importe lequel de ses petits bidules modernistes :  Les Choses  ni plus ni moins ! Un peu étourdi par un hasard tout autant élégant qu'oulipesque, j'ai ouvert le volume page 10 (je suis né le dixième jour d'avril 1966) il y était question d'un petit fauteuil canné, d'un téléphone, d'un agenda de cuir, de choses et d'autres… 

 N.B. Le délicieux Evelyn Waugh est mort le 10 avril 1966.

2 novembre 2014

Décanillant

Tournant sans gaieté autour du morne agrégat du quotidien, la déconfiture me guettant, il faudrait que je me trouve des ailleurs, que je décanille d’un pas léger, la tête en l’air.

1 novembre 2014

Militant

Si je suis militant, c’est dans l'apragmatisme radical.

27 octobre 2014

Sautillant

Une âme sautillante doit savoir récolter le bien-être qui lui passe à portée de main, c’est pourquoi je tente de cueillir les vives effusions de joie qui m’entourent… en vain.

26 octobre 2014

Colonisateur

« Celui qui tire des coups de fusil doit, pour justifier l'emploi de ses munitions, couper les mains droites des cadavres et les ramener au camp » (Eric Vuillard, Congo)

25 octobre 2014

Placide

Sans attirance particulière quant aux innombrables « choses merveilleuses » de la vie, je disparaîtrais dépourvu de la moindre ostentation et avec un flegme qui ne bouleversera personne.

20 octobre 2014

Attendri

Ramollir c’est rendre mou ce qui est trop ou très dur. Comme il me semble ne jamais avoir été très ou trop dur, je ne peux donc pas dire que je ramollis plus que cela. Je dirais plutôt que je m’attendris, dans le sens où je deviens moins consistant, un peu à l’image d’une viande récemment morte qui devient moins consistante lorsqu’un cuisinier vétilleux à la bonne idée de l’attendrir avec une pointe de vinaigre.

18 octobre 2014

Vaporeux

La sensation de ne plus être avec soi-même n’est pas si désagréable que ça. Elle offre tous les avantages de l’aérien et aucun des inconvénients du terrien. Reste à trouver le moyen de ne plus se sentir vraiment avec soi-même tout en étant encore avec les autres. Tour de force que très peu parviennent à accomplir et tour de force vers lequel nous devrions tendre avec toute la légèreté qui nous est offerte.

13 octobre 2014

Politique

Constatant le devenir madeliniste du « socialisme à la française » je ne peux que crier un tonitruant « rendez-nous Guy Mollet ! »

10 octobre 2014

Estourbis

La vie étant globalement assommante, il faut savoir ne pas la remplir au risque de se retrouver estourbis.

8 octobre 2014

Harmonieux

« Pour que la beauté ait le mérite de la dissonance, il faut qu’elle soit employée par un homme qui connaît l’harmonie, et qui y pense en la fuyant… » (Joseph Joubert, Pensées)

26 septembre 2014

Collectiviste

Titanesques clapiers alignés, caverneux palais de la culture, monuments héroïques et magasins vides. La Roumanie de Nicolae Ceaușescu était faite pour moi.

13 septembre 2014

Monothéiste

Sur la future esplanade des mosquées, quelques circoncis et incirconcis tournicotent mollement tout en se regardant en chiens de faïence. Ce n'est qu'un début… les divers monothéismes sont en marche.

12 septembre 2014

Intranquille

Parmi les quelques inconvénients de la lecture en outdoor il y a bien évidemment les nuisances sonores qui éparpillent votre concentration et vous laissent posé dubitatif devant un texte que vous ne comprenez plus. Il y a aussi la météo capricieuse, le sens du vent, les nuages et même de temps à autre quelques bestioles qui vous tournicotent autour (insectes, petits félins domestiques, volatils divers et variés). Tenez, pas plus tard que cet après-midi un oiseau sournois tout autant qu’incommodé s’est permis de fienter sur la page 317 du Livre de l'intranquillité que je venais de rouvrir. Vous allez me dire qu’une page barbouillée c’est toujours moins pire qu’un crâne souillé (je suis globalement assez chauve), mais ce n’est pas une raison. Cette fiente était certes assez peu conséquente, une petite goutte marron foncé que j’imagine sans peine avoir un goût de noisette, mais elle ma sournoisement fait dériver au plus près des rivages ensablés du désappointement.

