30 décembre 2008

Comique

Devant la morne assemblée de boxeurs nationaux, païens à flambeaux, faux indigènes de la république et vrais crétins réunis, il est grand temps de ressortir son Vialatte.

Vialatte, son chapeau rond, le vrai-faux papa de Pierre Desproges pas trop compris dans l’histoire :

755 . Alice à Auschwitz

Le vent se déchaîne et la neige tombe. La tour de Pise a oscillé. Un tourbillon a emporté la gare olympique de Grenoble. Au sommet du puy de Dôme, il a fallu chercher, avec des sondes, dans cinq mètres de neige, le chasse-neige qu’on avait laissé là depuis le matin.
En Suisse et en Autriche, les avalanches s’abattent. Les villages sont isolés. Le ciel est noir. Il a neigé à Jérusalem. C’est un temps où reviennent les fantômes.
Anna Novak est un de ces revenants : elle faisait partie à onze ans de ces troupeaux de femmes nues et chauves que les SS comptaient sur la glace, à six heures du matin, en hiver, dans les camps ; des squelettes gardés par des chiens. Quelquefois, le chien les mangeait. Apres leur avoir fait la chasse. Un cavalier obèse déchaînait son bouledogue, la femme courrait vers la vallée. Après quoi on ne voyait plus rien. Ensuite le dogue revenait, tout seul. « Et il rotait. »
D’autres fois, c’était une gamine, une petite blonde en uniforme, qui abattait de son petit revolver une mère que sa fille ne voulait plus lâcher. D’autres fois, c’était le fouet qu’on donnait à une femme jusqu’à ce qu’elle crève au pied de son lit.
Voilà d’où revient Anna Novak. En quel état ? J’en ai vu revenir. On aurait dit de vieilles poupées chauves, en caoutchouc décoloré. Avec trois poils blonds sur la tête. Un duvet jaune. Ni femmes, ni choses. Des objets à jeter. « moi seule en suis sortie, écrit Anna Novak (car ses parents y sont restés), chauve, pesant, trente-quatre kilos, avec, outre la tuberculose, quatre ou cinq maladies mortelles. »
Elle fut sauvée par une idée fixe : elle voulait tenir son journal. Elle écrivait dans un gros carnet, tant qu’elle pouvait. D’autres fois, au revers des feuilles noires qu’on collait aux fenêtres pour le black-out ; quand elle pouvait en arracher. C’est ce journal qu publie Julliard. Il en manque beaucoup de fascicules. Ce qui reste suffit. Elle y garde de l’humour, et une espèce d’espièglerie. Elle sous-titre Alice à Auschwitz. C’est Alice au pays des ogres. Tels sont les « beaux jours de sa jeunesse ». Elle a le courage d’en plaisanter.
Le pays des ogres… Dans l’édition des Contes de Grimm qu’on nous faisait traduire au collège, il y avait la maison de l’ogre. C’était une ravissante chaumière envahie par le lierre et entourée de rhubarbe. Mais dedans, se cachait l’épouvante, une qualité de peur qui dépasse toutes les peurs et qui ne connaissent plus les adultes. Il faut remonter à des souvenirs d’enfant pour se faire une idée de l’horreur que cherche à distiller le camp d’extermination sous une apparence anodine. Il y en avait un qui restait, en 1945, près de Tuttlingen. Un petit qui ne faisait que le détail. Même pas un camp d’extermination. L’extermination se faisait toute seule. On y travaillait à la mine, on extrayait du matériau pour fabriquer de l’huile de schistes. Les prisonniers entraient là par un trou et travaillaient dans la mine à plat ventre, le corps couvert de plaies brûlées comme par du sel. Quand le prisonnier sortait du trou, il passait sous le gibet, qui était à plusieurs places, au bord de la route, séparé seulement par un fil de fer. De l’autre côté de la route, il y avait un charnier où l’on trouva cinq ou six cents cadavres. La baraque avait l’air innocent d’une scierie, ou de quelque fruiterie jurassienne, parmi les prés, devant la forêt, au sommet d’un col, dans un paysage idyllique. On eût dit quelque affiche réclame du lait Nestlé.
On en voulait à la nature d’une telle indifférence ou d’une telle dérision.
J’ai vu juger les bourreaux de Belsen. Il y avait là Kramer qui cultivait ses roses derrière le crématoire (« toujours les « maisonnettes fleuries ») et qui s’occupait de la fanfare (« Il fallait bien qu’on fasse quelque chose pour les jeunes filles… ») et Irma Gess, à qui eut affaire Anna Novak (« Je cravachais, disait-elle, mais je ne maltraitais pas… ») ; et celle qui livrait une femme aux chiens « afin de montrer qu’elle pouvait faire aussi bien que les hommes »… Comment se faisait-il que tant de gens mourussent aisi à Birkenau ? « Parce qu’il y avait l’hôpital central » répondait Kramer. Et comment se faisait-il que tous ces hommes, tous ces enfants et toutes ces femmes allassent à la mort sans protester ? « Parce que, expliquait Hoessler, quand le camion était plein on enlevait l’échelle. » A quoi servait la chambre à gaz de Birkenau ?
« Je ne sais pas », répondait Kramer.Les prisonnières, elles, le savaient. Et on le leur avait vite appris. C’étaient surtout des juives polonaises.
On les avait logées, pour le procès, dans un château gardé par des soldats anglais. Il était très difficile d’entrer. On y entendait des choses qu‘on a plus entendues depuis les adorateurs de Baal. Encore Baal consommait-il moins d’enfants que les chambres à gaz et les crématoires. Quand on sortait de là, on n’était plus le même. On ne pouvait plus regarder sans une envie de vomir la fumée des cheminées d’usine sur ce ciel noir de l’Allemagne du Nord où la nuit tombait à trois heures. Lunebourg est au milieu de la lande. Et au centre il y a un uhlan, en bronze, ou en pierre (je ne sais plus), avec son cheval tout entier.
Ces fumées noires sur ce ciel noir, qui furent des corps… Où sont les âmes ? Elles reviennent sur la pointe des pieds dans le livre d’Anna Novak. Elles se promènent dans ce journal de fantôme. Elles zigzaguent comme des feux follets de l’Occident repu à l’Est couvert de sang où « cinquante ans de grossesse » tragique n’ont enfanté « qu’un avorton. » Dieu dira-t-il « d’essayer encore en se bouchant les oreilles pour ne pas entendre sa voix ? »
Elle en est là de sa philosophie.
Et c’est ainsi qu’Allah est grand.
21 janvier 1968

