5 mars 2020

Tchekhovien

En mars 1894 Anton Tchekhov est en villégiature à Yalta et même s’ il mange des petits pâtés au piment et des côtes d'agneau au gruau chez la directrice du lycée de jeunes filles, il s'ennuie solidement. Il faut dire qu'il n'a pas vu ses deux teckels Brome et Quinine depuis plus d'un mois et que pour lui le printemps du sud ne vaut pas celui du nord :« chez nous la nature est plus triste, plus lyrique, plus levitanesque » (j'ai des doutes). Malgré tout cela les choses et le temps cheminent tout de même cahin-caha, il vend sa pelisse en renard vingt roubles (elle en valait pourtant soixante !), les groseilles ne sont pas encore mûres, mais il fait bon, le ciel est clair et les bourgeons des arbres commencent à éclater tandis que la mer à des airs d'été. Le 27 mars il écrit une lettre merveilleuse à Lydia Mizinova, le ton n'est pas très macroniste, jugez pas vous-même : « … Je suis d'avis que sans oisiveté le vrai bonheur est impossible. Mon idéal : être oisif et aimer une fille plantureuse. La volupté suprême, pour moi : marcher ou rester assis, mais ne rien faire ; mon occupation préférée : collectionner ce qui ne se fait pas (des petites feuilles, des brins de paille et ainsi de suite)…»

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