10 septembre 2014

Maussade

Je suis maussade comme un attentat mal réussi.

9 septembre 2014

Routinier

Pour Stendhal 1811 est une assez bonne année, pas de maladie à signaler alors qu’en 1810 une vérole et pire, en 1809, une vérole et DEUX chaudes-pisses. Il à 28 ans, vadrouille là et ailleurs, envoie des fleurs artificielles à Mme Daru, se regarde vivre avec délectation…

12 août 2014

Sacrificatoire

« Ainsi à l’époque de Montezuma, les Mexicains exigeaient encore chaque année des tribus indiennes soumises dix mille jeunes gens pubères, qui étaient sacrifiés, au sommet d’une pyramide, au dieu de la guerre. Des prêtres ouvraient le thorax de ces victimes pitoyables, au-dessus du creux de l’estomac, avec des couteaux en pierre ou or. Puis ils plongeaient la main dans le corps pour en arracher le cœur palpitant. On découpait les cadavres en morceaux et les jetait au bas de la pyramide, afin que le peuple de la nation victorieuse qui campait alentour puisse se jeter dessus pour les dévorer. Un festin bienvenu pour accompagner le maïs quotidien. » (Hans Henny Jahn, Cahiers de Gustav Anias Horn)

31 juillet 2014

Bulgare

La Bulgarie est un drôle de pays. On peut y serrer la main du Président, comme ça au débotté entre deux ruines romaines tandis que le chiendent pousse plus que de raison sur les trottoirs défoncés par le rude climat environnant. Les antiquaires vendent des « souvenirs » nazis pendant que de vrais Roms charbonneux passent assis dans d’antédiluviennes carrioles traînées par de replets chevaux à la crinière proéminente. Les églises sont bien jolies quoiqu’un peu chargées au niveau de la décoration, les fidèles y ont la curieuse habitude d’embrasser plus que de raison une kyrielle d’icônes un brin tape-à-l’œil ce qui n’est pas très hygiénique. Il y a de rares mosquées égarées d’où quelques muezzins, certainement turco-bulgares, muezzinent mélodieusement à l’unisson. Le Bulgare de base est globalement massif avec un côté indéniablement râblé qui pourrait faire dire de lui qu’il est fort comme un Turc. La Bulgare de base est globalement affriolante avec la cuisse gracile et ce petit air maussade qui fait toute la différence. Au niveau culinaire tout ce joli monde se nourrit de machins guère enthousiasmants généralement concoctés à base de choux et de pomme de terre. Le vin est presque bon, c’est déjà ça.
Sofia est une capitale un peu décatie, le centre-ville ressemble à celui de Belfort, en plus grand. Plovdiv est une ville médiévale qui s’ignore avec de bien réelles ruines et de bien jolis parcs. Au monastère du Rila, le plus haut lieu touristique du pays, les popes vous regardent de biais. Nessebar est une petite ville classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, cela ne va pas durer, car elle est presque totalement envahie par une troupe de marchands du temple s’approvisionnant en République populaire de Chine. Nessebar est également dans ses abords une station balnéaire assez dépravée ou les jeunesses russes, hongroises, polonaises viennent faire la nouba slave. Varna bien qu’également en bord de mer Noire semble plus sage et en tous les cas plus encombrée par des restes de communisme latents. L’Hôtel Odessos est par exemple une sinistre merveille des temps collectivistes. Les ascenseurs ont des velléités homicides tandis que les couloirs sont plus kafkaïens qu’un procès de Moscou intenté à la bonne franquette. L’Interhotel à Veliko Tarnovo est encore pire en mieux. Le hall ressemble à un gymnase et les couloirs sont tellement longs que l’on pourrait y organiser sans problème un défilé du 1er mai. L’éventuel voyageur qui aurait la bonne opportunité de pouvoir se loger dans ce charmant endroit doit savoir qu’il lui faudra déposer son pistolet à la réception et qu’il n’y a pas d’eau chaude dans les douches.