28 décembre 2008

Hiver

Ce matin, deux chroniques de Vialatte, trois articles de Thibaudet (l’homme de Tournus), une notule de Lourcelles, cinq pages de Rousseau et deux chapitres de Roger Caillois (l’homme du sacré.) L’hiver n’approche plus, l’hiver est là...
Cet après-midi Remarquable, n’est-ce pas ? de Robert Benchley (l'homme du New Yorker), lecture qui masse la prostate en passant par les zygomatiques plus qu’elle n’astique le nerf optique en passant pas l’iris… Ajoutons que ce n’est pas une question d’index ou de majeur et encore moins un problème de presbytie.

27 décembre 2008

Panthéiste

Cefalù de l’ami Durell … Commence comme du Graham Greene sans espions pour finir panthéiste, très panthéiste, magnifiquement panthéiste… Dans le creux d’un Eden crétois avec la mer qui plus bas scintille dans le bleu. Le reste est une histoire d’éboulement, le reste est très bien aussi, vous n’avez qu’à lire le livre.

26 décembre 2008

Hasard

Hasard, c'est peut-être la logique de Dieu, allez savoir...

20 décembre 2008

Gazoullis

En 1981 j’avais enregistré 8 titres sur un ghetto blaster JVC de qualité raisonnable, je gazouillais et l’accompagnement « musical » était le fait d’un petit clavier yamaha et d’une radio brandt posée juste à côté … Comme la radio était réglée sur ondes courtes l’ensemble sonnait bizarre et accidentel, un peu comme le suicide des jeunes géants de marbres filmé par Robert le défenestré... de biens beaux travelling(s) avant, une bien belle chute de rien.... Heureusement pour vous je ne retrouve pas ces bandes là.

14 décembre 2008

Silence

L’apophatisme radical ne condamne-t-il pas au silence ?

11 décembre 2008

Ecologiste

La nature est abstraite, alors ramper sur le sol sec et crénelé.

8 décembre 2008

L'autre

C’est l’hiver et le soleil à cet éclat ramolli d’or clair qu’il a à midi. Je suis dans une chambre, une chambre très étroite, petite, étrange. Je suis étendu sur un lit, un lit très haut, un lit trop haut. J’ai la sensation que quelqu’un me surveille. Je lève les yeux, il y a un homme planté debout devant moi, il me demande mon nom. Je sais que lui se nomme Monsieur Hermès, pourquoi me demande t-il mon nom ?

7 décembre 2008

Maurice

Amanda Langlet était l’une des plus jolies barely legal de chez Maurice. Un peu avant, un peu plus tôt, dans le charbon, du côté des MILF , Françoise Fabian, était elle, indépassable... un diadème de stupre contenu … On notera qu’à l’époque Maurice savait également faire monter l’apôtre dans les saintes extases avec Marie-Christine Barrault ! Un tour de force, voir de la pure sorcellerie à l’ombre des piliers ! En fait Maurice était (est) surtout, et principalement, un drôle de croquignolet, on l’imagine sans peine s’imaginant, lui-même, le nez entre les fesses roses de Rosette. Je ne parlerais pas de Pascale Ogier c’est une autre histoire, c'est de l'amour…

6 décembre 2008

Etoile

Le sang foncé, les âmes souillées des larmes récentes, notre âme que nous avons laissé, notre âme qui est notre sépulcre, homme étoile malade, faisant face à la région de notre être mort. De sorte que: