10 juillet 2011

Psychogéographe

« Vers le soir, je me suis encore perdu, sans guide, dans les quartiers les plus reculés de la ville. Ici les ponts sont tous pourvus d’escaliers, afin que les gondoles et aussi les bateaux plus grands passent commodément sous les arches. J’ai cherché à me démêler dans ce labyrinthe sans questionner personne, et toujours sans autre direction que les points cardinaux. On finit par s’en tirer, mais c’est un incroyable fouillis, et ma méthode, de m’en convaincre par mes yeux, est la meilleure.. J’ai aussi observé, jusque dans la dernière petite retraite habitée, la vie, les habitudes, les mœurs et les manières de ce peuple : elles diffèrent dans chaque quartier. Bon Dieu, que l’homme est une pauvre et bonne bête ! »

(Goethe, Voyage en Italie)

« Balades lentes dans la ville qu’ignorent bien évidemment (et heureusement) les entreprises touristiques, car il n’y a rien d’autre à voir dans ces parcours que la poésie à l’état brut, ce que des promeneurs payants ne sauraient apprécier, poésie des pierres, des pavés, des bornes, des portes cochères, des fenêtres mansardées, des toits de tuile, de l’herbe rare, des arbres, inattendus, des impasses, des passages, des culs-de-sac, des cours intérieurs, des hangars dépôts de charbon ou de matériaux de construction, des entreprises de démolition, poésie des chantiers, des terrains encore vagues, des boulodromes, des bistrots buvettes, poésie des couleurs, mais aussi poésie des odeurs qui varient à chaque pas-de-porte… Itinéraires qui serpentent à l’infini, interminables pour qui sait flâner et voir, a le culot d’entrer dans les cours, les cités, les voies privées, la tranquille attitude du gars partout chez lui, et qui sifflote en passant devant les habitants… »

(Jean-Paul Clébert, Paris insolite)

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