31 mai 2010

Catégorique

Il faut donner un goût de jamais vu à la désuétude !

30 mai 2010

Bruyant

« La tolérance envers le bruit inutile, par exemple envers la façon si impolie et si grossière de claquer les portes, est un signe direct de la vulgarité générale et du vide d'idée des cerveaux »

(Schopenhauer, Le bruit et le vacarme)

29 mai 2010

Ailleurs

Je me fige face au soleil, je ferme les yeux et je compte jusqu'à cent. Enfant je multipliai ce type de rituels secrets, c'était ce qui me permettait de vivre. On me trouvait gentiment ailleurs, j'étais sincèrement, profondément, ailleurs ; je le suis toujours.

28 mai 2010

Linguistique

Je sais bien que la sexualité semble être à l'origine de pas mal de choses, mais ces histoires de masculin et de féminin sont finalement souvent embarrassantes, ennuyeuses et pas si irréfutables que ça.

Prenons une langue au hasard : le dzongkha par exemple. Et bien, figurez-vous que cette langue, idiome officiel du Bhoutan, compte dans un stade premier entre douze et quatorze genres divers et variés ! Dans un second stade, elle distingue le vivant de l'inanimé. Dans un troisième stade la distinction se fait entre l'humain et le reste des choses. C’est seulement dans un quatrième stade que l'idée de sexualité distincte apparaît ! De là à considérer que pour le Bhoutanais la différence et l'imbrication consécutives des sexes ne sont pas primordiales , il n'y a qu'un pas ! (que je ne ferai pas au risque de choir dans un canyon d'incertitude.)

27 mai 2010

Virtuose

Il faut savoir que Charles-Marie Widor « l'Aristocrate de l'orgue » fut pendant soixante-quatre ans organiste « temporaire » de l’église Saint-Sulpice où , pilier parmi les piliers, solide et marmoréen dans les courants d’air, il délivrait au milieu des toussotements et par la grâce innée de deux pattes expertes, moult mélopées grasses à l’adresse de Dieu. En dehors de l’église et de toutes ces sournoises pratiques manuelles poinçonnées du sceau du bigot, notre olibrius fut également professeur au Conservatoire de Paris où il eut pour élèves d’illustres futurs tâteurs d’orgues ; les non encore six, mais là bien deux, Arthur Honegger et Darius Milhaud, le sémillant Albert Schweitzer, l’habile Marcel Dupré…
Nonobstant tout ce grand sérieux-là, ses, tour à tour, pieuses et doctes activités indoor oubliées, Charles-Marie Widor se révélait être le grand air atteint un croquignolet de la plus acceptable espèce. En effet il se murmure que notre bigot débigoté menait de bien curieuses expériences musicales sur la faune environnante ! Un jour de croquignolerie aiguë il aurait, par exemple trimballé tout un orchestre au Jardin d’Acclimatation ! Là, selon quelques spectateurs indemnes, mais encore interloqués, le rhinocéros fonçait sur la grosse caisse, les phoques chérissaient tout, sauf le jazz ; le goût des éléphants allait plutôt vers la musique ancienne ; tendres proboscidiens, instantanément ils devenaient rêveurs (l’effet Babar)… Wagner faisait hurler les loups, les renards, les chacals... La girafe considérait Gounod à sa juste hauteur. Le crocodile était, lui, un mélomane parfait, tellement passionné par l’orgue que Charles-Marie avait ramené l’une de ces charmantes bestioles à domicile ; dans la baignoire, il lui jouait du Bach, c’est toujours mieux que les sacs à main, et d’un divin. ! Il faut noter qu'à l’exception des araignées, manifestant un singulier penchant pour le clairon, les insectes environnants se montraient en règle générale suspicieux face à l’hélicon voir au mieux indifférents devant les orphéons militaires.
Tout cela nous donnera ce mot très sombre de Léon Paul Fargue : « A votre orgue, les moustiques préfèrent leur propre musique » et nous de rire sous cape.

25 mai 2010

Culotté

Les jupes de Marthe Keller, les jambes de Marthe Keller, les petites culottes de Marthe Keller… Le Diable par la Queue de Philippe de Broca : charmant, plus encore… renoirien… presque.

24 mai 2010

Salé

À Fez c'est le barbier du Sultan qui était chargé du supplice du sel. Le suspect, forcement coupable, sitôt harponné était garrotté puis emmené sur la place du marché. Là il passait derechef de coupable à supplicié. Notre barbier l'attendait plein d'une impatience non ostentatoire, il avait bien d'autres choses à faire, des barbes à soigner… Sans coup férir il regardait à peine sa « victime » et avec un sérieux, un professionnalisme qui l'honorait, il lui taillait alors dans chaque main et dans le sens de la longueur quatre fentes jusqu'à l'os. Le barbier était très habile son rasoir était affectueusement affûté. Il étendait ensuite les paumes du supplicié, faisait bâiller le plus possible les lèvres de ces coupures sanguinolentes et les remplissait de sel. En bon barbier bourreau, il refermait ensuite la main déchiquetée et introduisait le bout de chaque doigt dans chacune des fentes proposées. Le supplicié criait, tout cela était quand même un peu douloureux. Pour parfaire le tout, sa tâche accomplie le barbier laissait finir le travail par un couturier indistinct qui passait par là. Ce dernier, un peu chafouin cousait un gant de bœuf mouillé qui très serré recouvrait judicieusement les blessures. Cela faisait deux poings, harmonieux, très jolis, le couturier était ravi, la foule jubilait. On ramenait ensuite le supplicié dans son cachot, on lui donnait à manger, à boire, de quoi survivre... Les jours passaient, ses ongles poussaient au travers des mains, la souffrance était atroce, bientôt les doigts lui traversaient les poings, c'était incongru.
Pour finir, les plus courageux et résistants mourraient du tétanos, les plus douillets ne supportant plus la douleur se fracassaient la tête contre les murs. C'était le bon temps.

