21 juillet 2011

Motivé

Il faudrait donc se corriger pour être heureux, donner de nouvelles habitudes à notre désir de bonheur. Tout cela me parait bien compliqué.

18 juillet 2011

Déçu

Je suis tellement décevant que je ne me déçois même plus.

10 juillet 2011

Psychogéographe

« Vers le soir, je me suis encore perdu, sans guide, dans les quartiers les plus reculés de la ville. Ici les ponts sont tous pourvus d’escaliers, afin que les gondoles et aussi les bateaux plus grands passent commodément sous les arches. J’ai cherché à me démêler dans ce labyrinthe sans questionner personne, et toujours sans autre direction que les points cardinaux. On finit par s’en tirer, mais c’est un incroyable fouillis, et ma méthode, de m’en convaincre par mes yeux, est la meilleure.. J’ai aussi observé, jusque dans la dernière petite retraite habitée, la vie, les habitudes, les mœurs et les manières de ce peuple : elles diffèrent dans chaque quartier. Bon Dieu, que l’homme est une pauvre et bonne bête ! »

(Goethe, Voyage en Italie)

« Balades lentes dans la ville qu’ignorent bien évidemment (et heureusement) les entreprises touristiques, car il n’y a rien d’autre à voir dans ces parcours que la poésie à l’état brut, ce que des promeneurs payants ne sauraient apprécier, poésie des pierres, des pavés, des bornes, des portes cochères, des fenêtres mansardées, des toits de tuile, de l’herbe rare, des arbres, inattendus, des impasses, des passages, des culs-de-sac, des cours intérieurs, des hangars dépôts de charbon ou de matériaux de construction, des entreprises de démolition, poésie des chantiers, des terrains encore vagues, des boulodromes, des bistrots buvettes, poésie des couleurs, mais aussi poésie des odeurs qui varient à chaque pas-de-porte… Itinéraires qui serpentent à l’infini, interminables pour qui sait flâner et voir, a le culot d’entrer dans les cours, les cités, les voies privées, la tranquille attitude du gars partout chez lui, et qui sifflote en passant devant les habitants… »

(Jean-Paul Clébert, Paris insolite)

8 juillet 2011

Plié

Le Kafka de Deleuze (et Guattari) n’est pas celui de Vialatte. Chez Vialatte Kafka est un employé de bureau gris, mais farceur, qui quitte son chapeau mou pour lire ses histoires cauchemardesques devant un petit aréopage d’amis bien choisis. L’atmosphère est très début de siècle, l’aréopage se bidonne tout on se tapant sur les cuisses et c’est très bien ainsi. Chez Deleuze (et Guattari), on ne se bidonne plus, Kafka n’est même pas un « homme écrivain », c’est un homme politique, un homme-machine, un homme expérimental qui fournit des protocoles d’expériences. On l’imagine mal faisant le paon gris devant ses amis qui pouffent, il a bien autre chose à faire : lutter contre son père, jongler avec des idées, être moderne, ce genre de trucs.
Un esprit lourdaud et peu éclairé comme le mien trouvera que Gillou est toujours pris par ses concepts, que ses abstractions mentales ne font que s’auto alimenter tout en ayant la puérile manie de vouloir beaucoup prêter aux autres. Chacun sait la grande générosité des sciences molles, elles prêtent beaucoup pour exister, ce n’est pas une raison.

Cela dit il faut peut-être aimer Deleuze, pour son rythme, sa « musique » et, malgré son alter et gros psy, on peut parfois se laisser bercer par lui. (Tout en étant moins dupe que le premier nourrisson qui trépasse).

2 juillet 2011

Vertébré

« Bien que nous lisions avec notre esprit, le siège du plaisir artistique se situe entre les deux omoplates. Ce petit frisson dans le dos est, sans doute aucun, la plus haute forme d’émotion à laquelle a atteint l’humanité, lorsqu’elle a découvert l’art pur et la science pure. Soyons fiers d’être des vertébrés, car nous sommes des vertébrés couronnés d’une divine flamme. Le cerveau n’est que la continuation de la moelle épinière. La mèche traverse réellement toute la longueur de la bougie… »

(Vladimir Nabokov, Littératures)