17 juillet 2014

Cosmétique

Les Nouërs du Soudan lorsqu’ils ne pataugent pas dans les marécages du Nil, se teignent les cheveux en rouge vif. Pour ce faire, ils utilisent de la terre glaise, quelques bouses de vache et de l’urine de bœuf. N'y voyez rien de répugnant, l'urine de bœuf n'est pas moins estimable que le lait d’ânesse dans la Rome antique, tout est une question de point de vue.

12 juillet 2014

Changeant

« En tous les cas, il est malsain de tenir le passé pour quelque chose de réel, ou surtout pour quelque chose de vrai. L’être humain se transforme radicalement tous les sept ans. Ce ne sont plus les mêmes muscles. Ce n’est plus le même œil qui regarde la terre. Le sang a été plusieurs fois renouvelé. Une autre langue goûte aux mets. D’autres manies germent. Le vécu s’est envolé avec le souffle des poumons, et vidé avec l’eau des reins ; des nourritures évacuées, voilà ce qu’est le passé » (Hans Henny Jahn, Cahiers de Gustav Anias Horn)

8 juillet 2014

Métaphorique

C’est la métaphore qui distingue l’homme des autres animaux. L’homme, tout du moins l’homme un tant soit peu finaud, métaphorise. Les autres animaux jamais, ils chassent, jouent, copulent, se prélassent au soleil, mais ne métaphorisent jamais.

3 juillet 2014

Uranoscopique

L'homme étant la seule bestiole capable de batifoler debout il peut donc assez facilement observer le ciel. Il lui suffit de pencher la tête en arrière et le tour est joué. Cela lui fait un point commun avec l'uranoscope un poisson osseux proche de la vive, qui ne sait pas se tenir debout, mais qui a les yeux adroitement situés sur la face supérieure de la boîte crânienne.

27 juin 2014

Évidé

« La vraie vacuité est
Comme un noble vase
Contenant du nectar.
Il recèle, mais ne sait quoi »

(Angelus Silesius, Le Pèlerin chérubinique)

15 juin 2014

Merveilleux

Pessoa est merveilleux, il garde cette admirable capacité à nous rendre heureux alors qu’il reste continuellement engoncé dans sa solitude, son abandon, son manque d’entrain pour une existence qui l’assomme de tout son poids ontologique. Il nous rend heureux parce qu’il n’est jamais doloriste, jamais sinistre, faisant preuve d’une magnifique inaptitude au bonheur et d’une encore plus magnifique aptitude à le rêver (rêvons notre bonheur).

11 juin 2014

Coulant

Pour Joubert il faut que les mots se détachent du papier, c’est-à-dire qu’ils s’attachent facilement à l’attention, à la mémoire ; qu’ils soient commodes à citer et à déplacer : « les mots liquides et coulants sont les plus beaux et les meilleurs, si l’on considère le langage comme une musique ; mais si on le considère comme une peinture, il y a des mots rudes qui sont fort bons, car ils font trait ».

29 mai 2014

Fraternel

« Vivre une vie cultivée et sans passion, au souffle capricieux des idées, en lisant, en rêvant, en songeant à écrire, une vie suffisamment lente pour être toujours au bord de l’ennui, suffisamment réfléchie pour n’y tomber jamais. Vivre cette vie loin des émotions et des pensées, avec seulement l’idée des émotions, et l’émotion des idées. Stagner au soleil en se teignant d’or, comme un lac obscur bordé de fleurs. Avoir, dans l’ombre, cette noblesse de l’individualisme qui consiste à ne rien réclamer, jamais, de la vie. Être, dans le tournoiement des mondes, comme une poussière de fleurs, qu’un vent inconnu soulève dans le jour finissant, et que la torpeur du crépuscule laisse retomber au hasard, indispensable au milieu de formes plus vastes. Être cela de connaissance sûre, sans gaieté ni tristesse, mais reconnaissant au soleil de son éclat, et aux étoiles de leur éloignement. En dehors de cela, ne rien être, ne rien avoir, ne rien vouloir… » (Fernando Pessoa, Le livre de l'intranquilité)