22 mai 2010

Chiropratique

J'ai un squelette de chauve souris, ailes étendues. C'est très joli, très fin. Je ne m'étais pas aperçu que c'était aussi une crucifixion, une crucifixion formidable.

21 mai 2010

Amoureux

« Quand on aime, l’amour est trop grand pour pouvoir être contenu tout entier en nous ; il irradie vers la personne aimée, rencontre en elle un surface qui l’arrête, le force à revenir vers son point de départ, et c’est ce choc en retour de notre propre tendresse que nous appelons les sentiments de l’autre. »

(Marcel Proust, A l’ombre des jeunes filles en fleurs)

« L’histoire de votre cœur est mot à mot l’histoire du mien. »

(Denis Diderot, Jacques le Fataliste)

20 mai 2010

Bibliophile

Robert Walton, condamné à mort demanda qu'une fois son exécution achevée le récit de sa vie criminelle soit relié avec sa propre peau. Ce fut chose faite, le livre était doux au toucher, sur la couverture on pouvait lire la mention suivante : « Ce livre a été écrit par Robert Walton et relié dans sa propre peau ».

19 mai 2010

Mobilier

L'un des Comtes de Conversano, dans les Pouilles, avait pris la sage résolution de faire disparaître ses ennemis les plus encombrants. Pour ce faire, il les faisait trucider, puis écorcher, par une petite armée adroitement recrutée. On utilisait ensuite la peau des trucidés pour recouvrir les fauteuils de la grande salle du château . Il y en avait un dont le dossier était recouvert par la peau d'une religieuse. Aujourd'hui l'amateur de curiosité qui s'approche de ce fauteuil peut encore distinguer la trace de ses seins, usés et cirés par l'usage.

P.-S. À Vérone, les seins de Juliette sont usés par les palpations libidineuses des touristes japonais c'est moins gênant, il s'agit d'une statue.

17 mai 2010

Désuet

Il faut être absolument désuet !

15 mai 2010

Charmant

Sex and the Single Girl de Richard Quine. Drôle, délicieux, exquis, charmant, élégant, sophistiqué tout ce que vous voulez… Casting impec : Bacall et Henry Fonda, Mel Ferrer, Tony Curtis, une jolie fille qui danse très bien, surtout Natalie Wood... J'aime Natalie Wood, je l'aime vraiment, sincèrement, profondément ; elle a beau jouer à côté de la plaque, rouler des yeux, en faire des tonnes, je l'aime, j'ai envie de la prendre dans mes bras. Dans Sex and the Single Girl comme dans plusieurs de ses films il y a une scène de fausse noyade qui donne envie de pleurer...

P.-S. Le philoxerasophe Onfray devrait voir ce film qui dézingue Freud avec élégance, loin des groupies labellisées Université Populaire.

12 mai 2010

Bleugh

Je pense qu'une bonne âme devrait faire le tour de la toile mondiale et recenser tous les bleughs oubliés semblables à celui-ci, cette bonne âme pourrait ensuite établir plusieurs lexiques non exhaustifs de l'ensemble : un lexique topographique, un autre toponymique, un thématique… Il y aurait de la matière à triturer…

8 mai 2010

Musicologue (Presque)

Musicalement mes années 80 commencent en 1978 et finissent en 1981, pour le reste les années 80 (le brouet 82-87) que le sens commun admet plus naturellement et que je qualifierai d’années 80 bis sont, malgré de notables exceptions, assez dominées par la Linn Drum, le mauvais plastique et le musical valium… Ceux qui n’ont pas « aimé profondément » un quasi-sosie de Mona Soyoc (cheveux courts, fesses alertes) tout en écoutant Alison Statton ne peuvent pas me comprendre… quant à Billy Idol…

4 mai 2010

Engagé

Je suis tellement peu engagé, et si peu citoyen, que j'ai parfois l’impression d'être traqué par les fantômes de l’affiche rouge !

3 mai 2010

Passage N°1

Cette surnaturelle élévation de l’esprit, cette admirable et si haute contemplation, cette anoblissement et déification, sont le signe et l’œuvre du don infini et de la très grande dilection de Dieu. C’est pourquoi il est ajouté aux paroles citées plus haut : Mon cœur est saisi d’effroi et il sort comme de lui-même.

Denys le Chartreux, 1402 - 1471.