24 février 2018

Divin (et noué)

J'ai vécu l'une de mes plus belles épiphanies méditerranéennes à Antibes, marchant sur ce qui reste des remparts entourant la vieille ville, le ciel bleu saturé, la mer presque turquoise, les voiles blanches des navires de plaisance flottant avec une douce obsolescence dans un air raisonnablement tiède, tout cela me passa par les yeux, le nez, les oreilles, pour mieux redescendre vers ma poitrine où je ressentis un pincement que je dois bien caractériser comme d'essence divine. C'est pourtant à quelques encablures de ces lieux raisonnablement idylliques, qu’un jour de 1955 on retrouva le corps écrasé de Nicolas de Staël. Le peintre s'était défenestré dans un moment d’égarement et l'issue fut fatale, forcément fatale. À l'angle de La Promenade amiral de Grasse et de l'impasse Revely le petit immeuble moderne-désuet qui lui servit de « plongeoir homicide » est toujours là. On a collé une plaque commémorative dessus, les touristes égarés la photographient avec un contentement penaud, ceux qui savent vraiment la regardent avec un nœud dans la gorge.

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