23 mai 2014

Foutrable

Flânant dans le Journal de Stendhal je constate que l’ami Beyle y est de plus en plus coquin. Il « enfile » une duchesse, croise quelques demoiselles assurément « foutrables » et semble assez émoustillé par une certaine Mme Genet dont il apprend par la bande qu’elle est charmante dans le plaisir et qu’elle a un si beau cul que la croisant il y a lieu d’être mille fois tenté de l’enc… (Selon son ami Jacqueminot qui aurait essayé trois fois sans parvenir à ses fins). Évidemment chez d’autres tout cela pourrait paraitre un brin vulgaire, chez Stendhal il n’en est rien (il est plus coquet qu’autre chose).

20 mai 2014

Tournicotant

Cioran était fait pour vivre dans un Empire qui craque. Il aurait aimé se prélasser dans la Vienne d’avant la guerre de 14. Il y aurait tournicoté autour d’Elizabeth d’Autriche, ce genre de choses. Malheureusement, il n’en fut rien, il se contenta de vivre dans la France d’après 1945, tournicotant autour de quiconque, restant septique et un poil morose, il faut bien l’avouer.

11 mai 2014

Songe-creux

« Je ne suis rien. Je ne serai jamais rien. Je ne peux vouloir être rien. A part ça, je porte en moi tous les rêves du monde. » (Fernando Pessoa, Bureau de tabac)

2 mai 2014

Dipsomane

Seul à boire, sans un compagnon.
Levant ma coupe, je salue la lune :
Avec mon ombre, nous sommes trois.

Li Po (701 – 762)

28 avril 2014

Chinois

Le poète Li Po serait mort noyé, une nuit d’ivresse, en tentant de saisir le reflet de la lune dans le fleuve Yang-Tse. Un trépas assez ballot, il faut bien l’avouer.

21 avril 2014

Angliciste

Stendhal, journal. Eté 1810, l’ami Beyle est de plus en plus empli d’anglicismes, le voilà happy there, and happy. Tout cela est très chic, « l’heureux petit nombre » est ravi.

10 avril 2014

Stoïque

Ma barbe pousse. Mes mots ne poussent plus. Je viens d’attraper une mouche dans la paume de l’une de mes mains. Je l’ai relâché au soleil. Le temps passe.

9 avril 2014

Vialatien

L'homme sage sait que les fleurs de rhododendron et les feuilles de laurier-rose sont vénéneuses. Bien qu'il en ait une grande envie, il ne mange donc jamais de couronne mortuaire et de décoration d'estrade.

4 avril 2014

Spirituel

L’Esprit donne la vie, mais ne me demandez pas comment.

23 mars 2014

Psychogéographique

En fin de dérive alcoolisée, les situationnistes s’échouaient sur le comptoir du Bar Bac. Ils y rejoignaient un Antoine Blondin tanguant, mais fortement amarré. C'était le bon temps.

19 mars 2014

Anarchiste

Lucheni, l’assassin de Sissi, cet anarchiste en pire, ne savait pas qu’il tuait une impératrice bien plus anarchiste que lui. Son petit acte commis, déçu de ne pas se voir exécuté il se pendit dans l’humidité d'un cachot bien mérité. Sa tête est habilement conservée dans le formol. On peut la voir au musée d’anatomie pathologique de Vienne. Ce sera sans moi.

18 mars 2014

Subarctique

Les Nénètses de l'extrême nord russe sont un brin excentriques. Lors des noces ils offrent la langue et le cœur cuits d’un renne aux nouveaux époux afin que ceux-ci n’aient plus qu’une seule langue et un seul cœur à partager. Cette chose faite, ils gambadent ensuite dans la toundra, sautillent sur la tourbe, valsent entre fougères et météorites calcinés par les vents solaires, ils sont d’une autre planète.
 

