18 avril 2016

Ému

Chez Charles Du Bos le sensuel domine ; il n’est qu’un émotif ému par des « sujets intellectuels » et en aucun cas un intellectuel. C’est la simple remontée de ses émotions — profondes — qui tient chez lui lieu de pensée : « Le malentendu commence, par l’incompréhension de l’intellectuel-né, à l’égard de la sensation. Le miracle de la sensation c’est l’alliage de l’absolu de la précision, de l’unicité, de tout ce qui rend si bien l’adjectif unmistakable, avec une ouverture soudaine sur l’illimité. Les adversaires de la sensation se trompent à son sujet parce qu’en elle ce n’est jamais l’ouverture, mais la clôture (l’acte de clore) qu’ils voient. (Et je dirais — rejoignant ici un courant de pensée qui m’est familier — qu’il y a des sensations qui ferment au lieu d’ouvrir, mais ce sont les sensations intéressées, celles, à la recherche desquelles nous sommes partis, non point celles qui fondent sur nous.) Quand à la fin d’un de ses poèmes Hofmannsthal nous dit : “Et trois sont un : un homme, une chose, un rêve ”, il définit merveilleusement l’état propre à l’être de sensation. »

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