29 mai 2014

Fraternel

« Vivre une vie cultivée et sans passion, au souffle capricieux des idées, en lisant, en rêvant, en songeant à écrire, une vie suffisamment lente pour être toujours au bord de l’ennui, suffisamment réfléchie pour n’y tomber jamais. Vivre cette vie loin des émotions et des pensées, avec seulement l’idée des émotions, et l’émotion des idées. Stagner au soleil en se teignant d’or, comme un lac obscur bordé de fleurs. Avoir, dans l’ombre, cette noblesse de l’individualisme qui consiste à ne rien réclamer, jamais, de la vie. Être, dans le tournoiement des mondes, comme une poussière de fleurs, qu’un vent inconnu soulève dans le jour finissant, et que la torpeur du crépuscule laisse retomber au hasard, indispensable au milieu de formes plus vastes. Être cela de connaissance sûre, sans gaieté ni tristesse, mais reconnaissant au soleil de son éclat, et aux étoiles de leur éloignement. En dehors de cela, ne rien être, ne rien avoir, ne rien vouloir… » (Fernando Pessoa, Le livre de l'intranquilité)

23 mai 2014

Foutrable

Flânant dans le Journal de Stendhal je constate que l’ami Beyle y est de plus en plus coquin. Il « enfile » une duchesse, croise quelques demoiselles assurément « foutrables » et semble assez émoustillé par une certaine Mme Genet dont il apprend par la bande qu’elle est charmante dans le plaisir et qu’elle a un si beau cul que la croisant il y a lieu d’être mille fois tenté de l’enc… (Selon son ami Jacqueminot qui aurait essayé trois fois sans parvenir à ses fins). Évidemment chez d’autres tout cela pourrait paraitre un brin vulgaire, chez Stendhal il n’en est rien (il est plus coquet qu’autre chose).

20 mai 2014

Tournicotant

Cioran était fait pour vivre dans un Empire qui craque. Il aurait aimé se prélasser dans la Vienne d’avant la guerre de 14. Il y aurait tournicoté autour d’Elizabeth d’Autriche, ce genre de choses. Malheureusement, il n’en fut rien, il se contenta de vivre dans la France d’après 1945, tournicotant autour de quiconque, restant septique et un poil morose, il faut bien l’avouer.

11 mai 2014

Songe-creux

« Je ne suis rien. Je ne serai jamais rien. Je ne peux vouloir être rien. A part ça, je porte en moi tous les rêves du monde. » (Fernando Pessoa, Bureau de tabac)

2 mai 2014

Dipsomane

Seul à boire, sans un compagnon.
Levant ma coupe, je salue la lune :
Avec mon ombre, nous sommes trois.

Li Po (701 – 762)