Très peu vigoureux soldat en temps de paix, appelé du contingent, je me souviens avoir traversé la France en camion de Belfort à Biscarosse. Ce voyage cotonneux là nous avait emmené moi et mes camarades, hommes du rang sous bâche, jusqu’à Chaminadour que nous avions traversé dans un brouhaha nocturne enrobé d’effluves Saviem. Malgré le bruit et l’odeur, la paix des intérieurs bourgeois n’avait aucunement été dérangée par notre piètre passage. La nuit était tellement là et Les Limousins dormaient si bien ! Hors un Limousin qui dort est un Limousin qui dort et il en faut beaucoup pour qu’il il daigne laisser choir loin d’une poitrine qu’il a frémissante les bras énamourés et enrobant de Morphée! Sages, asexuées, concédant à l’utilitaire, à l’efficacité la plus retorse, ignorant les plaisirs du repos profond : seules quelques nyctalopes Renault 4 semblaient avoir quelque chose à nous dire ; elles étaient alignées dans un parfait rang d’oignon, longeant une suite de vitrines qui paraissaient, elles, imaginées par un designer creusois disciple de Zénon de Kition. Je me souviens d’un magasin à « tendance sportive » plâtré à la mode de 1972 (nous étions en 1989), d’une boulangerie obsolète, d’un Café des Sports labellisé Cinzanno, d’une boutique de cannelle. …
Cette traversée de Chaminadour se fît dans une étonnante harmonie, les arômes de gas-oil me donnaient l’impression de flotter plus que de rouler et, l’engourdissement venant, je me retrouvais assez vite plein de félicité, telle une molécule clandestine flottant sur le flot tendre et intime d’une cité à la chimie obsolescente et stoïque.
Tout cela tenait d’un songe brodé d’or et oscillant du rêve éveillé au demi-sommeil, je fermais bientôt les paupières afin de mieux voir encore…
Je me réveillais, Chaminadour loin derrière moi. Une vache, archange de neuf cent kilos au milieu du noir, me dévisageait de ses orbes affectueux.
J’aime les vaches, j’ai toujours aimé les vaches et depuis cette tendre apparition je crois en elles comme d’autres plus marmoréens, croient en un dieu hypothétique caché derrière les piliers.
Cette traversée de Chaminadour se fît dans une étonnante harmonie, les arômes de gas-oil me donnaient l’impression de flotter plus que de rouler et, l’engourdissement venant, je me retrouvais assez vite plein de félicité, telle une molécule clandestine flottant sur le flot tendre et intime d’une cité à la chimie obsolescente et stoïque.
Tout cela tenait d’un songe brodé d’or et oscillant du rêve éveillé au demi-sommeil, je fermais bientôt les paupières afin de mieux voir encore…
Je me réveillais, Chaminadour loin derrière moi. Une vache, archange de neuf cent kilos au milieu du noir, me dévisageait de ses orbes affectueux.
J’aime les vaches, j’ai toujours aimé les vaches et depuis cette tendre apparition je crois en elles comme d’autres plus marmoréens, croient en un dieu hypothétique caché derrière les piliers.
1 commentaire:
Joliment Jouhandalien.
J’ajoute, à voix basse comme le font les conspirateurs ou les médisants du dimanche derrière les fameux "piliers" salpêtreux où se dissimulerait un "Dieu hypothétique", que le spectacle d’une soldatesque jeune et virile bien qu’assoupie sous la bâche d’un camion militaire aurait fait, à n’en point douter, scintiller un peu de salive concupiscente au coin de la lèvre inferieure et lacunaire de Monsieur Jouhandeau.
Oui,Guéret est un lieu mou et étrange bien moins réel et accompli que Chaminadour.
Dans ce grand Tout pâteux et composite qu’est parfois la toile, vous lire est souvent comme sentir dans une bouchée de gâteau creusois un petit morceau de noisette fringante ( la noisette est, selon moi, fringante et la noix- sa cousine éloignée- austère, même chez Trenet. ) éclater sous la dent.
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