16 mars 2014

Gourmet

L’artichaut profite… en vain.

13 mars 2014

Lacrymal

« Il y a vingt-trois ans, j’ai écrit tout un livre sur les larmes. Et depuis, sans en verser une seule, je n’ai cessé de pleurer » (Cioran, Cahiers)

6 mars 2014

Hindou (2)

Autour du Taj Mahal tournent des vaches sacrées, certaines énormes, toutes blanches avec un air penaud, d’autres plus sybarites, avec des pattes en surplus, cinq, six pattes, voyez-vous…

1 mars 2014

Nociceptif

Le moindre mouvement me fait monter au cortex cérébral une somme non négligeable de stimulus nociceptif. Certainement l’un des grands avantages de l’âge.

23 février 2014

Gymnosophiste

Misère latente, forêts inquiétantes, animaux baguenaudant, Maharajas circonspects ; l'Inde est une autre planète.

22 février 2014

Hindou

Et voilà que monte le bruit confus des tambours, des cymbales et des conques sacrées. Drôle de musique chez les brahmanes.

21 février 2014

Japonisant

Les représentations du théâtre Bunraku sont parfois pénibles, que voulez-vous neuf heures de marionnettes stridentes et de Shamisens grinçants c’est un peu beaucoup.

20 février 2014

Crayeux

Paul Valéry. Cette intelligence pure qui jouit sans fin de son propre cerveau. Et puis tout ce blanc, cette lactescence.

14 février 2014

Enrichi

On enrichit la langue en la fouillant, en malaxant ses plus anciennes strates comme on malaxe une terre meuble.

11 février 2014

Spirituel

« L'esprit souffle où il veut… Il incombe au spiritualisme et aux amateurs d'inspiration de nous expliquer pourquoi cet esprit ne souffle pas dans les bêtes et souffle si mal dans les sots » (Paul Valery, Tel Quel)

8 février 2014

Crédule

Croire voir, croire penser alors que rien n’est vu, rien n’est pensé, alors que tout est niché dans une multitude d’interstices invisibles portés par la sensation.

26 janvier 2014

Subreptice

Le petit bruit que fait ma pendule toutes les secondes me rappelle que le temps se perd, se gâche, se ruine sur lui-même avec un contentement qui ne me sied guère.

25 janvier 2014

Patient

Pour Gracq finir un livre c’est toujours une longue histoire. Il faut passer par des périodes de blocages qui peuvent durer, mais qui sont tout à fait nécessaires. La patience fait le reste. Pour Valery il suffit de ne pas s’énerver, d’entreposer ses doutes et se hésitations dans un coin de l’esprit. Au bout d’un moment, tout s’améliore, s’illumine de l’intérieur. Le livre donne l’impression de s’écrire tout seul.

21 janvier 2014

Agoraphobe

« Il n’est pas nécessaire que tu sortes de ta maison. Reste à ta table et écoute. N’écoute même pas, attends seulement. N’attends même pas, sois absolument silencieux et seul. Le monde viendra s’offrir à toi pour que tu le démasques, il ne peut faire autrement, extasié, il se tordra devant toi. » (Franz Kafka, Méditations sur le péché, la souffrance, l'espoir et le vrai chemin)

19 janvier 2014

Durable

Le temps coule, il est rigide, mais il coule.

12 janvier 2014

Encabané

Il y a des moments on l’on envierait presque la grande quiétude du gardien de phare (il y en eu, il n‘y en a plus, c’est fort dommage).

8 janvier 2014

Gestuel

Mon geste anti Dieudonné sera très simple : j’ouvrirai le Talmud au gré du hasard.

3 janvier 2014

Observateur

Kafka sauvé par ses défaites, pleines, entières, répétées. Walser libre dissimulé sous la livrée du domestique. Canetti fermant les yeux, devenant pierre. Pour ces trois-là, pour d’autres, la vie est impossible à vivre, ils préfèrent la regarder passer comme si elle était un fleuve qui coule au loin.

2 janvier 2014

Nervalien

La corde ou le gaz ? La corde, trouvez-moi un réverbère !